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Full text of "Annales de la Société d'émulation pour l'histoire et les antiquités de la Flandre Occidentale"

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Go ogle 



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ANNALES 



SùtxéU VfÉmnlatxm 

PO€R 

L'HISTOIRE ET LES ANTIQUITÉS 

\e la 

FLANDRE OCCIDENTALE, 

flublttce par le0 mm bu ComUê Directeur*. 
V TOME IV. 




TANDKCASTKELE-^VERBRODCK, IHPRIXEQK DE LA SOCItTÊ. 
1842. 



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LISTE DES MEMBRES EFFECTIFS. 



Messiiurs: 



1. L'Abbé G. CARTON, directeur de l'Institut des Sourds- 

Muets et des Aveugles de Bruges, Chevalier dé l'ordre 
de Léopold, Membre de l'Académie des soieAces, de 
Madrid, de la Société de statistique universelle. 
Président « 

2. P. DE STOOP, Pharmacien, Membre de la Société des 

Sciences physiques etc. de Paris. Métnbre du Comité 

directeur é Tbésobier. 
8. EDMOND YEYS, Docteur en droit, Chef de division 

au Gouvernement provincial. 
4 L'abbé J. a. ANDRIES, Chan. hon., Chevalier de l'ordre 

de Léopold , décoré de la Croix de fer et de l'ordre 

de St-Grégoire-le-Grand. Membre du Comité directeur. 
». F. DE HONDT, Orfèvre-Graveur, Membre delà Société 

des Beaux-Arts et de Littérature , de Gand. 

6. L'abbé F. VAN DE PUTTE, Régent au Collège Épis- 

copal, à Bruges, Membre de la Société des Antiquai- 
res de la Morinie etc. Membre du Comité directeur. 

7. J. OCTAVE DELEPIERRE, Archiviste de la province, 

décoré de la Médaille de mérite dé S. M. le Roi de 




4 

Prusse, Membre du Comité historique de Paris, de 
TAcadémie des Lyncéens de Rome etc. Membre du 
Comité directeur» Secrétaire. 

8. BOGAERTS, Professeur à rAthéaée de Bruges et Archi- 

yiste de la Tille. 

9. VAN HUERNE DE PUYENBEKE, à Bruges. 

10. J. J, VERMEIRE, Propriétaire à Bruges. 

11. VAN DAMME, Notaire à Saint-Laurent près d*£ecloo« 

12. DE NET, Avocat à Bruges. 

18. VAN DE WEYER, Ministre plénipotentiaire de Si M. 
le Roi des Belges, à Londres. 

14. RUDD, Architecte de la ville de Bruges. 

15. VOISIN, Conservateur de la Bibliothèque de Funi- 

versité à Gand. 

16. Le Baron DE REIFFENBERG , Conservateur de la Biblio- 

thèque Royale, à Bruxelles. 

17. ANTOINE VERVISCH, Particulier à Bruges. 

18. PH. BLOMMAERT, Avocat, secrétaire de la Société 

des Bibliophiles flamands, à Gand. 

19. JULES VAN PRAET, Ministre de la Maison du Roi, 

à Bruxelles. 

âO. DE MEYER, Docteur en chirurgie, Président de la 
Commission provincial de Médecine, Membre de 
l'Académie de Médecine, Chevalier de Tordre de 
Léopold, à Bruges. 

21. U Comte FRANÇOIS GOETHALS-PECSTEEN , Chevalier 

de l'Eperon d'Or, à Bruges. 

22. Le D' DE RAM, Recteur magnifique de l'université 

catholique, à Louvain , chanoine honoraire de la 
métropole de Malines et de Notre-Dame de Paris , 
chevalier de l'ordre de Léopold , membre de l'Acadé- 
. mie et de la Commission royale d'histoire etc. etco 



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5 

28. VAN DALE-BEKAERT, Membre de plusieurs Sociëlës 
savantes, à Gourtrai. 

24. Lb Comte DE MUELENAERE, Ministre d'État, Gouver- 
neur de la Flandre-Occidentale , à Bruges. 

2^. JOSEPH DE NECKERE, Membre de la Députation 
permanente des Etats provinciaux. 

26. KERVYN DE LETTENHOVE, à St-Michel lèz-Bruges. 

27. L'abbé VERDEGHEM, Professeur, à Roulerg. 

28. Le Comte DE LOOZ, à son château de Boulez. 

29. VERBEKE, Curé à Ouckene, ex-principal du Collège 

de Courtrai. 

30. L'abbé J. B. MALOU, Chan. Hou. Prof, de Théol. 

et Bibliothécaire à l'Univ. cath. de Louvain. 

81. ÏMBERT DES MOTELETTES, à Bruges. 

82. DE GERLACHE, Président de la Cour de Cassation à 

Bruxelles. 

38. THÉODORE DE JOISGHE, Rentier, à Bruxelles. 

34. CHALON; Président de la Société des Bibliophiles de 

Mons, à Bruxelles. 

35. J. DE MERSSEMAN, Docteur en médecine. Secrétaire 

de la Commission provinciale de Médecine à Bruges. 
Membre du Comité directeur^ 

36. SERRURE, Professeur à FUniversité de Çand. 

37. J. YERGAUWEN, Propriétaire , Président de la Société 

des Biblioph. Flamands, à Gand. 
88. JULES MAZEMAN DE COUTHOVE, Membre des États 
provinciaux, à Ypres. 

39. LE GLAY, Archiviste général du Département du>(ord, 

chevalier de l'ordre de Léopold, à Lille. 

40. DE ROOYER DE ROOSEMEERSCH , à Bruxelles. 

41. LANSENS, Directeur de Pension, à Couckelaere. 

42. WALLAERT, Doyen à Thourout, Membre de la Cham- 

bre des Représentants, chevalier de l'ordre de Léopold. 



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6 

43. DAVID, Président de la Pédagogie du Pape Adrien Vl, 
à LouTaîn. 

44. Le Chevauba DE SCHIETER DE LOPHEM, à Bruges. 

45. AUGUSTE LAMBIN, Antiqoaire à Ypres. 

46. DE CRANE D'HEYSSELAERE, Bourgmestre d'Artselaer, 
à Malines. 

47. NOLET DE BRAUWER VAN STEENLANT, Docteur ès 
lettres, à Louyain. 

48. GONWAY, Intendant de la liste ciYile de S. M. le Roi 
des Belges* 

49. L'abbé LOUIS, Principal du CoUègè, à Tirlemont. 

50. L'abbé VISSCHERS, curé à Heyst-op-den-Berg. 



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MEMBRES HONORAIRES. 



Messieurs : 



1. Baron dINGELMUNSTER , à Ingelmunster. 

2. P. BUYCK, Architecte- voyer de la Flandre-Occidentale. 
8. J. CLOEDT, à Bruxelles. 

4. WALLAYS, peintre d'histoire, à Bruges. 

5. WITTOUCK, chirurgien, à Hulste. 

6. ANGILLIS, Membre de la Chambre des Représentants ^ 
Chevalier de Tordre de Léopold, à Rumbeke. 

7. SNELLAERT, Docteur en Médecine, à Gand. 

8. MARCHAL, ConserTateur des Manuscrits à la Bibliothè- 
que Royale, à Bruxelles. 

9. Baron DE WESTREENEN DE TIELLAND, ConseiUer- 
d'État de S. M. le Roi des Pays-Bas. 

10. D. LOYS, Major de la Gendarmerie Belge, Chevalier jde 
la Légion d'honneur. 

Il* H. PIERS, Membre de la Société Royale des Antiquaires 

de France , etc. à Lille. 
12. L. A. WARMOENIG, Professeur à l'université de Fri- 

bourg et conseiller-aulique du grand-duc de Bade. 
IS. ADDISON, Littérateur, à Londres. 

14. GODEFROY, à Paris. 

15. Le D' DE WOLF, à Gand. 




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9 

v\MV\vvvvvv^^^iiv\.vv^^vvv^vvv\vv•vvvv.^\\\vvvvv^vvvvv\v\^A.'Mv\^vv 

CHRONIQUE 

DE 

LA VILLE DE DIXMUDE. 



m. 

Le comte Baudouin III érige une foire ou marché 
public. 

962. 

Arnould-le-vieux donne plusieurs dimes à l'église. 

1045. 

L'évéciue de Térouanne la séparer pour le spirituel 
icte l'église d'Eessen et consacre la nouyeUe église^ 

1166. 

LTperleet est canalisé, à commencer de la ville 
dTTpres jusqu'à Scheepsdaele près de Bruges. Ce canal 
prenait sa direction par Djxmude, Nieuport et Os* 
tende (1). 

' 'TJh différend étant survenu entre Thierri, seigneur de 
Dixmude, et la comtesse de Flandre et de Hainaut au 
sujet de la pêcherie de la ville de Dixmude , les deux 
parties s'en référèrent à des arbitres et nommèrent le 
châtelain de Saint-Omèr , Messire Robert de Béthune et 

(1) Lambin, Liste chronoL de chartes, p. 1. 

Akitales. — Tome IV. i 



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10 

Gilbert de SoUeghem , qui jugèrent cette affaire à Lille, 
le lundi ayant l'Ascension de cette année (1). 

1227. 

Vente d'une terre et d'une maison situées à Dixmude 
près du conduit d'eau nommé de Ede (2). 

1241. 

Thomas de Savoie et Jeanne de Gonstantinople assi- 
gnent à l'abbaye et aux religieuses de Notre-Dame (ab- 
baye de 'sUemelsdael), ordre de Citeaux , qu'ils ont 
fondées depuis peu dans un lieu appelé Hiec (Eessen) 
près Dixmude , 85 livres de rente annuelle à percevoir 
sur les briefs de Dixmude (3). 

1251. 

L'Iser canalisé réunit Ypres et Dixmude à Nieuport (4). 

1253. 

Confirmation par la comtesse Marguerite de Gon- 
stantinople, de la donation faite par Thomas de Beveren , 
châtelain de Dixmude , de cent sous de rente , assignés 
sur une terre neuve qu'il tenait en fief de la comtesse , 
à Dixmude , pour la fondation d'une chapelle dans cette 
ville. Donné à Bruges, le vendredi après le jour de 
Pâques (5). 

1270. 

La ville est incendiée avec son église. Gui de Dam- 
pierre la relève de ses ruines en fesant construire de 



(1) Monum. Ane. de St-Genois. 

(2) Voir aux pièces justificatiyea. 

(3) Warnkœnig, T. ii, 2^ p. donne la charte originale. 

(4) Archiv. du départ, du Nord; 2« cartul. de Flandre, pitof 6P et 
91. 3» id. p. 104. 

(5) Mon. anc. de St-Genois, 2« yoI. 



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il 

nouvelles fortifications , consistant en fossés , remparts 
et portes. 

Lettres par lesquelles Thierri , seigneur de Beveren , 
châtelain de Dixmude et Marguerite, sa femme, acquittent 
à toujours , du consentement de Thierri leur fils ainé , 
les habitants de la ville de Nieuporl , de tonlieux à Dix- 
mude. Donné le mardi après Quasimodo (1). 

1271. 

Gilles de Paons, Raouls Piel , Jehans Pinekin , Jehans 
de la Porte et Gilles Libruns, échevins de Dixmude, figu- 
rent dans une charte qui constate la Tente d'une maison 
sise dans la rue dite Schipstraet (2). 

1279. 

Don fait par le comte Gui à Maître Gilles del Berst , 
son clerc et féal , de 20 livres monnaie de Flandre, sa 
vie durant, sur l'espier de Dixmude, au lieu de pareil- 
le rente, qu'il lui avait précédemment donnée sur ses 
prairies à Thourout. Le 29 Mars (3). 

1293. 

Lettres par lesquelles Erar, sire de Beveren et de 
Wallers, châtelain de Dixmude, reconnaît avoir reçu 
de Pierron , dit Fiat d'Aire , une somme non spécifiée , 
pour laquelle il s'oblige de lui payer tous les ans , le 
jour de St-Remi, pendant sa vie, 10 livres de noirs 
tournois, qu'il assigne sur ses tonlieux de Dixmude, 
avec peine de cinq sols parisis , pour chaque jour de 
retard et assignation sur tous ses autres revenus , au cas 
qu'après sa mort , Isabelle de Wavraing , sa femme , 



(1) Ibid. 

(2) Voir aux pièces jiutifiodtiTes. 
(S) Mon. anc. de St-Genois , 2« vol. 



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voulut avoir ce tonlieu pour son douaire. Henri de Be- 
veren, frère d'Erar et héritier apparent confirme ce» 
lettres données en Janvier (1). 



La Flandre étant divisée et l'un parti tenant pour le 
comte, l'autre pour le roi de France, Philippe-le-Bel , 
révéque de Térouanne, Tabbé des Dunes, le vicomte de 
Furnes, le seigneur de Dixmude, le seigneur de Bergues 
tinrent pour le parti français , dit Leliaerts, et cela à 
cause que le comte fesait entretenir aux dépens du 
peuple , les soldats allemands qu*il avait appelés à son 
secours. Robert , fils du comte Gui , ayant appris cette 
trahison se rendit à Furnes pour châtier les coupables , 
mais le commandant de Furnes, Baudouin Reyfin, se 
déclarant perfidement pour les Français , les Flamands 
furent battus et le comte de Juliers fait prisonnier. Ro- 
bert s'étant jeté dans Furnes, la fit piller et les villes de 
Dixmude et de Nieuport se rendirent à lui par crainte 
de subir le même sort. Les Français la reprirent bientôt 
après et en augmentèrent les fortifications (2). 



La ville fut entourée de murailles en pierres. 

Charles-de-Valois , s'en rend maître. 

La part dans les contributions à payer au gouverne- 
ment s'élevait cette année à dix-sept escalins, quatre 
deniers pour cent livres parisis imposés (3). 



La trêve conclue entre la France et la Flandre fut 



(1) Mon. anc. de St-Genois, 2« toI. 

(2) Kron. van Flaend, door H^yU et Ferreoi, Loc, p. 43$. 
(5) Jaerb, van den Fryen, 



1297. 



1300. 



1316. 




Î3 

signée par les délégués de chaque ville ; Jean Balquart 
signa pour Dixmude (1). 

1328. 

Après la bataille de Gassel , le& Brugeois qui se trou- 
vaient devant Tournai , accoururent , au bruit de cette 
nouvelle jusqu'à Dixmude, pour couvrir Bruges des at- 
taques des ennemis, mais voyant qu'ils n'étaient pas en 
état de résister aux Français, ils reprirent le chemin 
de leur ville et se soumirent. Les Dixmudois furent 
frappés d'une amende de 6000 livres et on les priva 
de leurs privilèges (2). 

1330. 

Louis de Wevers confirme les privilèges dont les Dîx- 
mudois avaient joui jusqu'alors. Il établit le premier 
Ruwaert , nonmié Jacques Sac , qui fut chargé de la 
surveillance de l'exécution de ces privilèges. Le comte 
établit aussi douze conseillers , qui auparavant étaient 
à la nomination des échevins. 

1333. 

Le 29 Septembre de cette année, un incendie réduiisit 
en cendres toute la ville avec son église. Un ancien 
chronogramme rappelle cet incendie: 

V ulcani Dixmuch est nata periclo. 

On rebâtit la ville les années suivantes et elle devint 
plus belle que jamais (5). 

1337. 

Les Flamands firent une alliance avec l'Angleterre 
pour prendre captif Louis de Nevers , comte de Flandre. 



(1) Hon. anc. de St-Genois. Arch. de là trésor, de Mona. 

(2) Meyer, Annal, p. 133 verso. 

(3) Sand, Fiand. illust . 



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14 

Arlevelde , qui dyait été choisi par les trois membres 
du pays pour commandant, fut chassé de Bergues. La 
noblesse enhardie par ce fait, fil venir le comte de 
Courlrai à Dixmude, pour y tenir une assemblée. Les 
habitants de celte ville fesanl semblant d'être reconciliés 
avec leur prince, le reçurent Irès solennellement, mais 
leur conduite cachait Thypocrisie et la trahison. Ils écri- 
virent aux Brugeois que le comte de Flandre se trouvait 
dans leur ville avec ses nobles et toute sa puissance et que 
s'ils voulaient se rendre maitres de sa personne, ils étaient 
résolus à le leur livrer. Les Brugeois ne se le firent pas 
redire , ils arrivèrent incontinent à Beerst , village situé 
aux portes de Dixmude , résolurent d'y passer une partie 
de la nuit pour prendre un peu de repos et s'emparer 
du comte avant la fin de la nuit, pendant qu'il s'adon* 
nait encore au repos. Louis, qui s'était aperçu de la 
trahison , se fil ouvrir la porte de Woumen par force et 
échappa avec peu des siens. Sa fuite fut si précipitée, 
qu'il arriva à Saint-Omer avec cent personnes de sa 
suite , dépourvus du plus strict nécessaire , même 
d'habits pour se couvrir. Dans la bagarre, le comte 
avait perdu son anneau et son sceau. Tandis que le 
comte s'échappait par une porte, les Brugeois en- 
traient par une autre et s'emparèrent de tous ceux de 
la suite du comte, qui n'avaient pas eu le temps de 
fuir; de ce nombre furent Matthieu Yanderburg et 
Engelram Houweel (1). 

1360. 

Lettres de non préjudice accordées par le comte de 



(1) Chron, van yiaend. Tonte I, Ghap. zliv. 



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15 

Flandre à Messire Henri de Beveren , chevalier , châte- 
lain de Dixmude , pour la main-mise par le dit comte , 
comme main souveraine, en toute la seigneurie et 
noblesse que le dit Henri de Beveren avait en la ville 
de Dixmude , en destituant son bailli , ses échevins et 
loi et en y instituant de nouveaux ; ce que le dit comte 
déclare ayoir fait pour certaines causes et pour le profit 
du dit châtelain. A Bergues, le 7 Septembre (1). 

Commission donnée par le comte de Flandre à son 
secrétaire , Henri Van der Vliedcrberg , pour se rendre 
en la ville de Dixmude , afin de remettre le vicomte de 
Dixmude en possession de tous les droits qui lui ap- 
partenaient en celte ville (2). 

1361. 

Commission donnée aux seigneurs de Prael, de Mal- 
deghem , à M* Testard De le Woesline , conseillers du 
comte et à Wautier Van der Brugghe , bailli de Bruges, 
pour se rendre à Dixmude , afin de savoir les raisons 
pour lesquelles la loi de la dite ville avait banni plu- 
sieurs personnes (3). 

1361. 

Lettres par lesquelles le comte de Flandre, sur la 
supplication de ceux de Dixmude , leur permet de lever 
double accise et péage eu la dite ville , pendant trois 
ans f à charge de payer au dit comte 450 livres parisis 
par an. Â Maie, le 16 Mai (4). 

Liste des bannis de Dixmude , qui ont été rappelés et 



(1) Arch. de -Lille. Registre des chartes, côté 1 , F» 40. 

(2) Ibid. Fo 46. 

(3) Ibid. F» 103 Y». 

(4) Registre des chartes, côté 1, F» 136 ¥•. 



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16 

qui ont fait serinent devant les échevins de Dixmude 
de ne plus faire d'alliance contre le comte de Flandre , 
la ville et la loi de Dixmude, de ne plus soutenir, se* 
courir, ni conseiller ceux qui ont été bannis de Flandre 
et de Dixmude pour troubles , sous peine de dix livres 
de gros d'amende , applicables un tiers au comte , un 
tiers au seigneur de Dixmude et Tautre tiers à la ville. 
14 Février (1). 

1363. 

Lettres par lesquelles le comte Louis confirme à per- 
pétuité à ceux de Dixmude le pouvoir de juger à loi et 
de bannir hors le pays de Flandre, pour violences 
commises en plein jour. A Bruges , le 5 Juillet (2). 

Commission donnée par le comte Louis , au bailli de 
Bruges, pour deshériter dame Jaquemine de Bevre, 
dame de Pouke, d^un fief qu'elle lient du comte, con- 
tenant cent livres parisis de rente héritière par an, 
situé sur le tonlieu de Dixmude , les éclisser en deux 
fiefs , contenant chacun cinquante livres parisis par an, 
en les tenant du comte , ses hoirs et successeurs , comlea 
de Flandre, adhériter dans l'une D"* Cathérine, fille 
de Daniel Goudekeuken , en réservant l'usufruit du dit 
fief à la vie du dit Daniel et ès autres cinquante livres 
* parisis en adhériter Denis Van den Ackre. 

Présents, Louis de Namur, Willaume de Reinghora- 
vliete et plusieurs autres. Â Gand , le 15 Mars (5). 

1364. 

Lettres du comte Louis, par lesquelles il permet à 
ceux de Dixmude de lever double accise en leur ville 



(1) Ibid.Fo 20. 

(2) Ibid. Fo 72. 

(3) 6« Cartulaire de Flandre, F» 75 V«. 



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17 

pendant trois ans , à condition de lui payer 506 livres 
parisis par chacune des dites trois années. Si la yille 
n'est point chargée de dettes , ils pourront diminuer 
les accises , mais si elle est endettée , ils pourront lever 
tàiUe sur les bourgeois. A Bruges, le 18 Âvril (1). 

Mention de la commission donnée au bailli de Bruges , 
pour mettre loyalement la dame de Hekelsbeke en pos- 
session de 200 livres parisis d'héritage par an , sur le 
bien de Dixmude , du consentement du vicomte de Dix- 
mude 9 son frère, et à les tenir en fief de lui. A Bruges, 
le 11 Août (2). 

1565. 

Ordonnance faite par le conseil du comte de Flandre., 
entre la ville de Dixmude , Jean Gorenlose et ses compa- 
gnons, le tout en la manière suivante et sauf la correc- 
tion du comte : 

Que les sceaux de Dixmude seront enfermés avec 
six clefs, chaque bourgmestre en aura une, les deux 
échevins et les deux conseillers chacun la leur , mais les 
trésoriers n'en auront point. 

Les trésoriers de la ville resteront un an entier sans 
qu'ils aient d'autres offices , et ils seront chargés de la 
recette et distribution des accises et des biens de la ville, 
et l'on choisit les plus opulents et capables de la ville. 

Ils rendront compte tous les ans par devant le comte 
de Flandre, le vicomte ou ceux qu'ils députeront et par 
devant la loi et commune de Dixmude; et ils en feront 
faire trois comptes, dont le comte aura un, la Tille 
l'autre et les trésoriers le troisième. 



(1) 6« cartulaire de Flandre, F» 11 , V<». 

(2) Ibid.Fo77. 



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Ceux de Dixmude ne pourront Tendre aucune rente 
viagère sur la yiHe , sans en ayoir montré la nécessité 
au comte et au vicomte et en avoir leur consentement. 

Ceux de Dixmude ne pourront faire de donations qui 
montent au-dessus de 100 livres parisis, sans avoir le 
consentement du comte. 

Les bourgmestres et trésoriers qui seront en la loi et 
gouverne quand on vendra des accises , ne pourront en 
acheter de la ville, ni en avoir part, et ceux qui le feront, 
amenderont 60 livres et seront bannis pour trois ans. 

Personne de la loi ne pourra faire des frais aux dépens 
de Id ville, mais se contentera des gages de ses journées, 
quand il sera envoyé hors de la ville. 

Qu'on n'enverra à personne du viu en présent , sans 
le consentement du comte , du vicomte et du conseil du 
comte et de la loi de Bruges. 

Les échevins et conseil de la ville ne pourront faire 
faire des habits aux dépens de la ville, jusqu'à ce que 
la ville soit soulagée de ses charges , et s'ils veulent s*ha- 
biller, ils le feront à leur dépens. 

En présence du vicomte, le conseil y étant, savoir: 
le prévôt de Notre-Dame , Pierre , fils de Jean , receveur 
de Flandre , et Jean Yander Meersch , bailli de Bruges. 
A Dixmude, le 18 Avril (1). 



Accord de Louis , comte de Flandre , entre le vi- 
comte , bourgmestres , échevins , conseil et ville de Dix- 
mude , d*une part, et Jean de Gorenlose, Frans de 
Ruddere et leurs compagnons , d'autre part , lesquelles 



(1) 6« ctrtalaire de Flandre , F» 122. 



1565. 




19 

parties se rapportent à sa décision, en la manière 
suivante : 

Tout ce que les commissaires du comte ont ordonné 
ci-dessus, sera tenu de bonne valeur, ainsi que les 
mêmes articles qui s'y trouvent insérés. 

Jean de Gorenlose , Frans de Ruddere et leurs com- 
pagnons prêteront à la dite ville ^ à la taxation du 
comte et de ses députés, la somme de 200 livres de 
gros, le jour de la Saint-Jean prochain ; et s'ils ne peu- 
vent déclarer d*ici à la Saint-Bavon , où ils ont remis 
l'argent des rentes viagères vendues pendant les deux 
ans de leur gouverne, qui monte à 1068 livres , 16 sous 
parisis par an , les dites 200 livres de gros resteront à 
perpétuité à la dite ville. 

Le dit Jean de Gorenlose et ses compagnons et autres, 
qui ont 'mis des impositions sur les bourgeois sans le 
consentement du comte , lui donneront h la Saint- Jean 
prochain la somme de 100 livres de gros et au vicomte 
pour le méfait sur lui commis , la somme de 34 livres 
de gros , en dedans l'entrée d'Août. 

Quant aux biens restés après mattre Gilles Van Den 
Ackere, celui qui en formera des demandes , poursuivra 
ses droits à la justice et à la loi. 

Le comte approuve tout ce que ses commissaires ont 
ordonné et prononcé k Dixmude au sujet de ce qu'on 
retournera à la dite ville , l'argent qui avait été donné 
des biens de la ville , à ceux qui demeuraient outre le 
pont et hors de la dite ville , quand le comte tenait sa 
résidence à Audenarde. 

Moyennant ce , le comte prononce bonne paix entre 
les parties, sans qu'elles puissent porter envie l'une contre 
l'autre. 

Présents : Louis de Namur , sou neyeu , les seigneurs 



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de Ghistelle , de Praet , de Dudsele , Willaume de Reing- 
hersvliete, Roger Boetelin, le prévôt d'Harlebeke , chan- 
celier; le prévôt de Notre-Dame, maitre Testard de la 
Wastinne, maitre Jean Van den Boongaerde, Pierre, 
fils de Jean, receveur, Jean Van dcr Meerscb, bailH 
de Bruges et autres du conseil du comte. A Bruges, le 



Déclaration du comte de Flandre et de son conseil , 
relative à la taxe des 200 livres de gros , que Jean de 
Corenlose , Fraus de Ruddere et leurs compagnons ont 
été adjugés de prêter à la ville de Dixmude , sur les con- 
ditions citées dans Taccord que le comte de Flandre 
avait prononcé entre parties. 

Leurs compagnons qui ont été taxés avec eux sont 
Glais Voet , Jean Gruke , Jean Eyvoet , Glais do Glarken , 
Andries de Wulf. 

Autre déclaration concernant la taxe des 70 livres de 
gros , pour les méfaits par eux commis envers le comte 
de Flandre et le vicomte , au sujet des 100 livres de gros 
du comte et des 50 livres de gros du vicomte de Dix- 
mude. 

Quant au méfait que les bourgmestres , échevins et 
conseil de Dixmude ont <;ommis envers le comte et le 
vicomte, pour avoir mis des impositions sur leurs bour- 
geois sans te consentement du comte et du vicomte , 
on les taxe à la somme de 60 livres de gros , savoir : 

Frans de Ruddere , bourgmestre; Jean de Gorenlose^ 
bourgmestre; Gilles de Wale, Gilles Ghérard, Talné, 



(1) 6« Cartulaire de Flandre, F» 1S9 V<». 



5 Mai (1). 



1365. 




Baudouin Heraner , Jacques de Smet , Glais Gruke, Jean 
de Yassere , Jean de Gupre , Mathis de Hadre, Jacques 
Butseel , Jacques de Gavre , Jacques de Roesselaere , 
Willaume Lauwerin, Jean de Yolmerbeke, Michel de 
Gorte , Willaume Denis , Jacques Yolkeraven , Jean 
Relin, Glais Heggelin, Hugues de Hegher, Jacques 
Palin , Willaume Bqiscamp , Glais Yan der Leke , Glais 
Buuc. 

Le comte ditr que son intention est que , quand la 
dite somme sera payée , toutes les loyautés à ce faites et 
les amendes adjugéejB seront annuUées et que la ville 
de Dixmude pourra poursuivre sa demande de la somme 
de 200 livres de gros, sur les personnes citées ci- 
dessus , selon la taxe faite sur chacune d'elles et pareille- 
ment le comte et le vicomte pourront lever les 150 
livres de gros susdites , sur chacun qui y est taxé. A 
Maie, le 9 Août (1). 



Les tisserands de Bruges s'étant révoltés en cette 
année contre la noblesse; le grand-bailli de Flandre 
les punit. Les Gantois , qui depuis leur défaite de Tannée 
précédente, cherchaient un prétexte pour se révolter de 
nouveau contre le comte, profitèrent de celui-rci pour 
faire des excursions jusqu^à Deynze, Thielt et Roulers. 
S*étant attaché Ypres et Gourtrai, ils tentèrent un coup- 
dc-main sur Dixmude , qui leur résista et soutint un siège, 
en due forme. Le comte Louis-de-Male , profondément 
irrité, se réunit aux habitants de la ville et du Franc de 
Bruges et marcha en grande diligence sur Dixmude , 
dont il voulait forcer les Gantois à lever le siège.. Il les 



(1) 6o Cartalaire de Flandre, F» 126. 



13S0. 




22 

attaqua près de Woumen , les défit totalement et pour- 
suivit les fuyards jusqu'aux portes de Gourtrai. Le butin 
fait sous les murs de Dixmude était opulent , on en en- 
voya la plus grande partie à Bruges , où Ton vendit un 
bœuf pour 12 sols, un mouton S sols, et un porc sept. 
Ce combat , qui eut lieu le 28 Septembre , coûta aux 
Gantois environ 5000 hommes et 200 chariots chargés 
de munitions et de vivres. Le comte créa de nouveaux 
chevaliers sur le champ de bataille ; Baudouin De Vos , 
Matthieu Van Schathille et François Yan Haveskerke, 
qui s'étaient distingués par leur bravoure , furent de ce 
nombre (1). 

1582. 

Le seigneur de Dixmude figure à la bataille de Roo- 
sebeke dans Tarmée française (2). 

1583. 

Lors du différend qui surgit dans la chrétienté à l'oc- 
casion de rélectiou des papes Clément VII et Urbain VI, 
les Anglais avaient débarqué à Calais une armée de 
15,000 hommes, pour soutenir le parti d'Urbain. Celte 
armée s'était emparé de Dunkerque et menaçait la Flan- 
dre. Ceux de Fumes, de Nieuport et de Dixmude se 
joignirent aux habitants de la contrée ouest du Franc, 
pour résister aux forces des Anglais; ils parvinrent à 
léunir 12,000 hommes et allèrent trouver Tennemi de- 
vant Gravelines , mais inférieurs en nombre et trop peu 
disciplinés pour se mesurer avec des troupes régulières , 
ils furent battus et perdirent au moins 9000 hommes en 
tués et blessés. Les Anglais irrités ravagèrent toutes les 



(1) Chron, van f^laend, tome m, chap, YIII. 
(3) Messager des eciencee, année 4840. 



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23 

villes de la câte maritime de la Flandre. Dixmude ne fut 
pas épargnée , et subit le sort des autres villés vaincues. 
Les Anglais y tinrent garnison, jusqu'à ce que le roi de 
France, de concert avec le comte de Flandre, les força 
à quitter le pays. 

1385. 

Après la conclusion de la paix, faite à Tournai, le 
18 Octobre 138^, les portes de Dixmude furent recon* 
struites en pierres (1). 

1401. 

Octroi concernant la défense de pouvoir tenir taverne, 
établir des brasseries etc. dans la banlieue de la ville. 

1405. 

Octroi de Jean , duc de Bourgogne , accordant à la 
ville de Dixmude une foire franche de trois jours , savoir » 
le 21 , 22 et 23 Juillet. Donné à Ypres, au mois de Mai (2). 

1408. 

Dans la nouvelle taxe des impositions , faite à Ouden- 
bourg , Dixmude figure comme devant payer una livre 
parisis par cent livres imposées au pays (3). 

1411. 

Jean-sans-peur adcorde la permission au châtelain 
Thierri , d'étendre les limites de la ville vers l'est; l'éten- 
due du terrain étant trop petit en proportion de la popu- 
lation. L'incendie de 1513 réduisit la ville à ses anciennes 
limites: toutefois, en 1630, on voyait encore les restes 
des anciennes fortifications érigées en 1411. 

Les habitants de la Flandre , mécontents du droit de 



(1) Chran» van Flaend, tome ii. 

(2) Archif es de Dixmude. 

(S) Jawb. van chn Ftyen, F» 28. 



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24 

cueillette que Tenait de leur imposer le duc de Bourgo- 
gne (1), ceux de Bruges, de Dîimude et de quelques 
autres localités se réunirent à Saint-André-Ièz-Bruges et 
y restèrent douze jours sous les armes , bien déterminés 
de ne pas se retirer , avant que la sale peau de veau 
ne fût déchirée (2). 

1413. 

Le duc Jean envoie des lettres à ceux de Dixmude , 
leur ordonnant de prendre les armes avec Tes villes de 
Flandre contre le duc d^Orléans (5). 

1419. 

Plusieurs incendies eurent lieu en cette anpée. 

Il parait que le duc d*Orléans qui était alors captif 
en Angleterre , était l'instigateur de ces malheurs , pour 
se venger des villes qui avaient porté les armes contre 
lui. 

1420. 

Un certain Glaeys Boupens s'étant noyé le 19 Mai 
dans les fossés des remparts près la porte du Nord , on 
fit des recherches pour voir à quelle jurisdiction cet 
endroit appartenait, et l'on trouva que le Franc de Bru- 
ges s^étendait jusques à la porte (4). 

1436. 

Au mois de Mai de cette année , les Anglais s'emparè- 
rent de Bourbourg et de GasseK Le duc Philippe voulut 



(1) Le droit de cueillette consistait en on sol par chaque mesure 
de grain qu*on fesait moudre. 

(2) C*est ainsi que le peuple nommait la charte écrite sur parche- 
min et scellée de plus de cinquante sceaux, laquelle contenait Tarrêté 
qui ordonnait la cueillette. 

(3) Joêrb. van den Fryen. T. II, P. 30. 

(4) Ihid. P. 43. 



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25 

leur faire abandonner ces deux positions et réunit une 
armée de tous les points de la Flandre. Ceux de Dixmude 
suivirent ceux de Bruges, et se mirent en campagne le 11 
Juin. On assiégea Calais, mais le siège étahl traîné en 
longueur , les Flamands abandonnèrent successivement 
leur duc, et rentrèrent dans leurs foyers. Les Brugeois 
à peine rentrés chez eux, se révoltèrent contre leur duc, 
sous prétexte qu'on avait fortifié L'Ecluse au détriment 
de Bruges, Plusieurs petites villes se joignirent aux 
Brugeois; celles de la West-Flandre tinrent le parti 
du duc ; de ce nombre furent Dixmude , Furnes et 
Nieuporl. 

1438. 

Une famine suivie d'une maladie contagieuse, qu'on 
appelait la.peste, sévit dans toute la Flandre. Dixmude • 
en fut tellement atteint, que malgré que les habitants des 
paroisses voisines s'y fussent retirés pour y trouver un 
asile et du secours, il ne restait dans toute la ville qu'en- 
Tiron 90 habitants. Une tradition dit , qu'alors des loups 
étaient venus habiter la maison fesant le coin de la rue 
des Poulets et de celle dit fFolven-dyk. 

1450. 

Un certain maître Jacques de Dixmude, surnommé 
Schelewaert, docteur distingué à l'université de Paris, 
y soutint vers le milieu de ce siècle, une thèse historique 
sur l'enlèvement de Judith par Baudouin Bras-de-fer (1). 

1461. 

Sentence par laquelle ceux de Dixmude sont exempta 



(1) But, in Rapiarto. Bibl. de Bourg. 7978—79. Voir les buU. 
de la com. royale d'hist. T. m, P. 108. 

Antcales. — Tome IP^. 2 



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26 

de payer le droit d*Î9aue pour les terres Tendues k 
Reninghe. 8 Noven^bre (1). 

1464. 

Différend entre les échevins d'Tpres et Rolland , sei- 
gneur de Dixmude^ et les bourgmestres et échevins de 
cette ville, pour certaines écluses du canal. Le parlement 
de Paris décide qu*il sera nommé des arbitres (2). 

1464 

Sentence prononcée par ceux de Bruges, que les 
btens des bourgeois de Dixinude ne peuvent être coa* 
fisqués. 5 Octobre (3). 

1464 

Philippe etc. savoir faisons nous aroir reçu humble 
supplication de nos bien amez les bourgmaistces , escbe«- 
yins et conseil de la ville de Dicquemue , contenant que, 
à l'occasion de ce que une grande partie des bourgeois et 
bourgeoises de la dicte ville sont alez demeurer et rési- 
der ailleurs en divers lieux, icetle ville est tettemeni 
despeuplee et inhabitée que les manans et habitans en 
icelle ne peuvent satisfaire au paiement de leurs portiona 
deii aydes. Il soit ce qu ils joyssent de teles franchises et 
libériez que ceux qui sont demourans dedens. Laquelle 
chose leur vient et tourne a tels grant interest, préjudice 
et domaige et plus feroit , si par nous ne leur estoit sur 
ce pourveu de notre convenable remède, ainsi quils 
disent; dont ils nous ont très humblement supplie et 
requis. 

Pour ce est-il que nous, ces choses considérées et 



(1) Aroh. d» Dixfiittd«. 
(9) Ibid. 
(S) Ibid. 



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sur ce eu ladTÎs de nos amez et feaulx les gens de notre 
chambre de conseil en Flandres, avons ordonne et 
ordonnons par ces présentes que tous bourgeois et bour* 
geoises de la dite ville de Dicqmue , qui sont residens 
au dehors dicelle viennent et retournent a tous leurs 
biens sans frauder, résider et demeurer en la dicte 
ville en dedens ung an après la publication de ces pré- 
sentes sur peine de payer droit d'yssue de tous leurs 
biens, lequel droit d*yssue au dict cas et après le dict 
an passe et expire voulons eslre exeçute seignoureuse- 
ment sur eulx et leurs dicts biens par tous nos officiers 
qu'il appartiendra. Donne en notre ville de Lille le 
7* jour de Décembre lan de grâce, mil quatre cens 
soisante six (1). 

1468. 

Le 9 Août on saisit trois empoisonneurs qui se 
disaient inventeurs d*un remède contre la peste. 
Guillaume Malthys , surnommé Scheur-capproen , avait 
entrepris de guérir deux filles atteintes de la peste, son 
remède leur porta la mort et le coupable fut décapité. 
^ Les deux autres coupables furent exécutés quelques jours 
plus tard. 

1468. 

Arrêt du parlement de Paris en faveur de Dixmude 
contre ceux dTpres , pour ce qui concerne Tentretien 
de récluse de Nieuwendamme (2). 

1474. 

Lettres de Charles , duc de Boargc^e , par lesquelles 
il est défendu à ceux de Nieuport de molester ceux de 



(I) L*original aux arch. de Dixmuda. 
(i) 'Areh. de IMtmade. 



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28 

Dixmudc, qui font venir des marchandises de la Hol- 
lande par mer et part le port de Nieuport. Il est dit 
dans CCS lettres que le duc confirme un droit accordé 
à ceux de Dixmude en 1380. 16 Octobre (1). 

1476. 

Oclroi du duc Charles-le-Téméraire , par lequel il est 
ordonné aux hdbitants de Dixmude qui ont quitté leur 
ville pour résider dans les environs , de retourner en 
ville danslespace d'un au , sous peine de payer le droit 
d'issue. 23 Mai (2). 

1488. 

Lors de la révolte des Flamands contre leur duc, 
plusieurs villes de la West-Flandre lui étaient restées 
fidèles ; de ce nombre était Dixmude y qui étair comme 
le refuge des Allemands; les Brugeois, voulant les 
châtier de leur fidélité, recoururent à la ruse et résolu- 
rent de prendre cette ville d'assaut par surprise. Ils 
étaient campés à Wercken , à peu de distance de Dix- 
mude, et Taurore du 7 Mars fut choisie pour exécuter 
le projet. Armés d'échelles et d'instruments de guerre , 
les Brugeois commencèrent Tassaut , qui fut repoussé 
par la garnison soutenue par les habitants, et les as- 
saillants furent forcés de se retirer. Le commandant 
de la plice , Charles De Saveule, et ses soldats , voulant 
témoigner au Tout-Puissant leur reconnaissance pour 
cette victoire signalée , fondèrent quelques services dans 
réglise de Dixmude et donnèrent à la pitance une 
somme de 48 livres parisis (3). 



(1) Ârch. de Dixmude. 

(2) Ibid. 

(3) Registrum cotidianum , au 7 Harf . Voir aui pièces juttificatiTef • 



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29 



La paix fut conclue à Gand entre les états rebelles et 
rarchiduc Maximilien le 10 mai suivant. Cette paix 
fut de courte durée; elle fut rompue presque en même 
temps que proclamée. Le 20 Juin , le seigneur de Dix- 
mude fit dire aux Brugeois qu'il voulait vivre et mou- 
rir avec eux , pourvu qu'ils lui envoyassent des troupes 
pour arrêter les pillages commis par les soldats alle- 
mands, qui infestaient la campagne. Les Brugeois 
croyant à la sincérité de ces paroles, envoyèrent leur 
colonel, Antoine Van Houte, à la tête de quelques troupes. 
Voyant que l'alliance simulée que proposaient les Dix- 
mudois était un guet-à-pens qu'on leur préparait. Van 
Houte, qui. en passant avait mis garnison dans le châ* 
leau Ter Heye, dans la commune de Vlasloo, alla re- 
joindre cette garnison et retourna à Bruges pour ne pas 
devoir céder à des forces beaucoup plus considérables 
que les siennes (1). 

Le 9 Août, la garnison de Dixmude se joignit à celle 
de Nieuport; on alla fourrager jusques près des portes 
d'Ostende. Philippe de Glèves ayant appris les ravages 
commis par ces deux garnisons se i:endit en toute hâte à 
Nieuport avec 2000 fantassins et 1700 clievauv; 6000 
hommes du Franc se joignirent à lui et la ville de 
Kieuport lui ouvrit ses portes, promettant d'être à l'avenir 
des sujets fidèles au jeune duc Philippe et aux trois 
membres des états de Flandre. 

Dès le 28 Août ceux de Nieuport avaient violé leur 
serment en recevant par mer les gens de Maximilien* 
Quelques Allemands de la garnison de Dixmude ayant 
fait une sortie pour détruire le Haut-Pont sur l'Isère et 



(1) CAr. van Vlaenâ. 




30 

pour attaquer Téglise de Beersl, qu'on avait fortifiée, 
furent si bien attaqués par les paysans des environs , qu'il 
ne resta plus aucun homme qui put aller annoncer la 
défaite h ceux qui élaieat restés en ville (1). 

Louis de Halewyn , commandant des troupes Flaman- 
des dans les quartiers Ouest et Nord du Franc s'empara 
le SO Septembre du château de Middelbourg et en dé- 
molit les fortifications. Les Brugeois avaient amené six 
prisonniers Allemands delà garnison de Middelbourg; 
ce qui exaspéra au plus haut point les garnisons de 
Dixmude et de Nieuport, qui en revanche incendièrent 
les paroisses de Keyem et de Leke et les églises d'Ëessen 
^ de Woumen, sans faire grâce à une partie de la 
population de ces paroisses, laquelle s'y était réfugiée 
pour trouver un asile contre la cruauté des Allemands (2). 

La fidélité des Dixmudois leur valut le 8 Octobre un 
octroi de l'empereur Maximilien , par lequel le siège de 
la loi du Franc devait être transporté de Bmges à Dix- 
mude (3). Celle ordonnance ne fut jamais exécutée; 
tout le Franc tenait avec Bruges contre Maximilien , et 
après la paix conclue, le tribunal resta à Bruges. 

Louis de Halewyn proposa le 28 Octobre à ceux du 
quartier Ouest du Franc de chas<:er les Allemands de ce 
quartier et de démolir les fortifications de Dixmude et 
de Nieuport qui servaient de refuge à l'ennemi , moyen- 
nant qu'on lui pajat par an six gros par mesare de 
terre. Ceux du Franc délibérèrent sur celte proposition 
et elle fut rejetée par l'influence do Josse Van dcn 



(1) Chron, van Fhiend, 

(2) Ibid. 

(3) L'original muni du petit scel en cire rouge, pendant à queue de 
parehemin se trouve aux archives de Dixmude. 



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Bergbe , seigneur de WaterTliet^ aacîen ëcoutéte de 1» 
ville de Bruges. Van den Berghè se rendit eti toute hâte 
à Dixmude et fît mettre une garnisôn de SOO Alle- 
mands dans son cbâleau d*Himdsaeme , d'où ils firent 
des excursions dans les campagnes, pillant et rava- 
geant tout ce qu'ils renconlraienl. Le seigneur de 
Haiewyn outré de dépit, quitta le Franc et se relira 
avec ses troupes à Saint^Omer , laissant la direction 
des affaires à son lieutenant Antoine Daucfay. 

Les Flamands ne désespérèrent cependant pM de 
pouvoir s'emparer de Dixmude, ils l'assiégèrent avee 
le secours du général français Des Cordes ; mais l'Att*- 
glelerre qui était alors en guerre avec !a France, envoya 
les lords Daubeney et Morley , avec deux mille archers 
et six mille Allemands pour les attaquer dans leilr 
<iamp , défendu par une forte batterie- Les archers lan»- 
cèrent une volée de flèches dans les retranchements, 
se jetèrent sur la terre pour éviter les décharges des 
canons, se relevèrent, lancèrent une seconde volée et 
pénétrèrent vivement dans le camp. La victoire fut 
complète, mais elle fut déshonorée par d'excessives 
cruautés. Le désir de venger là mort du jeune et 
gentil chevalier, lord Morley, éinima tellement hea 
vainqueur» , qu'ils refusèrent d'accorder aucun quartier^ 
et huit mille ennemis furent, dit-^on, massacrés: can- 
nage effroyable et sans exemple, si Ton considère lé 
petit nombre des combattants dans chaque armée (1). 

Le Hérault a célébré dans son journal la résolution 
d'un archer, appelé John Person de Coventry, qui 
ayant eu la jambe emportée par an boulet, continuti 



( 1) Hall. 18; Bacon , 47. 




32 

à lancer ses flèches à genoux pu assis, et quand les 
Français s'enfuirent, il appela un de ses camarades, 
et dit : Prends les six flèches qui me restent et donne 
leur la chasse, car je ne le puis. Ce John Person 
mourut quelques jours après (1). 

1489. 

L'année 1488 avait été assez funeste à Dixmude et 
à tout le Franc de Bruges , pour qu'un moment de 
bonheur put reluire sur les habilaiils. 3Ialheureusement 
l'inslant de conclure la paix n'était pas encore arrivé 
et la guerre fut continuée avec plus d'acharnement que 
jamais. 

Maximilien fit de vains efforts pour s'emparer de Rot- 
terdam au commencement de 1489. Ses échecs furent 
connus en Flandre et les soldats à son service n'eu 
devinrent que plus furieux; ils firent de nouvelles ex- 
cursions , s'adonnèrent au meurtre et au pillage, hasar- 
dèrent de pousser leurs dévastations jusques aux portes 
de Bruges et se rendirent mailres du château dit Roegiera- 
brugge, dont ils passèrent les habitants au fil de 1 epée. 
Le commandant Dauchy voulant venger tant d'hor- 
reurs , sortit de Bruges à la tête de 600 hommes de 
cavalerie et de 400 fantassins; il fut suivi de 2000 
Brugeois , Gourtraisiens et Yprois, sous les ordres de 
George Picavel, capitaine et écoutéte de Bruges. 

Ces forces réunies^ assiégèrent le château de Hand- 
saeme, qui fut pris le 8 Janvier et dont on égorgea la 
garnison. De là on prit position à Eessen et à Werken, 
pour empêcher les sorties de la garnison de Dixmude* 



(1) Lell. Coll. IV, 247. 



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53 



Ne IrouTant aucun moyen d'en , venir aux mains avec 
les Allemands , cette armée improvisée retourna dans 
ses foyers le 6 Février. 

Le7Atril, la paix fut conclue à Bruges entre la 
Flandre et l'Angleterre et entre ce pays et la France. 
Aussitôt la paix conclue le commerce reprit et Ton vit 
arriver en Flandre beaucoup de vaisseaux chargés de 
vin. Les garnisons de Dixmude et de Nieuport s'empa- 
rèrent de quelques vaisseaux et les conduisirent dans le 
port de cette dernière ville. Des bandes de brigands 
parcoururent en même temps toute la contrée et rava- 
gèrent ce qui était encore resté debout. Ceux de Winen- 
daele et des environs prirent les armes pour résister 
à ces pillages et firent prier les garnisons d'Ostende et 
d*Oudenb()urg de venir les sécnurir. Les troupes sorties 
de ces deux villes rencontrèrent une bande de ces 
brigands près de Dixmude et les attaquèrent à l'im- 
proviste. Cinquante restèrent morts sur la place et 
beaucoup furent faits prisonniers. 

Le 17 Mai, ceux de Bruges , d'Ypres et de Courlrai 
prirent les armes sous le commandement de George Pi- 
cavet et d'Antoinç Van Niejwenhove et allèrent camper 
au pont de Beerst , aux portes de Dixmude. Ils se re- 
tranchèrent si bien dans leur camp, qu'ils étaient à l'abri 
d'un coup de main. On ne voulait pas commencer le 
siège de la ville avant l'arrivée des Gantois qu'on atten- 
dait envain depuis six jours et qui finirent par ne pas 
venir. Ce retard porta la démoralisation dans le camp et 
les soldats s'adonnèrent à toutes sortes d'excès dans 
le métier de Furnes. Les Allemands voulant faire lever le 
siège , firent des sorties avec la garnison de Nieuport 
et se hasardèrent à pousser leurs excursions jusqu'aux 
portes de Bruges , où deux factions s'étaient déclarées , 




54 

Tune 9 nommée de Monetanen, embrassait le parti de 
.Maximtlien, l'autre, qui tenait avec les étais pour le jeune 
duc Philippe, perlait le nom de Philippinen. 

Les affaires en restaient là jusqu'au 15 Juin , lorsque 
Daniel Van Praet vint attaquer le camp des Flamands 
devant Dixmude avec une armée beaucoup plus supé- 
rieure en nombre. Les Flamands prirent la fuite et 
auraient élé défaits complètement sans l'arrivée de Me»- 
sire Jean de Bruges, seigneur d'Espierre, qui leur 
emmena à temps du renfort et fit tourner la victoire du 
cAté des Flamands. Trois capitaines et treiie soldats 
furent fait prisonniers (1). 

1490. 

La garnison de la ville ayant fait un butin consi- 
dérable dans la paroisse de Reninghe, en témoigna 
sa reconnaissance au Tout-Puissant en instituant une 
fondation de 42 livres de gros dans l'église paroissiale 
de Dixmude (2). 

1492. 

Le 20 Janvier, vers trois heures du matin, Jean 
Denys et Meuken Bollaert, capitaines de Gand , traver- 
sèrent avec leurs soldats les fossés de Dixmude sur la 
glace, passèrent au fil de l'épée tout ce qui s'opposait 
à leur passage, enlre autres Corrîeille Jooris, échevin du 
Franc (3) , et se rendirent maîtres de la ville. Les ha- 
bitants qui ne voulaient pas payer une forte rançon 



(1) Chron, van Vlaend. 

(2) Regist. Gotid. Voir aux pièces justificatives. 

(3) Le tombeau de Corneille Jooris existe cnoore à t^extrémité dtt 
chœur de la Vierge ; la pierre blanehe qui le couvre porte riascription : 
Hier licht Corneliê Jooriê F'Jacobê in zynen levane scepen van den P^ryen^ 
die overleet ini jaer M CCCC en XCTI, den xx««» dach van lauwe op einte 
Sèkutyamê dach. 



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55 

furent pillés et vexés de différentes manières. A la nou- 
velle de celte surprise, le comte de Nassau se mit en 
marche pour reprendre Dixmude, à la tête d'un fort 
détachement d'Allemands. Les capitaines gantois crai- 
gnant d en venir aux mains , quittèrent la ville le 27 du 
même mois, emportant un riche butin et se dirigeant 
sur Gand enseignes déployées. Les Allemands ne furent 
pas moins exigeants que les Gantois qui venaient de 
partir et le comte de Nassau recompensa bien mal la 
fidélité que Dixmude avait montrée pour son prince. 

Arrivé à Gand , Jean Denys fut accusé par l^s autres 
capitaines de ce qu'il avait quitté Dixmude, à cause que 
cette ville pouvait servir de moyen pour obtenir du 
comte de Nassau une paix selon leur volonté. Denys 
prit la fuite pour échapper à la peine qu^on lui préparait; 
repris bientôt après , il fut décapité sur le marché au 
Vendredi (1). 

1497. 

Le duc Philippe accorde un délai pour le paiement 
des dettes de la ville. 11 Octobre (2). 

1502. 

Le 14 Janvier, le bailli de Dixmude est déclaré non 
coupable par le grand conseil de Flandre de ce qu'il 
avait jugé un habitant du Franc, coupable de vol 
d'une vache, pourvu toutefois qu'il s'abouche avec le 
magistrat du Franc (S). 

1503. 

Une partie de la ville fut consumé par un incendie 
avec la maison-de-ville et la halle. ^Get incendie , qui dé- 



(1) Chron, van f^ïaend. 

(2) ArchÎY. de Dixmude. 

(3) Joêrb. van den Frytn. T. H , P. 130. 



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36 

truisit plus de trois cents maisons, arriva le 17 Avril. 
Selon Sanderus ce désastre aurait eu lieu en 1515. 

Lellres patentes du duc Philippe, par lesquelles il 
abolit les fautes et négligences commises par les tréso- 
riers de la ville, avec ordre aux commissaires nom- 
més ad hoc de clôturer les comptes de 1490 à 1502. 
14 Mars (1). 

1513. 

Les murs des fortifications à Touest de la ville sont 
démolis et la ville réduite à son ancienne enceinte. 

1515. 

Charles-Quint ordonne une contribution extraordinaire, 
qui fut levée au mois d'octobre 1517. Dixmude dut y 
contribuer pour sept escatins (2). 

1519. 

Sauf-conduit donné par Gharles-Quint à tous mar- 
chands, qui voudront se rendre à la foire de Dixmude, 
commençant le mardi avant la fête de sainte Marie Ma- 
delaine. 14 Mars. Ces lettres furent -confirmées par Al- 
bert et Isabelle , eu Mars 1618 (3). 

Lettres de Charles-Quint par lesquelles la ville de 
Dixmude est autorisée à continuer à tenir une foire franche 
de trois jours, avec défense de molester, d'arrêter ou de 
détenir les marchands sept jours avant et sept jours après 
la dite foire (4). 

1520. 

Requête du magistrat de Dixmude à messieurs les 



(1) Arch. de Dixmude. 

(2) Sand, Fiand. illuat, T. I , P. 17. 

(3) Ârchi?et de Dixmade. 

(4) Ibid. 



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57 

chefs-trësoriers des finances, tendant à pouvoir conserver 
les munitions de guerre que le sieur Marage voulait faire 
transporter à Gravelines (1). 

1551. 

Lettres patentes de Charles-Quint accordant un délai 
de six ans pour le paiement des renies et autres charges 
de la ville. 8 Juillet (î2). Pareilles lettres furent expé- 
diées plusieurs fois les années^ suivantes tant par Charles- 
Quint que par ses successeurs. 

1541. 

Octroi du souverain qui défend de tenir cabaret dans 
le rayon d'une demi-lieue de la ville (S). 

1645. 

La régence contracte un emprunt pour payer les 
arriérages des dettes de la ville (4). 

1548. 

L'évéque de Térouanne, François de Créquy , est reçu 
solennellement à Dixmude , et accorde à la demande du 
seigneur, du bailli, des bourgmestres et échevins de 
pouvoir célébrer la dédicace de l'église de SHiiil-îS'icolas 
le mardi avant la fêle de sainte Marie Madelaine, jour 
qui coïncide avec le commencement de la foire an- 
nuelle (5). 



(1) Arch. de Dixmade. 

(3) Ibid. 
(5) Ibid. 

(4) Uiid. 

(5) Extrtit des inc. regUtret deTéglife. 



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38 



1549. 

L'empereur accorde un nouveau délai pour le paiement 
des déliés de la ville (1). 

1550. 

On a commencé à ériger des boutiques devant la 
maison de ville aux jours de marché et peu après on a 
placé au marché aux bêles de petits poteaux en pierre de 
taille pour y attacher les bêles à cornes. 

1564. 

Philippe , comte de Hornes , amiral des Pays-Bas or- 
donna à plusieurs villages de fournir du bois pour les 
fortifications de Dixmude (2). 

1566. 

Le magistrat dTpres envoie le 20 Septembre une 
ordonnance à ceux de Dixmude pour éviter toute colli- 
sion entre les catholiques et les sectaires. Il stipule 
aussi comment on pourra exercer la nouvelle religion et 
défend de tenir des prêches dans des lieux non autori- 
sés par le magistrat du lieu (o). 

1567. 

Entreprise pour la construction d'une chambre de 
conseil à la maison de ville (4). 

1578. 

Plusieurs personnes, dont les maisons avaient été 
démolies hors des portes pour la construction des for- 



(1) Arch. de Bixmude. 

(â) Arch. de la commune de ZantToorde, près d*Tpret. Voir mz piéeet 
jastificdtivet. 

(5) Arch. de Dixmude. (In flamand). 
(4)Ibîd. 



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59 



tifications, demandent de pouvoir en rebâtir d'autres à 
lïnlérîeur de la ville (1). 

Ordonnance de Philippe II, que les ecclésiastiques 
doivent comme les autres habitants contribuer dans les 
frais des nouvelles fortifications. 16 Janvier (2). 

L'circhiduc Matthias exempte Dixmude de logements 
militaires. 19 Novembre (3). 

1579. 

Octroi de Philippe II pour pouvoir bâtir sur une partie 
du cimetière de Téglise de Saint-Nicolas (4). 

Au mois de Mai on leva une contribution de 144 livres 
parisis pour pourvoir aux frais des fortifications (5). 

Plusieurs personnes se sont imposé cette année une 
contribution hebdomadaire durant six à sept semaines 
pour la construction des fortifications. Leurs noms et les 
sommes données par chacun sont consignés dans uu 
petit livre intitulé : F" oluntaire ommestellitighe achter 
stede van Dixmude, tôt tmaeken van fortificatien in tjaer 
1579 (6). 

1581. 

Au commencement du mois d'Avril, les Flamands, qui 
servaient sous le prince d'Orange et qui se trouvaient 
dans les environs de Bailleul et d'Arraa, ayant appris que 
le général français Montagny les recherchait avec une 
colonne de 3000 hommes, firent un mouvement vers 
la Elaadre. La cavalerie française les trouva près de 



(1) Arch. de Dixmade. 
(9) Biid. 

(3) Ibid, aTeoU lignature autographe et le weau de Tarchidae. 

(4) Ibid. 

(5) Ibid. 
(0) Ibid. 



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Dixmude , leur tua beaucoup de monde et les défit to- 
talement. 

Les étals de Flandre résolurent le 23 Juillet d'impo- 
ser à quelques villes de nouvelles /contributions pour 
subvenir aux frais de la guerre. Dixmude dut contribuer 
pour 1200 livres parisis (1). 

Le 14 Septembre, La Molle fit une tentative pour sur- 
prendre Dixmude; il fut repoussé vigoureusement, et 
quelques bourgeois furent tués aux portes. On ne put 
lui empêcher d'emmener les bêles à cornes qui paissaient 
dans les prairies des environs (2). 

Les état:! de Flandre décident que tous les ouvrages 
extérieurs des fortifications seront à charge des états et 
tous les ouvrages intérieurs à charge de la ville. Celte 
décision est prise d'après l'avis de l'ingénieur Hans 
Dunck, le 30 Octobre (3). 

Les états décident, le 16 Novembre, d'après l'avis de 
leur délégué , Jacques Cloribus et de l'ingénieur Hans 
Dunck , qu'outre les ouvrages en exécution , il faudra , 
pour compléter les fortifications , encore faire construire 
trois demi-lunes et une contrescarpe, que ceux d'Ypres 
et ceux du Franc contribueront chacun dans ces ouvra- 
ges pour la somme de deux mille florins et que le res- 
tant sera à charge de la ville (4). 

1582. 

Le magistrat décide, le 25 Mars, de vendre les joyaux 



(1) Resoluiie boeh van de vier rebelle leden der etaten van flaenderen , 
MS. 

(2) yiaemecheKronyhe^ door Ph. De Kempenare, P. 287. 
l^)Resolutieboek,US. 

(4) Wid. 




41 

et largenterie de Téglise de Saiol-Nicolas , pour nrhcler 
une provision de blé nécessaire aux habitants (1). 

Après la révolte qui eut lieu à Bruxelles au mois de 
Juillet, le duc d'Alençon envoya les troupes françaises 
sous ses ordres, dans les villes de Dixmude, de Dun- 
kerque et de Bergues-saint-Winoo; le reste de Parmée, 
sousf les ordres du prince d'Orange , prit position devant 
cette dernière ville, où le duc de Parme lui présenta 
bataille, sans que ses tentatives fussent acceptées. 

1583. 

Les Français avaient résolu de se rendre maîtres ab- 
solus des villes d'Anvers, Bruges, Dixmude, Dunkerque 
et Termonde, et de les livrer au pouvoir d'Alençon. 
Celui-ci voulut se justifier de cette entreprise téméraire 
en rejetant la culpabilité sur les Anversois; cependant, 
aucun doute ne peut exister sur la mauvaise intention 
d'Alençon , puisque les garnisons de Dixmude , de Duo<» 
kerqueet de Bergues-saint^Winoc en voulurent plusieurs 
fois aux habitants de cés villes, qu'ils vexèrent par leurs 
prétentions, en les accablant même par des voies de 
fait (2). 

Après s'être emparé d'Ostende, Alexandre Farnèse 
vint mettre le siège devant Dixmude , qui capitula le 
dernier jour de Juillet; voici les conditions de cette 
capitulation : 

l'aies capitaines, ofEciers et soldats sortiront de la 
ville avec leurs femmes et .enfants , avec leurs armes , 
épées et dagues et tout leur bagage. 

2® Il ne sera fait aucun mal aux malades et blessés , 



(1) Arch. de DUmade. 

Strada, De bel. Belg. T, :i, P. 889 et âOi, et Çhron, van f^Uund. 

Annales. — Tome IF'. 5 



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42 

qui ne sont pas en état de quitter la ville; ils pour- 
ront y rester jusqu'à ce qu'ils soient complètement 
guéris. 

3" Les bourgeois qui voudront partir avec la garnison 
seront libres d'emporter leurs biens. Il leur est accordé 
un délai de six semaines pour vendre ou transporter 
leurs meubles , et six mois pour la vente des immeubles. 

4° Quant aux bourgeois qui voudraient rester, son 
Altesse leur pardonne leurs fautes et offenses commises 
quelles qu'elles puissent être. 

S"* Pour ta garnison, il n'en sera placé à l'avenir 
qu'autant qu'il en faut pour le plus grand soulagement 
des bourgeois. 

Fait au camp devant Dixmude , le dernier Juillet 
1583 (t). 

Cette capitulation avait été signée après un siège de 
quelques jours. Farnèse ne se voyant paa en état de 
livrer assaut à cause de l'infériorité de ses troupes, 
résolut de couper toute communication aux assiégés. II 
£1 construire un fort le long de la chaussée de Briiges 
et y mit 600 piétons et 200 cavaliers avec huit pièces 
de canon. Il donna le commandement de ce fort k An- 
toine Grenet, seigneur d^ Wevpe, commandant de la 
ville de Gourtrai. Le capitaine, Charles de Luna, vou- 
lant introduire dans la ville un convoi de vivres, soutenu 
par 25& hommes, de cavalerie et de 5j00 fantassins, fut 
battu complètement et les cinq cents chariots chargés 
de vivres et de munitions tombèrent au pouvoir du duc 
de Parme (2). 



(1) Ârcb. de Dixmude, et Strada T. ii , P. 303. 

(2) Lambin, Beleg van Yper. 



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45 

Le 26 Octobre , Alexandre Farnese , campé devant 
Eecloo , stipule ce que les Dixmudois devaient donner 
aux soldats, qui tenaient garnison che» eux (1). A la 
fin de Décembre , il ordonna à ceux qui profes^^aient la 
religion reformée , c'esl-à-diré à la moitié des habitants , 
de quitter la ville , et il employa tous les moyens pour 
rétablir la religion eathoKc|ue (2). 

La disette était si grande , qu'on vendit un ciboire et 
des calices de l'église paroissiale , afin d'acheter des 
grains à Oslende (3). 

158S8. 

Philippe, roi d^Espagne, accorde un délai pour le 
paiement des deux tiers de's^dettes de la ville. 17 Février. 
Avec le grand , scel en cire rouge (.4). 

Alexandre Farnèse , instruit de l'aririvée d*une floHe 
espagnole sur les côtes de Flandre , arriva à Bruges le 
8 Août, et se rendit delà à Dixmude , pour se mettre à 
la téle dèâ ttoupé's qd'i rfeTaîeiit sé' itènâté U iyahèer^q;ue , 
I^xitfr sbtileùîr ffotté contrée' léâ AAg^afe. ïa^rhè^e àVaîl 
compté troliVér Ta ébttfe à l>uhkèrqùe le f2, di; iors^ù'^il y 
arrira , lét Ahj^ai^ l^à^atent cféjâi défaîté (5). 

1506. 

Dixmude fut forcée de oontribuôr pou/bc^aticoup dân^ 
les dépenses ocoasionoéea païf l-âr^iiduc Albert , pour 
assiéger (étende. 



(1) Arch. de Bixmade. 
(3) Chron. van Flaond, 

(3) Arch. de Bixmade. 

(4) Ibid. 

i^) Chron. van Flamid. 



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44 



1507. 

On dépensa , celle année , pour les forlificalîons , une 
somme de 1543 livres , 5 sols (1). 

1598. 

Le capilaine espagnol , Ballhazar Horligosa , comman- 
dant de Dixmude , mourut le 26 Février. Sa pierre 
sépulcrale se trouve dans le chœur de la Vierge. 

1600. 

Le seigneur de St-Greorges est receveur héréditaire de 
Tespier de Dixmude (2). On prélevait dans celle ville un 
autre droit, nommé Cens et F' arckenesse de Dixmude (3). 

1600. 

On demanda aux administrations de Vlasloo et de 
Merkem, des palissades pour les fortifications (4). 

1601. 

Le capitaine Balthazar Bezerra, commandant de la 
ville, mourut le 1 Juin. Balthazar Merenda lui succéda. 

On décrivit celte année les cours d'eau de la ville. Le 
livre qui conlient celle description, est intitulé: Dit 
naervolghende zin de conduyten ende toaterloopen van 
der stede van Dixmude. Il y est fait mention de dix 
ruisseaux {beken) qui sont souterrains à la ville (5). 

La tour deTéglisefut incendiée par la foudre (6). 



(1) Ârch. de Dixmude. 

(2) Glerck, Op het leen reeht. 

(3) Heisager dei scienoei, année 1840, p. 297. 

(4) Arch. de Dixmude. 

(5) Ibid. 

(6) Sand. Fl. illust. 



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45 



1604. 



Albert el Isabelle accordent un délai de trois ans 
pour le paiement des rentes à charge de la ville (1). 

Le 7 Avril , Marie de Sacquespée^ dame de Dixraude, 
vend à Vincent de Heere , 36,000 briques, à prendre 
du vieux château en ruines, situé près de la ville, à cinq 
florins le mille, pour en bâlir la taverne /a Couronne, 
hors de la porte, près le Haut-pont (2). 



Octroi des archiducs Albert et Isabelle pour pouvoir 
lever une somme de 1200 livres de gros, pour le réta- 
blissement de la chaussée hors la porte du nord, et de 
pouvoir percevoir un droit sur les chariots et les che- 
vaux pendant six ans. Le 14 Avril, avec le sceau des 
archiducs en cire rouge (3). 



Le comte de Busquoy , général de l'arlillerie , ordonne 
de faire transporter à Nieuport toute Tartillerie qui se 
trouve à Dixmude. La régence s'y oppose et le muni- 
tionnaire de l'artillerie répond que toute l'artillerie a 
été achetée et payée aux frais de la ville (4). 

La foudre détruit de nouveau la flèche de la tour de 
l'église (5). 

1608. 

L'historiographe des Pays-Bas , J.-B. Gramaye, visite 
les archives de la ville le 21 Septembre (6). 



(1) Arch. de Dixmude. 

(2) La quittance aux archives. 

(3) Arcb. de Dixmude. 

(4) Tbid. 

(5) «Sand. FL iUuat, 

(6) Arch. de Dixmude. 



1606. 



1607. 




46 



1610. 

Un traité ou hanse est conclu entre les villes d^Ypres 
et de Dixmude. Ce traité concerne surtout le droit d'issue 
et les successions. 22 Mars (1). 

1611. 

P^reU traité fut cpnclu entre Dixioude et Brqges^ le 
1 Août (2). 

Les archiducs accordent ài la yille la perception de 
4 sols pour chac^ue bâteau , et 2 sols pour chaque nacelle 
qui naviguera dans les eaux de la ville. S Septembre (3). 

1612. 

Octroi pour pouvoir rebjâtjir les maisons de la yjlle « 
détruites pendant les dernières guerres. 3 Juillet (4). 

1014. 

Octroi de ne pouvoir feir^ aucun négoce ni métier 
d^ns le rayon d'up qu^rt 4p IJeup d^ns U b^plteue de la 
ville , d^Qs )a direiptipi^ cJh Friai^c de Bruges. 3Q Juil- 
lel (5), 

1619. 

Contrat passé pour la cpnstruçtiop de qqelçjpes fortifi- 
calions avec Tavis de Jean Van Heedi? , çpipmis des for- 
tifications de la ville de Bruges (6). 

Chrétien Druvœus, abbé de Saint-Nicolas à Fumes, 
envoie , 1a d^m^nde du m^gislr^t de Di^çp^qde , qiîel- 
ques moines de spa abbaye ppur enspig^er le^ ^u^irianîtés 



(1) Arch. de Dixmude et V Plaçait hœk^ p. 645. 

(2) Ibid. 

(3) Archiv. de Dixmude. 

(4) Ibid. 

(5) Ibid. 

(6) Ibid. 



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47 

dans cette ^ille. Ces moines recevaient une pension 
annuelle du magistrat (1). 

163S. 

L'on construit une nouvelle prison , qui existe encore 
actuellement k côté de la maison ^de-ville, et Ton entoure 
les fortifications d'une rangée d'arbres. 

1656. 

Le magistrat donne des statuts pour l'école des filles 
orphelines, laquelle a été construite celle année. Dame 
Calhérîne De Coslere est la fondatrice de celle maison , 
d'après ce qui est dit dans ces statuts. 6 Mai (2). 

Le 50 Juin , une hanse fut conclue entre la ville de 
Dixmude et le pays du Franc, concernant le droit d'is- 
sue (3). 

1639. 

Le roi d^Espagne, Philippe, donne la permission de 
pouvoir lever une taxe sur les habitants , afin de pour- 
voir à l'entretien de seize soldats à charge de la ville. 
9 Juin (4). 

1641. 

Le roi Philippe permet la levée de plusieurs impôts , 
entre autres de 5 sols pour chaque livre de tabac , de 
4 sols pour chaque peau de bœuf et de 3 sols pour toute 
peau de vache qu'on fera entrer en ville (5). 

Le droit de pèche d'une partie de l'Isère appartenait 
au seigneur de Ghistelles. Celte pèche était un fief rele-- 
vaut de cette seigneurie, et appartenant, en 1641, à la 



(1) Chron, St-Nicoîai MS. 

(t) Arch. de BUmode. 

(5) Ibid. Fplacaet boek, p. 655. 

(4) Arch. de Bixmude. 

(5) Ibid. 



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AS 

famille Affaitatis. Voici comment parlent les lettres ac- 
cordées pour ce fief: 'S heeren van Ghistelle visschery 
te Nieuwéndamme , beginnende te Nicuport voor de 
haven ende haer bestrekkende door Nieuwtndamnie voor 
by de stede van Dixmude, door de Hooge Brugge in de 
rivière, genaemt de Izere, tôt eenen ronden pitte, staende 
in de havene van den voornoemie Izere, Deux poteaux 
en pierre de taille portant les armes de Ghistelles a^ec 
ceux de la seigneurie de Nieuwcappelle , dont était alors 
en possession Jean de Noisilles, seigneur dlsenghien, 
indiquaient les limites de celle pèche. On aperçoit 
encore aujourd'hui un des poteaux le long du canal, vis- 
îl-vis la paroisse de Sint-Jacobs-Capellé; il porte les 
armes de Ghistelles et de Affaitatis. A ce droit de pèche 
élait attaché celui de pouvoir percevoir cinq escalins 
parisis pour chaque bâteau qui naviguait dans cette 
partie du canal. Tous ces droits furent confirmés vers 
1622 par l^empereur (1). 

1646. 

Les Hollandais prirent Dixmude au mois d^Octobre. 
1647. 

L'archiduc Léopold fit son entrée à Bruxelles au 
mois d'Avril , comme gouverneur général des Pays-Bas. 
Il ne tarda pas à se mettre en campagne, assiégea 
Armentières , qui se rendit après une petite résistance. 
Il prit ensuite Comines etLens, et apprit durant le siège 
de Landrecies, que les Français , sous les ordres du ma- 
réchal de Gassion, assiégeaient la Bassée, et que le 
maréchal de Ranlsau était aux portes de Dixmude. 

L'armée française, en se rendant devant Dixmude, 



(1) Arrh. de la maison de Ghistelles. 



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49 

traversa la chàtellenie de Furnes, pillant tout ce qu*elle 
trouvait. Toute^f les maisons aux environs de Dixmude, 
furent détruites et démolies. On en fit servir les maté- 
riaux h la construction des barraques pour le service 
des assiégeants. Après un sîége de huit jours, la ville 
se rendit, le 15 Juillet. Les Français se mirent aussitôt 
à réparer les fortifications; ils abattirent tous les^arbres 
pour en faire des palissades. 

L'archiduc, après s'être rendu maître de Landrecies, 
se dirigea sur la Bassée, assiégée par Gassion. De Rant- 
sau , qui , depuis seize jours, occupait Dixmude , voulant 
faire reculer Tarmée de Tarchiduc , fit semblant d'aller 
assiéger Nieuport et vint avee son armée devant cette 
place, le 28 Juillet; il s'empara de la redoute , dite Dut- 
velshoom^ et du fort de Nieuwendamme. Les Espagnols 
de leur côté envoyèrent un renfort de troupes à Nieuport. 
De Bantsau apprenant que Gassion était entré dans la 
Bassée , fit camper ses troupes depuis le Duivelshoorn 
jusqu'à Schoorebeke. Ce campement dura jusqu'au 2 du 
mois d'Août. Les Français avaient détruit avant leur 
départ les forts de Nieuwendamme et de Duivelshoorn. 

Pendant que Lens était assiégée par le maréchal de 
Gassion, l'archidùc envoya le 29 Septembre, le marquis 
de Fonderati avec 3000 hommes pour s'emparer de Dix- 
mude. Il se rendit maitre du Haut-pont et de la demi- 
lune qui défendait ce passage, pendant que le marquis 
de Garracena fermait toutes les issues de la ville. La 
garnison française qui y était enfermée, était forte de 
3060 hommes. De Rantsau voulant faire lever le siège, 
vint le 11 Octobre avec 15,000 à Loo, où il campa. 
Le 13, il se dirigea sur le fort de la Knocke, et voyant 
l'impossibilité de faire lever le siège, il retourna à Loo. 
Dixmude capitula trois jours après et les Espagnols la 



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50 

fartifièrent. Les Français restèrent à Loo jûsqu'au 3 No- 
vembre et quittèrent cette YÎIle, après Ta voir complète*" 
ment déTalisée 

1658. 

Après s'être emparé de Furnes , le maréchal Turenne 
se présenta devant Dixmiide , qui n^était défendue que 
par 400 hommes. Après quelques négociations, la ville 
capitula le 4 Juillet. 

Le 8 du même mois , Turenne ordonne aux bourgmes- 
tre et échevins de payer au maréchaMes-logis général 
de l'armée, le S' de Hauterive , la somme de 2000 livres, 
pour les soins qu'il a pris à négocier la capitulation. Cet 
ordre est daté du camp devant Dixmude (2). 

Xe 31 Juillet, Turenne ordonne, à la requête du ma- 
gistrat de Dixmude , que la moitié de l'impôt mis sur la 
bière , appartiendra au S' de Hauterive , maréchal-des- 
logis de l'armée, jusqu'à son entier paiement de 2000 
francs. Daté du camp devant Nieuport, et scellé du 
petit cachet de Turenne (5). 

Ce ne fut que le 24 Décembre que Turenne signa k 
Ypres^Ies points proposés lors de la capitulation. Le ma- 
gistrat soumit ces points à la signature du maréchal (4). 

1659. 

Dixmude resta au pouvoir des Français jusqu^au frailé 
des Pyrénées. Par l'article xlvi de ce traité, la France 
rend à l'Espagne les villes dTpres, Audenaerde, Dix- 
mude, Furnes, avec les forts de la Finlelle et de la 



(1) D'après un KS. contemporain. La eapitnlalioa ae trouYS aux aroki- 
vaf Û9 Qixroude. 

(3) Arcb. de Dixmqde. 
(5) Ibid. 

(4) Ibid. 



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Knocke , Merville , Menin et Commines sur la Lys , avec 
les appartenances et annexes. 

La trêve qqi pr^céd^ le traité des Pyrénées, ne fut pas 
toujours bien observée. La garnison de Dixmude s'était 
emparé de plusieurs chariots chargés de grains, qu'on 
condfiî^ait de ^rug^s^ Nîeiypori; malgré toutes les repré* 
sentations qui furent faites , les Français vendirent les 
grains ç les chariots et les chevaux, sous prétexte qu'on 
iï'avait pas d^mmdé de sauf-oondtiit pour w transport. 

Les fortifications et les portes de Pixmudie furent dé- 
molies après la conclusion du traité des Pyrénées , et 
depuis elle ne fut plos en ^tat dç souteoir da Umg ^ége. 



Les Français ne quittèrent Dixmude qu'au mois de 
Février 1660 , après le mariage de Louis XIV , avec la 
fille de Philippe IV : les Flamands m furent paa trop 
satisfaits de leurs nouveau? mattrçs , qui le» vexèrent par 
toutes sortes d'wgefices. Le 15 Mars, on reçut la noui- 
velle qu'on devait célébrer sdeoneltemaoi , J8, par 
des fêtes et df» r^ouissanees, la conelasioii de la paix. 



Le gouverneur des Pays-Bas visita en cette année 
la ville de Dixmude , en retournant de Nîeuporl et d'Os- 
tende, où il s'était rendu pour inspecter le port. 



Le 22 Décembre, il arriva h Dixmude deux régiments 
d'infanterie , et six compagnies de cavalerie , pour la 
défendre contre les Français, qui lui avaient imposé une 
contribution de guerre de 1200 livres de gros, sous 
peine d'incendie en c^sde re^fus (1)^ 



(1) Chron. ton Haend. 



1660. 



1663. 



1667. 




52 



167!. 

Le gouverneur des Pays-Bas , comte de Monlerey, 
arriva à Dixmude le 5 Août, et ordonna de mettre la 
ville en état de soutenir toute attaque de l'ennemi. Il 
fit démolir Fabbaye de 'sHemelsdael, pour l'incorpo- 
rer dans les fortifications qu'on devait ériger sur soii 
emplacement (1). 

Un incendie arrivé par accident , détruisit la tour de 
l'église, le 12 Janvier (2). 

1674. 

Un détachement de la garnison fut envoyé au château 
de Wynendaele, pour contenir les brigandages des Fran- 
çais qui parcouraient le pays. 

1677. 

Après les sièges de Cambrai et de St-Omer, Tarmée des 
alliés , commandée par le prince d*Orange , et forte de 
36,000, entra dans la Flandre, et prit garnison dans 
différentes villes. Dixmude en reçut une partie. 

Le marquis d'Ossera , qui avait ravagé les environs de 
Bruges, arriva le 17 Août avec son armée, forte de 
10,000 hommes, devant Dixmude ; il choisit son quartier 
généra] à Caeskerke, et se proposa de piller la ville, 
mais ayant appris que les habitants' avaient caché tout 
ce qu'ils possédaient , il rançonna tout le métier de 
Fur nés (3). 

1678. 

Les biens des hospices du bureau de bienfaisance et 



(1) AnnaUê de la Soc. d*Emui» T. Il, P. 193. 
(9) Sand, Fland* tUnat. 
(5) Çhnm. van Flasnd, 



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55 

de l'église furent confisqués durant tout le temps que 
dura la guerre (1). 



La société de St-Sébastien invita toutes les sociétés à 
Tare de la Flandre à une grande féle. Vingt-sept socié- 
tés répondirent à cet appela et la féte eût lieu le 20 
OctoJ}re. Ceux de Furnes remportèrent le premier prix, 
consistant en un arc d'argent du poids de quinze 
onces (2). 

1681. 

On plaça l'orgue dans Téglise paroissiale; une seule 
personne, M. Pierre Van de Poorte, contribua pour la 
somme de 200 livres de gros, dans les frais qu'occasionna 
celte construction. 

1685. 

Après la prise de Courtrai , les Français s'emparèrent 
de Dixmude le 10 Novembre, après un siège de deux 
jours (3), 

1684. 

Le 10 Janvier, le maréchal comte Montbrun sortit 
de Dixmude à la tète de 4000 hommes, il s'était fjiit 
précéder d'un trompette porteur de lettres adressées au . 
magistral du Franc de Bruges pour le sommer de payer 
une certaine somme comme contribution forcée. Le 
maréchal arrivé à Jabbeke, y trouva deux bourgmestres, 
deux échevins et un greffier du Franc, qui promirent 
de lui payer 100,000 florins en trois paiemeuts , avant 
le mois de Septembre. Le maréchal Humières, qui se 
trouvait alors à Lille, ne voulut pas ratifier cet accord. 



(1) Arch. de Dixmade. 
(3) Ibid. 

(8) Chr. mm Fiaend. 



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54 



il prétendit qu^oB^ payeràît 1&0,MK> florins avaiti la fin 
de Tannée, sous peine d'incendier tout te territoire du 
Franc (1). 

Le même comte de Montbruta , lieutenaDl-général pour 
]e roi de France, clans le gotirernement de Flandre, 
défend, le 2^ Avril, aux tYoïspés fi'ailçaises d'entrei^ 
dans DixnHide sans montrer leur passeport, el dé dé- 
mander aux habitants quelques rafraichissenients (2)^ 

Le roi de France, désirant la paix, envoya èt la Haye 
le comte d'Avaux et fit proposer aux états une trêve de 
25 à 30 ans , qu'il désisterait de s<Mi droit snt le comité 
cTAlost, à condition qu'on lui céderait la ville de Luxem- 
bourg avec ses dépen4iances et les viHftS dé l^ixmude et 
de Courtrai dont on démolirait les fortificatiôns. 

Les états , après mûre réflexion , et intimidés par le 
comte d'Avaux , coiYsenlirei^t à' une tifève <fe vingt ans. 
Elte M CGxichxe à H<àye lé 39 Juin 1684. L'article iit 
dit que , si dans six semaines le roi catholique agréait 
cette trêve, la France lui restituerait Courtrai et Dix- 
mudé , après qu^èfliâ en aurait fûït absltlVe les mur&illes 
el les forliiîcation^ (S). Cette trè^fe* fbi définitîvemoit 
conclue par le traité dé RatisKit^irne , le 15 Aoiït suivànt , 
et publiée en Flandre au commencemeïit d^Octobre. 

Les Fratvçais démantelèrent lyixrùude et Courtrai , et 
construisirent té fort de Knocke^, où ils mireiit une forte 
gamison# 

1688;. 

La ligue d'Aiigsboufg , lès préfentiohs èe ki duchesse 
d'Orléand sur ki succession dé son frère*, à' laquelle elle 



(1) Chron» van VUmd. 

(2) Arch. de Dixmude. 

(3) Mém. de Nw^ , T. i, P. 133. 




55 

avait renoocé, la proiection que Louis XIY accordait 
au cardinal de Furslenberg, pour la dignité d'électeur 
de Cologne , et enfin Tinvasion du prince d^Orange en 
Angleterre, où il détrôna Jacques H, son beau-père, 
furent les causes principales qui rallumèrent la guerre. 

1689. 

Ce ne fut cependant qu'en 1689 que la guerre s'étendit 
en Flandre. Les Français s^étaient emparé de Dixmude, 
mais ils la quittèrent à rapproche de Thiver de Tannée 
suivante (1). 

Le maréchal d« Luxembourg inspecta les fortifications 
de la viUe au mois de Septembre, et les troupes se reti- 
rèrent en France, îpotir y prendre leur quartier -d'hiver 
au mois d'Octobre suivant (2.). Cependant on conserva 
dans les différentes villes de Flandre un corps de 60,090 
hommes pour protéger les ouvriers qui travaillaient sans 
relâche aux fortifications de Dixmude, de Courtrai et de 
Furnes durant toutThiver. Le commandant d'Avejan fut 
gouverneur de Dixmude pendant foute cette année (S). 

Le 4 Octobre on fil un pont de bâleaux derrière la 
cavalerie de la droite „ près du ^uavtîer général (à Dein- 
se), afin de faire passer le lendemain huit bataillons qui 
allaient occuper les postes de Dixmude et de Furnes. 

Le 8 Octobre, toutes le» troupes du^ roi ont été can- 



(1) Fesreol Loc €hnmi, B^. 
(3) Chron, wm noênd. 



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56 

tonnées depuis Court rai jusqu'à Dixmude et Furnes (1). 

1693. 

Le comte Pierre Thesauro, seigneur de Fossano en 
Piémont, remarquant dans son fils Jean-François un 
mauvais naturel , lui conseilla de quitter son pays et lui 
acheta un drapeau dans le régiment du marquis de 
Magalollî , nommé ensuite Royal-Italien , au service de 
France. En 1692, ce régiment se trouva en quarlier- 
d'hiver à Dixmude , où le comte Thesauro se maria à 
Brigitte Pelyt. Il partit au mois de Mai avec son régiment 
et ne vit plus jamais son épouse. Retourné en Piémont, 
il mourut à Plaisance, laissant ses biens à ses enfants 
naturels et son droit d'ainesse.è son frère Antiforte pour 
sa vie durant. Ce mariage fui l'origine du fameux procès, 
qui dura pendant 24 ans et qui fut gagné à Turin le 
IS Septembre 1764 , par le fils issu du mariage du comte 
Thesauro avec Brigitte Petyt (2). 

1693. 

Le roi d'Angleterre , Guillaume III , s'empara le 1 Sep- 
tembre de Dixmude, mais le général Boufflers ayant 
repris Furnes le 28 Décembre, avec seize escadrons 
de cavalerie et vingt bataillons d'infanterie, les alliés 
quittèrent jspontanément Dixmude. 

1693. 

Le 10 Janvier, Boufflers y entra et en fit augmenter 
les fortifications. De cette manière, la Flandre était à 



(1) Journal des mouvenuniê et eampemenU de Varmie du roi en Flandre, 
en 1691. Lille, 1691. 

(2) Voir V Abrégé historique du procès de Jean^François Thesauro^ 
soutenu entre les comtes Antiforte et Muédé à Fossano en Piémont. 
Imprimé à Tprei, chez J.-F. Moennan* 



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57 

couvert de ce côté-là. Cependant les Français, ayant 
besoin de leurs groupes , firent démolir' autant que possi- 
ble les fortifications de Dixmude et de Gourlrai , au mois 
de Juillet, et firent augmenter celles de Furnes et de 
Dunkerque, pour s'opposer à la flotte anglaise (1). 

1694. 

Le marquis de la Valette, lieutenant général des 
armées du roi, commandant de Sa Majesté depuis 
FEscaut jusqu'à la mer, prend sous sa protection la ville 
de Dixmude. Donné à Dixmude le 6 Mai (2). 

Le marquis de Boufflers accorde aux habitants une 
sauve-garde. Donné à Lille le 7 Mai (3). 

Le prince Maximilien de Bavière prend sous sa pro- 
tection les Dixmudois. La lettre qu'il leur donna à ce 
sujet est datée du camp d^Hooglede , le 8 Septembre (4). 

Henri de Nassau , seigneur d'Auverkerque , général au 
service de S. M, le roi d'Angleterre , donne une sauve- 
garde datée d'Handsaeme , le 18 Septembre (5). 

Les alliés avaient mis à Dixmude une garnison de 
3000 hommes dès le départ des Français; cette garnison 
changea de temps en temps selon les circonstances. Elle 
ne fut cependant jamais diminuée , car c'était de ce 
point qu'on voulait diriger sur Furnes et Dunkerque une 
armée pour surprendre ces villes en même temps qu'elles 
seraient attaquées par l'escadre anglaise. 



(1) Chron, van Vlaenâ, 

(2) Archiy. de Dixm. 

(3) Ibid. 

(4) Ibid. 

(5) Ibid. 

AniiALES. — Tome IV . 



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58 



1605. 

Le 9 Juin , le roi d'Angleterre envoya le duc de 
Wurtemberg avec un détachement de troupes pour ç'em- 
parer do^forl de Knooke. Il attaqua 200 dragons Fran- 
çais qui fesaient la garde sur les digues de l'Isère et les 
mit eu fuite après un combat opiniâtre. Le comte de 
La Moite, qui commandait la garnison de Dixmude, 
envoya du renfort aux Français enfermés dans le fort , 
mais le duc de Wurtemberg les força de rebrousser 
chemin et éleva quelques batteries. La garnison de Dix- 
mude envoya plusieurs fois des troupes pour détruire 
ces ouvrages, sur lesquels on avait placé deux pièces 
de canon; elle coupa aussi les digues de l'Isère pour 
intercepter toute communication avec les alliés, qui 
jetaient des ponts volants sur celte rivière. 

Le 22 du même mois, les Français firent une sortie 
du fort et firent quelques prisonniers. Le duc de Wur- 
temberg voyant qu'il lui était impossible d'attaquer 
le fort sans risque d'échouer dans son entreprise , levi^ 
le siège dans la nuit du 26 au 27. La Motte envoya 
quelques troupes pour importuner l'arrière-garde dw 
alliés (1). 

Le maréchal Yilleroy , qui commandait une armée de 
cent mille hommes, employa toutes les ruses de la 
guerre , pour réduire dans la Flandre la petite armée du 
prince de Yaudemout , qui sut échapper à tous ces stra- 
tagèmes par une retraite aussi sagement concertée que 
promptement exécutée. Le roi d'Angleterre , lors de son 
mouvement sur Boulogne, envoya le général Danois £llen- 



(!) Ckr. Gon Flaend. 



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59 



berger avec douze bataillons d'infanterie et quelques 
escadrons de dragons pour s'emparer de Dixmude, qui 
fut forcée d'ouvrir ses portes. Villeroy crut le moment 
opportun pour surprendre celte partie de l'armée alliée, 
et se rendit en toute hâle devant Dixmude , où il arriva 
le 18 Juillet. EUenberger avait, dès son entrée dans la 
ville, fait venir beaucoup de pionniers poyr travailler 
aux fortifications , qui n'étaient construites qu'en terre. 
Villeroy fit ouvrir la tranchée le 26 du même mois et 
donna le commandement du siège à Montai. Le général 
EUenberger donna d'abord des signes d'une résistance 
opiniâtre, il renvoya toutes les femmes, qui furent mal- 
traitées par l'ennemi , et fit prendre les armes aux bour- 
geois et aux pionniers ; mais soit trahison , soit lâcheté , 
sans que les assiégeants eussent pratiqué aucune brèche , 
sans qu'ils eussent préparé ni même tenté aucun assaut 
et lors qu'ils avaient seulement tiré 50 bombeç , ElleiiL-^ 
berger rendit la ville par une capitulation déshonorante. 
Les Français, contre les stipulations de la capitulation, 
firent déposer les armes à la garnison forte de 4046 hom- 
mes , et la firent prisonnière. Les pionniers furent déva- 
lisés et renvoyés après avoir subi de mauvais traitements. 
Ceci arriva le 27 Juillet. Le roi d'Angleterre, qui atta- 
chait une grande importance, à la conservation de Dix- 
mude, parce qu'il pouvait arrêter sur ce point les Fran- 
çais , l'avait fait amplement approvisionner ; il livra 
EUenberger à un conseil de guerre , qui le condamna 
à avoir incontinent la tête tranchée. Cette exécution eut 
lieu à Gand, le 30 Novembre de cette même annét; (1). 



(1) Dewez, T. vi; Chrên.,mn F'iaend, et Sçhouwburg (fer liedwl. 




60 



1696. 

Au mois de Mars, le général Fagel se lenail avec 
5000 hommes le long du canal de Dixmude , pour tenir 
téle aux généraux français Montai et La Motte et pour 
couvrir les pionniers qui travaillaient aux fortifications 
à Schoorebake. Villeroy était campé à Winendaele; il 
leva son camp le 18 Septembre , et échelonna son armée, 
forte de 35,000 hommes, de Wacken, où était Faile 
droite, jusqu'à Dixmude, extrémité de Taile gauche. Il 
laissa dans cette ville cinq bataillons d*infanterie et six 
escadrons de cavalerie (1). 

1697. 

La paix signée à Ryswyk le 20 Septembre 1697, mit 
fin à la guerre, et fit rentrer Dixmude sous la domina- 
tion espagnole , d'après l'article ix , où il est dit que le 
Roi Très-Chrétien fera restituer à Sa Majesté Catholique 
toutes les villes, places, forts, châteaux et postes que 
ses armées ont ou pourraient avoir occupés jusqu'au jour 
de la paix (2). 

1700. 

Il se trouve aux archives de Dixmude beaucoup d'oc- 
trois de la fin de ce siècle , donnés par les souverains 
pour pouvoir lever des impôts sur la consommation des 
denrées , sur le droit de barrière etc. 

1705. 

s. M. exempte l'hôpital de Dixmude du pain d'abbaye, 



(1) Histoire de la baronnie d'Ingelmunater, Voir Annahê de la Société 
d'Emul.T, II, P. 45. 

{%) Traité de pais. La Haye, 1697. 



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61 

que Christine De Marez avait droit d'y percevoir. 23 
Mars (1). 

1708. 

Au mois de Juillet , le général Barwyk , sous les ordres 
du duc de Bavière , qui était au service de France , par- 
tagea un corps de 3000 hommes dans les places d'Ypres , 
de Lille , de Furnes , de Dixmude et dans le fort de 
Knocke, laissant le centre de son armée à Haubourdii^, 
à une lieue de Lille, sous les ordres du marquis de 
Hauteforl (2). 

Au mois de Septembre les alliés jetèrent des ponts sur 
le canal de Nieuport, pour communiquer ainsi avec 
Ostende, où se trouvaient les vivres des Anglais. On fit 
passer sur ces ponts 600 chariots non chargés, sous 
l'escorte de 4400 hommes, et Marlborough, pour couvrir 
le convoi qui revenait chargé de vivres , envoya à Dix- 
mude le général d*£lfs avec six bataillons, qui furent 
bientôt suivis d'un renfort d'autres troupes d'infanterie 
et de cavalerie. Quelques jours plus tard , le 28 Septem- 
bre, les alliés, sous les ordres du général Webb, rem- 
portèrent une victoire signalée à Winendaele. Les Fran- 
çais ayant voulu se rendre maîtres du convoi dont nous 
venons de parler , furent complètement battus. 

Lorsqu'au mois d'Octobre suivànt les Français voulu- 
rent se frayer un passage à Leffinghe, Marlborough envoya 
un détachement de son armée à Dixmude pour garder 
cette ville et empêcha toute communication avecOslende. 
Quelques semaines plus tard, le général Gadogan attaqua 



(1) Arch.de Dixmude. 

(2) Voir Chron. van Haend, et Thistoire de Dewet. 



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62 

le fort du Haut-pont, et remporta après un combat de 
trois heures (1). 

1710. 

On bâtit une partie de la maison de vilie avec la 
petite tour (2). 

1713. 

Par le traité d'Ulrechl, conclu le 11 Avril, le Roi 
Très-Chrétien cède aux États généraux , en faveur de la 
maison d^Autriche , la ville de Furnes et le Veurne- 
Ambacht , y compris la généralité des huit paroisses et 
le fort de la Knocke , les villes de Loo et de Dixmude 
avec leurs dépendances, et beaucoup d'autres localités 
de la Flandre. Le Roi Très-Chrétien fera remettre aussi 
tous les papiers et documents qui concernent les lieux 
cédés. 

Le 28 Septembre , la régence conclut un accord avec 
un certain Ignace De Cock, pour refondre 24 cloches 
du carillon (S). 

1714. 

Le traité de paix signé à Rastadt le 6 Mars, décida 
que Dixmude et les autres localités cédées par le traité 
dUtrecht à la maison d'Autriche, lui seraient livrées 
dès que le traité de Rastadt ser&it ratifié. 

1722. 

Antoine Bernard, fondeur de cloches, conclut un 
accord avec la régence pour la fonte de la grosse cloche 
et pour dix-huit clochettes du carillon (4). 



(1) Voir Chron, van riaend. et lliistoire de Dewei. 

(2) Arch. de Dixmude. 

(3) Ibid. 

(4) Ibîd. 



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63 



1727. 

On recreuse la partie du canal âituée entre les ponts 
du nord et de l'ouest (1). 

Dixmude exemptée du droit de timbre (2). 

1731. 

Construction de la partie ouest de la maison-de- 
ville (S). 

17S7. 

La foire aux cheyaux est remise au premier mardi de 
Juillet (4). 

1744, 

Après la prise dTpres , une partie de l'armée fran- 
çaise se relira sur Furnes et des détachements furent 
échelonnés à Dixmude , Eessen , Beerst et Goucke* 
laere (5). 

1780. 

lie magistrat accède à l'arrêté pris par S. M. pour 
l'entretien des pauvres (6). 

1751. 

Les récollets voulant donner plus d^étendue à leur 
église, qui menaçait ruine , commencèrent à en bâtir 
une neuve. 

17S5. 

Charles- Alexandre , duc de Lorraine et de Bar ^ gou<* 
verneur des Pays-Bas , déclare que les bâteaux des bâte- 



(1) Ârch. de Dixmude. 

(2) P^ptac. hoek, p. 606. 

(3) Arch. de Dixmude. 

(4) Ibid. ' 

(5) Custis, T. III, P. 428. 
{d) FplacàiihiHfk.P. AT5é 



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64 

iiers de Dixmude et de Bruges, mum's d^un certificat de 
leur doyen respectif, par lequel il conste que c'est un 
bâteau de l'un ou de l'autre des métiers, devront passer 
et repasser par les yilles de Bruges et de Dixmude sans 
être assujettis à aucun droit de péage. Le 5 Juillet (1). 

1756. 

L'église paroissiale qui était lambrissée , a été plafon< 
née dans le courant de cette année. 

1771. 

La quote-part de la ville de Dixmude dans les subsides 
accordés au gouvernement s'élevait à 18,630 florins, 
15 sous, 2 deniers et demi. Elle payait de plus pour 
l'entretien de la cour du gouverneur , 206 florins , 1 sou, 
3 deniers, et 2,438 florins, 14 sous, 8 deniers dans le 
subside de 215,000 florins que la Flandre Orientale 
accordait annuellement à la cour. Elle fut aussi forcée 
de contribuer pour 523 florins , 18 sous , 9 deniers , dans 
le subside général de 1,400,000 florins (2). 

1787. 

Lors des réclamations faites par les états et les villes 
de Flandre , contre les différents griefs dont on accusait 
le gouvernement d'alors, Dixmude fesait partie de 
la Flandre rétrocédée , plus communément appelée la 
Wesl-Flandre , laquelle fut cédée à la Flandre à la 
fin du xvii" siècle, par les traités d'Aix-la-Chapelle 
et de Nimègue, et rétrocédée ensuite à la maison 
d'Autriche par les traités d'Utrecht, de Kadslad et de 
Baden, conclus en 1715 et 1714. Plusieurs réclamations 



(1) yplacaethœk, p. 700. 

(3) Jaerboeken der ooatenryksche Nederlanden, P. 11 et ittiy. 



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G5 

furent faites à l'empereur par le clergé et les magistrats 
du département de la West-Flandre , dont le siège 
était à Ypres , mais on ne trouve aucune pièce proposée 
au nom de la ville de Dixmude (1). 

1789. 

Les archives de cette ville ne contiennent aucun ren- 
seignement sur la révolution qui éclata cette année sur 
plusieurs points de la Belgique; il est cependant connu 
qu'ici comme ailleurs , les habitants étaient divisés d'opi- 
nion et que les uns tenaient pour et les autres contre le 
gouvernement. On ne commit cependant pas d'excès, 
comme on le fit dans beaucoup d'autres villes du pays. 

1792. 

La bataille de Jemmappes, livrée le 6 Novembre 
1792, fit tomber le Brabant et la Flandre au pouvoir des 
Français. Cependant les Dixmudois, qui avaient déjà 
reçu plusieurs ordres du nouveau gouvernement provi- 
soire, n'en avaient tenu aucun compte , lorsqu'au com- 
mencement de Décembre un décret leur enjoignit de 
planter l'arbre de la liberté. Craignant journellement 
l'arrivée des troupes françaises , on jugea prudent 
d'obtempérer à cette ordonnance , et le Vendredi 7 Dé- 
cembre, l'arbre de la liberté fut planté au milieu de 
la Grand'Place , au mécontentement d'une partie de la 
population, qui, du reste, ne s'adonna à aucun excès. 

Le 12 du même mois, quelque désordre ayant com- 
mencé à éclater parmi le peuple , la régence , craignant 
de plus grands troubles , convoqua les chefs de sections 
pour aviser aux moyens de conserver le repos public. 11 



(1) Voir les différentes réclamations du magistrat de la West-Flandre, 
dans le Reeuetl de réetamoHona belgiques. 



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66 

fut résolu dans celte réunion d'établir une garde commu- 
nale et il fut défendu de parcourir les rués sans lumière , 
après les six heures du soir* 

Vers le midi du même jour arriva dTpres, M. Maîou- 
Riga , commissaire .chargé du renouvellement des régen- 
ces dans la West-Flaiidre. A deux heures de relevée les 
chefs de sections furent convoqués dans le vestibule de 
rhôpital Saint-Jean, pour y procéder au choix des 
représentants du peuple. Les votes furent donnés à 
Messieurs Antoine Van Vossem, élu président, Philippe 
Woefs, Pierre De Ruysschere , Louis Jansseune, Pierre 
Verwilghen , Pierre Van Dromme et Eugène De Laey. 
Ce choix plut beaucoup aux habitants. Après Téleclion 
le commissaire partit pour Roulers, laissant aux habi- 
tants des proclamations analogues à la circonstance. Le 
soir les patrouilles parcoururent la ville, et tout recta 
dans la plus grande tranquillité. Le corps de garde 
était élabli à la maison de ville. 

Les représentants du peuple conservèrent l'ancien 
magistrat et constituèrent avec lui la régence de la 
ville. 

1793. 

Le 16 Janvier 1795, vers 4 heures de relevée, un 
détachement français de 78 dragons, venant d'Ypres, 
fit son entrée en ville. Cette arrivée imprévue in- 
quiéta les prêtres Français émigrés et les bourgeois, 
mais on se tranquillisa bientôt en voyant que les soldats 
Français , qui étaient logés dans les cabarets , étaient 
très polis. Quelques dragons entendant lire les journaux 
français dans le cabaret Saint-Georges, furent telle- 
ment touchés du récit des malheurs et de la mort de 
Louis XVI 9 qu'ils se mirent à pleurer en public. 

Le Jeudi 17, les Français partirent pour Thourout. 



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67 



Les bourgeois n'avaient eu aucun sujet de s'en plain* 
dre. 

Le 21, le magistrat reçut du citoyen Sta , commissaire 
du pouvoir exécutif h Bruges, une lettre de la part du 
général Omoron, commandant du Tournaisis et des 
Flandres, qui ordonna de convoquer les bourgeois pour 
choisir une nouvelle régence (municipalité). On répon- 
dit au général que la nouvelle municipalité était consti- 
tuée diaprés le choix des bourgeois dès le mois de 
Décembre, que le commissaire Malou-Riga avait été 
commis à cet efifet par le commissaire Courtois, que ce 
choix était agréable aux habitants et qu^au contentement 
général les représentants du peuple avaient maintenu 
Tancien magistrat dans ses attributions, en un mot, 
que cette manière de faire avait rétabli desuite la sécu- 
rité et le repos. On pria le général Omoron, qu'en 
considération de ces raisons bien fondées , il voulut 
confirmer la nomination des représentants du peuple, 
et la continuation des pouvoirs delà régence sur l'ancien 
pied: car, ajoula-t-on , des innovations ou d'autres 
choix de personnes, font craindre que la bonne intelli- 
gence et le repos public qui régnent ici, ne soient 
troublés, et en cas de troublés, il serait di£Blcile de rétablir 
le bon ordre. 

On écrivit en même temps une lettre au commissaire 
Sta, avec une copie de celle envoyée au général. En 
attendant la réponse de celui-ci, on pria le commissaire 
de vouloir ratifier provisoirement la nomination de la 
régence. 

La réponse du commissaire arriva le 29 ; il dit que 
c'est par erreur que la ville de Dixmude est comprise 
dans l'arrondissement de Bruges , qu^elle fait partie de 
cdui de Furnes , qu'il a écrit à ce sujet à son collègue , 




68 

le commissairfî Coppia , à Furnes , avec lequel on aura 
à traiter à Tavenir. Il ajouta , qu'il veut cependant faire 
observer que les réunions communales, que devait 
convoquer la régence, ne devaient pas seulement choisir 
les nouveaux officiers municipaux, mais aussi un certain 
nombre d'électeurs , chargés avec tous les électeurs de la 
province , de procéder au choix d*une convention natio- 
nale, ou administration générale des Pays-Bas. 

Le commissaire, pour faire voir avec quelle rigueur le 
général Omoron voulait faire exécuter les élections 
communales > ajouta à sa lettre une copie de celle du 
général, écrite à la municipalité de Thielt, le 25 
Janvier, dans laquelle il dit entre autres choses, que, si 
Ton refuse de renouveler la régence, il enverra une 
garnison de 1200 hommes, qui feront exécuter ses 
ordres. 

Malgré ses fortes menaces , le magistrat de Dixmude 
continua à exercer ses fonctions, de concert avec les 
représentants du peuple, sans procéder à de nouvelles 
élections. 

Il n'est fait mention nulle part, que le général Omo- 
ron ait fait des démarches ultérieures pour ce renouvel- 
lement. 

10 Février. Les malheurs du temps n'empêchèrent 
pas les Dixmudois de s'adonner aux belles-letlres. Le 
nombre des membres de la société de Rhétorique était 
devenu si grand (il se montait à 52), qu'on résolut de 
ne plus admettre de jeunes gens sans profession , si 
non ceux qui donneraient des marques évidentes de 
capacité dans la déclamation ou la composition en prose 
ou en vers. 

11 Février. Un attroupement de peuple, qui depuis 



4* 

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69 

hier avait résolu de piller un bâleau chargé de 94 sacs 
de froment au Haut-pont, commença le matin à huit 
heures à exécuter son coupable dessein. 

M. Pierre Verwilghen, représentant du peuple, 
s*étant aperçu du pillage, alla aussitôt en faire son 
rapport au président, M. Van Vossem, qui, quoique 
souffrant de la goutte , se rendit desuite à la maison de 
\ille pour convoquer les officiers municipaux, afin de 
prendre des mesures pour faire cesser le pillage. M. Ver- 
wilghen , voyant que lé désordre allait toujours crois- 
sant et que tout retard mis par la régence pour l'arréler 
ne pouvait être que dangereux, prit la résolution de 
prévenir toute décision de la municipalité. Il s'adjoignit 
M. Pierre Van Hille , avocat , et se rendit en toute hâte 
au Haut-pont. Chemin faisant ils rencontrèrent des 
pillards qui entraient en ville chargés de froment. Ils 
leur firent déposer leur charge et firent transporter dans 
des maisons de confiance tout le froment qu'ils purent 
saisir. Les bourgeois étaient dans la plus grande anxiété, 
ils déconseillèrent à MM. Verwilghen et Van Hille de 
s'exposer ainsi à la fureur des' pillards, dont le nombre 
allait toujours croissant; mais ces bons citoyens estimant 
plus la sûreté publique que leurs propres intérêts, se 
joignirent à Messieurs Clément Jansseune , Jean- Baptiste 
Van Dromme et Pierre De Smytter et se rendirent 
armés au lieu du pillage. 

A leur approche, un cri sortit du milieu du peuple: 
De Busseniers komen ! de Busseniers komen gewapend! 
et les pillards prirent la fuite en délaissant tous leurs 
effets. Ils avaient pillé à peu près toute la charge du bâ- 
teau, et l'avaient cachée dans des maisons particulières, 
d'où quelques bourgeois bien pensant firent rapporter 
tout ce qu'ils purent découvrir. 




70 

Un nommé Jean De Nyft, s*étant réfugié avec sa 
charge dans une maison près du Haul-ponl , M. Jean- 
Baptiste Van Dromme l'y poursuivit pour lui faire rendre 
sa prise. Il rencontra une résistance de la part du pil- 
lard , qui fut blessé d'un coup de pointe de sabre dans 
le ventre. Le blessé courut chez M. le chirurgien Van 
Roo, qui reconnaissant la blessure dangereuse, le fît 
transporter à rhôpitai. 

Entre-temps, le premier échevin , M. De Breyne, com- 
mis à ce sujet par la régence , se rendit avec quelques 
autres personnes et les gardes-ville , dans toutes les mai- 
sons suspectes çt recueillit plus de quatre-vingt sacs de 
froment qu'il fit déposer dans l'école des orphélins, 
pour être vendus par parties, lea marché? suivants au 
profit da propriétaire, P. De Cock, cultivateur h Wer- 
ken. 

Les parents et le9 amis De Jean de Nyfit, enflamoiés 
de colère h cau$e du malheur qui venait de les frapper, 
voulurent se venger sur la personne de M. Van Dromme. 
Déjà ils entouraient sa maison, menaçant par des 
vooifération3 de la piller et de la démolir, lorsque 
quelques membres de la société de Si-Georges arrivèrent 
bien arniés, dispersèrent Tatlroupement et prirent sous 
leur protection la maison ménacée, qu'ils gardèrent 
durant toute la nqjt. 

Le lundi 18 Février, on ébruita qu'une bande de 
voleurs qui se tenait aux environs de Reninghe et 
d'£Uendamme allait entrer en ville pour piller la maison 
de M. J. Van Dromme. On n'ajouta pas d'abord foi k 
ce9 nouvelles , mais M. Van Dromme ayant reçu une 
lettre de son beau-frère, curé Boesinghe , lui annon- 
çant qu'une bande de brigands , qui rodaient dans Ie3 
environs de cette paroisse, se disposait h aller pilier 



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71 

quelques maisons à Dixmude , il en avertit les confrères 
de Saint-Georges , qui , toujours disposés h concourir au 
maintien du bon ordre et de la sûreté publique , prirent 
toutes les dispositions nécessaires pour répousser toute 
agression de la part de ces malfaiteurs. 

Tous les membres prirent les armes. On mit une forte 
garde au cabaret den Ifelm, lieu ordinaire de leur réu- 
nion , et Ton plaça devant la porte quatre petites pièces 
de canon chargées h mitraille. Une patrouille parcourut 
les rues pour empêcher toute réunion de malveillants. 

Dans celte triste situation , les bourgeois étaient dans 
des inquiétudes cruelles , surtout lorsqu'ils apprirent par 
quelques campagnards venus au marché, que le danger 
n'était que trop imminent , puisqu'il était certain qu'une 
bande de plus de 300 vagabonds se disposait à entrer 
en ville. 

La régence craignant la réalisation de ces bruits , qui 
parurent fondés, envoya quelques personnes en éclai- 
reurs hors de la ville pour examiner le danger. On publia 
aussi que dans ces circonstances critiques les habitants 
devaient montrer du courage et s'entr'aider autant que 
possible. Plusieurs se procurèrent des armes et des objets 
de défense , d'autres empêchèrent les attroupements de 
la populacç. Le capitaine de la société de Saint-Geerges, 
JJ . P. Vervviighen , et son porte-drapeau M. Louis Van 
Dromme , firent une excursion à une lieue de la ville , 
l'un le long du canal ^ l'autre du côté de Woumen. Ils 
apportèrent la bonne nouvelle qu'ils n'avaient pas aperçu 
les malfaiteurs, ce qui diminua la frayeur des habitants; 
cependant on tint bonne garde durant toute la nuit. 

Le lendemain 19, on apprit que les pillards, ayant 
entendu qu'on se disposait k repousser leur agression , 
s'étaient dispersés. 



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72 

Le 1 mars, un quartier-maStre français arriva pour 
préparer le logement de troupes françaises , et la régence 
ordonna aux bourgeois de porter des matelas et des cou- 
vertures dans les cabarets et les maisons non habitées. 
On ordonna aussi de porter la cocarde tricolore. 

C'étaient les premières troupes françaises qui vinrent 
tenir garnison à Dixmude , et les bourgeois étaient dans 
la plus grande inquiétude. Personne n'osa aller se cou* 
cher , puisque ces soldats ne devaient arriver que le soir 
bien tard. Vers minuit on entendit le tambour qui 
annonçait leur arrivée et tous les habitants , peu excep- 
tés , se tinrent à leur porte pour éclairer leurs nouveaux 
hôtes, qui, au nombre de 150 hommes d'infanterie, 
fesaient partie du 8** bataillon de la garde nationale du 
Pas-de-Calais et venaient de Bruges. Ils se comportèrent 
bien à leur arrivée et leur conduite rassura la bour- 
geoisie. 

Le samedi 2 , une partie des habitants était de bonne 
heure sur pied pour faire la connaissance des nouveaux 
venus et la journée se passa sans le moindre désordre. 

La tranquillité continua à régner le lendemain jus- 
qu'après midi, lorbqu'entra un deuxième détachement 
de 150 hommes du même bataillon. Quelques soldats 
s'avisèrent de vouloir abattre le pilori qui se trouvait au 
milieu de la Grand'Place , vis-à-vis la maison de ville. 
Après plusieurs efforts infructueux, ils se remirent à 
l'ouvrage avec des outils de charpentier et des cordes, 
et parvinrent à le renverser. Ils assouvirent leur colère 
sur les débris , en les brisant , et ils en vendirent les 
restes à deux ou trois particuliers. 

Ce premier excès fit concevoir une mauvaise opinion 
de la garnison, et la suite prouva que les soupçons 
conçus contre elle n'étaient que trop fondés. 



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7S 

Le marché , qui eut lieu le lendemain , était peu fré- 
quenté , par la peur que les campagnards avaient des 
Français. Quelques soldats arrachèrent des joyaux aux 
paysannes, et les étrangers quittèrent spontanément la 
ville. 

Les Français exaspérés contre tout ce qui était no- 
blesse ou distinction, donnèrent continuellement des 
marques de mécontentement à la vue de quelques armoi- 
ries ou de signes de puissance. Une double aigle , peinte 
sur les vitraux de la croisée au-dessus de Fautel de la 
sainte ^ierge, dans Téglise paroissiale, fut détruite à 
coups de fusil, sans qu'on respectât la sainteté du lieu. 

Le citoyen Taborel , lieutenant-colonel et commandant 
la garnison , se hâta de donner l'ordre de faire enlever 
ces sortes de signes, et Ton ôla de l'église et d'autres 
endroits les armoiries et les autres signes de noblesse 
qui s'y trouvaient. 

Le commandant , instruit par trois bourgeois que la 
société Saint-Georges était en possession de quatre petits 
canons en métal , qui devaient se trouver chez M. Pierre 
Verwilghen, capitaine de la société, les envoya chercher 
par une compagnie de 84 soldats. M. Verwilghen étant 
absent, et sa vieille mère qui se trouvait seule à la 
maison ne sachant rien de ces canons , quelques soldats 
entourèrent la maison , tandis que les autres fouillèrent 
partout. Ils sondèrent le terrain du jardin avec les 
baguettes de leurs fusils, et ils parvinrent après bien 
des recherches à les déterrer. Ces pièces étant dépourvues 
d'affûts , ils continuèrent leurs recherches et les affûts 
furent découverts sous le foin au-dessus de l'écurie. 

Rentré chez lui , le capitaine Verwilghen n'eut rien 
de si empressé que d'aller reclamer les canons chez le 
commandant. Il lui représenta que ces canons ne pou- 
AniTALES. — Tome IV • ^ 



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74 

Taient , à cause de leur petitesse , servir à autre chose 
qu^à une confrérie , qui s'en servait pour ses réjouis^ 
sances , et après beaucoup d'instances le commandant 
consentit à les rendre lorsqu'il quitterait la ville avec ses 
roupes. 

Le 7 , la régence chargea M. F. De Breyne, licencié 
en médecine , de la place de commissaire des vivres et 
des logements* 

Apèrs midi quelques soldats apportèrent en ville les 
restes de la barrière qui se trouvait sur la chaussée de 
Beerst. Ils avaient enlevé cette barrière sous prétexte 
que tout devait être libre et égal , et qu'aucun droit ne 
devait plus être payé. 

Vendredi 8, vers les onze heures du matin est arrivé 
de Bruges le citoyen Gadolle , commissaire du pouvoir 
exécutif, chargé de présider à l'élection de la régence 
par le peuple. 

Ayant fait connaître à la régence la cause de sa mis- 
sion 9 il fit inviter les bourgeois à se rendre le même 
jour à quatre heures de relevée à l'hôpital Saint-Jean^ 
pour y entendre les propositions du commissaire. LorS'» 
que celui-ci se rendit à l'hôpital, toutes les troupes se 
trouvaient sur la Grand'Place , et déposèrentles armes 
en 9igne de la liberté dont jouissait le peuple dans les 
élections : ils ne reprirent les armes qu'après la levée 
de la séance. 

Le commissaire fit conuattre à l'assemblée , qui n'était 
pas nombreuse, la cause de sa mission, et demanda aux 
bourgeois s'ils voulaient être administrés comme les 
habitants du Hainaut, de Bruxelles, de Gand, Bruges, 
Ostende et Nieuport, qui avaient déjà une administra- 
tion française. On répondit unanimement non. Il leur 
demanda s'ils voulaient être français et être régis d'après 



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75 

les lois françaises; ils répondirent de nouveau, non, 
mais qu'ils voulaient conserver leurs anciennes lois. 

Cependant M. P. Bortier , père , qui dans cette circon- 
stance semblait connaître et guider l'opinion publique, 
pria le commissaire de vouloir communiquer la consti- 
tution française, pour qu'on put l'examiner et décider 
fti elle pouvait être reçue ou non. 

Le commissaire reprit qu^on devait seulement déclarer 
si l'on voulait admettre l'ordonnance du 15 Septembre 
1792. la majorité cria de nouveau que non. 

Mécontent de l'opiniâtreté du peuple, Gadolle leur 
dit, que ceux qui voulaient admettre la constitution 
devaient se placer à sa droite et les autres à sa gauche. 
Après un moment de silence, six habitants, savoir un 
cabaretier, ûn boucher, un chaudronnier, uti sculp- 
teur, un jardinier et un maquignon, sont allés se placer 
à droite du commissaire, déclarant Vouloir accepter la 
constitution française et vouloir être français. 

Les autres bourgeois montrèrent leur mécontentement , 
leur mépris et leur dédain. Le commissaire , très mécon-' 
tent de sa non réussite , éclata en injures et s'écria qu'il 
n'y avait que six personnes honnêtes dans tout Dixmude. 
La séance levée , les six citoyens français s'apperçurent 
bientôt combien leur conduite déplaisait à leurs com- 
patriotes. 

Le dimanche , 9 mars , le commissaire Gadolle , vou* 
tant prévenir toute injure, h laquelle ces six citoyens 
pouvaient être exposés , envoya une ordonnance à la 
municipalité , conçue en ces termes : 

« Nous , P. Gadolle , commissaire du pouvoir exécutif 
de la République française : 

» Vu le désir de la ville^de Dixmude , de rester pou- 
voir indépendant et considérant les dangers auxquels 



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76 

peuvent être exposés les citoyens N. N. N. N. N. N. qui 
se sont déclarés républicains français: 

n Déclarons à la ville de Dîxmude , que nous consi- 
dérerons toute injure à eux faite , comme faite h la 
République française elle-même , voulant que doréna- 
vant ils jouissent des droits et prérogatives du peuple 
français et qu'ils aient le droit de porter des armes 
comme ceux du Uainaut , de Bruxelles , Gand , Bruges , 
Nieuport et d^autres places qui se sont réunies aux 
Français. 

» Nous ordonnons , en conséquence , aux représen- 
tants du peuple de la ville , de publier le contenu 
d'icelles , selon la manière accoutumée. Réquérant en 
outre le commandant militaire de faire exécuter leur 
contenu. 

» Fait à Dixmude, le 9 mars 1793, an II de la Ré- 
publique française. 

» Signé : P. Gadolle. » 

La régence , qui préférait être bien avec ses admi- 
nistrés qu'avec le commissaire , répondit au contenu de 
cette pièce par la suivante : 

u Les ci -devant Représentants et Magistrats de la 
ville de Dixmude; 

n Vu le projet de proclamation proposé par le citoyen 
Gadolle , commissaire du pouvoir exécutif; 

» Ont conclu ne pouvoir proclamer la dite proclama- 
tion dans les termes qu'elle est conçue, pour les raisons 
suivantes : 

» 1** La ville de Dixmude , ni ses habitants , ne se sont 
jamais permis de dire , qu'ils voulaient rester pouvoir 
indépendant. 

» 2"* Qu*il parait impossible de faire exception pour 



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77 

les six bourgeois , qui se sont déclarés citoyens français , 
puisque cela ferait tort à la recette des droits de ville , 
qu'on croit devoir maintenir, puisqu'ils ne pèsent pas 
sur les indigents. 

» S** Que la majorité des habitants voulant maintenir 
la recette de ces droits sur l'ancien pied, on croirait 
outrepasser le pouvoir donné à la régence et agir contre 
le vœu commun , si Ton accordait pareille chose sans 
avoir convoqué les bourgeois pour les consulter. 

» Pour ce qui concerne le reste du projet de procla- 
mation , la régence est prête à prendre sous sa protec- 
tion les six citoyens en question , tout comme les autres 
habitants. Promettant de faire tout ce qui est en elle 
pour qu'ils ne soient molestés par personne. 

« Fait à Dixmude, le 9 mars 1795. 

n Signé: A. F. Van Vossem, président, L. F. Jansseuw», 
P. L. WoETS, P. H. De Ruyssghers, P. Verwilghbic , 
EuG. De Laet , P. L. Yait Deohme , F. N. De Bretne , 
S. J. Vaw Goutter, J. M. Dhulster, P. J. J. Woets. » 

Immédiatement après l'envoi de cette pièce on pro- 
clama ce qui suit , en flamand : 

« Puisque tout homme est libre de voter selon sa 
conscience , comme il a paru hier , lorsque la majorité 
du peuple a rejeté la Constitution française , et que, au 
contraire, les citoyens N. Vont acceptée. 

» Gomme il se pourrait que quelqu'un molestât ces 
citoyens pour cette action , il est défendu de s'en mo- 
quer, de les mépriser ou de les railler, sous peine d'être 
puni selon la îoi. 

n Publié en présence des commissaires Van Goutter 
et Desprez de Gamusel, à Dixmude le 9 Mars 1795. 
J» Signé : P. J. J. Woets. » 



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78 

Cette défense fut transgressée aussitôt que lue, car 
un habitant se permit de crier k haute voix : Attendez 
que les Français soient partis ! 

Le commissaire Gadolle n'était pas peu mécontent, 
comme on se Timagine bien , du mauvais succès de 
sa mission. Cependant , la manière obligeante de la ré- 
gence à son égard , fit passer son courroux. Il leur 
promit , à leur demande , de faire tout ce qui était en 
lui pour empêcher le banis^ement des prêtres français* 
Il partit après midi. 

Lundi 11. Un tumulte était au point d'éclater entre 
des campagnards et quelques habitants à cause du port 
de la cocarde tricolore. Quelques personnes intervinrent 
pour rétablir le calme. 

Vers les dix heures du matin sont arrivés ici, de 
Bruges, les citoyens Sibuez, parisien, et Michot et Gas- 
beek, brugeois, accompagnés de dix hussards, comme 
commissaires chargés de l'acceptation de la constitution 
française. 

Le commissaire Sibuez ayant appris de la régence, que 
le commissaire Gadolle avait procédé à cette opération , 
se rendit avec sa suite à Eessen , après avoir donné ordre 
de faire partir endéans les huit jours tous les prêtres 
français qui se trouvaient en ville. 

On avait convoqué à Eessen , pour faire accepter la 
constitution française , les habitants de sept paroisses 
voisines : Beerst , Clerken , Keyem , Vladsloo , Werken , 
Woumen et Zarren, La réanioa se tint dans l'église ai 
fut considérable* 

Les commissaires ayant fait leurs propositions ti la 
réunion, les campagnards ne se contentèrent pas seule- 
ment de rejeter la constitution , mais ils s'adonnèrent 
encore à des excès. Ils renversèrent les tables , les bancs 



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79 

elles chaises et déchirèrent tous les papiers; s'armanl 
ensuite de bâtons, de marteaux et de tout ce qui leur 
tombait sous la main, ils chassèrent les commissaires et 
leur suite. Ceux-ci retournèrent à Dixmudc et le commis- 
saire Sibuez requit du commandant de la garnison un 
détachement de soldats, pour all^ punir ceux d'Eessen, 
pour leur conduite téméraire. Les commissaires retournè- 
rent alors à Bruges. 

Deux cents hommes partirent à deux heures de l'après- 
midi pour Ëessen. Arrivés à un quart de lieue de la place 
on entendit sonner le tocsin, et le commandant ayant 
appris que les mutins s^étaient armés et ménaçaient de 
détruire «a troupe , il retourna à Dixmude. 

L*ordre donné par le commissaire Sibuez , pour £aife 
partir les prêtres français étant devenu public , occasion^- 
na une grande inquiétude parmi la population , inquié- 
tude d'autant plus fondée , qu'on craignit de mauvaise» 
suites pour le mauvais accueil fait aux commissaires à 
Eessen* 

Quoique la plupart des prélres français fussent logés 
gratis chez les bourgeois, oeux-ei voulaient cependant 
les conserver, et la régence animée des mêmes sentiments 
dbarilablas, écrivit au ooniiDissaire GadoUe une letIUre 
touchante , pour Je prier é$ vouloir accorder sa pro^ 
«#ciion w% prêtres français réfugiés , comme il Tarait 
proQuis lorsqu'il «e troiavaiti^ 0ixmude^ et de routoir 
cBgs^r son confrère le ^omnMfiwiire 8ibitez à reUrer 
son ordonnance à ce wjet# 

Mardi 12. Dès les sept heures â^maU^f 200 hommes 
de 1a garnison partirent de nouveau :»v.ec deux pièeeis 
de canon, mèche allumée, pour aller rançonner ceux 
d'Ëessea pour leur coadiâte extravaga^nte, 

Les soldats quoique très indisposés contre les babi- 



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taiits de ce village, écoutèrent cependant la voix du 
bailli, M. P. Bassonville , qui, accompagné de la régence, 
protesta contre les excès commis et assura les Français 
que le désordre était à imputer à des étrangers à la com- 
mune , que les habitants avaient fait leur possible pour 
empêcher le mal, mais que le nombre l'avait emporté 
sur la bonne volonté de leurs administrés. 

Tout fut arrangé à Tamiable , et les soldats se conten- 
tèrent d^enlever toutes les armes qu'ils purent trouver 
et qu'ils emportèrent à Dixmude avec le drapeau et quel- 
ques autres objets de la société de St-Sebastien. 

Dans l'après-midi du même jour, un détachement de 
troupes fit des visites domiciliaires à la recherche des 
armes. Un prêtre français, M. Waterloo, curé de Ver- 
quin , près de Belhune , ayant été trouvé chez M. L. Yan 
Poucke , orfèvre , chez lequel il logeait , les soldats le 
trainèrent en prison, en Taccablant de malédictions et 
d'injures. Il parait que ce prêtre était soupçonné d'ex- 
citer les bourgeois à la haine contre les Français. 

La bourgeoisie déjà irritée par les excès de ces soldats 
indisciplinés, s'irrita de plus en plus à la nouvelle de 
cette arrestation. Toute la ville était en mouvement et le 
mécontentement et l'indignation se lisaient sur toutes 
les figures, à tel point, qu'une révolte allait éclater. 

Quelques conseillers communaux, à la vue de cet 
appareil menaçant, tachèrent de calmer le peuple et 
allèrent trouver le commandant qui, après quelques re- 
présentations, fit mettre le captif en liberté. 

Plusieurs habitants étaient si courroucés, qu'ils étaient 
disposés à attaquer la garnison, si le prisonnier n'eut 
été relâché à temps. 

Jeudi 14. Le commandant de plaçe ayant appris par 
quelques espions que la société de St-Greorges possédait 




81 



un drapeau aux armoiries de l'Autriche, ordonna qu^on 
le lui remit. M. P. L. Van Drommc, porte-drapeau de 
celle société , se rendit avec son drapeau , accompagné 
du capitaine, M. P. Verwilghen, près du commandant 
à rhôtel-de-vilie. M. Verwilghen lui ayant demandé 
pourquoi il voulait avoir ce drapeau, le commandant le 
fit dérouler et montrant du doigt Taigleà deux têtes, il 
dit, c'est celle vilaine bête qu'il me faut. S'il ne vous 
faut que cela, répliqua M. Verwilghen, la voilà. Il prit 
des ciseaux, coupa les armoiries et les jeta au feu. Le 
sang-froid de M. Verwilghen parut plaire au comman- 
dant et le reste du drapeau fut emporté. 

Samedi 16. Les démarches faites par Padministration 
municipale , pour rétenir les prêtres français réfugiés , 
furent vaines. Le commissaire Sibuez, à qui la régence 
avait aussi écrit, répondit le 14 Mars, de Bruges, qu'il 
avait outre-passé la lettre de la loi en accordant plus de 24 
heures pour renvoyer les émigrés et les prêtres français; 
qu'il s'en repentait parce que ce retard avait été nuisible 
au repos public, et qu'il stipulait l'époque du 18 Mars 
pour le terme du départ de tous les émigrés. Il demanda 
en même temps les noms de ceux qui accordaient Thos- 
pitalilé à des prêtres ou à des émigrés français , pour 
qu'il pût , en cas de contravention à la loi , les faire 
punir, et faire confisquer leurs biens au profit de l'état. 

Ces ordres furent communiqués à la bourgeoisie , im- 
médiatement après qu'on les eût reçus et la douleur fut 
grande, tant parmi ces malheureux exilés, que parmi les 
habitants. Les soldats, au contraire, firent paraître une 
joie frénétique. 

Le recensement des prêtres fut fait par MM. P. J. 
Woels, S. Van Couler et J. D'hulsler, commissaires 
délégué» h ce sujet par la régence, et le résultat constata 




82 

la présence de 126 prélres , logés chez quatre-vingt-dix- 
huit habitants. 

Honneur à ces âmes bienfaisantes, qui ont su accueillir 
les malheureux ,quî leur ont donné rhospilalilé , lorsque 
leur patrie les repoussait, parce qu'ils voulaient rester 
fidèles à leur Dieu et à leur Roi ! Voici les noms de ces 
Dixmudois respectables , avec le nombre d'émigrés qu'ils 



ont logés. 

RUE d'eessen. 

Les Sceurs noires v>n. 

De Craemer, Pierre, boiiianger* • • deux. 

Van Severen, Brigitte, rentière . • un. 

Woets , Joseph , trésorier un^ 

Van Hille, P'.-Ph., bourgmestre. . un. 

Driesens, Joseph^ maître d'école • deux. 

Coppens, Pierre, barbier un, 

BUE DU NORD. 

Rafoaut, Pierre, bras&eur * un. 

Vermeersch, sœurs^ boutiquières. . un. 

J^aelstaf, Jacques, boutiquier ^ . , un. 

De Vos, Charles, barbier. ..... un. 

De Breyne , Antoine , propriétaire. . un. 

Du Bois, M®, rentière un. 

Langenhik , boulanger un. 

Faccon, Pierre, cordonnier .... trois^ 

Liebaert , Thomas , sculpteur .... deux. 

De Laey, Jean, propriétaire « . • • un. ^ 

Van Danme, boutiquier un. 

La Conabe, V®, boudquière * . . » t*«. 

Adei, Jean, charpentier deux^ 

Vermeersch, veuve, rentière. ... un. 

De Smuyk, Michel, marchand. . • un. 

De Sonder^ fiem^ bo«l«Rger* . é 



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83 

Beghîn, Pierre , bailli un. 

Van WoQmen, Robert, tanneur . . un. 

Moens , Pierre , brasseur deux, 

BE6UINÀ6E. 

M*"« De Grave et autres ...... irois. 

PETITE DIGUE. 

Flour, Pierre, tnaçon deux. 

Van Woumen, Jean, propriétaire. . un. 

De Muldor . François , notaire ... un. 

De Schepper, François, boutiquier, deux. 

MARCHÉ AUX POMMES. 

Dautricourt, Pierre, tanneur. . « . un^ 

Van Yossem, Antuine, répartiteur, ff». 

Van Vossem, N<irbert, avocat ♦ , . un. 

De Breyne, M«, rentière sm. 

Van Goutter, Sylvestre, boutiquier^ un^ 

RUE AUX POULETS. 

Symoens, Emmanuel, tailleur . • • deux. 

Troost, Pierre, épicier un., 

Van de Velde, veuve, rentière. . . un^ 

Lambert, Maximilien , tailleur. • « • deux. 

Wy llie , Pierre , charpentier • . . . trois. 

Marlyn, Ferdinand , boulanger • . • un. 

Macs, Pierre, boucher trois. 

Van Dromme , Pierre-Louis, épicier, un. 

De Jumente^ JW* , boutiquière ^ . . un. 

De Decker, Pierre, horloger, . ^ . tin. 

De Ruye, veuve, boutiquière . . . «ti. 

Baekerooty Gharles, de tabac. « un^ 

WULfiENDYX. 

De Breyne, François, docteur • « • 

Jansseune^ Louis, brasseiur • • • . • mm* 

Vereeke, Teure, rentière • • • . « mm» 

Daatrîeourt, MicM, Atmeur. . ^ • un. 



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84 

Le Prieur des Dominicains. • • . • un. 

De Laey, Eugène, savonnier. • • « un, 

RUE d'ouest. 

Paret, Jean, marchand de Fer. . . un, 

Scbuttelaere , chirurgien un, 

Ocket, Englebert, batelier un, 

Ekelsbeke , Jean , boulanger • • • • deux, 

Hubené, François, blanchisseur • • un. 

Laçante, Pierre, marchand un, 

Verlende, Pierre, épicier deux, 

Poppe, Pierre, marchand tin. 

Benaut, Andelîn, boatiquier. . • • un, 

Paret, veuve, particulière trois, 

Viaene , Charles , boulanger .... un, 

Tabary , veuve , boutîquière . • . • un, 

Brouckere , Pierre un, 

Huyghe, veuve, rentière un, 

Paret , Jean , maréchal «n. 

grand'place. 

Vielle, Tbéodore., receveur . • . • un. 

Du Bois , orfèvre deux. 

De la Haye, Philippe , chaudronnier, un, 

VanRoOy François, chirurgien. . . un, 

VanDromme, Vincent, boutiquier, un. 

Fretin, Joseph, perruquier . . • • deux, 

Weynen, Jean, cordonnier deux. 

Van Cuyck, Thomas, ferblantier. • quatre. 

Maelstaf, M", boutiquière un. 

Van Severen, veuve, orfèvre ... un. 

De Ruysscher , Pierre , apothicaire . un. 

Loovoet, M*, boutiquière. un. 

De Laey, veuve, ëpicière un. 

De Zittere, Augustin, boutiquier. • un. 

De Graemer, François, de tabac, un. 

Verhelst , Thomas , voiturier .... un. 



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Provoost , épicier .... 
Woets, Philippe, avocat 



un. 



Van Poucke, Louis, orfèvre .... un. 

RUE DE WOUMEN. 

Roelandt, Ignace, perruquier • • • un. 

Tiersoone , Albert , teinturier • • • un. 

De Poot , Benoit , boulanger. • • • un. 

Elle, Françoise, rentière un. 

L'hôpital un. 

Poppe, Jean, marchand de tabac. • un. 

Bortier, Pierre, marchand un. 

Lundi 18. Les prêtres avaient commencé à quitter la 
ville depuis hier , le reste partit aujourd'hui , se rendant 
au métier de Fumes et eu d'autres endroits où le décret 
de bannissement n'avait pas encore été promulgué. 
Ces pauvres bannis, accablés de chagrin, furent à leur 
départ le sujet des railleries d'une soldatesque débou- 
tée , ce qui augmenta le chagrin de la bourgeoisie , et 
la plongea durant plusieurs jours dans un abattement 
complet. 

Dimanche 24. Quelques soldats ayant trouvé dans un 
cabaret, à Woumen,le buste en plâtre de Tarchidu- 
chesse Marie-Christine, rapportèrent en ville et après 
l'avoir promené dans les rues, ils l'attachèrent à un po- 
teau, au milieu de la Grand Tlace , et le jetèrent enfin 
dans un feu , au tour duquel ils dansaient au son du 
violon et du tambour. 

Lundi 25. L'après-midi de ce jour , un soldat donna 
une nouvelle preuve de la haine qu'ils avaient presque 
tous conçue contre la religion. Ayant remarqué les deux 
statues de la sainte Vierge et de saint Jean , qui se 
trouvaient au calvaire du cimetière , il les attaqua à coups 
de sabre et coupa les bras de la jstatue de la Vierge. 




86 ^ 

La bourgeoisie ayant appris celte desiruction , fut indi- 
gnée au suprême degré; on murmura partout et quel- 
ques-uns se proposaient déjà d*atlaquer les soldats h 
coups de couteaux et de bâtons , lorsque le bourgmestre, 
M. Van Hille, craignant les suites fâcheuses qui pou- 
vaient résulter de pareille agression» tâcha det<mffer le 
mécontenleroent. Il se présenta pour aller faire des 
plaintes au commandant, qui promit de faire punir le 
coupable. Celte promesse resta cependant sans eflfet. 

Mardi 26. A la demande du commandant de la gar- 
nison, on bénit k dix heures le drapeau du bataillon. La 
messe fut célébrée par le pilancier Van Beerblock, en 
présence du curé, M. Moerman , qui était empêché dtî 
faire la cérémonie pour cause de cécilé. Le son des 
cloches cl du carillon anima la fêle et les soldats, qui 
se trouvaient en armes dans l'église, manœuvrèrent, 
après l'office , sur la GrandTlace» 

Vers midi, le commandant reçut ordre de partir en 
toute hâ'e avec son bataillon et les troupes partirent 
pour Nieuport vers les quatre heures de relevée, au grand 
contentement des bourgeois. 

' Le capitaine Verwilghen n'avait pas oublié la pro- 
messe qiie le commandant lui avait faîte de rendre les 
petits canons de la société de Sl-Georges. Le comman- 
danl tint parole; il ordonna qu'on les laissât devant la 
porte de son quartier et le capitaine Verwilghen les 
ayant fait enlever, les fit cacher la nuit suivante dans 
la maison de Jean Annothé, domestique de la société» 

On ébruita que les Français étaient forcés de quitter 
la Belgique et les habitants s'empressèrent de témoigner 
publiquement leur joie en arrachant la cocarde tricolore 
et en voulant abattre l'arbre de la liberté. Le calme étant 
un peu rétabli , vers les sept heures du soir arriva de 



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Bruges, M« Tavocat Pierre De Breyne , portant la cocarde 
autrichienne. Il annonça que les Français devaient 
quitter le pays. 

La confirmation de cette bonne nouvelle causa un 
contentement si général , qu'il était impossible de modé- 
rer la joie. On sonna les cloches, le carillon se fit enten- 
dre, et le peuple parcourut les rues en criant vive l'Em- 
pereur! vive François! On en voulut de nouveau à l'arbre 
de la liberté. Quelques bindes coururent aux maisons 
des six personnes qui avaient accepté la constitution 
française, et les forcèrent à donner de Pargent pour 
boire. D'autres cherchèrent du bois |)our brûler l'arbre 
de la liberté , qui fut réduit en cendres* 

Une multitude de tout âge et de tout sexe dansa en 
cercle autour du feu, en chantant et en proférant des 
vociférations. La détonation d'armes à feu, les fusées 
et lillumination spontanée de toutes les maisons aug* 
mentèrent encore l'éclat de cette fête improvisée» 

Le son des cloches avait attiré beaucoup de campa- 
gnards , qui vinrent prendre part à la joie. Plusieurs 
habitants d'Eessen qui étaient accouru», ayant appris 
que les Français avaient laissé à la maison de ville leur 
drapeau de St-Sebastien ^ allèrent le prendre et retournè- 
rent à leur village, qui les reçut au son des cloches. La 
nuit était déjà très avancée, lorsque la multitude se sépa* 
ra pour aller prendre le repos. 

Mercredi 27. La ville était délivrée des troupes fran- 
çaises et Ton vit le contentement sur toutes les figures. 
L'après-midi se passa de nouveau en réjouissances: les 
habitants de Woumen étaient allés chercher leur vicaire, 
M. Vermeersch, à Ramscapelle, où il s'était réfugié 
pour se soustraire à la persécution des Français. Ils tra- 
versèrent la ville avec des chars de triomphe , enseignes 




déployées et de toutes parts on eutendit le cri de V ive 
V Empereur ! 

Jeudi-saint 28. La régence, qui ne s'attendait plus à 
voir revenir les Français, s'empressa de faire publier 
que les droits municipaux devaient être payés comme de 
coutume. 

On croyait généralement que toutes les troupes fran- 
çaises avaient quitté le pays , lorsqu'arriva inopinément 
un bataillon d'infanterie , fort de 550 hommes , avec 27 
cavaliers. L'arrivée inattendue de ces gens dans une 
place où la population avait pris la cocarde autri- 
chienne, jeta la consternation parmi les habitants. On 
déposa desuite toutes les cocardes et l'on n'eut à dé- 
plorer aucun exçès. Après une halte d'environ deux 
heures sur la Grand'Place le bataillon partit après midi. 
On apprit que c'était un détachement de l'armée du 
général Du Mouriez qui battait en retraite. 

Immédiatement après leur départ on reprit la cocarde 
impériale.* 

Vendredi 29. Il circula un bruit , que la garnison 
de Nieuport ayant appris par un tratneur qui avait été 
maltraité par la populace, qu'on avait abattu l'arbre 
de la liberté , se proposait de revenir pour se venger de 
Taversion que les Dixmudois avaient témoignée contre 
les Français. 

La bonne bourgeoisie qui connaissait la conduite 
assez reprochable de quelques tètes exaltées, était 
dans la plus grande crainte. On alla aux informations 
et ayant la certitude de l'arrivée d'un nouveau corps 
français, l'on s'empressa de prendre la cocarde tri- 
colore. 

La crainte et l'abattement s'étaient emparés d'un 
chacun , lorsqu'à neuf heures du soir , la régence fit 




89 

publier que les habitants devaient déposer dans les 
cabarets et les maisons non habitées des literies pour le 
logement de 600 hommes, qui devaient arriver. Cet 
ordre fut exécuté à l'instant , et la régence prit toutes les 
dispositions nécessaires pour faire aux troupes une dis- 
tribution de pain, de viande, de fromage et de bière. 
On planta aussi à la hâte un sapin, surmonté d'un cha- 
peau rouge. 

La nouvelle garnison forte de 580 hommes , du 6" ba- 
taillon des nationaux fédérés , fit son entrée vers minuit 
avec deux pièces de canon. Les bourgeois avaient éclairé 
le devant de leurs maisons , et s^attendaient à une ré- 
ception bien dure. Les soldats jurèrent et tinrent un 
grand vacarme, sans s'adonner h d'autres extravagances. 

Samedi 50. Le bon accueil fait par les Dixmudois, 
avait calmé la prévention des Français contre eux. Au- 
cune vexation n'eut lieu. Mais on exigea les deux petits 
canons de la société St-Georges. On envoya 25 hommes 
à la demeure du sieur Fretin , pour enlever ces pièces ; 
celui-ci leur ayant dit qu'il ne savait ce qu'ils voulaient, 
on se rendit chez M. Van Hille , chef-homme de la 
société , qui , à son tour, les renvoya au capitaine Ver- 
wilghen. Les soldats fâchés de ces renvois, coururent 
chez M. Verwilghen , qu'on dit être sur la Grand'Place. 
L'ayant accosté d'une manière brusque , ils lui ordonnè- 
rent , en jurant et en le menaçant , de leur livrer les 
dites pièces* M. Verwilghen les accompagna à la de- 
meure de Jean Annothé, qu^ n'obtempérant pas assez 
vite aux ordres qu'on lui donnait de livrer les canons , 
reçut des militaires des coups de plat de sabre sur le 
dos. 

Une dizaine d'hommes suivit Annothé à son gré- 
nier, où les canons étaient cachés sous des fagots. 
Anitalbs. — Tome ly. 6 



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90 



Etonnés de la petitesse de ces canons , car on leur avait 
dit que c'étaient des pièces de trois, les soldats prétendi- 
rent que ce n'étaient point ceux qu'on leur avait dési- 
gnés et un d'entre eux, interpellant M. Yerwilgfaen , 
se permit de lui dire des injures, et leva même son 
sabre pour le frapper. M. Yervrilghen para le coup et 
riposta si bien à son agresseur , qui alla donner de la 
téte contre le mur , qu'il n'eut plus envie de revenir à 
la charge. 

La troupe quitta la ville vers midi, et força M. le 
bailli Beghin à les accompagner jusqu'à Ghistelle. 

La régence , voyant à quels périls la ville était expo* 
sée par l'imprudence du peuple , et voulant prévenir les 
suites déplorables qui pourraient résulter de tout excès, 
prit la résolution suivante, qui fut proclamée en flamand 
à cinq heures de relevée: 

u Les magistrats de la ville , considérant que rien ne 
serait plus fâcheux ni plus malheureux , tant pour la 
régence de la ville , que pour les personnes honnêtes et 
bien pensant , que sans autorité aucune et à leur insçu , 
quelques habitants commissent des actions reprocbables, 
par lesquelles ils pussent causer à la ville des malheurs 
qui auraient les suites les plus déplorables ; pour préve- 
nir ces sortes de suites , ordonnons ce qui suit : 

i> 1*" Que tout bourgeois quel qu'il soit continue à porter 
la cocarde tricolore. 

)) 2** Qu'on devra se comporter paisiblement à Tégard 
de tous Français de cjuel rang et de quel régiment ils 
puissent être , sans les insulter , mais leur témoignant au 
contraire toute amitié et tout secours qu'on pourrait 
reclamer pour soi-même. 

)i S* Que lors de l'arrivée de troupes françaises^ il est 
défendu de crier et de dire des paroles injurieuses. 




91 



» 4" Que personne ne peut porter dommage à l'arbre 
de la liberté , ni exciter d^autres personnes à en porter. 

» S"" Que personne ne pourra, sans autorisation de la 
régence, proférer des cris de joie, faire sonner les 
-eloches ou le carillon, illaminer ou tirer des armes 
à feu. 

» 6" Qu'il est défendu d'exposer des objets aux armoi- 
ries de l'empereur d'Autriche. 

» En cas de contravention à l'un ou l'autre des articles 
précités , tout contrevenant sera aussitôt arrêté comme 
perturbateur du repos public et pun icomme tel selon la 
rigueur des lois. 

» Ordonnons à ceux à qui d'office de tenir la main à 
l'exécution de cette ordonnance, et à tous employés 
publics, tant ouvriers, portefaix, qu'autres , de prêter 
secours à cette exécution lorsqu'ils seront requis ad hoc. 

» Âinsi arrêté en séance des représentants du peuple 
et de la régence, le 30 Mars 1793. 

» Signé: A. J. Vait Yosseh, président, L. F. Jaits- 
sEUiîE, secrétaire, P. L. Woets, P. J. DeRutsschbr, 
P. Verwilgheic, p. L. Vait DaoMME, E. De Last, 
P.p. Vaw HiLLE, P. J. Rabaut, j. Vait Goutter, 

J. M. D'HULSTEB, P. DbSPAEZ DE GaMUSEL , P. J. WOETS, 

F. J. Meegae&t. yt 

Cette proclamation et l'expérience qu'on venait d'avoir 
semblait faire une impression salutaire sur le peuple. 
On planta immédiatement un arbre de la liberté à la 
place du sapin qu'on avait planté à la hâte. La présence 
de la 35* division de la gendarmerie nationale concourut 
à faire maintenir le repos. Gette division, forte de 480 
hommes , fut logée dans les cabarets et chez les particu- 
liers. Les vivres leur furent livrés par les boulangers et 




92 

les bouchers, par ordre de la régence et sur des bons 
délivrés par le commissaire de guerre Hébert. 

Dimanche 1 Avril. Un bruit circula que des troupes 
autrichiennes et quelques autres troupes alliées sorties de 
Bruges, marchaient sur Dixmude et un détachement 
de 25 hommes , avec une pièce de canon , fut placé au 
débouché de la route de Beerst. Pareil détachement fut 
placé avec une pièce de canon au Haut-pont. 

Ces bruits furent agréables h la population , qui fut 
dans rabattement en voyant les moyens de défense 
déployés par les Français. 

On resta quelques jours dans la même incertitude, 
jusqu'à ce qu'on apprit positivement que les alliés s'ap- 
prochaient de la ville. 

Mardi 5. Les finances de la caisse communale étant 
épuisées par les dépenses extraordinaires que les circon- 
stances imprévues avaient occasionnées, la régence 
envoya une députatiou à l'administration départemen- 
tale à Ypres , afin d'obtenir des fonds pour faire face 
aux dépenses de la fourniture à faire aux troupes. 
Toutes les caisses étant aussi dépourvues de fonds à 
Ypres, à cause du passage continuel des troupes, on 
autorisa la ville de Dixmude à lever une somme de 1600 
florins, sous la garantie de toutes les communes de la 
Flandre-Orientale. Cet emprunt ne fut jamais contracté, 
soit que personne ne voulut avancer des fonds, soit 
que la régence ne jugeât pas à propos de le faire , à 
cause des circonstances trop critiques du temps. 

Vendredi 6. Depuis le premier du mois, la garnison 
et les bourgeois étaient dans une inquiétude continuelle 
à cause des nouvelles positives qu'on recevait journelle- 
ment de l'arrivée de troupes autrichiennes dans les com- 
munes voisines. La nuit dernière cinq hussards autri« 



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93 

chiens s^étaient montrés dans la commune d*£essen. 
La garnison de la ville en conçut de nouvelles inquié* 
tudes, et l'on déplaça au débouché de la rue d'Eessen 
le canon , placé dépuis quelques jours sur la chaussée 
de Beerst , près du cabaret la Couronne, 

Samedi 7. On remarqua de bon matin, aux mouve- 
ments faits par les soldats, qu'un changement allait avoir 
lieu. En effet, le commandant avait reçu par courrier 
dès 6 heures du matin , Tordre de partir en toute hâte 
et la ville fut évacuée avant huit heures. 

On s'attendait à chaque instant à voir arriver en ville 
les troupes autrichiennes , et la régence fit enlever par 
prudence Tarbre de la liberté , qui fut placé à la maison 
de ville , afin qu'on put le replacer en cas de nécessité. 

Immédiatement après le départ des Français , le bailli 
Beghin convoqua la régence et lui communiqua une 
lettre de S. E. le comte de Mctternich de Winenbourg , 
Ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur d'Autriche, 
datée de Bruxelles le 1 Avril , par laquelle S. E. témoigna 
le désir de voir reconstituer le magistrat sur le pied 
d'autrefois , après avoir renoncé publiquement au ser- 
ment qu'on aurait pu avoir fait aux Français. Cette 
nouvelle fut reçue avec le plus , grand contentement et 
le magistrat , pour faire connaître sa conduite irrépro- 
chable, résolut de faire connaître k S. E. le Ministre 
plénipotentiaire que la fidélité des membres de la régence 
à S. M. l'empereur et roi avait toujours été inébranla- 
ble ; que malgré la domination des ennemis et la gar- 
nison française , qui avait séjourné en ville , aucun 
membre de la régence n'avait jamais prêté serment à 
la nation française, et que cependant elle avait toujours 
continué à excercer ses fonctions. On ajouta , que si 
S. E. exigeait un renouvellement de serment, tous les 



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94 



membres étaient disposés à le prêter , pour montrer leur 
attachement à leur souverain légitime. Pour preuve de 
leur fidélité et de celle du peuple, on envoya au Ministre 
plénipotentiaire un extrait du procès-verbal du 9 Mars , 
par lequel il conste que lors de la proposition faite par 
le commissaire français , d'accepter la nouvelle consti* 
tution , le peuple l'avait repoussée avec courage. 

On apprit entretemps que les Autrichiens s'appro- 
chaient de la ville. Quelques habitants coururent à leur 
rencontre et vers midi un détachement de trente-six 
hussards de Blankenstein , venant de Roulers , fit son 
entrée au son des cloches et du carillon et aux acclama- 
tions de la population. Jamais les soldats n'avaient été 
reçus avec plus de joie. 

Tandis que chacun s'adonnait à la joie , on vit un 
dragon français traverser la Grand'Place à cheval. Aux 
cris du peuple: Un Nation! un Nation! le dragon mit 
son cheval au grand galop, mais poursuivi par un 
hussard, il fut pris au marché aux porcs et conduit 
devant le commandant à la maison-de-ville. Il 7 déclaré 
qu'il était une femme, qui venait chercher son mari, 
officier de la compagnie qui avait quitté la ville du 
matin. On retint ce singulier dragon prisonnier avec 
tous les égards dûs à son sexe. 

A deux heures de relevée fut annoncée par publica- 
tion au peuple la lettre du ministre, comte de Metternich, 
et les cloches furent sonnées de nouveau en signe de 
réjouissance. 

On invita en môme temps les habitants à vouloir 
payer les droits pour les objets qu'ils avaient consommés 
pendant le séjour des Français, et à déposer à la 
maison-de-ville les armes et les objets d'habillement 
délaissés par les soldats. Quelques fusils, des capotes et 




95 

des havre-sacs abandonnés par les déserteurs furent 
déposés à l'instant même. 

A trois heures , la confrérie de St-Georges se rendit 
en grande tenue , tambour battant et drapeau déployé , 
prés du commandant des hussards pour le complimenter 
et pour lui présenter de monter la garde. Le comman- 
dant reçut les offres qu'on lui fit et les confrères mon- 
tèrent la garde la nuit suivante. 

Le soir ^ il y eut illumination générale , les rues et les 
cabarets regorgeaient de monde, qui par ses cris fit 
retentir l'air de J^ive V Empereur ! 

Dimanche 8. La joie et le contentement se lisaient 
sur toutes les figures. On espérait un bonheur plus 
assuré sous une administration plus juste et plus pacifi- 
que. On renvoya le dragon féminin, mais on retint 
son cheval et les hussards prirent pour butin ses 
bijoux et ce qu'elle avait de précieux. La garnison fut 
renforcée de 52 hommes d'infanterie du régiment impé 
rial de Kinski, qui furent logés chez les bourgeois de la 
Grand'Place. 

Mercredi 11. Le détachement de hussards avait été ren- 
forcé les jours précédents de plusieurs hommes; ils étaient 
maintenant 90 et partirent èi quatre heures de relevée 
pour Loo et PoUinkhove à la recherche des Français. 

Jeudi IS. Les 52 hommes de Kinski partirent de 
bon matin pour Ypres , et la ville resta sans garnison. 

Dimanche 15. Un TeDeum fut chanté dans la grande 
église en actions de grâces des bienfaits reçus. Le 
magistrat , en costume , les recollets et les autres corpo* 
rations religieuses assistèrent en corps à cette cérémonie. 

Mercredi 18. Dès que les émigrés connurent l'impor^ 
tante nouvelle du départ des troupes françaises, ils 
quittèrent leur retraite pour venir respirer Tair hos- 



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96 

pitalier des Dixtnudois. Les prélres et les émigrés 
retournèrent en plus grand nombre qu'ils n'étaient 
partis, il y avait environ un mois , et ils furent reçus à 
bras ouverts par ceux qui avaient regretté leur départ. 

Samedi 28. Après plusieurs jours de repos, on vit 
arriver le régiment d'infanterie d'Orange-Gueldres fort 
de 300 hommes, avec une pièce de canon , un caisson et 
plusieurs chariots de train. Ces troupes se rendirent en 
toute hâte au fort de Knocke. 

6 Mai. Il circula plusieurs bruits sinistres et souvent 
contraires les uns aux autres. On apprit que les troupes 
autrichiennes et hollandaises en étaient aux prises avec 
les Français entre Poperinghe et Rousbrugge; cette 
nouvelle, apportée par des fuyards, causa une grande 
crainte qui augmenta encore lorsque dans l'après-midi 
l'on vit arriver de Poperinghe une foule de bourgeois, 
de prêtres, de religieux et d'enfants. L'arrivée subite 
de ces fuyards , qui avaient pris avec eux tout ce qu'ils 
avaient de plus précieux , fit sur l'esprit des Dixmudois 
une impression difficile à décrire. Craignant d'un côté 
pour leur propre sûreté , ils osèrent à peine leur tendre 
une main hospitalière; d'un autre côté, émus par la 
triste position de ces malheureux, ils n'osèrent les re- 
pousser et l'humanité l'emporta. On logea cette multi- 
tude le mieux que possible; les couvents logèrent leurs 
confrères, et les enfants des écoles orphelines furent 
logés dans les écoles de la ville. 

12 Mai. Les nouvelles reçues des environs de Poperin- 
ghe et de Rousbrugge étant plus favorables , presque tous 
les réfugiés retournèrent dans leurs foyers. On chanta 
un Te Deum. pour l'heureuse délivrance de l'impératrice 
d^Autricbe, qui venait de donner naissance à un 
prince et après-midi on proclama un édit de grâce pour 



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97 

tous les déserteurs qui auraient rejoint leurs drapeaux 
avant le premier octobre. 

26 Mai. La procession qu'on porta aujourd'hui solen^ 
nellement, fut accompagnée par cent-trente ecclésiasti- 
ques , dont cent-six étaient français. 

31. Une multitude de fuyards annoncèrent que les 
Français s'étaient emparé de Fumes où ils pillaient et 
saccageaient tout ce qui leur tombait sous la main. 
Plusieurs bourgeois prirent la fuite; d^autres prirent leurs 
arrangements pour partir , en cachant leurs objets de 
valeur et en fesant emporter tout ce qui aurait pu être 
pillé par l'ennemi. 

5 Juin. On était dans une continuelle alternative 
d'espoir et de crainte; la crainte l'emporta presque 
toujours à cause que les fuyards annonçaient plustôt 
l'approche que l'éloignement des Français. Le passage 
de 12 à 1300 Hollandais, qui se rendaient de Furnes 
à Ypres avec leurs canons et bagages , augmenta encore 
la crainte , parce qu^on assurait que ces troupes battaient 
en retraite. 

9 Juin. La peur diminua un peu lorsque deux esta- 
fettes se rendant de Furnes à Ypres , assuraient que les 
Français avaient quitté cette première ville et qu'ils 
étaient porteurs d^ordres pour faire retourner les Hol- 
landais qui étaient passés ici le 9. Il parait que ces 
troupes ne se fiaient pas trop aux assurances qu'on leur 
donnait de Tabsence des Français dans cette ville , puis- 
que le commandant envoya un trompette au bourgmestre 
Van Hille , pour lui demander s'il n'y avait pas danger 
de rencontrer les ennemis. 

Le trompette ne se contentant pas d'une réponse 
rassurante donnée par le bourgmestre, se fit accom- 
pagner par ce magistrat jusqu'à la porte de Woumen, 



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98 

près du nouveau cimetière, où étaient stationnés 600 
hommes d'infanterie et 50 cavaliers , avec du canon et 
leur matériel de guerre. Après les assurances réitérées 
du bourgmestre , ils traversèrent la ville et prirent les 
chemins de terre pour se rendre à Furnes.^ 

12 Juin. Une garnison hollandaise arriva aujourd'hui 
et jusqu'à la seconde invasion des Français , la ville ne 
fut presque jamais sans logements militaires. Les Hol- 
landais, les Anglais, les Hessois et d'autres logèrent 
presque toujours chez les bourgeois, qui ne reçurent 
aucune indemnisation. 

18 Juin. Un beau ca rosse traîné par six chevaux de 
même couleur , et escorté par 70 cavaliers hollandais , 
arriva à 9 heures du matin et fit supposer que le prince 
d'Orange devait arriver. Le magistrat qui avait tout 
disposé pour bien recevoir le prince , ayant appris qu'un 
régiment hollandais devait entrer en ville vers les six 
heures du soir et croyant que le prince d'Orange le 
commandait , alla à sa rencontre , mais il fut bien 
désappointé , lorsqu il vit que le prince n'accompagnait 
pas le régiment. 

19 Juin. Guillaume-George-Frédéric, prince d'Orange, 
arriva en ville , venant de Furnes , à onze heures du 
matin, accompagné du général autrichien Melius. Ils 
descendirent de voiture à la maison de M. Rotlîer, 
pilancier (1), où logeait le lieutenant-colonel baron Yan 
Tengnagel. 

La régence alla en corps féliciter le prince , qui fut 



(1) Cette maison, rebâtie il y a une quinzaine d^années, se trouve 
sur la Grand'Plaœ et est actuellement occupée par M. le reprétentant 
Morel-Danheel. 



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99 

très affable et qui , après avoir pris quelques rafraichis- 
sements , partit pour Ypres. 

20 Juin. Vers onze heures du matin arriva d'Ypres 
le général Wartensleben et une partie de la garnison 
partit desuiie pour Fumes sous ses ordres. 

6 Juillet. Continuellement grèvés par les logements 
militaires , les bourgeois , qui avaient logé pendant assez 
longtemps les soldats sans rétribution, commencèrent 
à se plaindre de cette charge. Quelques troupes , il est 
vrai , devaient payer trois sols par jour pour chaque 
soldat, et pour celte somme on leur devait livrer le sel, 
le vinaigre, le feu et la lumière , mais beaucoup préten- 
dirent être nourris complètement pour cette somme; 
d^autres ne payaient pas. Celle manière de faire mécon- 
tenta la bourgeoisie , laquelle , après le départ du régi- 
ment Van Brakel , montra ouvertement son méconten- 
tement. 

Les maîtres de sections et quelques personnes notables 
voulant diminuer autant que possible la charge des 
logements militaires qui incombait à la bourgeoisie , alla 
trouver la régence pour exposer les justes plaintes des 
habitants et pour la prier de porter remède à cet état 
de choses. 

La régence voulant , pour autant qu^il dépendait d'elle, 
contribuer à alléger les charges de ses administrés, prit 
les mesures nécessaires pour loger è l'avenir les troupes 
dans les maisons non habitées , et les granges que les 
habitants devaient pourvoir de lits et d'objets nécessaires 
au logement. 

Les mécontents satisfaits de ces mesures, eurent bientôt 
un nouveau sujet de plaintes. Un bataillon suisse qui 
arriva l'après-midi , ne voulut pas aller occuper les 
logements désignés et les bourgeois furent forcés de loger 



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100 

de nouveau ces soldats pour la somme de trois sols; 
somme qui ne fut encore payée que par fort peu d'entre 
eux. 

21 Juillet. Le prince d'Orange arriva à sept heures 
du matin d'Ypres ; il descendit à la maison-de-^ille et 
partit à neuf heures avec sa suite pour Fumes. 

29 Juillet. Dans la matinée arriva d'Ypres , se 
rendant à Mieuport,le général-major autrichien Melius » 
accompagné de deux aides-de-camp. 

31 Juillet. Parmi les officiers généraux de tout grade 
et de toute arme qui passaient tous les jours, on remarqua 
aujourd'hui S. A. le prince de Hesse-^Darmstadt . qui , 
arrivé à sept heuies du matin d'Ypres , alla loger chez 
M. l'avocat Van Yossem, près le Pont-aux- Pommes. 

Durant tout le mois, les troupes étrangères allant à 
Ypres, à Loo, à Furnes ou à Nieuport, ne disconti- 
nuèrent pas de passer; leur nombre était souvent isi 
grand, que toutes les maisons en étaient remplies et 
qu'une partie fut forcée de camper sur la place et dans 
les rues , où ils fesaient leur cuisine en plein air. 

3 Août. S. A. le prince de Hesse-Darmstadt partit à 
quatre heures du matin pour Ypres avec toute la gar- 
nison, qui comptait plus de 2,000 hommes. Les bour- 
geois crurent que maintenant du moins ils allaient être 
délivrés des logements militaires. Us furent encore trom- 
pés dans leur attente , car avant qu'ils eurent le temps 
de nettoyer leurs maisons, le régiment de Van Brakel 
revint de Loo , et les soldats , qui avaient encore logé 
ici , retournèrent dans leurs anciens logements. 

11 Août. On chanta un Te Deum, pour la capi- 
tulation de Yalenciennes , qui avait été signée le 28 
Juillet. 

20 Août. Toute la garnison partit pour les environs 



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101 

de Roulers , pour aller combattre les Français , d'après 
ce qu'on disait. 

i21 Août. Le passage de l'armée Anglaise, Hano- 
Trienne et Hessoise, forte de 15 à 16,000 hommes qui 
allait assiéger Dunkerque, est un des plus grands 
mouTements militaires qui aient eu lieu ici. Ce passage 
commença à sept heures du matin , et dura pendant 
vingt-quatre heures. L'armée avait à sa suite 56 pièces 
de canon , 4 obusiers , 9 afiBlts non montés , 7 4 caissons , 
12 chaloupes à pontons, 10 chariots h pontons, 10 
chariots chargés de fours en fer, 1193 chariots de 
bagage et de fourage, 78 charettes , 300 chevaux char- 
gés de tentes, 85 bétes à cornes, 23 veaux et 60 
moutons» 

On voyait au milieu de tout cet attirail la voiture du 
duc d'Yorck, attelée de six chevaux bruns et suivie de 
plusieurs autres voitures , et de 19 beaux mulets chargés 
du bagage de son Altesse. 

Durant ce passage un accident faillit occasionner 
un grand malheur, qui aurait pu détruire une partie 
de la ville. Le feu avait pris à l'essieu d^un caisson de 
poudre; on apporta de l'eau à temps et le feu fut 
éteint. 

24 Août. Hier et aujourd'hui l'on vit encore passer 
beaucoup de chariots de transport, qui tous se rendaient 

Dunkerque. 

25 Août. La régence reçut une lettre des bourg- 
mestre et échevins de la ville et châtellenie de Furnes , 
par laquelle ils demandaient de la charpie pour panser 
les blessés qui arrivaient continuellement à Furnes. 
On se mit aussitôt à l'ouvrage et une quantité de char- 
pie et de vieux linge fut envoyée à cette ville. 

27 Août. On proclama par ordre supérieur que tous 



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102 



ceux qui avaient des hàches ou des cognées devaient 
les déposer aujourd'hui même h la maison-de-ville, 
pour être transportées desuite à Furnes pour le service 
de l'armée» 

I Septembre. Un transport de 15 chariots chargés 
de malades et de blessés Hessois arriva de Yalen- 
ciennes , de Tournai , Gourtrai et Roulers avec 400 che^ 
vaux blessés. Ces malheureux étaient dans un déplo- 
rable état. Le magistrat ordonna de les placer à l'hôpital 
et dans les couvents des Sœurs-noires et des RécoUels , 
où ils furent pansés par les chirurgiens de la ville. 
Les chevaux furent placés dans les écuries de la ville 
et des environs. 

I I Septembre. Depuis le premier de ce mois le nombre 
de fuyards qui arrivaient des frontières de la France 
augmenta de jour en jour et jeta la terreur parmi les 
habitants. La terreur augmenta par le .bruit que les 
Français, qui, disait-on, étaient déjà à Vorthem, de- 
vaient arriver aujourd'hui en ville. Le passage de 3,000 
alliés , qui passaient en se rendant de Furnes à Ypres , 
sembla justifier cette crainte et plus d'un quitta ses 
pénates pour se soustraire aux vexations des Français , 
qui allaient entrer en ville. L'on fut trompé fort heureu- 
sement; les soldats vus de loin et qu'on avait pris pour 
des Français , étaient des dragons anglais, qui formaient 
l'avant-garde du régiment royal et qui fit ici son entrée 
vers le soir. Ils se firent donner par la régence du pain, 
du fourrage et du bois , et campèrent à la belle étoile 
sur la GrandTlace, où ils préparaient leur nourriture 
sur de grands feux. Le lendemain ils partirent pour 
Ypres. 

Le duc dTorck, battu le 8 à Hondschote, leva son 
camp devant Dunkerque , arriva à Dixmude le 12, 




105 



avec son état-major, et logea chez le greffier Mergaert , 
au pont du Nord. Cette maison, malgré sa. grandeur, 
était beaucoup trop petite pour le service du Duc. L'on 
construisit une cuisine de campagne dans une pâture 
attenante pour le service de bouche. 

L'armée qui accompagnait le duc , campa le long de 
la route de Merkem à Keyem. 

13 Septembre. On remarqua un grand mouvement 
dans les troupes et l'on apprit que les Hollandais avaient 
été battus à Wervick et à Menin par les Français. Le 
duc dTorck fit tout disposer pour partir le lendemain à 
quatre heures. 

14 Septembre. Une estafette apporta durant la nuit 
la nouvelle que les Français battus par les Autrichiens, 
avaient été forcés d'évacuer Menin. Le Duc fit cesser 
tout mouvement et fit donner l'ordre de partir pour 
Thourout. L'armée se mit en marche dès sept heures du 
matin et l'arrière-garde ne quitta la ville qu'h cinq 
heures du soir. Le Duc était parti à onze heures avec 
son état-major. Il y avait en tout 55 canons. 

16 Septembre. Un piquet de cavalerie Hessoise était 
resté après le départ du duc d'Yorck. Il arriva aujour- 
d'hui un corps de 4,000 hommes, qui campèrent près 
le Haut-pont, dont le passage fut interdit. 

17 Septembre. Trois à quatre mille hommes de ca- 
valerie Hanovrienne et Hessoise ont traversé la ville, se 
rendant au fort de Knocke avec sept pièces de canon. 

19 Septembre. 260 cavaliers Hessois sont arrivés à 
éjix heures du matin. L'une moitié s'est rendue au 
fort de Knocke , Fautre à Schoorebake. 

20 Septembre. Une estafette est arrivée pour le géné- 
ral Âubercrombé commandant le camp au Haut-pont ; 
une partie des troupes avec la garnison de la Knocke 




104 



partit en toute bâte pour Fumes avec 15 canons, trois 
afiÛts , des chariots et des tentes. 

21 Septembre. Une autre partie du camp partit pour 
Furnes de bon matin et à 4 heures de relevée arrivèrent 
1,500 hommes d'infanterie hessoise, qui partirent le 
lendemain par la route de Woumen. 

23 Septembre. A dix heures sont entrés 90 cavaliers 
Hanovriens, et de onze à une heure 8,000 hommes 
d'infanterie, et 275 de cavalerie hessoise avec onze 
canons, deux a£fdts et plusisurs caissons et chariots. Ils 
ont campé près du Haut*pont dans les prairies dites 
Heernisse. 

28 Septembre. Â trois heures de rélevée sont partis 
du camp 6 à 700 grenadiers avec deux pièces de canon 
pour la Knocke. 500 hommes de cavalerie hessoise sont 
arrivés à la même heure. 

I Octobre. Quelques troupes ont quitté le camp avec 
quatre pièces de canon , allant à la Knocke et quelques 
autres à Schoorebake. Le nombre de fuyards allait toujours 
croissant. Les avant-postes français étaient h Vorthem. 

7 Octobre. On apprit que les Français tachaient de 
passer le canal, et les troupes du camp se tenaient prêtes 
contre toute attaque. 

9 Octobre. 2000 hommes ont quitté le camp avec 
deux pièces de canon , pour se rendre à Loo. 

II Octobre. Vers le soir sont arrivés 40 Ecossais. 

12 Octobre. A trois heures de l'après-midi 2500 hom- 
mes de troupes Anglaises sont venus camper derrière 
le cabaret dit Y Empereur. Ils sont partis le lendemain. 

14 Octobre. Vers le soir les troupes du camp crai- 
gnaient une attaque des Français qui arrivaient toujours 
en plus grand nombre dans le métier de Furnes. 

22 Octobie. On «étendit la canonade dans la direc- 




105 



tion de Furnes depuis le matin jusqu*à midi. On apprit 
bientôt que les Français s'étaient emparé de cette ville 
et avaient poursuivi les alliés jusques près de Nieuport. 

25 Octobre. L^ordre étant arrivé de lever le camp , 
toutes les troupes sont parties pour Thout*out , à neuf 
heures du soir. Les trois jours suivants, les Français bom- 
bardèrent Nieuport , et les Dixmudois étaient dans une 
grande inquiétude, craignant de voir arriver à chaque 
instant les Français. 

28 Octobre. Vers dix heures et demie du soir, 50 
Hessois sont entrés en ville et ont, immédiatement 
après leur arrivée, fait assembler la régence. Ils ont 
mis le feu au Haut-pont vers minuit et ont élevé quelques 
batteries pour défendre le passage aux Français. 

29 Octobre. Une vingtaine de Français s'étant mon- 
trés de Tautre côté du canal, les Hessois ont tiré sur eux 
avec le seul canon qu^ils avaient. 

31 Octobre. A midi, 6000 Hessois venant de Ghistel- 
les avec de l'artillerie, sont allés camper du côté de 
Woumen. 

1 Novembre. Le temps était si pluvieux, que les troupes 
campées sont venues loger en ville. On entendit parler 
du siège de Nieuport, durant une grande partie de 
ce mois. 

10 Décembre. Cinq compagnies de cavalerie, chacune 
de 80 hommes , sont parties pour Mons. 

18 Décembre. A huit heures est parti pour Ostende, 
un bataillon du régiment du prince Charles de Hesse- 
Gassel, fort de 556 hommes , avec quatre pièces de canon * 
et 22 fourgons. S. A. Frédéric, prince héréditaire de 
Hesse-Cassel , logeait ici avec son frère , le prince 
Charles, les généraux Wormsl , Halvisch et Porck. 

21 Décembre. A neuf heures sont partis 150 hom- 
AwNALES. — Tome IF. 7 




106 

mes du régiment Odonel , qui étaient arrivés hier de 
Fumes, où ils s^étaient mesurés avec rennemi. 

23 Décembre. 550 grenadiers de Hesse-Cassel sont 
entrés en ville avec deux pièces de canon, deux caissons 
et 23 fourgons. 

24 Décembre. Le général Wormsl est parti pour 
Thourout, avec 150 hommes, 

29 Décembre. 800 hommes de la garnison sont allés 
en quartier-d'hiver k Woumen, Eessen et Beerst. 

1794. 

9 Janvier. Le colonel Autrichien Mack est venu 
inspecter les ouvrages du Haut-pont et de la Knocke , 
et est ensuite parti pour TAngleterre. 

10 Mars. On publia que tous les Français émigrés 
devaient s'éloigner à cinq lieues des frontières françaises. 

13 Mars. Cinq compagnies , chacune de 115 hommes , 
sont parties de Dixmude et d'Eessen pour Merckem. 

20 Mars. A midi et demi est passé par la ville un 
bataillon de grenadiers du régiment du prince Frédéric 
de Hesse-Cassel, se rendant à Woumen. 

A trois heures est entré le lieutenant-colonel Von 
Kospoth, à la téte d'un bataillon de 652 hommes, venant 
de Nieuport. 

21 Mars. A six heures du matin est parti pour Ypres le 
bataillon du colonel Wurmb, avec celui du prince Frédé- 
ric de Hesse-Cassel , qui était en garnison à Woumen. 

25 Mars. Deux autres bataillons sont partis pour 
Ypres avec le prince Frédéric de Hesse-Cassel , le prince 
Charles de Salm-Hohenzolern et le baron Sool. A dix 
heures est arrivé le bataillon Von Kospoth , qui après 
une halte d'une heure et demie est parti pour faire place 
h 200 grenadiers hanovriens, qui sont allés prendre 
position au Haut-pont. 



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107 



1 Avril. Durant tout ce mois le mouvement des trou- 
pes diminua. Les Français brûlèrent les abbayes de 
Loo, d'Ëversam et plusieurs fermes du métier de Furnes. 

28 Avril. On publia que tous ceux qui voudraient 
s'enrôler volontairement, recevraient- de la ville dix sols 
par jour. Quelques hommes du peuple répondirent à 
celte invitation et reçurent des armes. 

2 Mai. 150 volontaires sont arrivés de Loo et de 
Knocke. 

4 Mai. Les religieuses pénitentes ont quitté leur 
couvent avec toutes leurs pensionnaires. 

5 Mai. Il fut publié le matin, de la part du magistrat 
du Franc , que tous ceux qui s'engageraient comme 
volontaires, recevraient 10 sols par jour, dont on 
décompterait 3 sols pour les vivres. 

On reçut quelques jours plus lard la nouvelle de la 
prise de Gourtrai par les Français, et l'on fut continuel- 
lement dans la crainte de voir arriver l'ennemi qui 
était maître de Loo. 

2 Juin. On entendit tirer dans la direction d'Ypres. 
Dans la matinée, l'on vit arriver 25 cavaliers hano- 
vriens et cent hommes d'infanterie avec une pièce de 
canon, un caisson et un fourgon. A quatre heures de 
l'après-midi ces troupes furent renforcées de 400 hom- 
mes avec deux pièces de canon, qui campèrent sur la 
GrandTlace en attendant le bataillon d'émigrés, fort 
de 400 hommes, qui arriva à six heures avec deux 
pièces de canon. A leur arrivée les Hanovriens 
partirent pour Steenstraete (1) , et une centaine d'hom- 
mes partirent avec une pièce de canon et cinquante 



(1) steenstraete est un hameau sur le canal d^Ypres à Dixmude. La 
chaussée entre ces deux villes le traverse. 




108 

volontaires pour la Knocke. Cent émigrés occupèrent 
le poste du Haut-ponl avec vingt-cinq volontaires et deux 
pièces de canon. Durant la nuit il arriva encore deux 
pièces de canon pour les émigrés , et vingt-cinq cavaliers 
qui partirent le lendemain pour Schoorebaeke. 

3 Juin. A onze heures arrivèrent cent hommes 
dinfanterie hessoise avec 24 hommes de cavalerie , qui 
tous sont partis pour Steenstraete. 

Après-midi on entendit tirer dans la direction 
dTpres, et Ton apprit que cette ville était assiégée. On 
se battait aussi au pont de Steenstraete. Il arriva pen- 
dant la nuit deux bataillons de troupes anglaises , avec 
» trois canons, et après une halte d'une heure sur la place , 
ils partirent pour Steenstraete. 

6 Juin. Vers les dix heures du matin , Ton vit retour- 
ner toutes les troupes anglaises , hessoises et hanovrien- 
nés qui battaient en retraite. Les Français s'étaient 
avancés jusques Langemarck et menaçaient d^attaquer 
les alliés sur le derrière. Une partie de ces troupes 
logea chez les bourgeois , les autres campèrent sur la 
Grand'Place. 

Le lieutenant des volontaires partit pour Thielt; il était 
envoyé par le commandant Hack , pour aller exposer 
au général Clerfayt la retraite inutile des Anglais et lè 
grand danger auquel cette retraite exposait une partie 
de la Flandre à se voir envahie par les Français. 

6 Juin. Le lieutenant envoyé à Clerfayt est retourné 
avec l'ordre de faire reprendre leurs postes à toutes les 
troupes. Cet ordre excita un différend entre les émigrés 
et les Hanovriens, ceux-ci voulant battre en retraite. 

A deux heures les troupes retournèrent à Merkem. 

7 Juin. Toute cette journée se passa en marches et 
contre-marches des différents corps. A 5 heures du soir 



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109 

toute rarmée est rentrée de ses postes et les Hanovrîens 
sont allés camper le long de la chaussée de Beerst, avec 
trois pièces de canon , braqués vers la ville. Les émi- 
grés campèrent sur la digue de Vladsloo. 

L^émigration des Dixmudois fut grande; on s'atten- 
dait à chaque instant à voir arriver les Français, qui 
avaient pris position de l'autre côté de Woumen. 
Les émigrés partirent avec les volontaires dans la 
direction de Clercken , les Hauovriens hasardèrent de 
retourner à Woumen et les Anglais occupèrent la ville 
et les environs. 

8 Juin* A trois heures du matin arrivèrent 150 
cavaliers hessois et hanovriens , et à onze heures , trois 
bataillons d'infanterie avec deux escadrons de dragons 
légers , trois pièces de canon et beaucoup d'autre maté- 
riel, de sorte qu'on pouvait évaluer les forces alliées 
qui se trouvaient aux environs de la ville, à 8,000 
hommes. Les avant-postes des Français étaient à Lan- 
gedewalle, près de Merckem, et à la Knocke. 

A une heure est arrivé un bataillon anglais qui s'est 
mis au bivouac avec les deux autres bataillons sur la 
Grand'Place. 

A deux heures , le corps anglais s'est divisé en deux 
parties , dont l'une est allée prendre position à Steen- 
straete , que les Français avaient évacué , et Tautre au 
Haut-pont. Cette partie a passé le canal et s'est retirée 
derrière des tranchées. 

A huit heures du soir, la compagnie des volontaires de 
Proven est entrée eu ville avec un butin pris à un déta- 
chement français de 70 hommes , à Nieuwcapelle. 

Le lendemain , à dix heures , les émigrés sont partis 
sur deux colonnes pour Langedewalle et Clercken , avee 
deux bataillons de troupes anglaises. 



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110 



Toutes les tentatives faites par les alliés furent vai- 
nes; Ypres tomba au pouvoir des Français, Le générai 
Pichegru avait forcé l'armée autrichienne , à laquelle 
s'étaient joints les Hollandais. Le général Clerfayt fit sa 
retraite sur Gand, qui ouvrit ses portes aux Français 
le 4 Juillet , et la reddition de cette place fut le signal 
de l'incorporation de toute la Flandre à la République 
française. 

Depuis l'incorporation h la République , Dixmude eût 
à subir les mêmes fatalités que les autres villes du pays; 
les contributions forcées, les assignats, la persécution 
des prêtres et les autres malheurs furent communs à 
toutes les localités de la Flandre. 

Je ne pousse pas plus loin cette histoire ; j'aurais à 
décrire des faits contemporains , qui tous, plus ou moins, 
sont consignés dans les archives modernes de la ville de 
Dixmude, et qui sont du domaine de la postérité; mais 
les noms à consigner, noms qui sont quelquefois enta- 
chés d'un fâcheux antécédent pour les familles , et qui 
m'empêcheraient de dire toute la vérité, me font ar- 
rêter ici. 




111 

vvv\vv\ivww\ivv\w,wv\v\vvv,\wv\v'vv\v\v\wwwwwvvwwv\vvv\v\vv 



ADDITIONS A LA SUCCESSION 

DES 



EXTRAIT d'un registre DES ARCHIVES DE LA VILLE d'tPRES» 
COMMENCÉ EN 1380. 

Jacques de Dixmiide, 10^ échevin de la ville dTpres, 
en 1581. 

Jacques de Dixmude , écoulète , en 1585. 

Jacques de Dixmude, 10° échevin do la même ville, 
en 1585; il y avait donc deux Jacques de Dixmude 
qui exerçaient des fonctions différentes. 

Éloi de Dixmude, écoutète, en 1587. 

Jacques de Dixmude, 5« échevin, en 1389. 

Lamp de Dixmude, 15° échevin, en 1590. 

Jacques de Dixmude, 4° échevin, en 1591. 

Jacques de Dixmude, premier échevin, en 1592. 

Jacques de Dixmude, écoutète, en 1595. 

Lamp de Dixmude, 15° échevin, en 1595. 

Jacques de Dixmude, 2° échevin, en 1594. 

Lamp de Dixmude, 12" échevin, en 1595. 

Jacques de Dixmude, 5° échevin, en 1596. 

Lamp de Dixmude, 9° échevin, en 1597. 

Jacques de Dixmude, 5* échevin, en 1598. 
Jacques de Dixmude , premier échevin , en 14(W. 



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112 



Pierre de Dixmude , 13' échevin , eu 1401. 
Jacques de Dixmude , 1' échevin , eu 1402. 
Jacques de Dixmude, écoulète, en 1405. 
François de Dixmude, 8" échevin, en 1404. 
Jacques de Dixmude, 3* échevin, en 1407. 
Jacques de Dixmude, 2* échevin, en 1411. 
François de Dixmude, 3" échevin, en 1411. 
François de Dixmude, 4* échevin, en 1412. 
François de Dixmude, 4* échevin, en 1414. 
Pierre de Dixmude, 2® échevin, en 1415. 
François de Dixmude, 2*^ échevin, en 1416. 
Pierre de Dixmude, 3* échevin, en 1417. 
François de Dixmude , 2* échevin , en 1418. 
André de Dixmude, 6' échevin, en 1418. 
Louis de Dixmude, lO"* échevin, en 1419. 
François de Dixmude, 2*^ échevin, en 1420« 
André de Dixmude, 5' échevin, en 1420. 
Jean de Dixmude, 10° échevin, en 1421. 
François de Dixmude, 2** échevin, en 1422. 
André de Dixmude, 5'' échevin, en 1422. 
Olivier de Dixmude, 12" échevin, en 1423. 
André de Dixmude, 3*" échevin, en 1424. 
Olivier de Dixmude, 3° échevin, en 1425. 
André de Dixmude, 4" échevin, en 1426. 
Olivier de Dixmude, 4° échevin, en 1427. 
André de Dixmude, 2" échevin, en 1429. 
André de Dixmude, 5** échevin, en 1431. 
André de Dixmude , 3* échevin , en 1432. 
André de Dixmude , 5' échevin , en 1434. 
André de Dixmude , S"" échevin , en 1435. 
Corneille de Dixmude, 12* échevin, en 1435. 
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1436. 
André de Dixmude, 5" échevin, en 1437, 




lis 



Olivier de Dixmude, 2® échevin, en 1438. 
Charles de Dixmude, 13* échevin, en 1458. 
André de Dixmude, 3' échevin, en 1440. 
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1441. 
Louis de Dixmude, 5* échevin, en 1442. 
Olivier de Dixmude, 2* échevin, en 1445. 
Paul de Dixmude, 5" échevin, en 1444. 
Loonis de Dixmude , 1' échevin , en 1445. 
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1446. 
Paul de Dixmude , écoutèle , en 1447. 
Loonis de Dixmude, 1' échevin, en 1447. 
Charles de Dixmude, G"* échevin, en 1448. 
Loonis de Dixmude, 1' échevin, en 1449. 
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1450. 
Charles de Dixmude , 5* échevin , en 1450. 
Loonis de Dixmude, 2* échevin, en 1451. 
Paul de Dixmude, 4* échevin, en 1452. 
Charles de Dixmude, 5** échevin, eu 1452. 
Loonis de Dixmude, 1' échevin, en 1453. 
Paul de Dixmude , 1' échevin , en 1455. 
Pierre de Dixmude, 5* échevin, en 1456. 
Paul de Dixmude, 1' échevin, en 1457. 
Olivier de Dixmude , 2* échevin , en 1458. 
Paul de Dixmude , écoutète , en 1459. 
Corneille de Dixmude , 3* échevin , en 1460. 
Paul de Dixmude, écoutète, en 1462. 
Josse de Dixmude, 6"* échevin, en 1462. 
Josse de Dixmude, 1' échevin, en 1465. 
Paul de Dixmude , 1' échevin , en 1468. 
Paul de Dixmude, 2'' échevin, en 1470. 
Jean de Dixmude, 13" échevin, en 1471. 
Josse de Dixmude , écoutète , en 1472. 
Jean de Dixmude, 6** échevin, en 1474» 




114 



Jean de Dixmude, 6* ëchevin, en 1476. 
Jean de Dixmude, 4* ëchevin, en 1486. 
Jean de Dixmude , 5"^ échevin , en 1489* 
Lamsin de Dixmude, 10** écheyin, en 1490. 
Jean de Dixmude, 6"* échevin, en 1492. 
Lamsin de Dixmude, 9'' échevin, en 1494. 
Josse de Dixmude , 4"* échevin , en 1499. 
Victor de Dixmude, 7" échevin, en 1500. 
Josse de Dixmude, 2*" échevin, en 1501. 
Victor de Dixmude, 8' échevin, en ^501. 
Victor de Dixmude, écoutète, en 1502. 
Josse de Dixmude , 2* échevin , en 150S. 
Josse de Dixmude , écoutète , en 1505. 
Jean de Dixmude, 9* échevin, en 1512. 
Hector de Dixmude, écoutète, en 1515. 
Jean de Dixmude, 6* échevin, en 1514. 
Jean de Dixmude, 5' échevin, en 1518. 
Jean de Dixmude, 6* échevin, en 1520. 
Hector de Dixmude, S* échevin, en 1525. 
François de Dixmude, 11* échevin, en 1529. 
François de Dixmude, 8® échevin, en 1554. 
François de Dixmude, 9"^ échevin, en 1556. 
François de Dixmude, 6® échevin, en 1540. 
François de Dixmude , 6' échevin , en 1546. 
Jean de Dixmude, 5"* échevin, en 1555. 
Jean de Dixmude, 4** échevin, en 1561. 
Jean de Dixmude, 4* échevin, en 1565. 
Jean de Dixmude, 5* échevin, en 1567. 
Jean de Dixmude , 4* échevin , en 1570. 
Jean de Dixmude, 5* échevin, en 1574. 
Jean de Dixmude, 10** échevin, en 1587. 
Jean de Dixmude, lO'' échevin, en 1589. 
Jean de Dixmude, 11'' échevin, en 1591. 




115 

Jean de Dixmude, 5* ëchevin, en 1595. 
Jean de Dixmude, 4^ échetin, en 1597. 
Jean de Dixmude, 5* échevin, en 1601. 
Jean de Dixmude, S*' ëchevin, en 1602. 
Jean de Dixmude, 2*» échevin, en 1606. 
Nicolas de Dixmude, IV échevin, en 1607. 
Jean de Dixmude, 3* échevin, en 1614. 



EXTRAITS d'ujT AITCIEIC LIVRE D*épiTAPHES ET DE MONUMENTS 
RECUEILLIS PAR M. NICOLAS DE SCHIETERE , AU COMMEN- 
CEMENT DU IVll** SIÈCLE (1). 

St-Martin à Ypres. 

Derrière le maitre-autel sont des vitraux peints repré- 
sentant les armoiries de Dixmude jointes à celles de 
Schoten, qui sont au chef d'or, au demi-lion de sable et 
à celles de Schattinck, de sable, à la croix de vingt 
besans d'or, de même qu'à celles de Waghenare, qui 
sont à trois roses d'azur allié de Dixmude. 

Au côté sud de l'église se trouve une pierre sépul- 
crale bleue , couverte de cuivre et ornée de deux figures. 
C'est la sépulture de Victor de Dixmude , fils de Jean , 
mort le 11 Janvier 1582 , et de sa femme , Adèle de 
Haveskerke, fille de Philippe, morte en 1576. Les 
armoiries sont Dixmude : à la bande dentelée de gueules j 
Schattinck : d'or à l'écusson de gueules à la bande com- 
ponnée d'argent et d'azur sur le tout et trois lions d'or 
couronnés et Haveskerke à trois coquilles d'argent sur 
la face, une croix ancrée d'argent, Nevele et Heule. 



(1) H. Le cheyalier De Schietere de Lophem, a eu Tobligeance de me 
coiiunuiiic[iier ce manuscrit, qui renferme les alliances de sa Aimiile. 



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116 

Au côté sud , sous une pierre blanche , gisent Pierre 
de Dixmude , fils de Denis et de Gathérine , fiile de Wau- 
tier Godericx. Ses armoiries étaient un lion au premier 
canton timbré couronné d'or et azur de huit pièces. 

Au côte nord de la chapelle , dite zutd-kapel, est une 
pierre sépulcrale bleue , surmontée de deux figures ; on 
y lit l'inscription : Chy gist Franchois de Dixmude , f 
Jois, qui fut filz de François, obiit 1451 , le 5 Janvier, 
et mademoiselle Marie de Lichtervelde , f Eloy , sa 
femme, obiit 14... 

Au côté nord git sous une pierre bleue, Denis de 
Dixmude, mort le 20 Juin 1579. Il portait de huit faces 
or et azur, un lion au premier canton. 

Sous une pierre blanche git dame Anne Godericx, 
fille de Wautier , veuve d'Éloy de Dixmude , et femme 
en secondes nôces de Gilbert Van der Niepes , morte le 
29 Juillet 1596 , et demoiselle Françoise de Dixmude , 
fille de Louis, morte le 5 Septembre 1457. 

Au côté nord de l'autel de Ste-Calhérine , sous une 
pierre bleue , couverte de cuivre , gît Messire Jean de 
Dixmude, fils de François, mort le 22 Avril 1512, et 
Messire Jean de Dixmude, fils de Philippe, mort en 1559, 
le jour de St-François , et dame Denise , fille de W Denis 
Schattinck, femme de Jean de Dixmude, morte le 12 
Septembre 1583. Et Messire Éloi de Dixmude , fils de 
Jean , qui posa la première pierre des murs d'Ypres , le 
6 Avril 1588, comme écoutète de cette ville, et mourut 
le 8 Avril 1391. 

Au côté nord est une pierre incrustée de cuivre , sépul- 
ture de dame Anne de Dixmude , fille de Jean et femme 
de Jean Scholen, morte le 12 Décembre 1367. 

Là git aussi dame Denise de Dixmude , fille de Charles, 



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117 

veuve de Victor de Dixmude , seigneur de Volmerbeke , 
morte le 8 Août 1481. 

Au côté sud est une grande pierre bleue. G^est la 
sépulture de Wautier de Dixmude, fils de Louis, mort 
le 1 Juillet 1445, et de sa femme, dame Marie, fille 
de Jean Van Thorrout, morte le 30 Août 1461. 

Aux Jacobins, à Ypres, 

Au côlé ouest de Téglise se trouve une grande pierre 
bleue, ornée d'armoiries. Là gît Ingeiram de Dixmude, 
fils de Wautier, mort le 26 Août 1442, et dame Marie 
Van Ho ve, fille de Nicaise, morte en 1488. 

Dans la même église est enterré, sous une pierre 
bleue , François de Dixmude, mort le 20 Janvier 1420, 
et dame Glaire Van Roosebeke, sa première femme, 
morte le 9 Mai 1414 , et dame Marie Van Bomvenkerke , 
sa deuxième femme. 

Église de l'hospice de Belle, à Ypres. 

Au côlé nord se trouve Tépitaphe : Cy gist Jehan Belle , 
P sire Nicolas, qui trespassa Tan 14.., et mademoiselle 
Denyse de Dixmude, f* Jehan, sa fe^me, obiit 1479, 
le 10* jour de 

Boesinghe. 

Au côté nord du maitre-autel glt Jean Van Haelewyn , 
chevalier, fils de Jean, seigneur de Rouseirie et de 
Boesinghe, mort le 18 Avril 1482, et dame Cathérine 
de Dixmude , morte le 5 Octobre 148S, elle avait épousé 
en premières nôces un seigneur de Walscappelle. 

Hooglede. 

Au côté sud du chœur est une tombe de Victor de 
Dixmude, écuyer, seigneur de Volmerbeke et de la 



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118 



pelile Woesline, mort le 21 Septembre 1511 et de dame 
Leonarde Van Gryspeere, sa femme, morte en 15... 



Dans celle église est enterré Jean de Dixmude, écuyer, 
seigneur de la pelile Woesline, fils de Charles, mort le 
19 Septembre 1505, et dame Marie de Volmerbeke, 
fille de Godscalc et de dame Marie Paeldink , morte le 
12 November 1506. Ils eurent deux fils , Victor et Hector. 
Hector, fils cadet, épousa une demoiselle Sbroeden , dont 
il eut Jacques , Marie et Anne. Victor, fils de Victor et 
Leonarde Van Gryspeere, épousa Marguérile Vander 
Woesline, fille de François, seigneur de Beselaere, dont 
est issu François, mort en 1559, qui épousa Marie 
Vanden Berghe Van Handsame , dont il n'y eut pas de 
postérité. Victor épousa en secondes noces , Jeanne , fille 
de Robert de Rokeghem, dont Josse, Marie et Anne, 
n épousa en troisièmes noces Madeleine Van Dalen , dit 
Van Donghen, fille de Jean, seigneur de Legerswalle, 
près de Gertruydenberg , dont il eut Philippe et Jean. 

Jacques , fils de Hector de Dixmude , épousa une de- 
moiselle Van Vlederinghe ; de ce mariage naquit Hector. 

Marie de Dixmude, fille d'Hector, épousa, le 27 Oc- 
tobre 1527, Josse Van de Woestyne , seigneur de Bese- 
laere, dont est issu Hector, seigneur de Beselaere, qui 
se maria à Claudine de Rosimbos , laquelle lui procréa 
deux fils, François et Maximilien. 

Josse, fils de Victor, mourut sans postérité. 

Marie de Dixmude, fille de Victor, épousa François 
Van Oudenfort, seigneur de Scharrenberg. 

Anne de Dixmude fit une mésalliance. 

Jean de Dixmude, fils de Michel, épousa Cathérine 



Augustins, à Ypres. 




119 

De Beer , fille de Nicolas, dont il eut Marie de Dixmude, 
veuve de Nicolas De Bu , chevalier. 

Dixmude. 

Dans l'église paroissiale se trouve dans la nef latérale 
celle épitaphe : Cy gist noble homme, Jean Hallarts, 
dict Percheval, seigneur de Dixmude, obiit 1452, le 
19 de Décembre. 

Bruges. 

L'inscription suivante se trouve dans l'église de Saint- 
Donat , sur une pierre bleue , incrustée de cuivre : Hier 
licht begraven Bertolomeus De Voocht^ raedt shertogen 
van Bourgoingne, grave van F^laenderen, die staerfUhQ. 
den 11° in Maerte, ende joncvrauwe Anna /« sheer 
Pieters van Dixmude, Bertolomeus toyf toas, de welcke 
staerf 1426, den 12" Maerte. 

St-Jacques, à Gand. 

Il y a dans cette église une épitaphe de Jean de Dix- 
mude, fils de Josse, chevalier , qui mourut le 20 Février 
1552, il avait épousé Jaqueline DuUaerts. 

Dans la même église est le tombeau de Josse Van 
Galoen, qui mourut le 10 Juillet 1549, et de dame 
Harie de Dixmude , fille de Josse , chevalier , conseiller 
de l'empereur, femme de Josse Yan Caloen, morte le 
17 Octobre 1550. 



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120 

V\VVV\V\\VVVV\\\V\\IVVVVVV\VVV\W*WWWWWWV\WWWV\WWWV\V>I 



PIÈCES JUSTIFICATIVES. 



I. 

VENTE d'une terre ET d'uNB MAISON A. DIXHUDE. 
1227. 

Universis Christi fidelibus presentem paginant inspecturis 
scabint Dixmudenses salutem. Noverit universitas vestra quod 
Theodoficus Houbanc et Jacobus filius Michaelis , filii Godelieve 
de Thorout vendiderunt Lamberlo tinctori domum cum fundo 
et omnibus appenditiis suis quondam Boidini Nose, pro viginti 
duabus marcisy triginia duobus solidis pro marca computatis 
Flandrensibus. Terra veroj in qua sita est domus eadem y exten- 
ditur versus septentrionem usque ad ripam aque que vocaiur 
Ede y reducta tamen quadam parte terre y habente in longitudine 
decem pedes versus eandem ripam. Et idem Theodericus pro^ 
misit coram nobis bona fide , quod ipse et heredes sui eumdem 
Lambertum contra magistrum et fratres domus Teot, et contra 
Johannem Houbanc et filios suos et contra fratres et sorores et 
omnes coheredes suos et quoslibet alios aliquid juris in eadem , 
re vendita reclamaturos acquitabunt. Et hoc idem promisit et 
Nicholaus Dierhere sub eadem forma. Et nos requisiti in figura 
judicii, pronuntiavimus judicando legitimam esse notatam ven- 
ditionem, Actum anno Domini M. CC. vigesimo septimo, mense 
septembri. 

(Extrait du Cartulaire des Dunes.) 



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121 



II. 



VENTS d'vNE piège DE TEBRE DAIfS IK RUE DITE SCIPSTRAET. 



1271. 



Nous Gilles de Paons ^ Raouls Piet, Jehan Pinekin , Jehans 
De le Porte et Gilles Li Bruns, eschevin de Dikemue, faisons 
a savoir a tous ceaus qui ces lettres verront et orront, que 
Agathe de Werkînes et Katerine sa fille ont doneit et vendut 
a Terri Clau le pieche de terre vendu qu'il avoient a Dikemue 
en le Scipstrate d'en coste le maison jadis Ernoul Loec gisant 
sour lewe pour vint livres de le monoie de Flandres a leur 
volenteit plainement paies. Et cele terre et tout le droit 
quil i avoient et dévoient avoir Agathe et Katerine de- 
vant dites werpirent et résignèrent en le main le bailliu 
de Dikemue jselonc la loi et la cousturae dou pais al 003 
Terri devant dit, et par jugement de nous. Et si pçrmi- 
sent Agathe et Katerine pour li et pour ses enfans a Terri 
Clau devant dit de la terre devant dite a tous jours perpe- 
tuelment en contre tous cheaus qui fiena i porroient deman- 
deir plaine loi a garandir. Et en tesmoignage de toutes ces 
coses devant dites avons nous ceste présente lettre a Terri 
Clau devant dit saielee de nos propres saials. Ce vendage 
fisent Agathe et Katerine devant dites saines et haities et de 
leur boine volenteit en lan del incarnation notre Seignor 
mil deux cens soissante et onse , el mois de novembre. 



EXTRAIT d'un 1.1VRE MANUSCRIT iNTiTuU : fieffistrum cotidiauum 
cotnpositionum et refectionwn funiatarum in pitantiâ çcçh- 
siœ smcti JViçhçlai Dixmudts , examt^m per Jacobum 
BatUjivum, amo 1352. 

Nobilie et feneroaus vir dominus Carolus De Saceule, miles 
in «fffiû H eut cûmnUiitanee tclentes amnipotenii Deo refundere 



(Extrait du cartulaire des Danes, ) 



III. 



AififAiES. — Tome IV. 



8 




122 

gratins de Victoria oppido Dixmudenai et ejus incolis concessa , 
die septimo mensis tnartii anno tnillesimo qucidringentesimo 
octuagesimo octavo contra Brugenses et suos complices, a qua- 
dam parochia fF'erchene vocata, dictutn oppidum applicantes 
ad illud secrète in aurora dicti diei instrumentis bellicisy scalis 
et pontibus eisdem resistentia armigerorum et incolarum dicti 
oppidi relictis capientes et occupantes, ad ejusdem omnipotentis 
Dei , ejusque genetricis Mariœ et totius curiœ cœlestis super- 
norum civium gloriam, honorem et laudem ac ad perpetuam 
rei memoriam fundarunt quolibet septimo mensis martii die 
cujuslibet anni septem horas canonicas et Salve Regina ter 
cantandum ad utrasque nempe vesperas et post primam , deinde 
absque mora missam primœ de sanctâ Mariâ ad altare supremi 
chori ecclesiœ parochialis sancti Nicholai y oppidi Dixmudensis 
decantandas , unà cum duobus pulsibus magnœ campanœ y 
serotino vero iempore prœcedentï et ante missam primœ 
dictas fundationis die scilicet et mense cujuslibet anni et in 
quantum septima dies mensis martii futuris annis veniret in 
quadragesimali tempore, tune horœ canonicœ prius fundatœ, 
illo prœdicto die decantabunt absque missâ primœ sabbato 
proximo ante quadragesimam vel alio die quo commodius fieri 
possit, Pro qua fundatione prœnominati fundatores dederunt 
48 libras parisis ad consignandas aut emendas terras vel 
redditus, 

IV. 

EXTRAIT DU MÈNE REGISTRE. 

Anno Domini 1490 , armigeri oppidi Dixmudensis de quâ- 
dam prœdâ in Reyninghe spoliata dederunt communitati 
pitantiœ summam 42 lib, gros, in alla moneta, quam quidam 
summam beneficiati pitantiœ concesserunt oppido Dixmudensi , 
pluries a domino Dixmudano et legislatores rogati; atque pro 
prœdicta summa 42 lib» gros, ipsum oppidum tenetur perpetuis 
temporibus pitantiœ annuatim exsolvere 12 lib, in bassa 
moneta, pro qua fundatione pitantia tenetur novem cotidianos 



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123 

sine missâ primas decantare singulis annis, in novem domi- 
nicis diebus post festum paschœ incipientibus. 

V. 

EXTRAIT BES COMPTES DE LA PAROISSE DE ZANTVOORDE, PRÈS d'tPRES,. 

DE l'aunée 1564. 

De prochie van Santvoorde heeft te coste geweest lot Dix^ 
tnuyde over de redetnptie der levering van 380 palisaden, 
165 facyneny 41 bandeh banderoen, mitsgaders over de levé- 
rynghe van 82 staecken en 165 voeten reghels fsaemen voor 
de somme van Glds, 395. 

Over de course extraordinaire en taire betaelt om vol* 
doeninghe van het mandement forraige uutghesonden by 
den grave van Hoorne Glds. 215. 

610. 

VI. 

ÉTAT-IIVYEIVTAIRE DES ARCHIVES DE LA MAIRIE , DE L^ANCIEII GREFFE ET 
DE LA CI-DEVANT TRÉSORERIE DE LA VILLE DE DIXMUDE , SE TROUVANT 
DÉPOSÉES AU BUREAU DE LA MAIRIE DU DIT DIXMUDE. 

Secrétariat de la Mairie. 

1. Une boîte contenant des lois, arrêtés, règlements, 

tableaux, états, lettres des administrations supé- 
rieures , des fonctionnaires publics et particuliers sur 
Tordre et l'organisation administrative. 

2. Une boite contenant des pièces relatives aux foires et 

marchés. 

8. Une boite contenant des pièces relatives à Fadminis^ 

tration des hospices. 
•4. Une idem contenant des pièces relatives à Fadminis- 

tration de bienfaisance. 
8. Une idem contenant des pièces relatives à l'indigence 

et à la mendicité. 



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124 



6. Une idem contenant des pièces relatives à l'ëtat civil. 

7. Une idem contenant des pièces relatives à la popu- 

lation. 

8. Une idem contenant des pièces relatives au culte. 

9. Une idem contenant des pièces relatives au territoire 

de la commune. 

10. Une idem contenant des budgets et des comptes mu- 

nicipaux. 

11. Une idem contenant des pièces relatives àTadminis- 

tration des ponts et chaussées. 

12. Une idem contenant des pièces relatives à Tadminis- 

tration des eaux et forétâ. 

18. Une idem contenant des pièces relatives à l'adminis- 
tration publique. 

14. Une idem contenant des pièces relatives aux arts et 
imétiers. 

I60 Une idem contenant des pièces relatives aux fêtes 
publiques. 

16. Une idem contenant des pièces relatives aux travaux 

publics. 

17. Deux idem contenant des pièces relatives aux con- 

tributions directes. 

18. Uoe idem contenant des pièces relatives aux biens 

communaux. 

19. Une idem contenant des pièces relatives aux patentes. 

20. Une idem contenant des pièces relatives aux droits 

réunis et aux droits indirects. 

21. Une idem contenant des pièces relatives à Toctroi 

municipal. 

22. Une idem contenant des pièces relatives à la compta- 

bilité et aux dettes communales. 

23. Une idem contenant des pièces relatives à Tearegistre- 

ment et aux domaines nationaux. 

24. Une idem contenant des pièces relatives aux épidémies. 

25. Une idem contenant des pièces relatives à la vacoine. 

26. Une idem contenant des pièces relatives aux prisons. 




125 



27. Une idem contenant des pièces relatives aux fonrnitu- 

res militaires. , 

28. Une idem contenant des pièces relatives à la marine. 

29. Une idem contenant des pièces relatives aux réquisi- 

tions et convois militaires. 

30. Une idem contenant des pièces relatives aux armées. 

31. Deux idem contenant des pièces relatives à la circon- 

scription militaire. 

32. Une idem contenant des pièces relatives à la gendar- 

merie et à la maréchaussée. 

33. Une idem contenant des pièces relatives à la garde 

nationale. 

84. Une idem contenant des pièces relatives aux gardes 
côtes. 

35. Une idem contenant des pièces relatives aux passe- 

ports. 

36. Une idem contenant des pièces relatives aux tribunaux* 

37. Une idsm contenant des pièces relatives au notariat. 

38. Une idem contenant des pièces relatives à la police. 

39. Une idem contenant des pièces relatives au commerce* 

40. Une idem contenant des pièces relatives à l'agricul- 

ture. 

41. Une idem contenant des pièces relatives à la chasse* 

42. Une idem contenant des pièces relatives aux émigrés. 

43. Une idem contenant des pièces relatives aux élections 

cantonnales. 

44. Une idem contenant des pièces relatives aux poids et 

mesures métriques. ^ 

45. Une idem contenant des pièces relatives à f emprunt 

forcé. 

46* Une idem contenant des pièces relatives aux dettes du 

gouvernement français. 
47. Quatre-vingt registres de l'état civil. 
48* Trois tables décennales de naissances, mariaifos et 



décès. 




126 



•49. Une matrice de rôle et un ëtat des sections des pro- 
priétaires fonciers. 

50. Un registre de mutation. 

51. Un registre contenant des extraits de lois et d'arrêtés 

du gouvernement. 

52. Un registre pour l'inscription des procès-verbaux con- 

cernant Testampillage. 

53. Un sommier des biens communaux. 

54. Quatre registres des mandats expédiés sur la caisse 

communale. 

55. Six registres de correspondance. 

56. Quatre registres d'actes et de procès d'administration. 

57. Trois registres de patentes. 

58. Deux registres de mercuriales. 

59. Un registre d'apostilles sur requêtes. 

60. Deux registres de fournitures militaires. 

61. Deux registres d'inscription de déclarations de loge- 

ments par les aubergistes. 

62. Deux répertoires de pièces reçues à la mairie. 

63. Une matricule générale des conscrits. 

64. Une matricule des individus absents pour le service 

de l'état. 

65. Une matricule des conscrits qui se sont fait remplacer. 

66. Un registre de population. 

67. Quinze anciens registres de l'octroi municipal. 

68. Le plan de la ville. 

69. Un terrier de la ville. 

70. Quinze volumes d'actes de la préfecture. 

71. Les bulletins des lois depuis l'an IV d(B la république , 

jusqu'à l'an 1813. 

72. Le code administratif par Fleurigeon. 

73. Le code municipal. 

74. Le code civil. 

75. Un exemplaire de l'instruction générale sur la con- 

scription. 




127 



76. L'annuaire du département de la Lys. 

77. L'ancien code pénal. 



Ancien Greffe, 



78. Vingt-quatre registres d'états et inyentaires de mor- 

tuaires. 

79. Cent-treize fardes d'originaux d'états et inventaires de 

mortuaires. 

80« Trente fardes de comptes de mortuaires et d'adminis- 
tions de biens. 

81. Un grand nombre de fardes de pièces de procès et 

de comptes de faillites. 

82. Deux registres d^octrois de mineurs. 

83. Cinquante-et-un registres de passation , d'actes d'inhé- 

ritence et d'exhéritage appartiennent aussi au greffe, 
lesquels en vertu d'ordre supérieur ont été déposés 
au greffe du tribunal civil de Farrondissement de 
Fumes^ le 30 Juin 1809. 



84. Un grand nombre de comptes concernant la chapelle 

dite KruyS'hapelle» 

85. Un grand nombre de comptes d'administration de la 

ville , des administrations charitables et de l'église* 

86. Plusieurs procès que la ville a soutenus, tant contre 

des particuliers que contre d'autres administrations , 
communautés ou corporations. 

87. Un nombre de sentences et d'octrois. 

88. Octrois des accises de la ville et autres pièces concer- 

nant son administration. 

89. Une grande farde de comptes du Béguinage. 

90. Divers règlements militaires , capitulations etc. 

91. Plusieurs fardes d'ordonnances et subsides etc. 

92. Deux registres de recette du trésorier. 

93. Deux registres dits: Ferie-boek, 



La ci-devant Trésorerie. 




128 



94. Huit registres de sentences, dit: Boek van yierachoêre, 

95. Six registres de saisies-arrêts. 
96* Sept registres d'affermages. 

97. Un registre d'offices. 

98. Deux registres de constitution. 

99. Un registre de taxations. 

100. Trois registres d'ordonnances politiques. 

101. Deux registres de résolutions. 
lOâ. Deux registres d'emphytéose . 

103. Un registre de droits et privilèges. « 

104. Un registre de mutations des créanciers, qui ont des 

rentes à charge de la ville. 
103. Un registre des renouvellements des magistrats. 
106. Trois anciens inventaires des archives du greffe et de 

la trésorerie. 

Fait et dressé Je présent inventaire par le Maire de la 
ville de Dixmiide soussigné, en conséquence de la circu- 
laire de M. le sous-intendant de l'arrondissement de Fumes , 
en date du 7 du courant, N*" 884, en la Mairie de Dix- 
mude, le 18 Octobre 1614. 

laoe du sceau. Signé: F. floMoim, Maire. 



VjmA F. Van de Pvtte. 




129 

X\\\V»iVVVVVVW\VVV\\\\V\\\\\\^VVVVVVVVVVVVVV\iVVVV\V\\ftiVV\iVVVVVVVV\ 



NOTICE SUR £ËS TOIIBËS 



DÉCOCVERTSS EN AOCIT 1841 , 



En préparant le terrain pour placer dans Téglise de 
St-Sauveur le nouveau pavement en marbre , on découvrit , 
à peu près au centre de Te'glise , trois tombes les unes sur 
les autres, la première immédiatement sous le sol, la 
seconde à environ quatre pieds de profondeur et portant 
la date de ISS^. Trois à quatre pieds au-dessous de celle-ci 
se trouvaient les tombeaux dont nous allons nous occuper. 
Il y en avait deux à côté l'un de Pautre, construits en 
maçonnerie, et recouverts à l'intérieur d'une légère couche 
de plâtre sur laquelle avaient été collées des gravures 
dont des parties^ étaient peintes en détrempe. 

Plusieurs étaient encore fort bien conservées, mais le 
temps les avait pour ainsi dire pétriflées , car lorsqu'on 
cherchait à soulever du bout de l'ongle un coin du papier , 
il se cassait comme le verre. Cette trouvaille dut nécessai- 
rement attirer l'attention des personnes qui s'occupent de 
nionuments et d'arts. Une foule de curieux alla examiner 
Annales. — Tome IV. 9 




130 



ces tombeaux , les gazettes en parlèrent , mais on ne déter- 
mina ni l'époque où ces gravures furent faites , ni quel en 
avait été l'artiste, ni l'âge précis des tombes. 

Du reste grâce aux soins de messieurs les Marguilliers 
et particulièrement de M. Vermeire, toujours plein de 
zèle pour tout ce qui concerne les arts, les amateurs 
peuvent en juger par eux-mêmes, les pans de mur sur 
lesquels ont été collées nos gravures , ayant été enlevés avec 
précaution et placés dans des caisses de bois. 

Le Gouvernement fiit informé du résultat de ces fouilles 
et députa deux personnes pour en apprécier la valei^r. 
Malheureusement le choix tomba sur deux architectes, 
tandisqu'il eut fallu des savants ou des graveurs. On ne sut 
rien du rapport que ces messieurs avaient fait, et la chose 
en resta-là. Le Comité de la Société d'Émulation ne put 
demeurer étranger à ces monuments , et , attentif à tout 
ce qui intéresse l'histoire des arts, des sciences et des 
lettres en Flandre, crut devoir soumettre au jugement 
de personnes compétentes le calque exact d'une des 
grandes gravures , représentant le couronnement de la 
Vierge. 

Comme il n'y a aucune marque ni nom de graveur 
à nos planches , on ne peut juger de leur ancienneté que 
par le faire , joint aux notions historiques sur la construc- 
tion de l'église de Saint-Sauveur. 

Quant au premier point, il faudra dire d'abord quel- 
ques mots sur l'origine de Fart de la gravure. On sait 
que la gravure sur bois précéda celle sur cuivre ou sur 
métal. Le métier des graveurs sur bois était affilié à 
celui des cartiers , et bien différent des graveurs sur cuivre 
qui tenaient aux orfèvres. En Allemagne dès 1470 on avait 
inséré des figures de saints gravées, dans les livres. Ce 
n'est qu'en 1481 qu'on voit paraître dans ce pays un 




loi 



livre orné de gravures sur cuivre , le Missale Herbipolense^ 
En Belgique il n'y eut aucun livre avec des gravures sur 
bois avant 1476, époque où parut le Fasciculus temporum de 
Jean Valdener (1); mais on ignore complètement quels furent 
les premiers graveurs sur bois, quoique les premières 
images portent des marques ou des armes de graveurs. 
Déjà antérieurement aux époques que nous venons de citer , 
on avait fait de grandes gravures sur bois ou images dé- 
tachées représentant des saints ou des sujets religieux. 
Le baron Heinecke rapporte que dans ses voyages il en a 
rencontré beaucoup , collées sur les couvertures des pre- 
miers livres imprimés. La plus ancienne portait la date 
de 1423 (2). 

Ainsi dès l'origine de l'art, on composait et l'on imprimait 
des images détachées , avec des inscriptions , avant que l'on 
n'imprimât des livres , à l'imitation sans doute des fabricants 
de cartes à jouer , et d'après un procédé analogue , ainsi que 
Prosper Marchand Ta démontré. Maintenant si Ton com- 
pare nos gravures récemment découvertes , à celles qu'on 
trouve soit dans les bibles des pauvres , soit dans l'histoire 
de St-Jean et de l'Apocalypse , ou dans les histoires de la 
sainte Vierge , premiers livres dimages imprimés au xv' 
siècle , on voit qu'elles sont d'un dessin plus correct et d'un 
style plus élégant qu'aucune d'elles. L'ensemble est plutôt 
léger que chargé , et malgré les larges lignes qui forment 
les contours , les figures sont bien drapées et faites avec 
goût. Elles représentent des sujets religieux; les plus 
grandes ont la forme carrée, les petites la forme ronde. 



(1) Voir l'ouvrage du Baron Heinecke pag. 196, et V Essai sur l'origine 
de la gravure en bois et en taille douce, Paris, F. Sohœll , 1808 , tome t 
page 209. 

(2) Page 250. 




152 

Des bandes ondulantes contiennent des inscriptions deve- 
nues presqu'inde'chiffrables. Le faire nous reporterait à 
la fin du XM"" siècle , or le couronnement de la Vierge , dont 
nous donnons ici le fac-similé , et le Christ en croix , les 
deux planches les mieux conserve'es , sont à ce qu'il nous 
paraît dans le meilleur style de cette époque, et consé- 
quemment , on risquerait peu de se tromper en établissant 
qu'elles doivent avoir été gravées de 1490 à 1510. On 
pourrait même les attribuer Jean Walther Van Assen, 
qui florissait vers cette dernière époque , car les pièces de 
cet artiste ont , comme les nôtres , une touche facile , de 
l'expression dans les têtes et de la variété dans le carac- 
tère des figures. Ceci n'est toutefois quune simple suppo- 
sition de notre part. 

Après avoir fondé notre opinion sur la manière, sur le 
style de nos gravures , mis en rapport avec les premières 
notions sur l'art, examinons si les notions historiques sur 
la construction de l'église de St-Sauveur viendront con- 
firmer cette supposition. Il paraît constant que le sol de 
l'église s'est successivement élevé. Il était jadis à 10 ou 
12 pieds au-dessous du niveau de la rue actuelle, éga- 
lement beaucoup plus basse, et les différentes couches 
de sépultures qui ont été trouvées, coïncident avec les 
vicissitudes que cette église eut à subir depuis sa fondation 
par saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournay vers le 
milieu du vu" siècle (1). Elle fut détruite par les Normands 
vers la fin du Ix^ Celle que Von construisit à la place, 
fut entièrement consumée par un incendie en 1358, et 
c'est sans aucun doute à la période qui s'étend depuis 



(1) Voyez Cousin; Histoire de Tournai, livre 2, page 64. BuzeUn, 
Gallo'Flandria, page 251, littera C, et les Annales de Flandre du même 
auteur, livre 2, page 64. 



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15S 



cette reconstruction jusques vers la fin du xv" siècle, 
qu'il faut faire remonter la couche de tombeaux au nom- 
bre desquels se trouvaient ceux qui nous occupent. Une 
deuxième rangée est placée au-dessus , et nous avons fait * 
remarquer que l'un de ces tombeaux portait la date de 
4534. La couche inférieure paraît s'étendre dans toute 
la longueur de l'église, car en creusant le sol en 1778, 
pour établir les fondements de la nouvelle chaire de vérité, 
à six pieds environ de profondeur, on trouva également 
deux caveaux l'un sur l'autre, dont le plus bas était recou- 
vert de peintures représentant Notre Seigneur, la Vierge 
et des saints , le tout parsemé de fleurs de lis et parfaite- 
ment conservé. Cependant les ossemens étaient réduits en 
poussière. Dans le procès-verbal qu'on dressa de cette 
découverte , il est dit qu'on ne put savoir à qui avaient servi 
ces sépultures. 

Ces renseignements sont importants pour notre sujets 
en ce qu'ils nous ramènent à la même date que nous avons 
cru pouvoir fixer ci-dessus. Une nouvelle preuve que nos 
gravures ne sont pas plus anciennes , c^est que les pre- 
mières gravures sur bois sont faites avec une espèce de 
détrempe d'une composition si faible qu'une humidité tant 
soit peu intense est capable de l'emporter. C'est ce qui 
est même arrivé à quelques exemplaires longtemps enfer- 
més dans les armoires des bibliothèques voûtées ou dans 
des endroits qui n^étaient pas bien secs (l); tandisque 
les nôtres , probablement imprimées par la presse , mon- 
trent encore une encre bien noire et fortement marquée , 
quoiqu'enterrées depuis tant d'années. 



(1) Voir l'ouvrage intitulé ; Idée générale d'une coUecUon complète 
d'estampes, page 441. 




134 

Pour les conséquences que Ton peut en déduire , sous 
plus d'un rapport , il y avait déjà quelque chose de curieux 
à avoir exhumé des gravures sur bois , enfouies depuis plus 
* de trois cents ans^ mais elles offrent en outre ceci de 
remarquable que leur format est peu ordinaire. D'après 
nos recherches , nous sommes autorisés à penser qu'il n'en 
existe pas de plus grandes, de cette même période. Nous 
croyons aussi que ces mêmes planches sont inconnues 
aux amateurs et par conséquent qu'elles pourraient être 
uniques, ce qui du reste, comme l'on sait n^est pas une 
chose fort rare pour les estampes du quinzième et du 
commencement du seizième siècle. Cette circonstance est 
facile à s'expliquer. La dévotion pour les images , repré- 
sentant des saints ou des sujets religieux, était mon- 
tée, en ce temps, au plus haut dégré; le clergé en 
distribuait en toute occasion. Elles étaient donc assez 
communes, les graveurs en bois trouvant plus de pro- 
fit à ce travail, qu'à tailler les figures extravagantes 
dessinées sur les cartes. Ces images dispersées et perdues 
parmi les laïques, imprimées d'ailleurs sur des feuilles 
volantes, ne furent conservées que pour autant qu'on les 
collait dans les livres. C'est ainsi que plusieurs sont par- 
venues jusqu'à nous. 

En établissant une date approximative pour y rattacher 
les gravures des tombes de St-Sauveur, nous n'avons eu 
aucun égard à l'enluminure qu'on y remarque , parce qu'elle 
ne peut nous guider. Meerman , en effet (i) , parle de cette 



(1) Origin. Typogr. P. 227« Voir aussi V Essai sur l'origine de la 
gravure en bois et en taille douce, où la 5® planche, l^' toI. , offre la 
copie exacte d^une ancienne gravure en bois , coloriée , et tirée d^une 
histMre de St^Jean révangéliste, petit in-folio, qui se trouve à la 
bibliothèque royale de Paris. 



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135 



espèce d'ornement employé dans plusieurs bibles des pau- 
vres , de sorte que dès l'origine de la gravure sur bois , 
on doit avoir eu l'habitude de les colorier grossièrement , 
probablement à l'imitation des cartes à jouer. Car dans la 
fabrication de celles-ci, la gravure en bois, l'impression 
et la peinture allaient de compagnie et cette triple ope- 
ration ouvrait tout de suite la porte à l'impression sur 
papier, des planches gravées' en bois, et peu après à 
l'impression des livres. 

Nous terminerons cette courte notice par deux obser- 
vations qui concernent l'église de St-Sauveur, sous le 
rapport de l'art. Avant 1739, on y voyait encore repré- 
sentées sur les vitraux du chœur, les figures des douze 
pairs de France, parmi lesquels se trouvait l'évéque de 
Noyon. Montfaucon, dans ses antiquités françaises et 
gauloises, T. iit, P. 7S, nous a conservé la gravure de 
ce monument, détruit lors de la construction de la voûte 
en briques, au-dessus du chœur actuel (I), car d'abord 
il n'y avait qu'une voûte en bois. 

Les peintures en détrempe ou à fresque qui recou- 
vraient les murs à l'intérieur de l'église , ont également 
disparu, comme on s'en est récemment convaincu en 
faisant légèrement gratter une partie du mur à Tentrée 
de la chapelle des tondeurs de draps. L'une d'elles, que 
l'on voit presqu'en entier, représente St-Christophe por- 



(1) Les comptei de la fabrique constatent que jusqu^en 1796, ceUe-ct 
payait annuellement au curé de la deuxième portion de la paroisse de 
St-Sauveur, la somme de douze florins courants comme indemnité pour 
rincorporation du terrain de sa maison et de son jardin sur lequel on 
avait bâti le chœur qui existe aujourd'hui. Ces renseignements nous ont 
été fournis, avec sa bienveillance accoutumée, par H. Yermeire, qui si 
souvent déjà a été utile aux écrivains nationaux et étrangers. 




136 

tant l'enfant Jésus. Cette dernière figure est très gra- 
cieuse. Il serait à désirer qu'on fit restaurer les peintures 
des deux côtés de la porte de cette chapelle, afin de 
conserver au moins un spécimen de la manière dont 
étaient anciennement décorés les murs de notre belle 
cathédrale. 



Octave Delepierre. 



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137 

^^^^^^^^^^^^lv^^^^^^^vvl^^^^vv^^^^^^^^'v\^^<v\^^^l^\^lv\^^^^^^^^^^^^^^^l\ 



l'IlimiON DE JÉSUS-CHRIST 



PAR UN DOYEN DE SAINT-DONAT. 



Tous ceux qui lisent habituellement Ylmitation de 
JémsrChrist^ s^apperçoivent que l'auteur a dû fréquenter 
le grand ménde; cette profonde connaissance du cœur 
humain est le fruit d'un commerce soutenu avec les hom- 
mes, et ce dégoût de la vanité mondaine et des honneurs 
ne peut être que le résultat d'une expérience personnelle; 
mais qui est cet auteur? 

Cette question a produit des dissertations sans nom- 
bre et des discussions sans fin , la passion s'en est 
même quelquefois mêlé; des débats très vifs s'élevè- 
rent à ce sujet, en 1680, entre plusieurs savants, et 
furent si largement saturés d'injures, que le parlement 
eut besoin d'y intervenir pour les modérer. Après six 
audiences solennelles, le tribunal se prononça en faveur 
de Thomas à Kempis , mais tout le monde savait d'avance 



COMPOSÉE A BRUGES, 



Anitales — Tome IV. 



10 




138 



que cette décision ne déciderait rien , et il en fut ainsi , 
on continua à se disputer, et si bien, que jusqu'à ce 
jour Ton dispute encore. Le vœu de l'auteur, lorsqu'il 
pria Dieu de rester inconnu — Da mihi nesciri — s'est 
donc accompli. 

Au XV** siècle, l'opinion flottait déjà incertaine entre 
St-Bernard, Gerson et Thomas à Kempis; au xvi® siè- 
cle, l'opinion ne se partageait plus qu^entre Gerson et 
Thomas. 

Pierre Manriquez, dans son ouvrage imprimé à Milan , 
en 1604, osa le premier discuter publiquement cette 
question et contester à Thomas la gloire d'avoir composé 
V Imitation, Le P. Rossignol , jésuite , et Constantin Gajétan 
écrivirent en faveur de Gersen, abbé d'un monastère 
de Bénédictins. Le P. Rosweyde, dans une savante lettre, 
en 1615, écrivit en faveur de Thomas; en 1617, il publia 
ses Findiciœ Kêmpmses, contre Gajétan. Gajétan riposta 
par une apologie de son opinion en 1618, à Paris. Dans 
l'intention de populariser son opinion, il demanda à la 
congrégation de Propaganda fide, la. permission de tra- 
duire V Imitation en grec moderne; mais les chanmnes 
réguliers s'y opposèrent et les choses en restèrent là. 

Plus tard le supérieur général de la congr^ation de 
St-Maur ayant sollicité auprès du cardinal de Richelieu , 
et dans l'intérêt de la gloire de son ordre, l'autoiisaticH 
de faire sortir des presses de l'imprimerie royale Vlmita- 
tion de Jésus-Christ, avec le nom de Gersen, le cardinal 
fit examiner les manuscrits sur lesquels les Bénédictins 
se fondaient pour attribuer à un des leurs ce livre im- 
mortel. Toute cette procédure est trop bien connue, pour 
que je l'analyse ici , il suffira de rappeler que l'opinion de 
la commission de personnes savantes formée pour exami- 
ner leurs titres, leur fut complètement dâavorable, 




139 

Texistence itiérac de ce Ûerseii est plus que problé- 
matique. 

Le principal argument dé ceux qui attribuent Tlmita- 
tiofl â Thomas à Kempiâ, est uu MS. qui se trouvâit à 
la maison des Je'suîtéS, à AilVera, écrit de la main de 
^boma^ et qui contenait 17mttof/on^ ainsi que plusieurs 
Irdités dé Thomas et qui finissait par ces mots : Phi- 
tuê Ét cùmpktus anno Domini M CCCC XLI, per manus 
Thomm à Keinpis in monte St^Jgneth propè Zwoll. Le 
M8* ^tait incontestablement éerit par Thomas , mais én 
était'^il Fauteur? Il existait une bible écrite par lui , à la fin 
se trouvaient exactement les mêmes mots du MS. d'An- 
Ycrsî Factufn et cùmpletum anno 1439^ in vigilia 
St*Jacobi, per manus Thomt» à Kempis etd Ct qui, 
évidemment^ ne prouve pas que Thomas l'ait composée; 
Thomas était copiste de son monastère, et copiait pour 
la vente et au profit de »ùn ordre. La ehromque de son 
monastère (Chron. Montis SUAgnetUs, ÀntiHérp. 1634 <) 
ne Udâse point de doute à cet égard: ScHpéit, dit-elle, 
bibliam noitram totcUiter et aliôs muttùs libroê pto d&mo 
et prêtiù. Lâ bibliothèque de Tunitersité de Louvain con- 
tient un ]»|S. des ouvrages de Thomas, écrit probablement 
par lin et où V Imitation ne se trouve pas. (Voir la note 
à la fin.) 

Dattd le Voyage littéraire de deux Bénédictins dé la 
congrégation de St-^Maur, les PP. Martene et Durand 
disent qn^étant arrivés à l'abbaye de St-Trond, dans le 
pays de Liège , ils y virent nn MS. de V Imitation sans 
nom d'auteur, ne contenant que les trois premiers livres 
ot commentant ainsi i incipiun^ ammonitiones etc. A la 
fin du troisième livre, ajoutent nos Bénédictins, on Ut 
m mots i Hunt libeUum feeit fkri fValterus De Stapel 
pHor monaêterii St-'Trudonis^ qui perfectus fuit anno 



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140 

M CCCC XXFII, ce qui, disent-ils, décide la question 
touchant Thomas à Kempis, puisque son prétendu ori- 
ginal n'a été écrit qu'en i442. 

M. Onésyme Le Roy fit Facquisition de ce MS. a 
Gand, en 4836, on le croyait perdu, des partisans de 
Gerson avaient déjà soupçonné qu'un Kempiste l'avait 
sans doute détruit. Je déteste bien cordialement ces sor- 
tes de suppositions , qui ne reposent sur aucun fondement, 
que rien n'autorise , elles nuisent dans mon opinion à ceux 
en faveur de qui on les fait: ce MS. avait pu périr de vingt 
manières , puisque les Français avaient passé par St-Trond 
à la fin du dernier siècle , il était donc assez inutile d'aller 
rêver un flamand Kempiste et vandale. Heureusement le 
MS. existe encore et prouve en effet un peu contre 
Thomas , car si l'ouvrage existait déjà en 1427 à St-Trond, 
Thomas n'a pas dû le composer en 1442. 

Le MS. a éàé achevé en 1427. Je suppose que Wau- 
tier De Stapel l'a commandé en 1425 , la confection d'un 
livre demandait alors du temps et une pareille commande 
était une affaire dimportance qui se concluait devant no- 
taire, on ne l'aura faite que parceque l'ouvrage était 
généralement apprécié à sa valeur, il a falli^ du temps 
pour cela et sans exagérer on peut affirmer que 1420 
est l'année probable de la confection de \ Imitation, ce 
qui reculerait de 22 ans, l'existence d'un livre que l'on 
n'attribue à Thomas que sur la foi d'un MS. de 1442. 

Pour éviter cette difficulté , les défenseurs de Thomas 
placent la publication de cet admirable traité en 1410 , 
\ mais cela ne résout jpas la question. 

De quelque opinion que l'on soit sur le nom de l'auteur , 
on doit finir par avouer que l'ouvrage porte en lui-même 
des preuves évidentes , qu'il a été composé par un homme 
d'un âge mûr ou par un vieillard. Or, en sui^^nt les défen- 



\ 

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141 



seurs de Thomas , ii aurait eu à peine 30 ans , serait 
à peine sorti du noviciat et n'aurait reçu la prêtrise que 
depuis deux à trois ans , c'était être trop jeune pour parier 
avec cette autorité et le ton qu'il le fait. 

V Imitation contient même plusieurs preuves matérielles 
qu'elle a été composée par un vieillard. Ainsi au chapitre 
du premier livre , en détournant les lecteurs de la recherche 
du nom de l'auteur de ce livre, il dit en termes formels : 
« Ne vous inquiétez pas de l'autorité de celui qui écrit, 
s'il a peu ou beaucoup de science .... mais complaisez-vous 
dans la lecture des paroles des vieillards, jv Dans le ni® chap. 
du même livre, il insinue clairement qu'il a ^nnu un 
grand nombre de docteurs et de professeurs qui tous sont 
morts et remplacés. « Dites-moi où sont maintenant ces 
professeurs et ces docteurs que vous avez connus lorsqu'ils 
vivaient encore et qu'ils fleurissaient dans leur science. 
D'autres occupent à présent leurs places et je ne sais s'ils 
pensent seulement à eux , ils semblaient pendant leur vie 
être quelque chose et maintenant on n'en parle plus. » 
Pour avoir vu cette succession de dignitaires , il avait dû 
vivre longtemps j remarquons, en passant, un autre pas- 
sage de V Imitation qui est important , c'est au quatrième 
livre, chap. ix. « Je vous offre, dit-il, tous les pieux désirs 
des âmes fidèles, les besoins de mes parents, de mes 
frères, de mes sœurs etc. » Or, Thomas à Kempis n'a 
jamais eu qa'un seul frère et probablement pas de sœurs. 

Un argument très-populaire en Belgique en faveur de 
Thomas, mérite un mot de réponse. Il n'y a qu'un 
Flamand, dit-on, qui puisse dire: — Siscires totam bibliam 
exterius. — Ce mot Scire exterius est un flandricisme, 
continue-t-on, dont un Français n'aurait pu faire usage; 
mais que l'on veuille bien remarquer que Thomas n'était 
pas flamand; l'argument prouverait donc plus que l'on 




1>Î2 

u*exige^ le fait est que scire exterius est du lalin du 
moyen-âge ; ensuite on oublie que Gerson , que je prends 
pour l'auteur de Ylmitation^ a demeuré plusieurs années 
à Bruges comme doyen de St-Donat ; l'argument, s'il prou- 
vait quelque chose, serait donc plutôt favorable à Gerson; 
mais il existe d'autres preuves en faveur de Gerson et qui 
sont plus. concluantes. M. Onésyme Le Roy a découvert à 
Valenciennes un MS. qui ne laisse plus auom doute et 
qui prouve en même temps que Gerson prêcha à Bruges 
les premiers traits, la substance, le cadre et souvent le 
texte de ce qui plus tard, après avoir été traduit en latin, 
forma Vln^tatim. 

Ce fait généralement inconnu ici, mérite d'être relevé a 
Bruges. Mon intention est de résumer les découvertes de 
M. Onésyme Le Roy; mais j'ai besoin d'abord d'esquisser 
h vie de Gerson (1). 

Jean Charlier, dit le Docteur très chrétien, fut surnommé 
Gerson , du village de ce nom , dans le diocèse de Rheims > 
où il vit le jour le ii Décembre 1365. Il devint chau- 
celier de Funiversité de Paris, en 1393, au milieu des 
troubles de l'Église, de ce triste schisme d'occident, œ 
qui rendit très-difficiles à remplir les devoirs attachés 
alors à cette dignité. 

Par la protection du duc de Bourgogne, dont il était 
chapelain et aumônier, il fut nommé, le 13 Avril 139K» 
doyen de St-Donat à Bruges, où il passa les trois années 
les plus paisibles de sa vie, avant sa retraite de Lyc^i 
mais ayaut déplu à ce prince parce qu'il condamnait le 



(1) Voie Études sur ieê mifêtère§, etc. par Oaétyipe J^s^^ I^Uf 
chez L. Hachette ; 1827. 

Corneille et Geraon, par Oa^syme Le Roy. Paris, chez Adrien Le ClerO| 
1841. 



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145 



meurtre du duc d^Orléans commis par le duc de Bourgogne, 
il fut privé de ce bénéfice le 27 Mai 14H. 

L'intérêt de la saine doctrine le trouva toujours inébran- 
lable, mais Passujétit à une suite de persécutions. Le frère 
de Charles VI , le duc d'Orléans, se sentit vivement piqué 
par un sermon de Gerson et lui en fit éjw^ouver son ressen- 
timent. Ce même duc d'Orléans ayant été assassiné par 
le duc de Bourgogne son protecteur , il monta néanmoins 
en chaire, prononça l'oraison funèbre de l'assassiné et 
flétrit hautement ce lâche attentat. En butte alors à la 
haine de Jean-sans-Peur et d'une populace immorale, il 
eut sa maison saccagée et fut forcé de se cacher es 
haultes vousies de Notre-Dame de Paris. 

Lors des doubles élections de papes faites à Rome et à 
Avignon, il fut phis d'une fois député vers eux et ne les 
ménagea pas , il provoqua le concile de Pise et s'y con- 
duisit avec fermeté et prudence. Pendant la tenue de ce 
concile il publia son fameux traité d^ JuferibilUate 
Papœ, pour prouver que l'Église universelle a le pouvoir 
d'obliger deux concurrents à se désister de leur dignité et 
le droit de Ici» déposer s'ils refusent. 

Le concile de Constance ouvrit une nouvelte carrière à 
son zèle et à ses talents, il y assista en qualité d'am- 
bassadeur de Charles VI , de l'égfet de France et de 
l'iïBïve^sité de P^n>. Il publia à cette occasion j^usieurs 
traitée*. B élâit d^ entré en discussion avec la plupart 
des âovt^te^s de son temps et atait lutté- presque seiri 
contre le$^ superstitions , tes viees et les crimes de son 
siècle. Il avait attaqué, par exemple, l'astrologie Judlciwe, 
les visions, les talismans, la honteuse doctrine de fassas- 
smaÉ poétique. Le zèle el le courage qu'ïl avait montrés 
èsim te scUsme de l'église et contre tes macrvàtses doctri^ 
MSy toi suseitèfeni de noft^eux eàneYnis. Aussi fût-il 




144 

forcé (le se réfugier en Allemagne, déguisé en pèlerin. 
Gerson s'arrêta d'abord dans les montagnes de la Bavière 
et y composa, à l'imitation de Boè'ce, son livre de Consola- 
tione theologiœ, en prose et en vers , et une apologie de sa 
conduite à Constance. Ensuite il se rendit dans le duché 
d'Autriche, et après plusieurs années d'exil, il revint 
après la mort de Jean-sans-Peur se fixer à Lyon, vers 
i419, au monastère dès Gélestins, dont son frère était 
prieur. Une lettre de ce frère de Gerson nous donne 
sur sa vie à Lyon des détails extrêmement intéressants 
et qui vont nous aider à découvrir le véritable auteur de 
Ylmitation. 

u II mène , dit son frère , déjà depuis près de quatre ans 
la vie la plus tranquille et si retirée que vous le prendriez 
pour un ermite, quoiqu'il n'ait pas cherché encore le désert 
et qu'il habite au milieu de son peuple , sur quoi beaucoup 
de gens s'étonnent et disent : Que fait-il ici , si solitaire? 
pourquoi ne se produit-il pas en public? que ne va-t-il 
appaiser ces flots de colères qui débordent de toutes parts? 
Que fait-il enfin? Il se fait tout à tous: tantôt leur rend 
grâce ou les félicite , tantôt les aide de ses pieuses prières , 
exhorte les uns et compâtit aux autres. 

u Au milieu de ces soins, vous ne pouvez vous figurer 
par quels torrents de larmes échappées du fond de son 
cœur , il déplore la ruine à jamais déplorable de ce beau 
royaume de France, dépouillé, déchiré par les guerres 
civiles et abandonnée comme une curée à ses ennemis ..... 
Vous le verriez donnant un libre cours à ses soupirs , à ses 
sanglots , immobile , solitaire , se taisant et dans son silence 

attendant le secours de Dieu Mais s'il s'aperçoit que 

le moindre souffle de vanités humaines tente de l'ébranler, 
vite il descend de ces hauteurs au plus profond de la vallée 
et s'y met en lieu sûr, suivant moralement l'exemple du 



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145 

hérisson , qui aux attaques de son ennemi , se recueille , 
en se repliant tout entier sur lui-même. » 

C'est-là Ylmitation de Jésus-Christ réalisée par l'auteur, 
Gerson a fait d'abord et écrit ensuite , feciî et docmt, 
mais continuons: 

« Ne croyez pas néanmoins , poursuit le prieur , qu'il 
reste tout le jour engourdi dans l'inaction, le jour 
même parfois ne suffit pas pour achever les travaux salu- 
taires que lui suggère son esprit, très-souvent il est 
obligé de prendre sur ses nuits , et il se lève , au milieu 
des heures de repos, pour bénir le nom du Seigneur .... 
Allez donc maintenant le rembarquer sur ces flots d'une 
mer orageuse ! N'est-il pas bien plus sage de goûter , 
dans le calme de sa conscience, les joies du Seigneur, 
que d'aller lutter chaque jour , pour ne remporter de ces 
luttes que la haine, quand le nombre des insensés est 
si grand et la conversion des méchants si difficile? J'ajoute 
(comme il me l'a témoigné souvent lui-même), qu'il n'a 
jamais , autant qu'il se le rappelle , joui d'une paix , d'une 
joie plus profonde que dans ces moments où , déjà sexa- 
génaire , il s'était vu en butte aux traits acharnés de son 
ennemi (Jean-sans-Peur), et à des tribulations si diver- 
ses. Tant est vrai ce mot: Misère humaine à Dieu 
ramène. 

« C'est ainsi qu'en l'éloignant du siècle , l'épreuve le tour- 
nait plus vivement vers Dieu ; l'exil , les persécutions et la 
fureur des hommes ont été pour son âme la pierre qui 
aiguise, et l'ont rendue plus belle et plus brillante. Aussi 
m'^-t-il dit quelquefois, en gloriflant le Seigneur, qu'il 
ne s'était jamais senti l'esprit plus pur ni plus vif. C'est ce 
qui lui a fait composer d'excellents écrits qu'il m'a depuis 
peu communiqués et que j'ai lus si avidement , que leur 

10. 



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146 



doctrine, comme un vin généreux, m'a pour ainsi dire 
enivré. » 

Tout cela n'est que la pratique du 12* chapitre du pre- 
mier livre de \ Imitation, la vie égale et saintement paisible 
de l'auteur se réfléchit dans cette œuvre de sa vieillesse. Déjà 
dans son traité sur la manière de conduire les enfants dans 
les voies du Christ, De pueris ad Christum trahendis, il 
avait eu soin de se plier au style de son sujet et dimiter , 
comme il le dit, la simplicité de l'enfance en parlant des 
enfants. Rien de plus doux, de plus onctueux, de plus 
semblable à limitation de Jésus-Christ que la fin de ce 
traité où il engage les enfants , surtout les plus pauvres , à 
venir apprendre avec lui leur catéchisme : « Ne craignez 
pas, mes amis, leur dit-il, nous mettrons en commun nos 
biens spirituels. De vos biens temporels je ne veux rien. 
Par un heureux échange , ce que je vous donnerai d'instruc- 
tion , vous me le rendrez en prières ; ou plutôt nous prierons 
les uns pour les autres , et par-là nous trouverons peut-être, 
que dis-je, oui bien certainement nous trouverons grâce 
près de notre Père commun. » 

On dit qu'il rassembla, selon sa coutume, les petits 
enfants dans l'église , la veille de sa mort , et que , debout 
au milieu d'eux , il les engagea à répéter avec lui la prière 
qui suit : Dieu, mon Créateur, ayez pitié de votre pauvre 
serviteur, Jean Gerson. 

Ce ne sont pas ici des arguments directs qui prouvent 
que Gerson est l'auteur de Ylmitation, mais elles mon- 
trent au moins que les sentiments de Gerson sont les mêmes 
que ceux que l'on découvre dans Ylmitation. Il est bien 
constaté qu'il écrivit plusieurs petits traités pieux, mais 
dans sa dissertation sur l'auteur de Ylmitation, Ellies Dupin 
se trompe, lorsqu'il dit que le frère du chancelier atteste, 
dans sa fameuse lettre , que les Célestins avaient prié 




147 

Gerson de leur composer quelquMcrit sur ces paroles r 
Si quelqu'un veut marcher sur mes traces^ qu'il renonce 
à soi-même et qu'il porte sa croix et qu'il me suive ^ et qui! 
écrivît en leur faveur un opuscule sur ces mots par lesquels 
commence le iv® livre de V Imitation : Fenez à moi y vous 

tous qui êtes affligés Ces assertions du prieur seraient 

certainement remarquables et feraient une allusion évidente 
à Y Imitation; mais le frère de Gerson ne dit rien de pareil 
dans sa lettre , et je m'étonne que M' Onésyme Le Roy , 
toujours si exact, ait pu reproduire ce qu'avance Dupin, 
sans le vérifier. L'opinion qui attribue l'Imitation de Jésus- 
Christ à Gerson , n'a nullement besoin de faux arguments , 
surtout depuis que M. Onésyme Le Roy a fait la découverte 
d'un manuscrit qui décide la question, sans moyen d'y 
revenir. 

Un livre français intitulé: L'intemelle consolation , était 
répandu au milieu du xv' siècle; ce traité avait donné 
souvent l'idée qu'il pouvait bien être l'original de Y Imitation^ 
d'autres, au contraire, la prenaient pour une traduction 
longuement explicative de Y Imitation. Barbier, dans sa 
Dissertation sur soixante traductions françaises de l'Imi- 
tation de Jésus-Christ, sans décider, signala cependant 
L'internelle consolation comme pouvant conduire à retrou- 
ver l'auteur de Y Imitation, 

L'internelle consolation est divisée en trois livres qui 
contiennent la plus grande partie des sentences de Y Imi- 
tation et les parties les plus saillantes, ils sont comme 
une ébauche des trois premiers livres de cet admirable 
ouvrage, mais dans un autre ordre; le premier livre de 
Y Imitation est le troisième de L'internelle consolation; 
le deuxième livre repond au premier, et le troisième 
contient toute la substance du deuxième livre. 

Il restait à en trouver l'auteur et à savoir si l'ouvrage 



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148 



était un original ou une traduction; le style de ce traité 
n'était nullement celui des sermons français de Gerson 
qui nous sont parvenus. 

Ces sermons sont en petit nombre, car vers ces temps, 
les ouvrages ascétiques paraissaient rarement en français , 
les sermons même, quoique préchés en français, furent 
publiés en latin, et de cette époque, il est rare d'en ren- 
contrer un; c'en est au point que Gerson croit devoir 
s'excuser d'avoir écrit en cette langue. 

«Aucuns se pourroient esmerveiller pourquoi de tant 
haulte matière comme est la vie contemplative, je vueil 

escripre en français plus qu'en latin Ad ce, je répons : 

si pevent avoir recours les clercs qui scevent latin à telz 
livres , mais aultrement est de simples gens et par espécial 
de mes suers germaines aûxqueles je vueil escripre de 
ceste vie contemplative et de cest estât. » 

Il ne trouve que dans l'amour fraternel une excuse 
pour avoir écrit en français , comment concevoir qu'il ait 
composé LHnternelle comolatim en cette langue malgré 
ses habitudes et ses répugnances universitaires? Ensuite 
si L'intemelle consolation n'était qu'une traduction des 
trois premiers livres de Vimitation, en eut-on retranché 
des pensées excellentes, en eut-on surtout retranché le 
quatrième livre si sublime, si pieux? Pourquoi aussi en 
eut-on changé l'ordre? 

La question en était-là, lorsque M. Le Roy découvrit 
à la bibliothèque de Valenciennes un MS. ii^foUo» sur 
peau de velin, Grossé (une partie a Bruges et l'autre à 
Bruxelles, mais la même année et de la même main), 
l'an 1462, et par godiiiiendememt et ordonnance du très-- 
haut^ très-excellent et très-puissant prince Philippe duc de 
Bourgogne et de Brabant, 
Ce manuscrit contient, outre le fragment d'un petit 




149 

traité moral , deux serinons sur la passion , prêches à Paris 
et trois autres traite's eh forme de sermons , prêches par 
Gerson à Bruges , et qui ne sont autres que les trois pre- 
miers livres français de Y Imitation de Jésus-Christ, ou la 
première leçon d'après laquelle on a composé plus tard 
le traité de LHntemelle consolation, dont il ne nous re§te 
malheureusement que des copies rajeunies , et dont Gerson 
lui-même a fait ensuite Vimitafion. 

Pour qu'il n^y ait pas de doute sur l'auteur de ces 
sermons , je crois devoir copier ici dans les deux rapports 
sur ce manuscrit de M. Mangeart, adressés à M. Cousin, 
membre du conseil royal , les notes qui suivent : « J'ai 
examiné attentivement ce manuscrit, M. le conseiller, et 
je n'hésite point à croire que tous les traités qu'il renferme 
sont du même auteur. C'est dans tous à-peu-près le même 
style et quelquefois jusqu'aux mêmes expressions. Il y a 

identité de sentiments et de vues H y a entre les traités 

renfermés dans ce MS. et ceux publiés de Gerson la plus 

complète uniformité de pensées Laissant de côté les 

inductions et autres présomptions fournies par le raison- 
nement, je veux me tenir à quelques preuves matérielles. 
D'abord le nom de « Maistre Jehan Jarson , chancellier 
de Nostre-Dame de Paris répété à la tête de chacun 
des sermons sur la passion et parfaitement écrit de la 
même main qui, en 1462, a copié tout le volume, ne 
permet point de douter que Jean Gerson ne soit l'auteur 
de ces discours. » 

« Quant aux trois traités contenus dans notre MS. 
et que nous retrouvons, il est vrai, en latin, dans les 
éditions de V Imitation , voici ce qui me porte à les attri- 
buer au chancelier de Paris, » et M. Mangeart cite alors 
des passages de ces traités comme ceux-ci: «t Si comme 
toute ceste matière est plus a plain déclairée en la pre- 



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150 

mière partie de ce traittée sur le mystère de la passion. « 

Une miniature qui se trouve à la tête de son sermon 
sur la passion, nous le montre préchant en Peglise de 
St-Bernard à Paris ; mais peu de temps après il s'en fut 
vers sa solitude de Bruges , et c'est dans cette ville et devant 
la cour de Bourgogne que nous le représente une autre 
miniature, qui est mise sur la même page , où commence le 
l' sermon de L'internelk consolation. L'inscription de cette 
miniature est exactement celle du second livre de V Imitation: 
Cy commencent les admonitions tirans aux choses internelles 
et parle de l'internelk conversation. L'entête du texte latin 
porte : Jdmonitiones , ad interna trahentesj de interna con- 
versatione. C'est dans ce sermon qu'il dit: Smstien doncques 
avecque Jhesu-Crist se tu veulz régner avecques Jhesu-Crist. 
C'est le texte exact de Vimitation, liv. ii, chap. i. Sustine 
te cum Christo et pro Christo, se vis regnare cum Christo. 
On y retrouve le troisième chapitre du deuxième livre de 
Y Imitation: uTien toy premièrement en paix et lors tu 

pourras les autres pacifler Qui mal se contente et es- 

meult, il sera dejetté (agité), de moult souspechons, 
ne il ne reposera , ja ne lairra les autres reposer. Il dist 
souvent ce quil ne devroit pas dire , et délaisse à faire ce 

qui lui serait plus expédient Aucuns sont qui a eulx 

meismes nont point de paix , et si ne laissent les autres en 
paix. Ils sont griefs aux autres et a eulx meismes sont ilz 
plus griefs , tu scez bien tez fais excuser et coulourer et 
ne veulz recepvoir les excusations des autres. Mieulx 
vauldroit toy accuser et ton frère excuser. » Voici la tra- 
duction latine de ces mots , tels que les contient V Imitation: 
Tene te primo in pace, et tune poteris alios pacifkare. 

C'est le début du chapitre. Qui maie contentus est et 

commotus variis suspicionibus agitatur: nec ipse quiescit 
nec alios quiescere permittit dicit scepe quod dicere non 



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151 

deberet; et omittit quod sibi magis facere expediret Et 

sunt qui nec pacem habent, nec altos in pace dimittunt : 

aliis sunt graves, sed sibi semper graviores tu bene 

sets facta tua excusare et colorare et aliorum excusationes 
non vis recipere. Jmtius esset, ut te accusares et fratrem 
tuum excusares. 

Je dois me borner à quelques citations, pour montrer 
que ces trois traités contiennent plus encore qu'en germe 
les trois premiers livres de l'œuvre célèbre dont nous 
cherchions l'auteur^ on peut d'ailleurs consulter pour plus 
amples détails les recherches de M. Onésyme Le Roy; 
mais pour ne laisser aucun doute, je me permets de copier 
le commencement et la fin du troisième sermon et de 
mettre en regard le texte de V Imitation. 



€tttt me 0tmt H ne m pa^ 
en tembree^ ce bbt noetre 
Seigneur 3 Ijeeu-ittriôt, Ce wnt 
tej lee paroles bu itU be Dieu 
par lesquellee nou0 dotntnee 
atnw0ne0te« que nou0 eneieu- 
vone 0a oie et 9e6 meur^ ^ de 
nou0 Douions eetre oralement 
tnrline£^ et be toute aoeuglerie 
be mer eetrebeliore?! eoit bonc- 
quee noMre douoerain estube be 
mebiter en la Doge be 3l)e0u-' 
Criet* Sa boetrint be 3i)e0U'' 
ttriftt va par btesu» toutes les 



TEXTE DE L'IMITATION , . 
LIVRE I , GHAP. I. 

Celui qui me suit, ne mar- 
che point dans les ténèbres, 
dit le Seigneur (Joan. viïi, 
12). Ce sont les paroles de 
Jésus-Christ, par lesquelles 
il nous exhorte à imiter sa 
conduite et sa vie, si nous 
voulons étré vraiment éclai- 
rés et délivrés de tout aveu- 
glement du cœur. 

Que notre principale étude 
soit donc de méditer la vie 
de Jésus-Christ. 

2. La doctrine de Jésus- 
Christ surpasse toute doc- 
trine des saints ; et qui pos- 



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154 



ûutre0 bocimee be^ 6amt0^ ti 
qutc0tT(iue0 aurait lesf^ertt it 
WxtVL il g trouorrott tnanne rc- 
^om. iWaiô il abment que plu- 
ôieur» par fréquente aubitian 
be l'eDangile «entent un petit 
béeir ^ pour ce quiU nont point 
lesperit be 3l)e0U-®rt0t. iOlui 
xH^eult platnement et eavoureu-^ 
sëtnent entenbre les parolee be 
3l)e0u-4rri0tf il 0e confient 
f0tubier et f0nfermer 0a vit a 
celle be 3l)e0U-4rri0t* iOlue te 
prpuffitebi0puter I)aulte0cl)a0e0 
be 3l)e0u-4rri0t et be toute la 
îrinîte' ^ 0e en tog na point be 
l)umilite\ parquoj tu bc0plai0e0 
a la Trinité* tiraiment I)aulte0 
par0U0 ne font point rt)omme 
0aint ni rt)omme îu0te ^ maio 
oie Dertueu0e le fait cl)ier a 
Mm. 9ieict plu0 h eentir 
compuction que 0cao0ir la bif- 
finition. Si tu 0caooi0 toute la 
bible par bei)or0 et le0 bit0 be 
tou0 pl)ilo0opl)e0 que te prouffi'^ 
teroit tout ce ^ 0an0 cl)arite et 
0an0 la grâce be IViett* tlanite 
bee oanites^ toute» ci)00e0 0ont 



sèderait son esprit, y trou- 
verait la manne cachée. 

Mais il arrive que plu- 
sieurs, à force d'entendre 
l'Evangile , n'en sont c[ue peu 
touchés, parce qu'ils n'ont 
pointl'esprit de Jésus-Christ. 

Voulez-vous comprendre 
parfaitement et goûter les 
paroles de Jésus-Christ, ap- 
pliquez-vous 'à conformer 
toute votre vie à la sienne. 

3. Que vous sert de rai- 
sonner profondément sur la 
Trinité, si vous n'êtes pas 
humble, et que par-là vous 
déplaisiez à la Trinité? 

Certes les discours subli- 
mes ne font pas l'homme 
juste et saint ; mais une vie 
pure rend cher à Dieu. 

J'aime mieux sentir la com- 
ponction, que d'en savoir la 
définition. 

Quand vous sauriez toute 
la Bible et toutes les seur 
tences des philosophes, que 
vous servirait tout cela , sans 
la grâce et la charité? 

Fanité des vanités^ et tout 
n^est que vanité (Eccl. i , 2), 
hors aimer Dieu , et le ser- 
vir lui seul. 



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145 



mmii^ fom 9ttn it bon ruer 
orner et ternir, «arc ert m la 
B(nxvtvaxnt Bûfunct tenbre an 
rejne releete par le conitm^i 
iu monbe. €m boneque^ Da- 
nhé be quitvc rtcl)e00e0 tpxj^ 
fixiMtnt et be eeyerer en tlle»* 
€eet tmhi be beetrer Ijonneure 
par ambition et be 00g eeleoer 
en i)ault* €e0t oanité be 0teu- 
DÎr le» beeîre be la t l)ar et' be 
ce beetrer bont aftti^ U convient 
e«tre wonlt jrteftnent pujnj» 
iSedt vanité be b/^irer longue*' 
ment viore et be bien peu curer 
be bonne vie* Ceet vanitt be 
rejarber ceMe viepreeente seu- 
lement et non abvieer aincijoie 
a (elle ijug t»t aivtmx. 



La souveraine sagesse est 
de tendre au royaume du ciel 
par le mépris du monde. 

4. Vanité donc, d'amasser 
des richesses périssables , et 
d'espérer en elles. 

Vanité, d'aspirer aux hon- 
neurs, et de s'élever à ce 
qu'il y a de plus haut. 

Vanité , de suivre les désirs 
de la chair, et de rechercher 
ce dont il fau()ra bientôt être 
rigoureusement puni. 

Vanité, de souhaiter une 
longue vie , et de ne pas se 
soucier de bien vivre. 

Vanité , de ne penser qu'à 
la vie présente, et de ne pas 
prévoir ce qui la suivra. 

Vanité, de s'attacher à ce 
qui passe si vite, et de ne se 
pas hâter vers la joie qui ne 
finit point. 



Lorsque trente ans plus tard parut V Imitation en latin , 
sans nom d'auteur, je m'explique assez nettement d'où 
provenait l'hésitation des uns à l'attribuer à Gerson , mal- 
gré les rapprochements frappants et constants entre ce 
livre et les sermons de Bruges ; et l'assertion positivevdes 
autres qui le lui attribuèrent, car l'imprimerie n'existant 
pas encore, les sermons de Bruges sur LHntemelle conso- 
lation durent être peu connus et l'identité de ces sermons 
avec les dififérents livres de l'/mi^aliow impossible à con- 



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154 

stater pour ta plupart. Gd mystère n'en étati pas cepcn 
dant un sans dcmte pour tous et il e&t à crdre que plusieur& 
amis ont été rais dans le secret , mais cpi'ils auront res- 
pecté les motifs qu'a^aît Gerson de rester inconnu^ M. Le 
Glay signale, dans son intéressant Catalogue des MMS. de 
la bibliothèque de Cambrai, où demeurait llllustre araî de 
Gerson, le cardinal Pierre d'AiMy, un MS. du I' livre 
de V Imitation, du xv* swcle, afeo ce litrç: Privmà Hber 
magistri Johmnis Gerson^ caimUimi p^kie^$^ d» hi^ 
TATiONE Ghristi. M. l'dbbé Geace dit que ce mém& pre^ 
mier livre, avec la date de 1421 , a éAé trouvé à l'abbaye 
de Mœlck, ^ Autriclie^ que Gerson avait peut-être visité 
pendant son exil el où il avait conservé des amis. 

La fin de ce sermon n'a pas des rapports moins frap- 
pants avec te fin du premier livre de thnHation, c'eâft la 
dernière citation que je fais : 



moult ht %fm W pottftt ht 
6mnU mfnitoiiii> mi ïpft'- 
ttnx bt btfândir m iairmrit 

proufUent m ttvtm tnf ytttft 
quî U0 autres qn^ «entorrent 
it oginm U» éjfitta (pn(j^ Uuk 
dmrt tfcuùw» it (Ofntrokus» 

mntg^t tcf^ v$ém^ et 4«t(^ 
^îl d9tt ÏM tMxta^m it xaa 
pmi tn nttlîctftte i tu Wts 
cntenbrt ^itti: rt (amrA tu 
yrmtfttara oitoni comte tu 
fttûê ht fmt m to^ 



Une cbûs« réfroidit en 
quelques-uns Tardeur d'avan- 
cer et de se corriger: la 
crainte des difficultés, et le 
travail in combat. 

En effet, ceux-là devan- 
cent les autres dans la vertu, 
qui s'effioroeni mmw W f lus 
décourage deae$vaîttcre enr- 
méi&fis dunfi ee^ qui leur est 
leplua péniMe et fui contra- 
riei te pin» leurs pedehant&. 

VeiMesL snr vousi,. esriles- 
Tous^ dv«rtîs9ea-vouep<i qmi 
cp'il €» sent diss autres^ y ne 
fljégSgfE pas vott-^mâne. 



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155 

Celug qui vht n règne Mite Vous ne ferez de progrés 
fin Mmt tellement i^rouftter qu'autant que vous vous ferez 
ifatam mhu gloire be llara- de violence. 
fixmm^ ixirvenir* ^Irnen* 

Ces trois sermons contiennent tous des traits qui con- 
cordent aussi exactement avec l'un ou l'autre des livres de 
Ylmitation; les seules différences qu^on y remarque, 
proviennent de la position où se trouvait Gerson en prê- 
chant ses sermons à Bruges ou en les traduisant en latin 
pour l'usage des moines, à Lyon. Gerson, doyen de Saint- 
Donat à Bri^s et prédicateur à la cour des Ducs de 
Bourgogne, devait parler autrement qu'il ne put le faire 
dans sa retraite de Lyon , avancé en âge , vivant en religieux 
et parlant aux moines. Aussi, dans le vieux texte français 
on ne trouve pas cette vive peinture de la dure vie des 
religieux de la Chartreuse, de Giteaux etc. et des écarts et 
du relâchement de quelques autres ; adresssés a la cour 
de Bourgogne, ces détails étaient sans but, sans utilité, 
et auraient pu paraître une insulte à quelques-uns. Mais 
en écrivant pour les Gélestins, sujets de son frère, ce 
tableau rentrait dans ses vues; on le trouve donc dans 
Yjfmittttion et on ne le rencontre pas dans les sermons. 

Le portrait de l'homme pacifique, qui est conservé dans 
le deuxième livre de ïlmitaHon, offre les leçons et les 
ai^lications ks pliK heur^ses à Philippe-le-Hârdi , à qui 
le doyen de St-Donat dit ce qu'il dmt faire: ^'il vmt éta- 
blir la pa^ chez lui et diesks au^es. Philippe^ comme on 
^t, eut à pacifier non seulement se& états, mais la 
Finance entière et l'Europe en prob à tous les dâ)orde- 

Ge qu'en dit Gerson dans ses sermons et cpi'il repète 
éms le deixième Kvre de l'/mîroiMm, est en tout conforme 



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156 



à ce que Thistoire des Ducs de Bourgogne a dit de 
Philippe-le-Hardi. 

Mais ce qui est remarquable, c'est le développement 
inusité que , dans un sermon , comme dans le chapitre de 
l'homme pacifique^ notre doyen de St-Donat donne au 
caractère qui lui sert de contraste à cet esprit indiscipliné 
et soupçonneux, implacable surtout, inconséquent, à 
charge à autrui non moins qu'à lui-même, et qui semble 
jeté sur la terre pour n'être jamais en repos et n'y 
jamais laisser les autres. 

Qu'on relise ce portrait , et on se convaincra que notre 
doyen de St-Donat eut quelqu'un en vue et c'était sans 
doute Jean-sans-Peur , cet indigne fils de Phi^ppe, ce 
malheureux qui sur un léger soupçon , sur le mot indis- 
cret d'une femme, jure la mort de son parent, du frère 
de son roi, le fait assassiner, dissimule son crime, eii 
convient tout-à-coup , s'en accuse , et bientôt s'en vante 
et en laisse faire lapologie. Notre doyen avait déjà sans 
doute démêlé le caractère de ce jeune homme , et av it 
essayé de le convertir en déroulant devant ses yeux les suites 
de ses "vices, mais ce fut en vain. Aussi Jean-sans-Peur 
eut-il toute sa vie l'aversion la plus décidée de notre doyen, 
il le persécuta et ce ne fut guères qu'après la mort du 
prince que le doyen de St-Donat put rentrer dans son 
pays. Par suite de ces préventions, le prince avait sans 
doute essayé d'étouffer jusqu'au nom de Gerson et de ses 
admirables sermons , mais l'impression qu'ils avaient laissée 
était si forte, que Philippe-le-Bon, le fils de Jean-sans- 
Peur , fit à la fin recueiUir les écrits de notre doyen , et 
Içs fit transcrire par un deâ plus fameux calligraphes de 
l'époque , évidemment dans l'intention de les transmettre 
à la postérité. 

Cette cour de Bourgogne , si heureuse à Brages du 




157 



vivant de PhiUppe-le-Hardi , méritait bien de recevoir 
notre doyen et d'entendre la première inspiration du plus 
beau des livres qui soit sorti des mains des hommes, et 
rien n'honore Philippe-le-Bon , comme la justice qu'il rend 



La miniature ci-jointe, tirée du manuscrit de Valen- 
çiennes , nous montre le doyen de St-Donat au moment 
où il fait u les admonitions tirans aux choses interneUes 
et parle de IntemeUe conversation, » devant la cour de 
Bourgogne et en présence de son duc et de sa duchesse 
que Ton découvre dans une tribune l'artiste nous y 
dépeint la cour céleste toute entière, Dieu, la Vierge, les 
Saints et les Saintes, inspirant notre doyen et les anges 
qui applaudissent des ailes et rendent gloire à Dieu du 
présent qu'il fait à la terre , il semble avoir voulu dépein- 
dre l'effet produit par ces admonitions. L'heureuse in- 
fluence de la parole grave et sublime du célèbre doyen 
de St-Donat est déjà répandue sur le peuple de Bruges , 
l'attention des auditeurs et leur recueiUement est remar- 
quable, surtout celui des femmes , <c Qui vous sont assises 
bien à la terre et voulentiers , se faire se povoit, se bou- 
teroient dedans par grande humilité. » 

M. Onésyme Le Roy, qui le premier a reproduit cette 
miniature, fait remarquer que la forme de l'humble man- 
tille que portaient les femmes à Bruges, est encore la 
même aujourd'hui , et il ajoute en note : « Rien n'a 
changé à Bruges. » Je suis sûr qu'il n'a été animé que 
de bienveillance en traçant ces mots , mais je le préviens 
qtie sa remarque a excité un rire fou parmi nous. La 
Belgique semble être située aux Antipodes pour les Fran- 
çais, tellement ils la connaissent mal ou la méconnaissent 
à plaisir. Il ne nous manquait plus que de devenir une 
nation fossile , et c'est la découverte que nous sommes 



à celui que son père avait persécuté. 




158 

sur le point de voir faire par quelque Français, né malin, 
qui s'emparera des paroles de M. Le Roy. Nô désespérons 
de rien , nous aurons bientôt à joindre cé trait à la cari- 
cature que les écrivains français tracent de temps en temps 
de nous , dans leurs revues. Le fait est qu'à Bruges tout 
a changé, et si bien, qu^il est impossible de distinguer 
extérieurement un Français d'un Brûgeois , ce qui n*est pas 
toujours sans inconvénient. 

Mais quel motif a pu avoir Gerson de se cacher d'un 
bon livre? Pourquoi nVt-il pas signé son travail? Son 
humilité d'abord, le besoin d'expier sa gloire passée tt 
de rabaisser même la vanité présente dont îl craignait, 
nous a dit son frère , que le moindre souffle ne vînt rà)ran- 
1er. Mais il avait un autre motif pour éviter d'être c(mnu 
du siècle; c'était pour qu'un ouvrage, le fruit de trente 
ans de méditations , écrit pour tous les temps , pour tous 
les chrétiens, ne pût être jugé par les préventions étroites 
de l'esprit de parti , dont personne plus que Gerson fle 
devait craindre les effets. 

Gerson avait eu le courage de dirô la vérité et de 
la défendre contre tous les hommes de son temps ^ et il 
était cordialement détesté par eux. Ayant été nommé chan- 
celier de l'université de Paris, sa première démarche fut 
de se rendre devant le faible Charles VI , et de lui signâ- 
ler^ dans un discours qoi nous est conservé, les abns^ les 
excès auxquels le royaume était en proie par la faute des 
princes, car leur d{sêm9iùn, dit le courageuiE orateur, M 
trop nuisabk et rethèt toute mr le pamr^ peuple. Après avoir 
énuméré tes maux causés aux gens petit» par ks varlêts 
de certains grandâ tolérés par leurs mattres, il dit au 
roi: «Toy, prince, tu ne faicts pas tela maux, il est 
vrai , mais tu les souffres ; advise se Dieu jugera juste- 
ment contre toy en disant; je ne te punis pas^ mais si 



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159 

les diables d^enfer te timrinentent je ne les empescheray 
point. » Le dao d'Orléans, snr qui tombaient les traits les 
pins piquants de ce discours , s'en courrouça et sut s'en 
¥ei^r« J'ai dit en commençant comment Gerson s'attira 
l'inimitié du duc de Bourgogne. Il s'était ékvé contre les 
romans de son temps et indisposa fort contre lui les 
littérateurs en attaquant aussi la représentation de ce que 
l'on nommait des mystëres. 

tes Dominicains ayant été exclus de l'enseignement 
public, Gerson prit fait et cause pour eux, et dans une 
lettre datée de Bruges , il les élève au-dessus de leurs ad- 
versaires. Gerson peu après, en défendant la vérité, s'était 
aliéné les ordres religieux qui prétendaient pouvoir prê- 
cher dans les paroisses sans la permission des évéques et 
des curés. Dans ses efforts pour éteindre le schisme 
d'occident , son zèle finit par lut attirer la haine du clergé. 
Il se fit d'autres ennemb encore en attaquant Pastrologie 
judiciaire , les visions , les flagellants , les talismans et tous 
les égarements de son temps. Son amour pour la vérité, 
ses luttes courageuses avaient déplu; seul contre tous, il 
avait eu le malheur d'avoir trop raison, et cela suffit pour 
avoir tort« Gerson n'a donc pas voulu compromettre le suc 
ces de son livre par l'adjonctioa d'un nom propre que tant 
de passions avaient tâché de flétrir. Il voulait être utile en 
servant les hommes , même en dépit d'eux-mêmes , car la 
plupart auraient repoussé le livre si l'auteur s'en était fait 
connaître , les préventions contre lui auraient suffi seules 
pour arrêter la propagation de son livre. L'anonyme aida 
au succès, car dès qu'il fut goûté, le vague heureux sous 
lequel il dreulajt permettait à tous les ordres religieux de se 
l'attribuer; il parvint ainsi à braver le ^iicle, que craignait 
pour lui son aqteur. Mdis il e^t temps de restituer à 
Gcirsoii ce qui hii appartient et de lui rendre U gloire 



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160 



qu'il a si soigneusement évitée durant sa vie. Grâce à la 
généreuse idée de Philippe-le-Bon qui a fait recueillir les 
sermons que Gerson avait prêches devant son père, tous 
les mystères dont l'auteur de Vimitation était encore enve- 
loppé, s'éclaircissent. Les sermons de Gerson, conservés 
à la cour de Bourgogne, auront été communiqués à 
d'autres personnes, et puis revus, corrigés et augmentés 
par des hommes de bon vouloir; après avoir reçu ce déve- 
loppement, le copiste, de sermons aurai fait des traités, 
de là L'internelk consolation répandue au xv' siècle, dont 
le fond appartient à Gerson et le reste à d'autres, qui 
n'avaient ni le style , ni la simplicité de l'auteur des ser- 
mons. Un des motifs les plus décisifs de l'opinion qui 
réfusait d'admettre Gerson comme auteur de Vinterneile 
consolation était l'assertion de Gerson lui-même, qui dit 
qu'il n'écrivit qu'une seule fois en français et qui s'en 
excuse même; depuis la découverte de M. Onésyme Le 
Roy, la chose se comprend. Le traité de Z'm^emeffe con- 
solation n'est autre chose que les trois sermons de Gerson, 
que plus tard il traduisit en latin , comme il avait fait du 
traité adressé à ses sœurs. M. Le Roy nous prépare une 
édition de ces trois sermons , et dès lors il sera évident pour 
tout le monde que cet immortel ouvrage est l'œuvre d'un 
doyen de St-Donat , et qu'il fut prêché d'abord à Bruges , 
avant que Gerson, son auteur, le mit en latin à Lyon. 



Note P. 139. Je reçois à Tinstant quelques renseignements sur le MS. de 
Lou^ain. Cet ouvrage porte tous les indices d'une cBuvre autographe. Il 
contient des ratures, des leçons variées, écrites sur des morceaux de pa- 
pier et collées sur un texte primitif et reformé, ce qui appartenait à l'au- 
teur seul et qu'un autre ne se serait jamais permis. CeMS. provient de 
l'abbaye de St-Martin, à Louvainj il porte la date de 1448, c'est un 
in-folio, d'une écriture serrée qui ne contient que des traités de Tho- 
mas à Kempis, mais parmi lesquels le livre de V Imitation ne se trouve pas. 



L'abbé C. Carton. 




161 

VVV\VVVVVVV\VVVV\AVVV\VVVVVVVVVVVVVVWV\V\.WV\WWV.\WWV\WWV\.VM 



BIOGRAPHIE DE M. PYCKE. 



La Société d'Émulation et la plupart des sociétés lit- 
téraires du pays viennent d'éprouver une perte sensible 
dans la personne de M. Léonard Pycke, que la mort 
a enlevé à sa famille et à ses nombreux amis. Né 
à Meulebeke, village de l'ancienne châtellenie de Cour- 
trai, en 1781 , il montra dès Tâge le plus tendre un goût 
prononcé pour le barreau. Il fit ses études au collège de 
Mol , dans la Gampine , commença son cours de droit à 
Paris et l'acheva à Bruxelles. Son ardeur pour la science 
fut si grande , qu'il passa souvent ses nuits sans prendre 
de repos. Une mémoire vaste, une pénétration d'esprit 
rare , une voix sonore et une élocution sans gêne , telles 
étaient les dispositions , qu'avait le jeune étU(Uant en droit 
à la fin de son cours d'étude. 

Il s'établit, en 1808, comme avocat à Courtrai et 
bientôt, comme il le dit lui-même dans un mémoire, les 
heures du jour ne suffirent plus à l'examen des nom- 
breuses afiaires qui lui furent confiées. Le code civil français 
était en vigueur depuis peu d'années, M. Pycke en avait 



Akkales — Tome ÏF'. 



11 




162 



fait une étude toute spéciale , sans négliger le droit cou- 
tumier qui nous régissait auparavant et qui bien souvent 
dut être invoqué et appliqué durant cette époque de tran* 
sition des lois; aussi, les autres jurisconsultes, les 
publicistes et les professeurs mêmes , consultèrent bien 
souvent le jeune avocat de Courtrai sur les questions 
difficiles qu'ils rencontraient dans l'application des lois , et 
ses réponses exactes contribuèrent à affermir sa réputation. 

Après les événements politiques de 1814, M. Pycke 
fut choisi pour faire partie de plusieurs commissions de 
la nouvelle organisation civile. Dès lors il lui fallut joindre 
à l'étude du droit civil celle de la science de l'administra- 
tion publique , et l'homme savant et laborieux ne recula 
pas devant les nouvelles charges qu'on lui avait imposées ; 
une partie de ses nuits laborieuses fut consacrée à cette 
étude importante. L'activité qu'il avait déployée dans la 
carrière administrative le fit nommer par le roi Guil- 
laume, le 5 Juillet 1816, membre de la commission de 
rédaction d'un projet de règlement sur les régences des 
villes. 

Appelé à la sous-intendance de l'arrondissement de 
Courtrai, pendant que M. Du Bus siégeait aux États- 
Généraux, il remplit gratuitement ces fonctions durant 
trois années, de 1816 à 1818, et fit partie des États de 
la province pendant trois sessions jusqu'à ce qu'il fut élu 
membre de la seconde chambre des États-Généraux , le 5 
Octobre 1818. Il avait rempli pendant six ans les fonc- 
tions de juge suppléant au tribunal civil. 

Un arrêté du roi le nomma, le 4 Juin 1817, secré- 
taire de la chambre de commerce et des fabriques à 
Courtrai ; fonctions qu'il remplit d'une manière si désin- 
téressée , qu'il renonça à son traitement en faveur de la 



ville. 




163 



Ge désintéressement, il le montra durant toute sa 
carrière administrative, en refusant tout traitement pour 
la pl^ce d'avocat de tous les établissements charitables 
de l'arrondissement de Gourtrai pendant dix ans , et sur- 
tout en acceptant la nomination de Maire de la ville, puis- 
qu'il dut renoncer de ce chef à ses fonctions d'avoué. 

Sa nomination de Maire, nom qu'on changea bientôt 
en celui de bourgmestre, remonte au 25 Juillet 1817, 
et fut comme le signal d'une suite de tracasseries. Il est 
d'ailleurs impossible de plaire également à tous les partis 
lorsqu'on est placé à la tête d'une administration , surtout 
lorsque le chef est guidé par un esprit d'ordre et d'éco- 
nomie, tel que M. Pycke montra durant tout le temps 
qu'il fut bourgmestre. C'est à lui que la ville de Gourtrai 
est redevable du bon état de ses finances et du redresse- 
ment des abus qui existaient avant son entrée en fonction. 

A la chambre M. Pycke appartenait par ses opinions à 
l'opposition libérale et cela suffit pour encourir la haine 
du ministre Van Maanen , qui chercha un motif quelcon- 
que pour persécuter et pour faire fléchir de son côté le 
premier magistrat de Gourtrai. 

Une dénonciation anonyme, dans laquelle fut envelop- 
pée une grande partie de la régence , fut faite au gouver- 
nement et M. Pycke fut renvoyé devant le Tribunal cor- 
rectionnel de Bruges, du chef de prévention d'un défit 
prévu par l'article 175 du code pénal. L'arrêt qui prononce 
ce renvoi porte, qu'il y a des charges suffisantes pour 
étabUr que le prévenu Léonard Pycke a fourni des briques 
pour la reconstruction de la Halle et la construction de 
deux aubettes dans la ville de Courtrai^ et ce dans le temps 
qu'il était bourgmestre de la même ville , et comme tel 
chargé d'en ordonnancer les payemens^ ou de faire la 
liquidation des dites dépenses. 




164 

Da chef de cette accusation, il fut emprisonné au 
mois de Juin 1822, et choisit pour ses de'fenseurs, 
MM. De Vleeschauder et Beyens du barreau de Bruxelles, 
avec lesquels il était depuis longtemps lié d'amitié. On 
employa d'abord des moyens de cassation contre Parrét 
rendu par la chambre de mise en accusation et le prévenu 
de concert avec M. l'avocat Beyens et l'avoué Mandos, 
publia ses moyens de cassation en une brochure de vingt- 
sept pages in-4°. Ce mémoire, remarquable par sa lucidité 
et par sa logique serrée , démontre à ^évidence l'innocence 
dû prévenu. Il est adressé à MM. les Président et Con- 
seillers de la cour supérieure de justice , à Bruxelles , 
première chambre , siégeant comme cour de cassation et 
ne porte pas de nom d'imprimeur. Les moyens de cas- 
sation furent cependant rejetés et l'inculpé parut devant 
la cour de Bruges, présidée par M. Van de Velde, au 
mois de Décembre 1822. L'acquittement suivit la défense 
et M. Pycke fut mis en liberté le 22 du même mois. 
Nous pourrions dire ici avec le prévenu: Il est difficile 
de croire, il est douloureux de penser que des cîrcon- * 
stances aussi naturelles , des faits aussi simples , reconnus 
licites et innocents par l'autorité administrative , aient pu 
présenter ensuite les caractères d'un crime ou d'un délit , 
et servir de base à ces poursuites rigoureuses ; mais on 
n'est plus étonné de toutes ces injustices , lorsqu'on con- 
nait les scandales judiciaires commis par le ministre de 
la justice d'alors. 

M. Pycke continua à siéger à la chambre des États- 
généraux, jusqu'à ce qu'éclata, en 1830, la révolution 
belge. Il n'eut alors rien de si empressé que de se rendre 
à la Haye et ensuite à Bruxelles pour sauver le pays 
d'une anarchie complète. La révolution étant consommée 
et ne l'approuvant pas sous tous les rapports , il se retira 



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Î65 



de la carrière publique pour s'adonner tout entier à son 
goût de la culture des belles-lettres. 

Ce jurisconsulte s'était déjà assigné une place parmi 
les savants du pays par la publication de plusieurs mé- 
moires, marqués au bon coin de Texactitude et qui lui 
ouvrirent les portes de l'académie royale de Bruxelles, 
dont il fut nommé membre de la classe des lettres , le 4 
Février 1829. 

La même académie lui décerna le deuxième prix, en 
1822 , pour un mémoire sur l'état de la législation et des 
tribunaux ou cours de justice dans les Pays-Bas autri- 
chiens , avant l'invasion des armées françaises , et sur les 
changements que la révolution française et la réunion de 
ces provinces à la France , pendant près de 20 ans , ont 
opéré dans la législation et l'administration de la justice 
civile et criminelle. Cet ouvrage fait partie des Mémoires 
couronnés j et a été tiré à part, en 1824, format in-4°, 
de 29 S pages, chez De Mat, à Bruxelles. L'auteur se 
proposait d'en donner une nouvelle édition , comme il le 
dit lui-même dans une de ses lettres , « les exemplaires en 
sont épuisés, mais je m'occupe d\ine nouvelle édition 
augmentée de nouveaux documents. » 

L'académie de Bruxelles décerna , en 1827 , la médaille 
d'or, au mémoire de M. Pycke, en réponse à la 
question : « En quels temps les corporations connues sous 
le nom de métiers, Neeringen en ambachteny se sont-elles 
établies dans les provinces des Pays-Bas? Quels étaient 
les droits, privilèges, et attributions de ces corporations? 
Et par quels moyens parvenait-on à y être reçu et à en 
devenir membre effectif (1). » 



(1) 80 pages m-4«. Imprimé chez Hayez, à BruzeUes, en 182Z.. 




166 



La même académie avait proposé une autre question : 
« Quels étaient les droits et les attributions des États dans 
les différentes provinces des ci-devant Pays-Bas autri- 
chiens , d'après les constitutions et les droits publics de 
chaque province, jusqu'à l'époque de la réunion de la 
Belgique à la France, en 1795?» M. Pycke avait écrit sa 
réponse sur cette question, lorsque l'académie jugea à 
propos d'annoncer que la question était retirée du concours. 
Ce travail peut cependant être considéré comme un des 
meilleurs sortis de la plume du jurisconsulte courtraisien. 

Retiré des affaires publiques, M. Pycke s'occupait 
durant nombre d'années d'un grand ouvrage sur le Code 
civil , et malgré l'affaiblissement de son corps et l'atrophie 
de son intelligence usée par le travail , il passait encore 
une partie de ses nuits à l'étude, qu'il ne quittait que 
malgré lui, lorsque la fatigue l'y forçait. Il mourut à 
Cour Irai, le 8 Février 1842, à l'âge de 61 ans, re- 
gretté de tous ceux qui l'avaient connu dans l'intimité 
de l'amitié. Une vive pénétration d'esprit , une conversa- 
tion agréable , mêlée de saillies bien placées , rendaient sa 
société très intéressante. Sa conversation favorite roulait 
d'ordinaire sur des questions de droit ; alors il devenait 
tout animé et intéressait les assistants par sa diction et 
sa logique claire et serrée. 

La Société d'Émulation perd en M. Pycke un de ses 
membres honoraires, qui lui ont montré le plus grand 
intérêt. L'envoi de ses ouvrages et sa correspondance 
nous ont témoigné qu'il avait à cœur l'encouragement des 
belles-lettres et surtout l'histoire de sa Province. 



L'ABBÉ F. Van de Putte. 




167 



PUBLIÉS SUR NOTRE PROVINCE OU DANS NOTRE PROVINCE. 



Fidèle à la promesse que la rédaction des Annales a faite ^ 
nous joignons à ce N° l'annonce des ouvrages qui ont paru 
sur rhistoire de notre province. Il ne sera pas sans utilité 
de jeter quelquefois un regard sur les années précédentes, 
et de rappeler aux souvenirs de nos concitoyens des ouvra- 
ges écrits sur l'histoire de notre belle province ou sur quel- 
que point particulier de cette même histoire. C'est évidem- 
ment dans le but de donner à nos Annales un dégré d'intérêt 
de plus, que nous entrepenons ce travail, mais d'antres 
motifs nous y engagent également. Bien des auteurs se 
contentent de produire , sans remarquer qu'il reste à trou- 
ver les moyens de placer les ouvrages; les publications 
sont trop peu connues , et restent en magasin et les auteurs 
ne font pas leurs frais, de-là le découragement; et ce sont 
les plus honnêtes, les plus consciencieux qui en souffrent. 
Je connais tel ouvrage , auquel son auteur même n'attache 
qu'infiniment peu de mérite et de valeur littéraire, et qui 
lui a rapporté un bénéfice de 4000 francs ; c'est qu'il l'avait 
fait connaître en le faisant colporter. 11 faut plus de publi- 
cité , c'est la meilleure protection qui puisse être accordée 
aux auteurs. Le Messager des sciences historiques nous avait 
déjà donné l'exemple et nous l'imiterons, seulement noua 
nous bornerons à l'histoire de notre province et aux publi- 
cations historiques qui y paraissent. Ceci aura un autre 



RMIIË D'OIIYRAGES D'HISTOIRE 




168 

résultat encore : en rassemblant , sous un cadre réduit , la 
notice de tout ce qui intéresse notre belle province , nous 
faciliterons à ceux qui s'occupent de recherches historiques 
la tâche qu'ils s'imposent en leur faisant connaître les dé- 
couvertes récentes , et nous leur épargnerons souvent des 
méprises ou le ridicule de refaire ce qui a été bien fait déjà. 

Cette revue sera , au commencement , nécessairement 
incomplète, nous tâcherons d'étendre nos correspondances 
et de parvenir à savoir ce qui se publie en France et en 
Allemagne sur nous et notre histoire provinciale. Â. B. C. 

Om Cari Danske, grève af Flandem, af D, C, F. Wegener kctor i • 
historié og atatistick vel aorôe académie ind hy delaesakrifi til examen 
artium og den offentlige skole examen ved aorôe académie i Juli 1839. 
Kjâbenhavn irykt hos Andréas Seidelen. In-4« , de 120 pages. 

Je tiens d'autant plus à publier ce titre en entier , que les 
exemplaires de cet ouvrage sur Charles-le-Bon, publié à 
Copenhague , ne sont pas dans le commerce et que celui-ci 
est peut-être le seul qui en existe dans le pays. La langue 
danoise a des rapports si constants et si généraux avec notre 
langue, que sans la comprendre complètement, j'ai pu 
déjà me convaincre que cette dissertation est une des plus 
approfondies sur cette époque. C'est le travail d'an homme 
laborieux et consciencieux, qui a consulté, confronté tout 
ce qui a été publié sur ce comte, et dont je désirerais bien 
de voir faire une traduction. Cette partie de notre histoire 
n'a pas encore été traitée comme elle le mérite. On a réduit 
le meurtre de ce prince aux proportions d'une vengeance 
d'une famille froissée dans ses intérêts et blessée dans son 
orgueil ; ces passions en ont hâté la fin , mais cette catas- 
trophe venait de plus haut, elle fut emmenée par l'étranger 
qui employa les Berthoud , qui les excita , mais cette famille 
ne sut peut-être jamais qu'elle était menée, ni par qui, ni 
dans quel but. Il est remarquable que malgré les documents 
contemporains qui nous sont conservés sur ce comte, la 
famille Van der Straten ait pu passer pendant des siècles 



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169 



pourFautear de l'assassinat de Charles-le-Bon , tandis qu'elle 
en a été au contraire la victime et qu'elle était en guerre 
ouverte avec la famille des meurtriers. Conçoit-on que 
malgré Gualbert et Wautier, on ait pu renouveller pendant 
une longue série d'années la lecture annuelle de l'acte 
d'exécration de la famille Van der Straten à la porte de la 
cathédrale de Bruges? Ce fait est cependant constant et il 
n'y a guères que cinquante ans que cette cérémonie bizarre 
a été abrogée ou plutôt qu'elle a cessé par suite des circon- 
stances. Elle se pratiquait en 1792, quoique les Bollandistes 
eussent déjà publié leur travail sur ce point. J'ai un autre 
écrit sur cette famille, composé par un Carme déchaussé 
de Bruges^ bien des années avant la révolution française. 
Les traditions populaires ne sont pas toujours des autorités 
infaillibles, des erreurs historiques s'accréditent souvent 
sans qu'on puisse en expliquer ni la source, ni les motifs. 
D'où venait cette haine contre la famille Yan der Straten? 
Chacun des détails de l'histoire de Charles-le-Bon exigerait 
réellement une discussion particulière. On a débité bien des 
erreurs, par exemple sur la famille Erembold, l'histoire 
l'a très-maltraitée et elle ne mérite pas entièrement l'op- 
probre qu'on a déversé sur elle. Guillaume De Loo et la 
part qu'il prit dans le meurtre de Charles ou dans la ven- 
geance de ses meurtriers , est une autre épisode sur laquelle 
la plupart des historiens ont dit ou répété des faits néces > 
sairement faux. M. l'abbé De Smet a présenté à l'académie 
royale, un travail sur Guillaume de Loo que nous attendons 
avec impatience y et que j'analyserai aussitôt qu'il aura paru. 
D*autres points encore mériteraient de devenir l'objet d'une 
monographie. A. B. C. 

La Belgique en 1841. Bruxelles, Hauman, 1841, iii-8o, avec gravures 
sur acier. P. tiu et 206. 

Comme l'on n'est plus aussi sédentaire , que l'on fait plus 
d'excursions que naguère , les descriptions des villes abon- 




170 



dent, malheureaseraent elles sont faites dans le cabinet, et 
le lecteur en sait beaucoup moins après les avoir lues , car 
c'est savoir moins que d'apprendre des erreurs. Un magnifique 
volume, édité par M. Hauman, sous le titre La Belgique en 
1841, a d'abord attiré tous les regards, mais comme il 
n'était composé qu'afin d'utiliser des gravures anglaises d'un 
autre ouvrage , le public s'est bien vite aperçu en lisant le 
texte , que l'accessoire était devenu le principal , et le prin> 
cipal l'accessoire. Aussi ce livre e^t-il tombé au rang des 
livres à images. 

A l'article Bruges , Fauteur, après une élégante introduc- 
tion sur les villes qui semblent des tombeaux habités (sic), 
nous apprend que les eaux du canal d'écoulement de 
Bruges à Gand, sont stagnantes , ce qui doit singulièrement 
dérouter dans ses plans M. l'ingénieur en chef de la pro- 
vince. Ensuite commence la description de la vieille cité 
flamande, et tout ce que l'auteur trouve à y faire remarquer, 
c'est la cheminée du Franc , les corniches de l'hôtel de la 
Couronne impériale , et trois médaillons sur la façade d'une 
maison. C'est à la lettre tout ce dont il y est parlé dans les 
seize pages consacrées à la description d'une des villes les 
plus riches de la Belgique en monuments d'architecture, 
en tableaux anciens, en objets d'art de tout genre. En 
vérité , c'est là une moquerie que l'on peut à peine croire , 
même après avoir lu cet article. M uno disce omnes. Que 
les curieux et les voyageurs aillent donc apprendre à con- 
naître nos villes dans ces recueils publiés par pure spécu- 
lation, et ils iront raconter dans leur pays, comme une 
chose étonnante , que la mer baigne les murs d'Anvers , et 
que Ton mange des huitres fraîches à Ostende. 



L'archiviste du Hainaut, M. Lacroix, vient de publier une 
brochure curieuse , contenant les détails de l'entrée à Mons , 
en 1470, de notre princesse Marie de Bourgogne et de sa 




171 

belle-raère Margaérite d'Yorck. Ce récit est extrait du re- 
gistre aax procès-verbaux du conseil de lâ ville et d*nn 
mémorial. Les vers déclamés sur les théâtres, qu'on avait 
coutume de dresser dans les rues aux fêtes publiques à cette 
époque, et où on représentait des scènes tirées en général 
de ITcriture sainte, cqs vers, disons-nous, sont transcrits 
dans cette narration, et présentent un curieux échantillon 
de l'état de la versification du temps. Nous y avons remarqué 
plusieurs mots flamands, entr'antrea jutaiel ^ur joyaux. 

De bonnes notes philologiques accompagnent cette notice 
de M. Lacroix; il relève aussi une erreur, par suite de la- 
quelle on fait remonter l'institution de la chambre de rhé* 
torique de Mons à 1431 , tandisque les rhétoriciens de cette 
ville ne formèrent une société qu'un siècle plus tard/ 

La joyeuse entrée de la fille de Charles-le-Téméraire 
coûta, en cette occasion, 7577 livres, 19 sols, -4 deniers 
de Hainaut, ce qui certes était beaucoup au xv* siècle, 

Entr'autres présents, la jeune princesse Marie avait reçu 
des Montois un collier d'or émaillé , coûtant 200 livres. 

Il est singulier que parmi ces dons à des princesses, le 
vin de Rhin joue le plus grand rôle. ^ 



Les Belges iUuatrea, Briuellef, lib. oat. gr. in-8«« 

LoRSQu'owE nation qui a toujours été soumise à d'autres 
puissances, pendant une longue série d'années, parrient 
enfin à recouvrer son indépendance , et prend rang parmi 
les peuples qui ont acquis , quelquefois bien chèrement , le 
droit de se gouverner par leurs propres lois , il reste une 
noble tâche a remplir par les vrais amis du pays , c'est de se 
constituer une nationalité, c'est-à-dire de faire naître ce 
sentiment d'union et de sympathie qui résume tous les hom- 
mes d'une même race , d'une même contrée en un seul 
homme , qui fait qu'une injustice commise emers l'un) d'eux 
soit aussi vivement sentie par tous , que si chacun en était la 



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172 



"^iclime, et que tou» soient fiera de la gloire qui peut rejail- 
lir sur un seul. Sans cette nationalité, un peuple n*aura 
jamais qu'une existence éphémère. Or , elle n'existe point 
par le fait seul d'un protocole ; pour percer à travers l'enve- 
loppe des petites passions et de l'individualisme, il faut que 
les écrivains montrent , par des exemples puisés dans l'his- 
toire du pays , que Tintérêt de chacun en particulier dépend 
de l'intérêt de tous y en un mot , que l'union seule fait la 
force. L'histoire des grands hommes est donc un puissant 
mobile pour éveiller au fonds des cœurs l'amour de la patrie. 
Que la peinture, que la littérature se donnent la main pour 
atteindre ce noble but, que l'intelligence, sous quelque 
forme qu'elle se révèle, prenne part au monument à élever, 
et bientôt le succès viendra couronner les efforts. 

C'est cette pensée qui a sans doute dirigé MM. A. Jamar 
et Ch. Hen dans la nouvelle publication vraiment nationale 
qu'ils ont entreprise. Les Belges illustres sont arrivés à leur 
quatorzième livraison , avec l'approbation de tous ceux qui 
ont lu ce magnifique ouvrage , auquel concourre l'élite des 
écrivains et des artistes du pays. Bien plus, il est arrivé à 
cette entreprise, ce qui certes est une curiosité des plus 
remarquables, aujourd'hui que la presse lance journellement 
des milliers de volumes à l'avidité du public, que les éditeurs 
sont obligés , afin de satisfaire aux nombreuses demandes , 
de remettre sous presse les dix premiers livraisons, entière- 
ment épuisées. Les éditeurs non seulement ont fait un beau 
livre, mais encore une œuvre éminemment nationale, et 
lorsque l'ouvrage sera terminé, ils pourront dire avec un 
juste orgueil: exegi tnonumentum ! ^ 

Vaderlandache historié door J, David, kanonik hon. der Metropoliiane 
kerk van Mechelen, prof, aen de katholyke univ, van Leuven en preai' 
dent tan hetPausl, Collegie aldaer, Eerate deel, Leuven, 1842, in-12<>. 

C'est une entreprise bien courageuse que la composition 
d'une histoire générale de notre pays dans l'état actuel des 




173 

études, sur les sources mêmes de notre histoire. Je croyais 
que le temps n'était pas encore arrivé d'entreprendre cette 
tâche, mais M. Fabbé David m'a convaincu que quoiqu'il y 
ait encore une masse immense de documents inexplorés, 
il y a déjà moyen d'écfrire une histoire intéressante , curieuse 
et utile de notre pays^ et voici son plan. 11 ne nous a pas 
livré son œuvre entourée des échafaudages qui ont servi à 
l'élever, accompagnée de ces raisonnements , de ces recher- 
ches contradictoires qui indiquent le savant, mais ne prou- 
vent pas que Fauteur comprenne le but de son travail; il 
parle avec toute la bonhomie d'un père qui raconte à ses 
enfants des faits qu'il a vus , avec tout le laisser-aller d'un 
entretien et toute l'élégance d'un ouvrage étudié. 

Je suis sûr qu'un savant parviendrait à soutenir avec 
quelque probabilité, plusieurs opinions contraires à celles 
que M. Fabbé David soutient, qu'il prouvera que Samaro- 
hriva est plutôt telle ville que telle autre, que César ou 
Cicéron n'ont pas campé en tel endroit, mais à huit lieues 
plus loin. £h! l'histoire dépend-elle donc d'une date, tire- 
t-elle son intérêt de l'indication d'un lieu? L'histoire, c'est 
la marche des événements; c'est le développement d'une 
idée que Fon suit dans son progrès, ses luttes, sa victoire; 
décrire l'histoire de nos pères , c'est les montrer tels qu'ils 
se sont fait connaître d'abord dans leurs guerres contre 
l'envahissement d'une civilisation autre que la leur; c'est 
peindre un peuple qui jette un cri de liberté , et qui s'en 
montre digne par son courage, de l'aveu même de son 
ennemi. L'historien, s'il comprend sa tâche , saura montrer 
dans Fhistoire de nos pères les germes, les causes des 
mœurs de nos temps; un peuple ne meurt pas tout- à-fait, 
il revit encore dans les générations qui se succèdent , cette 
parenté doit se trouver dans le tableau que nous présente 
l'historien; il a une plus noble mission encore, il doit 
instruire; les fautes des pères doivent devenir la leçon des 
fils , et leur expérience servir à notre instruction , et 
c'est ce que Fon retrouve dans Fhistoire que vient de publier, 



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174 



M. l'abbé David, c'est ainsi qu'il a conçu sa tAche et il Ta 
remplie. 

Ce Tolume contient une description de la Belgique , et des 
recherches sur ses habitants , — - les guerres de César , — 
la Belgique sous la domination Romaiûe , — l'introduction 
du christianisme et la décadence de la domination de 
Rome. 

Le second volume contiendra l'invasion des Germains au 
V* siècle , — les Francs , — le règne de Charlemagne , — 
la division de ses états parmi ses enfants et l'origine de nos 
comtés. 

Le troisième volume sera dédié à l'histoire des comtes 
de Louvain^ qui deviennent ensuite les ducs de Brabant 
jusqu'au règne de Philippe-le-Bon , en 14S0. 

Le quatrième volume nous donnera l'histoire de la Flan- 
dre, depuis les temps les plus anciens jusqu'à Philippe-le- 
Bon. 

L'histoire particulière des autres comtés de Belgique, 
comme du Hainaut , de Namur , de Luxembourg et de Lim* 
bourgs depuis leur origine jusqu'à ce qu'ils passent sous le 
gouvernement de la maison de Bourgogne au commence- 
ment du xv« siècle, formera le sujet du cinquième livre. 

Dans le sixième volume, l'auteur tracera l'histoire des 
Provinces Belgiques , sons Philippe-le-Bon et ses successeurs, 
jusqu'à l'abdication de Charles-Quint, en 1555. 

Le septième yoiume offrira l'histoire de la Belgique sous 
Philippe II , nos guerres , le règne d'Albert et d'Isabelle et 
de leurs successeurs, jusqu'à ce que la Belgique passe sous 
la domination Autrichienne, en 1700. 

Le huitième et dernier volume, continuera cette his- 
toire jusqu'en IBSO. 

M. l'abbé David rendra un immense service au pays en 
achevant le travail si bien commencé. 

Le bas prix auquel ce volume se vend provient immédia- 
tement du désintéressement de l'auteur. Le volume est à 
un franc. A. B. C. 




176 



Marie de Bourgogne, par Ûotàve Delepierrc. 

Les journaux anglais nous annoncent que Ton vient 
d'offrir au petit prince de Galles un Alphabet royal, où 
toutes les lettres, rehaussées d'or, chargées de couronnes 
et d'armoiries, désignent un roi ou un souverain plus ou 
moins légitime, Alfred, le grand roi Saxon, ouvre cette 
liste; l'N se trouve libéralement illustré par le nom de 
Napoléon; l'O était vacant, on aurait pu utiliser le roi Ovo, 
si connu, ou Othon; par patriotisme on s'est décidé pour 
Olivier (CromvFell), quoiqu'il soit fortement soupçonné de 
n'avoir pas été très-légitime. Il n'y a pas eu de concurrent 
pour X, il appartenait de droit à Xerxès. Le nouveau monde 
a fourni un nom à l'Y, c'est celui du malheureux Yturbide. 
Zénobie, la reine de Palmyre, avait le monopole de la 
lettre Z; et termine cette glorieuse nomenclature* 

Les artistes ont toujours les mêmes idées bizarres; au 
temps que notre Marie de Bourgogne se disposait à appren- 
dre Talphabet, on lui offrit aussi un alphabet; mais moins 
galant. La lettre A est ornée d'un Arlequin et de la- figure 
d'Adam. La lettre D nous présente un chien qui Danse au 
son d'un violon; par un caprice de peintre, au lieu d'un 
violon, notre homme racle sur une scie, l'artiste a sans 
doute voulu exprimer ainsi la douceur des sons qui font 
sauter l'animal. Les ornements , comme on voit, sont beau- 
coup plus gais, mais infiniment moins royaux que ceux de 
Talphabet du prince de Galles. Les lettres elles-mêmes sont 
jolies, et le sont tellement que M. Wahlen a jugé à propos 
de les faire graver pour en orner un de ses chefs-d'œuvre. 
Jamais^ il faut l'avouer, rien d'aussi beau n'est sorti de ses 
presses. Pour rendre la chose plus piquante, il a voulu que 
ces lettres de Marie de Bourgogne servissent d'initiales aux 
vingt-cinq chapitres de la vie de cette gracieuse princesse. 

M. Delepierre n'a pas eu la prétention d'écrire du neuf 
sur Marie , il s'est contenté de nous donner un résumé clair 
et intéressant de tout ce que l'on a publié sur cette 



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176 

princesse. Après Fouvrage de Gaillard , après les recherches 
de Dom Plancher, de la Marche, de Barante etc. il restait 
nécessairement peu de complètement ignoré à dire, mais tous 
ces travaux avaient besoin d'être analf sés , et c'est ce à quoi 
M* Delepierre s'est dévoué. On doit lui en savoir gré, il a 
fait une bonne œuvre en retraçant le tableau du règne de 
cette duchesse; voici comme il le commence : « Il y a dans 
l'histoire de notre pays plusieurs femmes qui nous ont 
laissé de chers et de frais souvenirs. Ces noms bien-aimés , 
on ne saurait les oublier: on les prononce toujours avec un 
vif sentiment de reconnaissance. Qui n'a pas entendu répéter 
avec vénération en Belgique les noms de Marie de Bour- 
gogne et de Marie-Thérèse? C'est que, dans une femme qui 
occupe le trône et en fait descendre la bienfaisance et la 
bonté; on sent quelque chose de providentiel et d'idéal qui 
ne peut appartenir qu'à une nature plus délicate que la 
nôtre. A la suite du règne orageux de Charles-le-Téméraire^ 
ou le guerroyeur, comme le disent les documents de cette 
époque , l'avènement de Marie de Bourgogne est le retour 
d'un beau printemps après un rigoureux hiver, tout se 
ranime ; tout renaît: les libertés se relèvent: une nouvelle 
prospérité commence à briller pour le commerce : les arts 
et les lettres retrouvent aide et protection. Sans l'inouïe et 
\osatiable ambition de Louis XI , et la mort prématurée de 
Marie, une ère nouvelle de bonheur allait s'ouvrir pour 
nous. Aussi la vie de cette princesse forme-t-elle un des 
plus attachants épisodes des Annales de la maison de Bour- 
gogne. » 

L'auteur ne s'est pas contenté d'être écrivain gracieux, 
par habitude il s'est montré savant et finit sa vie par des 
éclaircissements historiques qui contiennent entre autres le 
dépouillement des divers fonds de la bibliothèque royale de 
Paris, qui possède des documents relatifs â Marie depuis 
l'année 1467, jusqu'en HB^, date de sa mort. Ces docu- 
ments nous étaient entièrement inconnus et intéresseront 
plus d'un genre de lecteurs. 



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177 

Il est à regretter aussi que cette vie de Marie de Bour^ 
gogne ne soit pas à la portée de toutes les fortunes, M. Dele- 
pierre devrait la refondre , la faire précéder d'un tableau 
de la situation du pays à l'avènement du gouvernement de 
Marie, et le finir à la mort de cette duchesse. Cette épisode 
serait une des plus intéressants morceaux que Ton puisse 
offrir à la curiosité des lecteurs. Le règne de Marie n'est 
plus populaire, on se souvient de son nom, et de son 
malheur, mais la' sombre figure de Maximilien l'offusque, 
il faudrait isoler Marie et tracer son portrait seul. 

Nous ne finirons pas notre revue , sans faire une observa- 
tion sur le mépris que professent depuis quelques années 
les écrivains français pour la vérité historique. Cent fois ils 
en ont fournis des preuves, et dernièrement encore M. Vic- 
tor Hugo^ dans son ouvrage intitulé Le Ehin^ a pris soin 
de ne pas rester en arrière. Il y dit gravement que Marie 
de Bourgogne, femme de Maximilien, mourut à Vienne , 
en Autriche, et que les antiques châteaux des bords du 
Rhin virent passer son cercueil (ici la description du cer- 
cueil) , lorsqu'on le transporta à Bruges. A. B. C. 

Kunttliefde'a bydragen, !<> aflevering , Januarius 1842. BruggOy 
hy Bogaert^Dumortier etc. 

C'est le premier cahier-prospectus , d'une petite publica- 
tion de la Société Flamande, établie à Bruges, le 5 Sep- 
tembre 1841 , sous le titre de Kunstliefde. Ce cahier contient 
le discours du vice-président à l'inauguration de la société; 
nn petit article sur l'orthographe qu'elle adopte, qui est celui 
de la commission ; l'esquisse d'un drame intitulé De Coninck 
en Breydel. Il paraît résulter du dernier article, que la 
rédaction s'occupera également de politique. Le moyen est 
excellent pour tuer l'entreprise. On ^aurait dû s'abstenir de 
mêler l'aigreur politique aux pacifiques études littéraires. 
Quelques mots acerbes nous font mal augurer de la suite. 
Nous conjurons les membres de la société d'y penser. 
ÂnifALBS. — Tome IF. 12 



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178 

Levenschets van Karel van Mander, door P. Van Duyxe , 
Oêni, F, en E. GifseNnek, 1842. 

Ckttk esqai3se de la vie d'un de nos peintres les plas 
populaires est due à un de nos premiers poètes. Van Mand^ , 
naquit à Meulebeke , en 1548. Peintre et poète en même 
temps, son ouvrage sur les vies des peintres est le plus 
connu , et nous a conservé des détails que l'on chercherait 
envain ailleurs. Comme poète , M. Van Duyze le fait mieux 
apprécier qu'il ne l'était jusqu'ici. Cette esquisse est très- 
intéressante, elle est le fruit de longuea recherches^ et elle 
est écrite aves cette élégance et cette facilité de diction qui 
caractérise H. Van Duyze. 

HoHee sur le mouêolée de la famille De Gros , avec des donnéeê hMoHques 
sur cette famiUe , par HL l*abbé Yan de Putte, régent àn collège à 
Bruges I membre de la Société d^Émulation de la même ville, de celle 
des antiquaires de la Morinie etc. Bruges, ches J. GaiUaerd, me de la 
Bride, in-4<', de 52 pages, et un dessin. 

La notice de M. l'ahbé Van de Potte nous fait connaî- 
tre ici un monument de la ville de Bruges^ qui intéressera 
vivement les curieux. Il était temps qu'on vint à l'aide au 
monument, en attirant sur lui l'attention puhlique, car 
malgré sa valeur artistique et malgré les souvenirs histo- 
riques qui s'f rattachent , relégué comme il était dans un 
réduit obscur , le temps s'occupait ' déjà à le détruâe en 
détail , c'est le mausolée de ferij De Gros. 

Ce monument tout en pierre de Boulogne, a environ 
huit pieds de hauteur sur sept de largeur. La niche esc 
divisée en deux parties par une table en pierre de Tournai 9 
sur laquelle git Ferry De Gros, vêtu en chevalier^ et «a 
première femme, dame Philippine Widaodlf dans la partie 
inférieure git Dame Françoise d'AiUi> sa deuxîèn|e femme. 
Tout le monmnent a été peint en couleur», et la plupart des 
ornements dorés, ce qui, aveo le jour somhte qui l'éelairait , 
produisait le meilleur effet. 



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179 

M. Fabbé Van de Putte ne s'eat pas contenté de non» 
présenter une description de ce mausolée, il a tracé une 
monographie complète de la noble famille De Gros. 

La première idée de la publication de cette notice , et du 
charmant dessin du mausolée qui Faccompagne^ appartient 
à M. Gaillaerd, relieur de livres et grand amateur de curio- 
sités , à Bruges. Cet homme a fini par découvrir une masse 
de pièces rares; c'est à lui que Fon doit Falphabet de 
Marie de Bourgogne. Avec un peu plus de connaissan- 
ces il nous aurait pu conserver une foule de chartes et autres 
documents qu^il a détruits. Cette famille Gaillaert a depuis long- 
temps la bosse des collections d'épitaphes. Corneille Gaillaert, 
héraut d'armes de la Flandre, écrivit, en 1561, un ouvrage en 
deux volumes in-folio, en flamand, qui contient les épitaphes 
illustres qui existaient alors en Flandre. Cet ouvrage est la 
propriété de M. le vicomte de Croeser de Bergues. M. J. Gail- 
laert aussi s'est occupé durant des années à rassembler les 
inscriptions sépulchrales , les dessins des monuments etc. 
Il a la manie des collections et les vend à fur et à mesure 
qu'il les àehève. S'il trouve aide et protection dans la bien- 
yeillance de ses concitofens, il se propose ensuite de publier 
les vitraux de l'église de Jérusalem, à Bruges , ainsi que le» 
monuments et tombeaux de la famille d'Adornes. Nous dési- 
rons TÎTement qu'il réussisse. La publication qui nous occupe 
donnera une idée très-favorable de ses projets. L'ouvrage 
estin-4**, et sort des presses de M. Annoot-Brackman , un 
des premiers imprimeurs de notre pays , pour le goût et la 
perfection de ses éditions ; le dessin du tombeau de Ferry 
de Gros est très-joli, il est gravé d'après Foriginal qui a 
servi à Férection du monument. En le confrontant à un 
autre dessin qui en existe à la bibliothèque et qui a été 
fait à la fin du dernier siècle, Fon voit qu'alors déjà le 
tombeau avait subi des mutilations; il esta espérer qu'il sera 
restauré, U parait que le gouvernement s'y intéresse, le 
dessin que poMie M. Gaillaert était indispensable. 

A. B. C. 



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180 

VVVVV\VV\n>VVVX>V>>>MV\IV\iV\VV\;H\A,VV*VVV\VV\JVV\V^VVVVVVVVVVV\V\\;\WV>l 



CHEF CHÉRUSQUE, LIBÉRATEUR DE Là GERMANIE. 



irOTICI A I^OCCASIOTI DE Lk STATUE QUE l'aLLEHAGHB SB PROPOSE 

d'éliter a ce guerrier célèbre. 



La savante stratégie et la science des fortifications déve- 
loppée par le général romain Drusus , et Phabile politique 
de Tibère avaient amené de tels résultats dans la Germanie 
inférieure, que jusqu'au-delà du Weser, les peuples n'op- 
posaient plus aucune résistance ouverte aux armées romai- 
nes. Tout fléchissait, il n'existait plus d'union entre les 
diverses nations du pays contre l'ennemi commun , et plu- 
sieurs des chefs les plus redoutables avaient été corrompus 
lorsque la force ne les avait point soumis. 

Les rapports fréquents avec l'étranger commençaient 
même déjà à modifier les mœurs nationales. Trois légions, 
des plus vaillantes, occupaient les châteaux et les forte- 
resses^ et au milieu des hautes forêts de chênes, habitait 
un préfêt romain , chargé d'introduire les lois , les usages , 
les habitudes de son pays. 

La si)ûème année de l'ère chrétienne , Saturninus avait 
été remplacé dans le gouvernement de la Germanie par 
Quintilius Varus, homme d'un caractère faible et plus 



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181 

propre à administrer en temps de paix , qu'à imposer sa 
loi par la force des armes ; de plus , l'amour de Por et 
ravarice le dominaient. Les peuplades germaniques paru- 
rent lui être entièrement dévouées, dans leur inactivité, 
et il tâchait, par des moyens de douceur, d'implanter 
l'esclavage parmi eux. Cependant les Germains, par une 
intelligence instinctive, s'aperçurent très-vîte du but où 
l'on voulait arriver, et leurs cœurs, nés pour la liberté, 
bondissaient de colère dans leurs poitrines à la vue des 
faisceaux et des bâches qui entouraient sans cesse le géné- 
ral romain , comme une marque de sa puissance illimitée , 
et du droit de vie et de mort qu^il exerçait à volonté sur 
les vaincus. 

Pour le Germain, le dernier dégré de l'esclavage était 
la punition corporelle ; elle déshonorait sans retour , et 
jamais ses chefs n'avaient été investi du pouvoir de porter 
de semblables arrêts. La Divinité seule, s'exprimant par 
la bouche des prêtres, disposait de la vie. 

Longtemps la haine nationale se cacha sous une appa- 
rente soumission , parce que personne ne s'était présenté 
qui eut l'audace de soulfler sur cette étincelle, pour en 
faire naître un vaste incendie. Rome même nourrissait dans 
son sein le libérateur de la Germanie. C^était Herman, 
que les Romains nommaient Arminius, fils du chef ché- 
rusque Segimer , jeune homme plein d'énergie et de cou- 
rage, dont le regard étincelant laissait apercevoir ce qui 
se passait dans son âme. Ses services militaires lui avaient 
mérité le titre de citoyen et de chevalier romain, et il 
était revenu dans sa patrie parfaitement initié aux con- 
naissances que possédaient les oppresseurs de la Germanie. 
Il fut témoin de ce que ses compatriotes avaient journel- 
lement à souffrir, du joug qui les écrasait, et il songea 
à le briser. Ses sentimens furent compris et partagés par 



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182 

plusieurs chefs chérusques , ses discours les emflammèrent 
de plus en plus , ils résolurent Taffranchissement de tous 
les peuples voisins, et afin d'être plus sûrs de détruire les 
Romains en une seule fois , ils organisèrent des révoltes 
partielles et peu importantes sur les frontières , pour atti- 
rer Varus de ce côté. Tel est le récit des historiens de 
Rome. 

Varus eut pu éviter son destin. Au milieu des Germains 
eux-mêmes, il y avait un traître , le chef chérusque Seges- 
tcs, ennemi de Segimer, et envieux du renom d'Herman 
qui, par son intelligence supérieure autant que par son 
grand courage, fixait les regards de la nation. Avant que 
la conjuration n'éclatât, Segestes pria instamment le 
général Romain de faire arrêter Herman au milieu d'un 
banquet, où tous les chefs se trouvaient réunis; mais une 
aveugle confiatice en ses forces cachait à Varus l'abîme où 
il allait tomber. Le plan habilement conçu, fut exécuté 
avec ensemble. Attirées dans des lieux presqii'impraticables, 
remplis de bois et de marécages, les légions romaines 
furent massacrées en deux jours et deux nuits, Varus, 
comprenant qu'il n'y avait aucun salut à espérer , se p^rça 
de son épée. Plusieurs chefs suivirent son exemple. Un 
bien petit nombre parvint à s'échapper. Quarante mille 
hommes avaient péri. 

Ce fut un jour de terrible vengeance que devait tôt ou 
tard amener la colère d'un peuple libre et blessé dans ses 
plus chères affections. 

Des principaux prisonniers, les uns furent offerts en 
sacrifice sur les autels des dieux de la patrie, les autres 
réduits à la plus dure condition, et d'après le récit des 
Romains mêmes, plus d'une illustration pour qui s'ou- 
vraient les portes du sénat, garda les troupeaux des 



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183 



Germains , on usa sa vie à veiller à la porte d'une maison 
germaine. 

Tel est le sommaire de ce que nous ont appris les 
historiens latins 3 combien ce récit eut été différent, si 
un Germain l'eut écrit! 

Le vaincu cherche toujours a ap{Mtoyer sur son destin» 
et veut trouver la cause de ses malheurs dans la trahison, 
tandisqu'ils ne sont réellement que le résultat de eircour 
stances amenées par sa propre imprudence et par sa 
conduite irréfléchie. Ce qui est certain, et les Romains 
mêmes Tont reconnu , c'est que toutes les nations germai- 
nes doivent leur liberté à la victoire d'Arminius , et nous, 
leurs neveux, nous devons au courage de ce grand 
homme, les sentiments de nationalité et l'amour de la 
liberté qui font encore battre nos cœurs. 

Peu d'hommes ont mérité de la part d'un ennemi ^ 
l'éloge que Tacite a donné au libérateur de la Germanie : 
« Quoiqu'il ne sortit pas toujours victorieux de tous les 
combats qu'il eut à livrer , l'on peut dire qu'il demeura 
invincible, et son nom est encore répété dans les chants 
des Germains. >» 

Tel est l'homme auquel l'Allemagne va élever un mo* 
nument colossal, en appelant toutes les nations de la 
même origine, à prendre part à cet honunage rendu au 
génie et au courage. Sa victoire sur les RoiDain& dût 
être un terrible échec pour ces oppresseurs, si l'on en 
juge par le désespoir d'Auguste qui , en l'apprenant, s'arra- 
cha les cheveux, se frappa le front contre les murs de 
son appartement, et ne put s'empêcher durant de longues 
nuits d'insomnie, de crier: Vàrus! Varus! rends-moi 
mes légions! 

Sur l'emplacement où eut lieu le combat^ près de 
Detmold, capitale du duché de Lippe-Detmold , Ernst 




184 



Y 



VanBaudel, de Bavière, est chargé d'élever une statue 
colossale d*Herman, sur le faite d'une coupole presque 
terminée qui a quatre-vingt-dix pieds de hauteur. La main 
gauche est posée sur un bouclier , la droite tient un glaive, 
qu'il élève vers le ciel, comme pour le remercier de la 
délivrance de sa patrie. Le lûonument est bâti sur une 
montagne, et l'ensemble, depuis le pied du mont jus- 
qu'à l'extrémité du glaive, aura 170 pieds de hauteur. 
En Allemagne des offrandes sont venues de toutes parts , 
depuis le trône jusqu'à la la cabane. Les villes anséati- 
ques, les sommités de la France et d'Angleterre ont 
également souscrit, et déjà des sommes considérables 
ont été versées pour l'érection de ce monument national. 

Cependant l'entreprise a besoin de nouveaux secours. 
La Belgique, cette terre riche et fertile, que les Romains 
parcoururent également le glaive à la main, et traitèrent 
en ennemi , doit aussi de la reconnaissance au héros ger- 
main. Nos ancêtres furent les frères d'armes de ses 
soldats, notre souverain a la même origine, le flamand 
et l'allemand sont deux sœurs , nos mœurs ont les rap- 
ports les plus intimes avec celles de l'Allemagne, ces 
considérations et bien d'autres doivent nous engager à 
prendre part à cette œuvre magnifique. Les noms des 
donateurs seront inscrits sur un régistre qui sera placé 
auprès du monument, comme un souvenir éternel de 
gratitude, et autant que possible, chacun recevra une gra- 
vure représentant la statue d'Herman. 



Octave Delepierre. 




185 

VVV\VVVVVVV\VVVVVl\VVVVVVVVVVVVVVVV\A\IV\\V\\)VV\V\MVV\WWWWWV\W 



EISTOmi 



GODTENT DE SilNT-SIXTI. 



Il ne reste plus que peu de vestiges des anciennes forêts 
qui couvraient jadis la Flandre, presque toutes ont été 
défrichées et rendues à une meilleure culture. Les bois 
situés entre Poperinghe , Crombeke et Westvleteren sont 
des restes de ces forêts antiques que respectait la cognée 
de nos pères. Cette solitude a servi, depuis plus de dix 
siècles, de retraite à quelques cénobites, qui, dégoûtés du 
monde , y cherchaient un repos dans le service de Dieu. 

Les moines de Siihiu, plus tard St-Bertin , achetèrent 
en 806, d' un certain Herlharius , une maison et dix bon- 
niers, tant en terres arables, qu'en prairies et en bois, 
situés à Westvleteren , dans le Pagiis Isseretius, (in loco 
nuncupante Fletrinio) et y envoyèrent quelques frères 
pour cultiver cette propriété (1), C'est l'origine du cou- 
vent nommé plus tard St-Sixte. 



(1) Car/. SiihietMê, page 68 , et Heindrycx, Oudh, der CQê$elry\ van 
Feume. MS. 

A1TNA1.BS — Tome IV. 15 




186 

Il esta présumer que cette nouvelle institutioii , dépen- 
dante de St-Bertin , tomba sous la main dévastatrice des 
Normands ; aucun écrivain n'en fait la moindre mention , et 
les données manquent jusques vers le milieu du xit® siècle, 
lorsque la prieure du oouvent de Beauval vendit, en 1355 , 
à Guillaume Van Heule , quarante-deux mesures de terre 
de St-Sixte avec les bâtiments y situés et tous les meubles, 
pour deux escalins parisis par an de chaque mesure. Cet 
acte de vente est le premier connu, qui donne à cette 
propriété le nom de St-Sixte. En 1372, Grielle, fille de 
Guillaume Van Heule, vendit St-Sixte à Tabbaye des Dunes 
pour 42 livres tournois. Cette abbaye avait déjà acheté 
une année plus tôt cent mesures de terres sises dans la 
commune de Westvleteren et elle acquit encore plusieurs 
autres propriétés contigfues, en 1375 et en 1389 (1). Toute- 
f(MS, il n'est dit nulle part que Tabbaye envoya des frères 
pour habiter les bâtiments et pour cultiver les terres. 

St-Sixte doit avoir été érigé en seigneurie, car, en 
1617, Jean de Thiennes, seigneur de Walderohies, Neuf* 
viUe, etc. donne à Adrien Makeblye deux flefs, dépendant 
de la seigneurie de Vischwalle, dite St-Sixte (2). 

Vers 1610, Gilles De Lattre, ex-domestique de M. 
De Hennin, évéque dTpres, se retira, du consentement # 
de Tabbé des Dunes, dans la solitude de St-Sixte, avec deux 
autres personnes , qui y vécurent en ermites dans de peti- 
tes cabanes. Frère De Lattre se rendit bientôt à Rome 
pour demander la permission de pouvoir ériger un monas- 
tère de Tordre du St-Sauveur, dit de Ste^Brigitte. La 
congrégation des cardinaux y consentit à condition que 



(1) Iny. dei archives dei Dunef , tit. f^^ntes, 

(2) Ibid. tit. Donations, 



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187 

Vévêqae d'Ypres, dans le diocèse duquel le monastère 
devait être érigé, y donnât son assentiment. Monseigneur 
De Hennin donna en faveur du nouveau couvent les lettres 
suivantes: 

Antoine De Hennin , par la miséricorde divine et la grâce 
du Saint-Siège apostolique , évêque d' Ypres , à tous ceu? 
qui verront ou oîront les présentes lettres , salut en Celui 
qui est le salut de tous. 

Puisque, en vertu de la cliarge pastorale à nous imposée 
parle Saint-Siège apostolique, nous sommes tenus d'écouter 
les désir$ des fidèles et de confirmer et de corroborer de 
notre autorité ceux qui proviennent d'un grand zèle de 
dévotion et de religion monastique et qui tendent à Taug^ 
mentation de la gloire de Dieu et de la sainte religion: 
ayant reçu la requête de notre bien-aimé en lésus-Chrîst , 
Gilles De Lattre, supérieur des frères de Termitage de 
St-Sixte, près de Poperinghe, paroisse de Westvleteren , 
afin de pouvoir ériger dans cette solitude un monastère 
d'hommes de l'ordre du St-Sauveur, vulgairement nommé 
de Ste-Brigitte. Ayant délibéré plusieurs fois avec nos vicai- 
res-généraux et ayant mûrement considéré eette affaire et 
accordé enfin, le 12 du mois d'Août de cette année > des 
lettres citatoires à tous ceux qui voudraient s'opposer â 
eçtte érection; lettres qui étaient de la teneur suivante : 

Antenne De Henfiin, par la miséricorde divine et la 
grâce du Saint-Siège apostolique, évéque d* Ypres, à tous 
prêtres, notaires et agents publics à nous soumis, salut 
en notre Seigneur. 

Gilles De Lattre, supérieur et ses frères de l'ermitage 
de SfrSixte dans la paroisse de Westvleteren près de 
Poperinghe au diocèse d' Ypres, nousayant présenté une 



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188 



requête Tan dernier et ayant depuis lors demandé à la 
sainte congrégation des illustres cardinaux députés pour 
lés affaires des évéques , de pouvoir ériger dans le même 
ermitage un monastère de l'ordre de Ste-Brigitte et la 
sainte congrégation, par ses lettres en date du 16 Janvier 
1645, nous ayant prié de vouloir consentir à la demande 
des suppliants , si nous n'avions pas de motifs de nous y 
opposer. Ayant fait d'abord visiter cet endroit par notre 
archidiâcre et l'ayant visité depuis nous-méme en personne 
et l'ayant trouvé si bien disposé que la chapelle qu'on venait 
d'y bâtir , pouvait être consacrée et que nous Pavons consa- 
crée pour que les frères pussent provisoirement y célébrer 
les offices divins et y pratiquer leufs exercices de piété, 
qu'ils ont coutume de pratiquer. Nous ayant demandé 
instamment, le'21 du mois passé, de pouvoir bâtir un 
monastère et nous ayant montré les conditions , la règle , 
la manière de vivre , et la manière de doter les frères et les 
moyens d'entretenir les bâtiments : ayant mûrement consi- 
déré toutes ces choses et entendu aujourd'hui les membres 
de notre conseil; comme il conste que l'affaire exposée 
tend à la gloire de Dieu et à ^édification de l'église catholi- 
que et qu'il nous semble qu'elle ne peut porter préjudice à 
qui que ce soit, et afin que personne n'en souffre préjudice, 
nous ordonnons que vous citiez ceux qui se croiraient lésés, 
en affichant les présentes lettres à la porte de la dite cha- 
pelle et à celles des églises de Westvleteren et de St-Bertin 
à Poperinghe et que vous en envoyiez copie à sa grandeur 
révêque de St-Omer , comme prévôt de Warnêton et patron 
de l'église paroissiale de Westvleteren et à tous ceux qui 
croiraient y avoir quelque droit, afin qu'ils comparent 
devant nous, ou en notre absence, devant notre conseil épis- 
copal, le 2 Septembre prochain (jour que nous déterminons 
absolument), afin d'y exposer leurs réclamations, pour que 




189 



les parties étant entendues, nous puissions procéder en justice 
d'après l'exposé de la cause. Si , au jour fixé, personne ne 
comparait, ou , si les raisons alléguées n'étaient pas valides, 
nous interposerons notre autorité et passerons outre en 
déclarant que l'exécution qui se fera ainsi péremptoirement 
soit valide, comme si elle était faite à toute et à chaque 
personne individuellement. 

Donné à Ypres en notre palais épiscopal, le 12 Août 
161 S, sous notre seing et la signature de notre secré- 
taire. 

Sur le revers était écrit: 

Je soussigné notaire apostolique , ai exécuté ces présen- 
tes lettres citatoires , contre tous ceux qui voudraient 
s'oppposer à l'érection du couvent de St-Sixte , en affichant 
la copie de ces présentes lettres et en les envoyant cache- 
tées à sa grandeur l'évêque de St-Omer et ai donné pareille 
copie au curé de St-Bertin à Poperinghe , en présence de 
M. Verobique, archidiâcred* Ypres. 

Fait le 19 Août 1615. 

Était signé: Charles Hougke. F. Georgius, 



Je, Antoine Du Hamel, curé de St-Bertin à Poperinghe^ 
certifie avoir cité , par mes lettres et par affiche de la copie 
des lettres citatoires de l'évêque d'Ypres, aux portes de 
Péglise de Westvleteren , le très-révérend évéque de 
St-Omer, patron de l'église de Westvleteren et toutes 
autres personnes qui croient avoir quelque droit et qui 
veulent s'opposer le 2 Septembre 1615. En foi de quoi je 
signe , le 20 Août 1615 , en présence de Joachim Water- 



notaire apostolique. 




19) 

bitte et de M . Philippe de l'Espinetle , curé de Vetri , au 
diocèse d'Arràs. 

Était signé: Antoine Du Hamel, curé de St-Bertin. 

Après une deuxième sommation conçue dans les mêmes 
termes, suit le consentement de l'érection par l'évêque 
dTpres , de la teneur suivante : 

Nous Antoine , évêque susnommé , voulant favoriser le 
pieux et louable dessein des suppliants et leur accorder 
notre faveur, consentons à la bâtisse, à l'érection et à la 
dotation du monastère prénommé , et ratifions et confir- 
mons de notre autorité ordinaire ce qui a été fait et reste 
à faire pour ladite érection, nous réservant notre autorité, 
droit de visite et de correction et tout autre droit qui nous 
est propre. En foi de quoi avons fait signer ces présentes 
lettres par notre secrétaire et les avons fait sceller de notre 
scel. Donné à Ypres Tan de notre Seîgneui* 4 61 S, le 9 
Septembre. Était signé sur le pli : Par ordre de sa grandeur, 
Théodore Van Horenbergh , secrétaire , et scellé du grand 
scel. 

Le nouveau couvent de St-Sixte fut donc construit 
sur le terrain de l'abbaye des Dunes. Une réclamation de 
cette abbaye fut faite en ces termes: 

Nous frère Antoine Andris , humble prieur du monas* 
tère de Ste-Marie des Dunes de l'ordre de Ctteaux, au 
diocèse d'Ypres et les autres frères du itiéme monastère, 
du consentement du très*révérend abbé, voulant solgûer 
la conservation de nos biens et propriétés, faisons savoir au 
vénérable prieur et aux autres reHgietix demeurant sur notre 



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191 



fond et propriété de St-Sixte près de Poperinghe, que 
puisqu'ils ont employé sans notre consentement une partie 
de notre propriété pour y bâtir , il ne nous convient aucune- 
ment qu'ils emploient plus longtemps notre dite propriété 
pour y bâtir et y demeurer et qu'ils doivent chercher 
ailleurs une retraite. Sans quoi nous ferons valoir notre 
droit comme il convient. 

Fait en notre chapitre des Dunes le 22 Novembre 
1621 et scellé de notre scel. 

Plus bas se trouvait : F. Ponsd , secrétaire.^ 

L*évéque dTpres intervint dans ces difiBcultés^ et pria 
Tabbé Campmans de vouloir donner en aumône aux frères 
de St-Sixte le tei*rain où était construit le nouveau monas- 
tère, c'est-à-dire trois à quatre mesures de terre. Cette 
demande fut accordée par les lettres suivantes : 

Frère Bernard Campmans, abbé du monastère de 
Ste-Marîe des Dunes et frère Josse Ducorron , prieur et 
tous les autres pères et frères du même monastère à tous 
ceux qui ces lettres verront ou oiront salut. Depuis peu 
le révérend frère Joseph de Jésus» prieur de Ste-Marie 
de la Sainte Foi, dit communément St-'Sixte, de Tordrê 
de Ste*Brigitte, nous a fait e^ser que depuis enviroa 
vingt ans û habite un endroit nommé St-Sixte , et que 
cette place, jadis un lieu d'horreur, est devenue un 
pâturage spirituel où journellement on érige de saints 
tabernacles pour abriter de la chaleur du jour les religieux 
qui professent avec persévérance la règle de Ste-Brigitte. 
Mais , cet endroit nous ayant toujours appartenu et nous 
appartenant encore , et que ce n*est que par amour et par 
faveur que nos prédécesseurs et nous , avons permis à un oit 




192 

deux ermites de s'y occuper de Dieu et d'y construire des 
cabanes à leur usage. Le Seigneur multipliant tellement 
son peuple , il en est résulté qu'on y a bâti un couvent de , 
religieux, et le prieur et les autres frères étant inquiets 
de leur avenir et ne sachant comment y trouver une habi- 
tation tranquille , ils nous ont envoyé plus d'une requête 
pour obtenir le terrain prénommé , nous suppliant humble- 
ment de vouloir être nommés les fondateurs du lieu dit 
Sainte-Marie de la Sainte Foi ou de Saint Sixte. 

Mus par les supplications du dit prieur et prenant en 
considération la rétribution des œuvres pies qu'ils nous ont 
promises , et considérant les liens de société et de confra- 
ternité par lesquels ils veulent se joindre à nous, comme 
sont le sacrifice de la messe , et des prières dévotes , tant 
pour nos défunts que pour les leurs. Nous leur donnons 
à perpétuité le dit terrain , contenant trois à quatre me- 
sures de terre, sur lequel ils ont bâti un couvent, à 
condition que ces pères, se ressouvenant annuellement de 
ce bienfait , nous reconnaissent pour les seigneurs immédiats 
de cette place , en nous offrant tous les ans , au jour de 
la fête de saint Bernard , pour salaire ou reconnaissance, 
dans notre église^ un cierge de cire blanche , pesant une 
demi-livre, comme offrande emphytéotique. En outre, 
nous reconnaissons et approuvons le dit ordre , et promet- 
tons nos prières mutuelles, espérant que, raffermis dans 
cet amour , nous posséderons un jour dans la céleste patrie . 
l'amour incréé. 

Donné aux Dunes, sous notre seing, sous ceux de notre 
prieur et de toute la communauté , avec Fappension de notre 
scel et de celui de l'abbaye , le jour de l'octave de l'Assomp- 
tion de Marie, l'an de grâce 1630. 

Était signé : Bernard Gampmans , abbé. 



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195 



Les Brigittins de Saint-Sixte, ainsi constitués, eurent 
à supporter une rude épreuve; ils furent accusés d'être 
gens sans aveu , sans discipline , en un mot comme étant 
de vrais hypocrites , et cités comme tels au conseil souve- 
rain à Tournai. Ils y gagnèrent cependant leur procès le 
5 Août 1676. Ce procès parut Tannée suivante à. Douai, 
chez Marie Serrurier, in-4°, portant pour titre: L'établis- 
sement solide des monastères simples de l'ordre du Sauveur, 
vulgairement dit de Sainte Brigitte, déclaré par les papes, 
recognu par les docteurs et confirmé par arrest rendu en 
jugement contradictoire par nos seigneurs les président et 
gens tenans le conseil souverain étably à Toumay, l'advocat 
De la Figne plaidant pour les pères. 

Les pères exerçaient les fonctions du saint ministère 
dans les paroisses voisines, y préchant et entendant les 
confessions. 

La petite église bâtie au commencement du xtii*' siècle , 
fut rebâtie en 1706, elle était voûtée. Les fenêtres de 
cette église étaient à vitraux peints, représentant les 
armoiries des donateurs ; la tour renfermait trois petites 
cloches. 

La porte d'entrée du monastère, qui existe encore, fîit 
construite èn 1730. 

L'édit de Joseph II contre les ordres religieux, qui 
mènaient seulement une vie contemplative, fut appliqué 
au couvent de St-Sixte. Le 12 Avril 1783, Monseigneur 
de Wavrans, évêque d'Ypres, envoya dire aux pères Bri- 
gittins qu'ils allaient être supprimés le lendemain. En effet, 
M. De Koninck, échevii) de la châtellenie d'Ypres, arriva 
* ce jour accompagné de deux secrétaires et de deux com- 
missaires venus de Bruxelles. Ces deux derniers, ayant 
lu l'édit de suppression, allèrent diner à l'abbaye d'Ever- 
sam, laissant pour économe de St-Sixte M. De Koninck. 




194 

Ils ayaient eu soin d'emmener de Poperinghe un serrurier , 
qui changea toutes les serrures. La porte de l'élise fut 
scellée et les religieux ne purent dire la messe qu'à portes 
closes. L'on permit cependant plus tard aux habitants du 
voisinage de venir assister à la messe les dimanches et 
fêtes. Les commissaires avaient ordonné à la communauté 
d'évacuer la maison avant le 15 Mai. Les pères furent 
nourris durant tout ce temps par leur nouvel économe, 
M. De Koninck, qui à tous les repas donnait à chaque père 
une pinte de vin. Chacun reçut aussi un nouvel habit 
avant de quitter la maison et S. M. Pempereur accorda à 
chaque père une pension annuelle de 70 livres de gros et 
à chaque frère lai 35 livres. Deux novices furent renvoyés 
et reçus plus tard à Tabbaye de St-Jean à Ypres. 

Le 6 Mai , Ton vendit en vente publique les bestiaux, et 
les terres furent louées. Beaucoup de monde se rendit à 
cette vente, mais personne ne put entrer dans les bâti- 
ments. 

Le 1 S du même mois tous les religieux avaient quitté 
la maison, excepté le prieur et le sousprieur qui reçurent 
ordre de M. De Kom'nck de rester encore pendant quelques 
jours. Le prieur partit pour Rousbrugge le 22. Le sous- 
prieur resta seul à la demande des curés de Crombeke, 
de Westvleteren et de St-Jean à Poperinghe, qui avaient 
adressé une pétition au gouvernement, afin qu'un prêtre 
pût résider à St-Sixte pour l'instruction des gens du 
voisinage. Le gouvernement ayant rejeté cette demande, 
le sousprieur partit aussi et un certain Pierre Duquene, 
natif de Haringhe, resta seul pour garder les bâti- 
ments. 

Le 16, 17 et 18 Juin eut lieu la vente des meubles; 
les bâtiments furent aussi vendus â M. Iweins d'Ypres , 
qui les fit démolir pour en vendre les matériaux. 



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195 

Lors de la suppression , la communauté de St-Sixte était 
composée des personnes suivantes: 

P. George Cousyn, prieur, né à Rousbrugge le 13 Juin 
1734. 

P. Aimé Pillaert , sous-prieur, né à Elverdinghe. 

P. Aurèle Druy, né à Hazebrouck. 

P. Benoit Schoonheere, né à Dunkerque. 

P. Amand De Beer, né à Beveren. 

P. Bénigne Crosel, né à Poperînghe. 

P. Guillaume Leurs, né à Arnike. 

P. Jean De Man, né à Watou. 

Frère Sixte Le Beer, né à St-Omer. 

F. Jacques Montaigne, né à Nieucapelle, mort en 1788. 

F. Victor Timmerman, né à Dickebusch. 

Les bois de St-Sixte furent habités, il y a quelques 
années, par un ermite, nommé Jean-Baptiste Victoor, 
natif de Poperinghe, homme issu de parents honnêtes, 
qui y cultiva un terrain défriché. Déjà avancé en âge, il 
céda sa propriété aux Trappistes, qui y bâtirent un mo- 
nastère et une église à l'endroit même où Vîctoor avait 
construit sa cabane de chaume. Le nouveau couvent de 
St-Sixte est éloigné de quelques minutes de l'endroit où 
fut bâti l'ancien ; les pères défrichent les bois et rendent 
fertile une des terres les plus stériles du pays. 

Pour compléter cette notice, qui, nous l'espérons, 
servira à l'histoire ecclésiastique de notre province, nous 
ajoutons ici le Nécrologe de tous les pères qui ont habité 
St-Sixte durant environ deux siècles. 



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196 



NECROLOGIUM 

OXNIUX RELIGIOSORUM GONYENTUS SÀNGTI SIXTI. 



Frater Egidius De Latre^ clericus, primus sacerdos hujus 

ordinis, obiit 21 Septembris 1625. 
Pater Lueas de Assumptione, obiit 6 Octobris 1626. 
Frater Gabriel à sancto Spiritu , laieus , obiit 21 Novembris 

1626. 

Frater Antonius à Cruce, laicus, obiit 18 Aùgusti 1627. 
Pater Egidius à Deserto , obiit 29 Augusti 1627. 
Frater Maximilianus à sancto Sixto, clericus, obiit 1 Au- 
gusti 1636. 

Frater Stephanus à sancto Roberto, dericus, obiit 8 Martii 
1637. 

Pater Reginaldus à gratiâ Dei, obiit 11 Decembris 1638. 

Pater Gaudentius Scioutnet, obiit 2 Aprilis 1640. 

Pater Josephus à Jesu, piissimus religiosus, qui sanctè 
vixit, obiit 10 Aprilis 1640. 

Frater Bernardus à sancto Ignatio , laicus , obiit 9 Octo- 
bris 1641. 

Pater Nicolaus à sancto Gregorio , obiit 20 Decembris 
1642. 

Pater Paulus à sancto Leone, obiit 17 Aprilis 1646. 
Pater Michael à sancta Iberga, obiit 9 Augusti 1646. 
Pater Anselmus à sancto Jacobo, obiit 14 Augusti 1646. 
Pater Franciscus à sancto Onuphrio , obiit 30 Augusti 
1648. 

Pater Nicolaus à sancto Antonio^ obiit 13 Novembris 
16*9. 



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197 

Pater Ferdinandus à sancto Georgio , obiit 26 Septembris 
i652. 

Pater Joannes à domo Dei, obiit 4 Junii 
Frater Matthias à Deodato, laicus, obiit 13 Novembris 
1657. 

Frater Gabriel ab incarnatione, laicus , obiit 23 Feb. 1660. 
Frater Adalbertus à sanctâ Brigittâ, laicus, obiit 19 Octo- 
bris 1661. 

Frater Augustinus à sanctâ Monicâ, obiit 23 Decembris 
1661. 

Pater Dominicus à sancto Donato, obiit 24 Septembris 
1663. 

Pater Jacobus à Charitate, obiit 15 Januarii 1666. 
Frater Bruno à sancto Francisco, laicus, obiit 19 Febr. 
1667. 

Pater Sebastianus Becue, obiit 9 Augusti 1667. 
Pater Joachim à sancto Nicolao, obiit 19 Septembris 
1669. 

Pater Gregorius à sancto Adriano, obiit 19 Maii 1672. 
Pater Gasimirus De Attendael, obik 22 Julii 1672. 
Pater Dionisius Van Reninghe, obiit 29 Decembris 1679. 
Pater Raymundus Remond, obiit 22 Junii 1680. 
Pater Michael Hurtevent, obiit 15 Augusti 1681. 
Pater Adrianus Baert,» obiit 28 Augusti 1681. 
Pater Alexis Diedeman, obiit 2 Decembris 1687. 
Pater Anselmus Van Zuutpeene, nobilis, obiit 15 Septem- 
bris 1688. 

Pater Philippus à Dorotbea, alias Joannes Bailli, Sambri- 
pontanus, obiit 23 Martii 1691, aetatis 76, sacerdotii 57, 
prpfessionis 58. 

Frater Cyprianus Olive, laicus, obiit 3 Novembris 1696. 

Pater Fortunatus De Vos, obiit 28 Octobris 1697. 

Pater Stephanus Petit, obiit 22 Junii 1703. 



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198 

Pater Modestus Hasseler, obiit 30 Julii 1704. 

Frater Andréas Hublé, laicus, obiit 46 Octobris 1707. 

Pater Augustinus Folcque, obiit 3 Augusti 1709. 

Pater Ferdinandus Tammacker^ ex Aheringheni , obiit 

20 Julii 1713. 
Pat^ Petrus Bouckelisen, obiit 11 Decembris 1717. 
Pater Franciseus Peel, obiit 19 Decembris 1720, œtatis 

53, relig. 32, sacerdotii 29. 
Pater Joanaes Tandt^ Venloensis, obiit 26 Maii 1722, 

œtatis S9, relig. 28, sacerdotii 25. 
Pater Hieronymus Gobert, Iprensis, obiit 10 Decembris 

1722, œtatis 48, relig. 23, sacerdotii 19. 
Pater Carolus Roulé, Poperinganus , obiit 18 Octobris 

1724, œtatis 4S, relig. 34, sacerdotii 30. 

Pater Adrianus Laureins , Hazebroucanus , obiit 27 Aprilis 

1725, œtatis 55, relig. 36, sacerdotii 30. 

Pater Theophylus Loys, Poperinganus, obiit 8 Julii 1726. 
Pater Philippus De Latre , ex Rousbrugge , obiit 22 No- 

vembris 1727. 
Pater Gulielmus Christiaen, obiit 28 Novembris 1729. 
Pater Ludoyieus De Marchalck, ex Alveringhem, obiit 

4 Decembris 1729, œtatis 26, relig. 4. 
Frater Emanuel De Seok, Dunkercanus, laicus, obiit 29 

Martii 1732, œtatis 57 , relig. 34. 
Pater Ulpho Van de Wynckel, Poperinganus, obiit 12 

Aprilis 1733. 

Frater Ladovicus Boudon, Iprensis, diaconns, obiit 22 

Febniarii 1736, 
Pater Dominicus Le Febure, Iprensis, obiit 13 Septem- 

bris 1736. 

Frater Jaoobus Meesseman, Poperinganus, laicus, obiit 
22 Junii 1738. 



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199 

Pater Ferdinandus Schelfaut, Hazebrouckanus , obiit 10 
Junîi 1741. 

Pater Bernardus Buis, Dunkercanus , obiit 1 Novembris 

1742, œUtis 36. 
Pater Bernardus Du Tailly, Poperingauus , obiit 2 Octo- 

bris 1743, setatis 70, relig. 50, sacerdotii 46. 
Pater Idesbaldus Le Roy, Popering^nus , obiit IS Martii 

1745. 

Frater Franciscus Van Medelem, laicus, Poperinganus, 

obiit 2 Aprilis 1747. 
Pater Ludovicus Berten, ex Waesten, oWit Ootobris 1748. 
Pater Philippus Sioen, obiit 2 Augusti 1749. 
Pater Guilielmus Van Acker, Hazebrouckanus, obiit 28 

Decembris 1749, setatis 58, sacerdotii 14. 
Pater Emmanuel Verbeke , ex West-Vleteren , obiit 3 Maii 

1751. 

Pater Mattheus Kestelyn, Furnensis, obiit 9 Novembris 
1756. 

Pater Henricus Hano, Dunkercanus, obiit 15 Decembris 
1756. 

Pater Joannes Verlynde, Hazebrouckanus, obiit 5 Junii 
1761. 

Pater Augustinus Van Egroo, ex Oost-Vleteren , obiit 8 
Julii 1765, œtatis 58, religionis 36, sacerdotii 33. 

Frater Guilielmus Le Merre, laicus, ex Rousbrugge, obiit 
10 Septembris 1766. 

Frater Franciscus George, ex Bevercn, laicus, obiit 5 Ja- 
nuarii 1767, aetatis 50, reUg. 20. 

Frater Victor George , Poperinganus , laicus , obiit 6 Ja- 
nuarii 1768, aetatis 60, religionis 30. 

Pater Carolus Van Baelen, Hazebrouckanus, obiit 16 De- 
cembris 1768, setatis 59, religionis 39, sacerdoti 36. 



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200 

Frater Félix Landtzweerdt , ex Reninghelst , laicus , obiit 

42 Decembris 1775, setatis 75, religionis 46. 
Pater Augustinus Vermeulen, obiit 28 Mai 1774. 
Pater Josephus Vander Brugghen, obiit 2 Augusti 1775. 
Pater Dionisius De Langhe, submersus, 16 Augusti 1777. 
Pater Bertinus Caloone, Winnoci-Bergensi, obiit 18 Oc- 

tobris 1781, xtatis 50, religionis 30, sacerdotii 26. 
Pater Ludoyieus Syoen, Hazebrouckanus , obiit 18 Octo- 

bris 1781 , aetatis 50, religionis 30, sacerdotii 27. 
Pater Bemardus Schoutheer, Dunkercanus, obiit 8 Sep- 

tembris 1781, œtatis 62, religionis 40, sacerdotii 37. 
Frater Jacobus Montaigne, dictus Rulle, submersus in 

mœnibus Iprensibus, 31 Julii 1788. 



ÉPITAPHE DE J.-B. VICTOOR. 

HIC 
SOLVS 
ANNIS TBR 8BNIS 
FUIT m DESERTO 
RE ET ROMimS 
JOAIfRES B. VICTOOR 
QUI SOLlTUDimS SVM 
ILLAM 0. BERNARDI SOBOLBM 
HjEREDSH FACIENS 
ANIfO 

JKTATIS SVM LXXYI 
8 HAII 

£T GHUISTI NATI H D CCG XXXII 
OBOORMIVIT. 
R. I. P. 



L'abbé F. Van de Potte. 



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201 

VVVVVVVVV\VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\V\VV\l\tVVVVVVV\,WWV\WWV\lV\V\WV\ 



L'ARGHITIGTE L0VI8 YAN BOGHII. 



Il n'est que trop vrai que beaucoup d'illustrations belges 
sont encore inconnues. Nous ignorons la plupart des noms 
des personnes qui ont érigé nos monuments publics , tant 
admirés des étrangers, et tandis qu'on érige des statues 
aux guerriers , qui ont su faire tuer adroitement beaucoup 
d'hommes, le génie de l'artisan reste dans l'oubli. 

Nous avons été les premiers a faire connaître Louis Van 
Boghem, l'un des architectes du monument de Brou (1) 
dont le nom appartient indubitablement à la Belgique; 
nous nous plaisons aujourd'hui à donner de nouveaux 
renseignements sur cet architecte illustre. M. A. Wauters, 
archiviste de la ville de Bruxelles , parle de ce personnage 
dans une Notice sur la maison du roi à Bruxelles, insérée 
dans la 1® livraison du Messager des sciences historiques, 
année 1842. Il dit, qu'après la mort d'Antoine Kelder- 
mans , maître ouvrier des maçonneries de monseigneur le 



(1) Annakê de la Société d'Émulation, T. ii, P. 166 et T. m, P. 432. 

AiriTALEs. — Tome IV* 14 




202 

roi, qui avait fait le plan du Broodhuys, Louis Van Beiv- 
gfaem ou Bodeghem fut nommé, en 1S16, pour conti- 
nuer l'ouvrage. 

L'on voit que M. Wauters n'écrit pas le nom de Van 
Boghem comme nous l'avons écrit: il l'a orthographié 
d'après les comptes de la bâtise de la maison du roi, qui 
se trouvent aux archives du royaume, tandis que nous 
l'avons écrit d'après la signature autographe de Van Bo- 
ghem , laquelle se trouve au bas de deux lettres que nous 
a communiquées M. Le Glay, et qui se trouvent aux ar- 
chives de la chambre des comptes à Lille. 

Pour faire connaître la part que prit Van Boghem à la 
construction de la maison du roi, nous ne pouvons faire 
mieux que de donner l'extrait du Messager. «Avant de 
î) commencer la bâtise, celui-ci (Van Boghem), fit le 
» plan de la disposition intérieure , de concert avec Jean 
« Crickengys , maître de la chambre des comptes , Domi- 
3> nique de Wagemaker, Henri van Pede, et Rombaud 
3> Van Mansdale dit Keldermans , maîtres des travaux des 
î> villes d'Anvers, de Bruxelles et de Malines. Tous ces 
» artistes qui méritent de sortir de l'oubli dans lequel on 
« les a si longtemps laissé, ne recevaient qu'un traitement 
3> fixe très-mince, et le premier d'entr'eux. Van Bode- 
3> ghem, n'avait pas plus de cinq livres par an. Le pre- 
« mier article de leur ordonnance porte qu'on devait asseoir 

les murs du portail de manière à pouvoir dans la suite 
» surmonter celui-ci d'une tour ; le portail devait avoir un 
}> palier ou brétèque et 6 escaliers, le rez-de-chaussée 
» offrir vers la Place quatre boutiques et du côté de la 
« Boucherie six. 

)» Louis Van Bodeghem fut, pendant les années sui- 
î» vantes , presque toujours employé aux travaux que faisait 

exécuter en Savoie la gouvernante Marguerite Autri- 



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203 

» che (1). On sait <[ue cette princesse, dont le nom 
rappelle aux Belges une brillante période artistique et 
» littéraire, fit élever, pour honorer la mémoire de son 
» mari, Philibert de Savoie, la magnifique église de Notre- 
» Dame de Brou et convia des artistes de tous les pays 
^» à orner des produits de leur talent ce mausolée conjugal 
» Le long séjour de Bodeghem dans cette contrée permet 
» de supposer, jusqu'à preuve du contraire, que cet 
« enfant de notre sol a construit cet édifice , un des plus 
» beaux qu'ait vu élever Fépoque de la renaissance. » 

Nous avons prouvé par les lettres de Van Boghem 
que la supposition de M. Wauters est un fait constaté, 
et nous osons avancer sans témérité que l'architecte em- 
ployé à la construction du monument funèbre érigé à la 
mémoire de Philibert de Savoie , est une des plus grandes 
gloires artistiques du siècle de la renaissance. En recueil- 
lant d'autres particularités sur cet architecte célèbre, nous 
réunirons les éléments d'une biographie d'un de nos plus 
illustres artistes Belges. 



(1) Meesfer LodBwych f^an Bodeghem j don meesten deel van denjare, 
hesunder in den somer^ buHen alanta in Savoy en weacnde^ in den dienat 
0naer genedige vroutoevan Savoy en, (Comptes de I^bâtisepour Tan 1517). 



L'abbé F. Van De Pvtte. 



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204 

V\V\VVV\\A(VVVVV\VVVVVVVVVV\IVV\VVVVVVVVVVVVWWV\WV\WV\.WV\WWW 



BIO€lRAPHI£ D£ CHARLES DE YISGH. 



Charles De Visch naquit à Buiscamp, près de Furnes, 
de parents nobles , dont les ancêtres figurent souvent dans 
rhistoire de la Flandre sous le nom de seigneurs de la 
Chapelle ou Capelle. Son père, George De Visch, s'était 
marié à Marie Van Hecke, dont il avait eu trois enfants. 
Charles seul resta en vie et les deux autres moururent en 
bas âge. Il acheva ses humanités à Furnes et alla étudier 
la philosophie à l'université de Douai. Dégoûté du monde, 
il se retira, en 1618, à Tabbaye des Dunes, mais son 
abbé le rénvoya à Douai pour y achever ses études théo- 
logiques en 1621. Après avoir obtenu le grade de bache- 
lier en théologie, Charles retourna à son monastère, en 
1625, où il resta jusqu'en 1629, lorsqu'il fut envoyé à 
l'abbaye d'Eberbach, au diocèse de Mayence, pour y 
enseigner la théologie. Il se mit à l'ouvrage et débuta dans 
la carrière professorale par l'explication du traité des vœux 
monastiques qu'il avait composé et qu'il dicta à ses élèves. 
Il était parvenu à l'explication du traité de la Pénitence , 




205 

lorsque les Suédois s'emparèrent d'Eberbach, et disper- 
sèrent les moines de son abbaye. 

Pendant .son séjour à Eberbach , le jeune professeur 
avait encore écrit l'histoire de cette abbaye, qui fut imprimée 
plus tard, en 1640, à Cologne, par Gaspar Jongeling , 
dans son ouvrage intitulé : Notitia abbatiarum ordinis Cis- 
terciensis per orbem universum. 

Retourné dans sa patrie , De Visch fut envoyé par son 
abbé à Dixmude , pour la direction spirituelle de Tabbaye 
de 's Hemelsdael. Ce fut là qu'il eut tout le loisir de 
s'adonner aux lettres ; il y écrivit les histoires des abbayes 
de Groeninghe à Courtrai et de 's Hemelsdael, la série 
des abbés de Ter-Doest et la fondation du prieuré de 
Waerschoot, insérées dans la Bibliotheca scriptorum ordi- 
nis Cisterciensis, 

Chrysostôme Henriquez avait écrit en espagnol les vies 
des premiers abbés des Dunes, Liger et Foulques 5 De 
Visch y voyant beaucoup d'incorrections , les corrigea et 
les traduisit en flamand, à l'usage des religieuses de 
's Hemelsdael. 

Après avoir dirigé 's Hemelsdael pendant douze ans , 
De Visch retourna à Bruges en 1645 , et fut nommé prieur 
le 30 Mars 1649. Malgré les occupations multipliées de 
sa place, il trouva assez de temps pour écrire plusieurs 
ouvrages estimés dont voici les titres : 

Bibliotheca scriptorum S. ordinis Cisterciensis, in-4°. La 
première édition de cet ouvrage est sortie des presses de 
Jean Serrurier, à Douai, en 1649. L'auteur fit paraître 
une seconde édition, beaucoup augmentée, en 16S6, à 
Cologne, chez Jean Busœus. Il était sur le point de pu- 
bliér une troisième édition, lorsque la mort lé prévint: 
cette édition devait être augmentée considérablement à 



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206 



en juger d'a{Nrès le manuscrit, conservé à la bibliothèque 
du séminaire de Bruges, qui porte pour tjtre: JwsUir 
rium ad bibliothecam scriptorum sacri ordinis Cisterciensis 
anno 1656^ publkatam per R. D. Carolum De Fisch, 
priorem Dunensem. Ce MS. est composé de 166 pages, 
in-4** , d'une écriture compacte. 

Jlani magni de Insults, doctoris universcUis, opéra 
morcUia parenetica et polemica, tineis et blottis erepta et 
notis illmtrata, in-folio , Anvers , chez Lestein , 1653. 

Il publia cinq années plus tard, c'est-à-dire en 16S8, 
un abrégé de l'ouvrage: De sex alis cherubim du même 
Alain de LiUe , sous le titre de Cherubim mystims, potenti 
alarum suarum virtute sequaces suos ad cœlum sublevans. 
Bruxelles , chez Philippe Vleugaert , en latin , en français 
et en flamand. 

Deux autres ouvrages d'Alain de LiUe étaient destinés 
à voir le jour par les soins de Charles De Visch , l'un 
portant pour titre: Oculm sacrœ scripturœ, sive liber de 
varié significatione nominum et verborum sacrœ scripturœ, 
et l'autre: De maocimis theologiœ seu doctrinale altum. 
Nous ignorons ce que sont devenus ces manuscrits. 

Compendium chronologium exordii et progressas abba- 
tiœ clarissimœ B, Mariœ de Dunis. Bruxelles, chez Phi- 
lippe, 1660, de 12S pages, in-13\ A la suite de cet 
ouvrage l'éditeur a ajouté l'ouvrage du même auteur, Fita 
R. P. Jdriani Cancellier, monasterii Du$misis abbatis, 
40 pages, in-12°. 

Fitœ^ BB, Eberardi de Commeda et Richardi de 
Frisià, monadiorum ordinis Cisterciensis ^ sanctitate 
Ulmtrium. Bruges, *16K5. 

Tractattis historiens primœ originis festivitatis sacnitis- 
simi corporis et sanguinis Christi^ ex verâ revelatione 
divinitus facta 5. Firgini Julianœ CorneUensi, Bruges, 




207 



chez Nicolas Breygbel, in-8*, 1663. Jean Chapeaville 
avait déjà publié cet opuscule dans ses Jnmkjs Leodienses. 

De Visch nous a laissé en outre plusieurs ouvrages 
manuscrits, dont six volumes sont conservés à la bibliothè- 
que du séminaire de Bruges. Trois de ces volumes in-4'* 
portent le titre de Faria curiosa, et contiennent des 
copies d'ouvrages manuscrits et notamment des compila- 
tions de Brandon et de Gilles de Roya, d'après les MSS. 
de St-Pierre à Gand, et de St-Bertin. 

Un volume in-folîo contient ses sermons flamands , 
l'histoire de l'abbaye de 's Hemekdael et quelques notes sur 
la famille De Yiscb. 

Un autre volume in-4", de 355 feuilïets, porte pour 
titre: Notitiœ genealogicœ diversarum nobilium et anti- 
qmrum familiarum belgicarum prœsertim Flandriœ. Ce 
vohime est enrichi de quantité d'armoiries peintes en 
couleurs. L'auteur dit qu'il n'était pas d'intention de pur 
blier cet CHivrage. 

Le style latin de De Visch est quelquefois dur , incor- 
rect et toujours plat. Ses ouvrages, qui ont demandé 
des recherches infinies, respirent partout une grande 
érudition. Il était lié d'amitié avec la plupart des savants 
de son siècle et il entretenait un commerce de lettres 
avec les Sanderus, les Philippe Labbe, les Bollandus, 
les Tissier, les Galopin, les Doresmieulx et d'autres 
savants tjui ont illustré le xvu* siècle. 

Déjà avancé en âge et surchargé par ses travaux 
littéraires, Charles De Visch se démit de sa place de 
prieur le 9 Avril 1661, et s'adonna tout entier à per- 
fectionner ce qu'il avait publié , et c^ qu'il devait encore 
faire paraître. La mort le surprit au milieu de ses tra- 
vaux, le H Avril 1666. Il fut enterré dans le caveau 
des abbés des Dunes et on plaça sur sa sépulture une 




208 



petite pierre en marbre blanc de 28 centimètres en carré, 
portant cette inscription : 



088k 
1. D. CAROLI 
DE VI8CH 
HIST0EI06RAPHI BT 
PRIOEIS DU1TEN8IS. 
OBUT 11 APEILIS 1666. 



Cette pierre existe encore aujourd'hui et se trouve en 
parfait état de conservation. 

Le portrait de De Visch a été publié dans le premier 
volume de la Biblwtlieca belgica de Foppens , avec la no- 
menclature de quelques-uns de ses ouvrages. 

De Visch se servait de deux devises , qu'on rencontre 
plusieurs fois dans ses manuscrits , lune faisant allusion à 
son nom 5 était: Quo minimè reris gurgite, pisds erit. 
L'autre qui se trouve à la fin de plusieurs de ses écrits 
porte: Non est mortale qmd opto. 



L'abbé F. Van de Putte. 




209 

^^\^\^\^^^\^\^^M^\^\^v»^^\^\^vvvv\^vvv\^^vvvv\^v\v^vvvv^^v\vv^iv\^ 



ANALËCTES BRV6E0ISES. 



POIDS PUBLICS DE LA VILLE. 



Sanderus, dans sa Flandria illustrata, lib. I Rerum 
Brugensium, cap. iv , dit que le comte de Flandre accorda 
entr'autres faveurs , à la ville de Bruges , un poids public , 
publicum libri pondium^ en 1282; mais ce ne fut qu'un 
renouvellement de privilège , peu après Fincendie à jamais 
déplorable qui, le 18 Août 1280, avait consumé, avec la 
tour de la Halle , toutes les archives de la ville , et notam- 
ment les chartes de ses nombreux privilèges. Le traducteur 
hollandais de Sanderus, édition de Leyde, 173S, tome I, 
p. 172, exprime le publicum libri pondium, par een stads 



Il est constant que de temps immémorial la ville était 
en possession de bureaux de pesage public. Gomme on le 
voit dans une charte du comte Guy de Dampierre , trans- 
crite à la page 12 du Rooden Boeh, il y avait deux de ces 
bureaux: Vun près dm pont sainct Jehan et l'autre au 
markié. En outre, pour satisfaire aux besoins du com- 



waag. 



AififALBs. — Tome IV. 



15 




210 

merce , la rtlie devait eneore avoir , suivant la dite charte , 
quatre entreposeurs jurés ki yront autour es environz pour 
peser en tous les lieux de Bruges ou mestier sera. 

Au siècle suivant , le nombre des bureaux fixes de pesage 
s'élevait à quatre. Celui du pônt St-JeaA fignre toujours en 
première ligne. Ce pont, situé vis-à-vis de Pentrée principale 
actuelle de l'académie de peinture , sculpture et architec- 
ture^ n'existe plus. Cette partie du canal a été voûtée, et 
est devenue une assez jolie place publique. 

Pour l'ordinaire , le produit de ces bureaux de pesage 
s affermait annuellement , ainsi que les autres droits per- 
çus par la viUe. Dans le compte de 1284, le plus ancien 
de ceux que nous possédions encore , il est porté au folio 
5 verso : De assisia ponderis, 500 libri, — Dans le compte 
de 1285, fol. 5 recto: Jb assisia ponderis 1250 libri. — 
Dans celui de 1299, fol. 7 verso: De assisia ponderis 2250 
Lib. Les autres comptes du xiii* siècle , qui sont tous en 
latin, contiennent des mentions semblables. Ceux du 
xiy^ siècle sont en flamand , et ce qu'on nommait assisia 
ponderis, y est désigné comme assise van den pondre. Au 
fol. 4 recto du compte de Ontfangen van der 

assise van den pondre 1365 L. M.; 27 recto, de celui 
tle 1351 à 1352: Ontfangen van den pondère 5982 L.; 
fol. 14 recto de celui de 1417 à 1418, on voit que la 
ville avait encore quatre bureaux de pesage, et qu'elle 
faisait percevoir les droits : Door vier weghers ende haren 
inleghers ten vier weghusen; qu'en outre elle avait vyf 
tolnaers, et après déduction de leurs salaires , il revenait 
à la ville 6353 L. 

S'il est ici question de cinq tolnaers payés par la 
ville, cela vient de ce qu'elle avait jadis, outre le toi 
de Bruges, ceux de Damme et de Winendale, lesquels 
toutefois produisaient peu de chose. Dans le compte 



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211 



de 1302, fol. 30, le bureau de Damiae produit, 
outre les frais, 491 L.j celui de Winendale, d'après le 
compte de 1489, fol. 138 verso , m rapporte que 135 L. 
Au folio ISS, on lit les deux meatious surrantes , au sujet 
des poids de St-Jean: Item betaetd PhMij^e Fan der 
Rêde, oomierge ier gw^m thùotne by St-Jam^Brugge , 
ter cau&e voor zinen pensioenen mdt wedde 9l$ çoncMerge 
voorseyd van 3^jaren , . , ie vier livres, 11 5. € Den. Gr. 
^'jaers etc. 

item betadd Gheillaerd den kersghidiier , ter muse van 
zdcere menic/Ue steenen roetene keersen, by hem ghelevert 
ter voors. groate thoolne by St-Jans-Brugge , te» dwerscke 
^tonden, « diversehe pryzm, 7 Z. 2 5. 6 Deu. Gr. 

Au cartulaire intitulé Booden bouck, P. 266^ l'on voit 
qu'en 1481 la ville avait , pour la facilité du pesage, outre 
les balances ordinaires et les poids tous en cuivre, une 
espèce de balance à bascule, appelée la grande pille ^ 
pour peser jusqu'à six mille livres à la fois. 

En suivant ainsi Thistoire du commerce de Bruges-, on 
voit qu'il y eut constamment plusieurs poids publics, 
mais que le grand Tolhuys de St-Jean fut toujours le 
principal lieu de pesage. Il serait nécessaire d'examiner 
presque tous les comptes , pour savoir au juste à quelle 
époque la viUe a cessé d'en avoir la propriété entière, 
encore pourrait-on ne pas réussir dans cette recherche , à 
cause des fréquentes lacunes qui se rencontrent dans les 
comptes. Il est certain néanmoins que dans les derniers 
temps du gouvernement autrichien, le bâtiment du Tol- 
huys ou des poids publics de St-Jean , quoiqu ayant primi- 
tivement appartenu à la ville, était dévolu au gouvernement, 
et comme tel , occupé par le receveur de la douane , qui 
y avait sa demeure et ses bureaux , sans que pour cela^ 
la partie inférieure de la maison ait jamais cessé d'être 




212 



employée comme bureau de pesage pour les besoins du 
commerce. 

Durant la domination française , si attentive à tirer des 
choses tout le parti possible , la ?ille a continué d'en jouir 
très-paisiblement. 

Au mois de Mai 1837, cette maison des douanes fut 
vendue, comme bien domanial, avec reserve du bas, 
occupé par la balance publique , que les domaines 
reconnaissent par l'afBche appartenir à la ville* Il est à 
espérer que le nouvel acquéreur n'aura pas le mauvais 
goût d'abattre l'escalier si gracieux et si riche d'architec- 
ture, qui forme l'entrée. C'est un des plus jolis vestiges 
de ces constructions nobles et élégantes auxquelles on 
reconnaissait la Venise du nord. 




LE BANQUET DES SAVANTS. 



Le mois d'Août 1521 , vit réuni à Bruges une société de 
célébrités , telle que peu de i^illes en possédèrent de sem- 
blables. Ghristiern II, roi de Danemarck était arrivé 
dans les Pays-Bas au commencement de l'été. Il était 
suivi d'un nombreux cortège de nobles et de gentilshom- 
mes. Le paiement de la dot de sa femme Isabelle, sœur 
de l'empereur, et plusieurs affaires politiques étaient les 
motifs qui l'amenaient à la cour de Charles-Quint. Celui- 
ci se trouvant alors à Bruges, Christiern vint l'y rejoin- 
dre, quelques jours après que le Cardinal de Wolsey avait 
fait son entrée dans la vieille cité flamande avec on train 
royal. Plus de SOO cavaliers l'accompagnaient, tous vêtus 
de tuniques de pourpre et de robes de soie, de magni- 
fiques chaînes d'or brillaient sur leurs larges poitrines , et 
un nombreux domestique servait à genoux l'aristocratique 
prélat. 

Il passa trois jours de suite en consultation secrète avec 
Tempereur, afin de conclure, de la part de Henri VIII,, 
une ligue contre la France. 




214 



Erasme, qui se trouvait partout où il s agissait de 
grandes choses, e'tait aussi venu à Bruges, dans Pespoir 
de trouver a causer avec Thomas Morus et lord Montjoie. 

Comme il faisait très gracieusement sa cour à Charles- 
Quint , il dînait souvent à sa table , avec les ministres et 
les seigneurs de la cour. Fréquemment Christiern à son 
tour invitait toutes ces illustrations ; entr'Erasme et lui la 
conversation roulait d'ordinaire sur les maux qui affli- 
geaient l'e'glise et sur les remèdes les plus propres à en 
opérer la gue'rison. Le roi, qui plus tard fut chassé de 
son royaume pour ses actes de cruauté' , qui languit pen- 
dant 12 années dans un lugubre donjon dont la porte 
était murée, n'ayant pour toute compagnie qu'un nain 
hideux , et ne recevant le pain de la douleur qu'à travers 
les barreaux d'une lucarne , ce roi , disons-nous , était d'avis 
que les voies de la douceur et de la conciliation ne pou- 
vaient conduire à rien. 

Nous avons extrait ce qui précède de l'histoire des 
relations commerciales et diplomatiques des Pays-Bas avec 
le nord de l'Europe, par AUemeyer, et de l'histoire 
d'Angleterre par Lingard, comme souvenir mémorable 
dans les fastes de Bruges. Quel parti ne pourrait-on pas 
tiier de cette réunion de souverains et d'hommes de 
génie, pour la description d'un banquet dans le genre 
d'Athénée ou de Platon? ^ 




MARIE DE BOURGOGNE ET MAXIMILIEN. 



LoRSQu^iL s'agit de marier la fille de Cbarles-le-Témé- 
raire, on sait que de grandes intrigues s'ourdirent de 
divers côtés. Louis XI surtout mettait tout en œuvre 
pour profiter de cette circonstance. Les Magistrats des 
villes de Flandre eurent, au sujet de ce mariage, de 
longues correspondances, car il s'agissait de l'existence 
du pays. Malheureusement la plupart de ces documents 
ont été négligés par l'histoire , quoique propre à jeter du 
jour sur ces temps agités. Nous présenterons ici sommai- 
rement une dépêche des députés de Bruges qui se trouvaient 
à Gand, écrite à leurs collègues les bourgmestre et éche- 
vins : 

Depuis notre dernière missive, des ambassadeurs ont 
été envoyés parle roi , au sujet de notre princesse et en son 
absence, les points suivants ont été examinés: l"* Par 
les lettres exhibées par les états , concernant l'alliance 
de la jeune duchesse avec le fils de l'empereur, celle-ci 
est-elle tellement Mée, qu'elle ne puisse se marier à d'au- 




216 



très? Le conseil décida négativement; car elle ne répondit 
autre chose à Févêque de Metz , sinon qu'elle se soumet- 
trait toujours à la volonté de son père, et qu'elle donnait 
son assentiment à ce qu'il avait fait, comme à ce qu'il 
ferait par la suite. Vachier Gordyne, notaire présent, 
dressa un acte de ces paroles. Or, cette réponse ne lie pas 
suffisamment, pour le mariage, et de plus entre le duc 
Charles et l'empereur Frédéric il y avait encore différentes 
autres conditions à remplir , qui ne l'ont jamais été. Deuxiè- 
me point : Quelle serait l'alliance la plus avantageuse pour 
la princesse, pour ses sujets et pour le pays? On objecta 
contre Maximilien la grande distance qui séparait ses états 
et ceux de Marie, et par conséquent les difficultés pour lui 
de venir au secours de la Flamlre. On proposa l'alliance 
du duc de Clarence, mais il était assuré que le roi de 
France serait courroucé de cette union avec l'Angleterre , 
ce qui amènerait une guerre perpétuelle au sujet des pays 
qui devaient hommage à la couronne de France. Finalement 
il fut résolu qu'il n'y avait pas d'alliance plus avantageuse 
que celle avec le Dauphin, d'autant plus que dans le cas 
contraire le roi Louis était déjà prêt à entrer en campagne. 
Troisième point : l'ouverture des villes et forts de l'Artois. 
Il est résolu qu'elle ne se fera que verbalement, sans que 
le roi ni ses hommes d'armes puissent y être admis. Ces 
places pourront prêter serment au roi , jusqu'à ce que la 
jeune duchesse lui en ait fait hommage. Quatrième point : 
que ferait-on , comment résisterait-on au roi , si cette ou- 
verture n'avait pas encore lieu lors de l'alliance du Dauphin 
avec Marie? car de tous cotés on reçoit des plaintes au 
sujet des tentatives que fait la France en Artois, contrai- 
rement aux promesses des ambassadeurs. Le seigneur de 
Rurabeke et Jean de la Bouverye avaient été chargés de 
porter assistance. Il y a ici beaucoup de députés qui pen- 




217 



sent qu'on ne pourra parvenir à un bon accommodement 
avec le roi, qu'en lui montrant les dents. 

Voilà tout ce que nous savons pour le moment. Écrit 
à Gand, le 18 Mars anno 76. Le matin à 6 heures. 



Tout ce qui se rattache à l'histoire de l'empereur Maxi- 
milien durant son emprisonnement à Bruges, est d'un haut 
intérêt, comme le prouvent les nombreuses recherches 
faites depuis quelque temps à ce sujet, par plusieurs histo- 
riens. 

Malheureusement il a été impossible de présenter jusqu'à 
présent un ensemble satisfaisant de cette période, vu qu'un 
nombre assez considérable de pièces sont encore ou inédites 
entre les mains de particuliers , ou enfouies dans les dépôts 
d'archives. Plus d'une fois déjà le récit de cette lutte terrible 
entre les corporations de la Flandre et un souverain, empe- 
reur et roi , a attiré notre attention , et nous avons fait con- 
naître des documents curieux relatifs à ces graves événements ^ 
du xv"** siècle. Continuant nos recherches sur cette époque, 
nous communiquerons ici quelques actes qui n'ont point 
encore été publiés , et qui nous initient à la pensée intime 
de ce grand mouvement populaire. 

Afin de ne pas affaiblir l'énergie du style, nous n'en 
ferons pas la traduction , qu'on se rappelle seulement que 
près de quatre siècles se sont écoulés depuis. 



Les magistrats et tous les corps de métier de Bruges 
remarquant, disent-ils, que par l'administration du roi des 
Romains la Flandre a été remplie de troubles et forcée de 



Sommant it la ^xict : 




218 

soutenir la guerre contre la France , malgré la paix conclue 
en 1482 , et rompue sans l'assentiment des Etats du pays , 
que de cet état de choses il est résulté des maux sans nom- 
bre , et que par suite le peuple s'était emparé du dit roi des 
Romains, et avait arrêté plusieurs seigneurs allemands et 
autres. Craignant que des représailles fâcheuses ne soient 
exercées contre eux , ils se lièrent et s'engagèrent tous en- 
semble , l'un pour l'autre et chacun pour tous , de se prêter 
assistance et secours mutuels. Pour plus de sûreté et afin 
que les mêmes circonstances malheureuses ne se représen- 
tent dorénavant, les villes de Bruges, Gand et Ypres, 
auront chaque année , au 4 Septembre , une réunion de 
personnes nobles , afin d'examiner si les affaires du pays 
soumis au jeune duc Philippe^ sont administrées selon 
les lois et coutumes. Il y aura encore chaque 14™** jour 
d'Octobre une assemblée armée des corps de métier , éten- 
dards déployés , et des magistrats, entre 6 et 7 heures du 
soir; dans laquelle réunion on suivra IVdre observé à la 
procession du Saint-Sang. Deux jours de suite oes cprps 
parcourront la ville processionnellement, et peudaut ce 
temps on arrêtera les comptes de la ville. 

Allen den ghonen die deze présente lettren van verhamlQ 
zuUen zien of hooren lezen , waer in dat bem verbipt deei^ 
jeghens den anderen, deen metten anderen, ende elc je- 
ghens aile de andren , zo v^ie dat nu ofte teeneghen daghen 
in gebreke ghevonden zoude mogben werden, van dezen 
naervolgbenden verbande, elk over hem ende over de zîne 
al nu in officien zynde, ende die naer ons wezen zullen, 
aïs capiteyn, bailliu, schoutfaeeten, burchmeesters , scepe- 
nen, raden, ghecommitteerde booftmannen van den poor- 
trie, als van sint Jans, sint Donaes, Onzer Vrauwen , sint 
Jacops, sinte Niclaeys ende van s'Carmers zestendeelen , 
sghelycx dekenen van ambochten ende van neeringhen , ait 



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219 



van den ambochte Tan de fF'ulhnwevers , van de vulders, 
van de scheerers, van de vaerwers, Tan den ambochte 
Tan de Fleesschauwm's f Tan de Tischcoopers , Tan den 
ambochte Tan de ThemerUeden, Tan de matsenaren, Tan 
de tegheldeckers , Tan de loodghieters , Tan de plaeste- 
raers, Tan de stroodeckers , Tan den laghers, Tan denwyn- 
meters, Tan den wynscroders, Tan den cnnpers, Tan den 
wielwerckers, Tan den drayers, Tan den scrynewerkers , 
Tan den beildemakers , zadelaers , Tan de boghemakers , Tan 
de lynemakers, Tan den potmakers^ van den ambochte van 
den emeden, Tan den goudsmeden, Tan den waepmakers, 
Tan den theninpotghieters, Tan den ambachte van den 
cordewaniersj van den zwarte ledertauwers , Tan de hude- 
yvetters, Tan de dobbeerers, Tan den buersemakers , Tan 
den witte ledertauwers, Tan den handscoewerkers , Tan den 
ambochte Tan den coussceppers , Tan den sceppers, Tan den 
calcstickersy van den lamwerckers, Tan de oude cleercoo- 
pers, Tan den oude graeuv^erckers , Tan den vdliv^erckers, 
Tan den ambochte Tan den hackers, Tan den muelnaers, 
Tan den hoedemakers, Tan den lyse cleetwcTers, Tandon 
tycwoTors, Tan den wulleslaghers, Tan den haerdemakers. 
Tan den riemakersi Tan den scheedemakers, Tan den pater- 
nostermakers, Tan den fratenjers, Tan den kersghieters , 
Tan den sciplieden ende Tan de makelaers Tan der stede 
Tan Brugghe, groetenesse: Omme dieswille dat by den 
gouTerneurs ende regemente Tan den hoghen room- 
scheu oonync, het land Tan Ylaenderen was ghestelt 
in grooter beroerte ende stercker oorloghe, jeg}iens 
de macht der Franchoisen^ niet teghenstaende dat den 
paeis, alzo als elc weten mochte, de welcke ghemaect vras 
in het jaer 82 laestleden , dat die ghebroken werde buuten 
den wetene ende zonder consente Tan de staten Tan den 
landen^ als Brabant, Ylaenderen, Hollant ende Zeeliant^ 
daer ute dat Tele moorden^ rooTen, violeeringhen , ver^ 
crachtfaeden op ghehuwede Trauwen ende maechden, 
gheestdic ende weirlic, Terderringheii Tau kercken, steden. 




220 

casteelen Tan den platten lande ende van den aermen 
scamelen landsYolcke , met ontellicke Tele meer andre poin- 
ten, grievelieke aercheden, orrible ende onredelicke faicten, 
geschiet ende gbebeart zyn ter gheheelder destractie ende 
becommertheden van den voorzeyden lande , stiebtende iant 
op lant, stede op stede, ghebaer op ghebaer, binnen ah 
buuten, Teel cracbtegber, murmnracien, alzo dat coop- 
inanscepe ende neeringbe slaecte ende vergbinc ende ne- 
gbeenen loop noeb coars en badde , boven dezen opiysyn- 
gbe ghesteit ende gbemaect van oorlogbelicker wreetbeyt 
op de stede van Ghent, buer afcnoopende ende slaatende 
haere passaigen, %o dat van nyenwers niet der yoorseyde 
stede gbeene Titaelge gbenaken en conste , noch en mocbte , 
insgbelycx ute gbeweest hebbende met grooter subtylder 
neerensticbede ommè binnen den stede van Brngghe te bren- 
ghen , ende die te yervullene, met menichte van vreimden 
Toicke Tan T^apenen, Hennuyeren, Duudschen ende andre , 
ende die hier binnen dezer stede van Bruggbe te legghene 
in eene ontamelieke gheduerlichede , zonder daer of theb- 
bene met dezer onzer Toorscreven stede consent, raedt 
ofteadTis, beTranende bemlieden alhier te houdene, ende 
datte jeghens de voorseyde stede van Ghent, meenende van 
dezer stede ran Brngghe , de Trelke tôt noch toe eene goede 
ende proffitelicke coopstad ghehouden es ghezyn, te Inakene 
eene onpaeiselicke stede van oorlooghe zonder oorboir, 
maer scadelic , daer mede dat wj aile te zamen inghezetene 
Tan dezer stede zeer beroert ende ontstelt zyn gcT^eest, 
ooc anmerckende met drackeghen ziene de groote listen , 
stercke practycken yan openynghen te bezoackene van 
poorten ende betastinghen van gheordonneerden oploopin- 
ghen hier binnen dezer stede , omme onslieden te mueghen 
overwelven metten volcke van wapenen voorsproken, de 
TTclcke wf hebben gheschant met onzen oghen, hem spree- 
dende buuten omtrent der voorseyder stede, dies wy al 
ghemeenelic inghezetene welwiltende deze stede ende onzen 
ervachteghen prince grave Phelippus, mids den incommene 



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221 



van der Buerg, de conyDC voorseyd met kapiteynen by 
eender banoiere met ghespannende boghen aldaer, vellende 
pycken, ooc met bloote zweerden foitelic bereed, contrarye 
dan ghemeente van der voorseyder stedei van Brugghe, 
haut parer onnoselder eode grooter bescaemtheyt ter be- 
schermenesse van oDzen goedyoghen, wyfs ende kînderen , 
ooe ter behoudenesse van ons ghennuts, prinsen, stede 
ende lant, zyn gbecommen , den eersten dach van sporcle 
int jaer M 1111° 87, met onzer noodtzinnegher vergaderyn- 
gbe met wapenen , onwonden bannieren , engienen , tenten , 
pavilloenen, ter maret ghedaen, aldaer hy onzen verzoucke, 
jso vele dat de hoghe roonuche conync ghecommen es in onze 
handen, ende in de macht van den III leden slands van 
Viaenderen^ hem den voorseyden conyne te zamen bebben 
gheordonneert een proper bnus ende plaetse, daer inné 
dat hy redelic , tamelic ende eerlic bewaert ende ghelogiert 
es te zinen oorboire, ende te onzer aider verzekersthede, 
voort zo hebben wy inghenomen ende ghehouden eeneghe 
mneghende diversche heeren , dnudschen ende andere , de 
welcke raders ende opstelders zyn gheweist ter oorlooghe, 
omme te bedervene met crachte beede lant ende stede, 
ende zyn deze Toorseyde heeren by accorde ende consente 
der drie leden des lands van Ylaenderen ghevoert , gheyan- 
ghen ende ghehonden binnen der Toomoemde stede van 
Ghent, ende omme te vercrighene ende te achterhalene 
zekere persoonen, hem zelven hebbende ghevlacht, ver- 
borghen, bescnldich wezende grootelicx of aldermeest van 
allen den voorseyden quaden opstellen ende faiten , hebben 
vtry ghemaect ende ghedaen diversche loopinghec ende 
bezonckingen in kerken , in huuzen , in boomgaerden ende 
eldre , alzo dat ooc eeneghe van dezen voorseyde sticke ter 
kennisse van den drien leden tsiands van Ylaenderen ghe- 
commen ende ghebrocht zyn , by hem lieden gheexecuteirt, 
niet jeghenstaende hoe vf ei dat al dit voorleden ghedaen es 
gheweist alleenlicke omme te belettene, het duchtelicke 
verdriet ende lyden dat ons ende aile den ghemeenen lande 




222 



daer of zoude moghen anwassen endc gheboeren, maer 
omme het Toorseyde land van Ylaenderen te vervoorderne 
te stellene in ^yne voorweiende nature ende în almlcker 
manière, zo dat paeys, jnsticie, eendragtighede , coop- 
manscepe ende neerynghe, daer in virtnatelie regneerende 
ware, loop, cours ende ghanc hebben naer «ynder oor- 
spronckelick l)ehoorte , bloeyende nu gheljo als dat ghe- 
daen heift in tyden voorleden , ten oorboire ter weiPÈKchedc 
van onzen ervachteghen ende natuerlicken prince dilen 
landen ende onderzaten , dit Toorscreven al om minne cm 
Triendscepe^ duer ancxt, zoorgfae, vreeze în dezer Toorseyde 
Toorme ghescbiet ende ghebuert wezende, wylîeden be- 
scaemde ons , nochtans beducbten dat men in toecoinmende 
tyden by ouden gbedinckenesse , by anghewasser muegent- 
heden, als rysinghen ran gbeslachten, ofte by quaden 
anbringbene , ofte by wat manîeren dat datte soude moglien 
gbebuert wezen , dat men ona in tyden , ofte in wylen ver- 
driet ansprake , of lettinghe , of binder zoude moghen doen, 
welwetende nocbtans claer ende bescbeedefic, blyckelio, 
ende openbaerlic dat wy by onnatuerlicker craekt op ons 
begbonnen met natuerlicker eensbede , wy dat alzo zoe- 
telîc als mueghelîc es gheweist hebben wederstaen, duer 
het welke bezoorghendc toecommende grieren als utedezen 
gesproten , het ware by jnstitien verzocht of andermîns op al 
die beduchtelîchede iest dat wy capitein , baîHiu , seheut- 
beeten, wetbouders^ liooftmannen , dekenen ons ^ei^iaden 
albier, deen metten anderen, deen jeghens denanderen, 
ende elc jeghens aile de anderen aïs vooren Toorseyt es, 
omme troost, bulpe , secours te doene, èicken ende leickeo, 
nedere ende bogbe , zo wîe dat nimmermeer nu ofte eene- 
glien daghe by verstervenesse of anders, ter cause van 
dezen doene of zegghene anghesproken zoude mogben 
werden, daer inné bevanghen aile de ghone die gbeeeren 
bebben ghesyn omme voot ons allen ten oorboire der stede 
ende den lande te voedene, appellatien, opronping^hen of 
wederzegghen van zaken ende Tan dermachl van de fooa- 




225 

*ohen ooding eûde ûae yoochdiesohepe van zinen ervach- 
ieghea ghebooren sueae, onzea nataerlicken goeden 
prinche grave Pbelipa, in diere manieren of anderssîns 
«ghelfox daer inné bagrepen, aile de ghone die hj con- 
trainte of ghemeene voyse wetende of niet wetende wien 
zy aneTâerden ofte deden^ sydert der date dat raen ter 
marct quam naer hei toverlyden zalegher ghedenkenisse 
der faertoghe Karols van Valoys, hebbende eed ghedaen wyien 
onzen lieven ervachtighen faeere Grave Philips, onde wylen 
denhertogbe van Oosteoryc, als nu conyno van de Romeynen, 
nu wederomnie by grooten redene onzen zeer beminden 
nataerlicken prince, ende dat al tsamen by deo beleedene 
ende regemente vooren verfaaelt, ona zelven by purer 
^ kennissen , ecbtende ak nu ende nataerlicke waerachtighe 
gberechticbede ons allen claer stellende binden voorzeyden 
verbande van allen woorden ghewercken buuten der march 
of daer binnen gbescbiet ^ in yrai manière dattet moeghelic 
te gbescbiene Ey, annopende dezen onzen noodzionelîcken 
labuere ende anders niet oiiime al dit sterckelic, wyselic 
ende duecbdelic, ten oorboire ter bescbermenesse van 
hoghe van fiederen, van nederen aïs hoghen ter behoudenisse 
van ghesticktegber rusten te onderhoudene , so eyst dat ons 
allen iogheseten van der goeder stede van Bragghe ende by 
denS ledene'lands^als voor scepenen, burcbmeesters, voocht, 
scepexien, raden, meisgaders beede de dekeneu van den 
voorseyde stede van Gbent, vertogbend onder bemlieden voore 
ée S boo£»teden als Gbent, Brug;ghe , Ypre ende tgbeheele 
lidiame éen laoden van Vlaenderen over ons, om oos ende 
onzen naercommers faebben zy yqot onsliedea van dezer stede 
•albier gheordooneert ende ons verleent uut der muegbenden 
boogfaeyt ons natueiiicx beer prince , boe dat wy liedon van 
dezer stede van Brugghe voorzeyd in elc jaer verstaende wel 
ende perfectelic «onder aflaet van jare te jare zullen in 
ontbteden jille OAze onderzaten ten i'"" daghe vaa September 
iôer te sendene binnen decer stede «ekere ghecoome persoo- 
Ben naer de groothey d ende behoorte van huerltedea plaetsen 



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224 



ende steden, omme alhier te vertoghene byden heere, by 
der wet, hooftmannen , dekenen of binnen dien jare voorle- 
den in eenighe van hueren plaetsen ofte steden faulten 
ghevonden hebben gheweist by gbebreke van goeden rege- 
mente, omme al dat ter stont te reghelen , te belfen eer dat 
de (juade costumen verwarderden in oinmanierlicken state 
ende wezen ; voort dat wy lieden yan dezen stede voorzey t 
zuUen gbehouden zyn van jare te jare, te wetene capitain, 
baiiliu , scoatheete , barchmeesters , scepen , raden ghecom- 
mitteert metten state der voorzeyde stede , hooftmannen van 
den poortrye, dekenen van ambochten ende van neerynghen 
te zine ten 14 van Octobre snavonds tusscben den 6 ende den 7 
hueren te wezen elc metten zinen ghewapent volk , standaer- 
den en bannieren^ ter maret , ende zo wie wat hooftman, de 
ken al ghelycke voorseyden daer in fanlten bevonden werde 
of van commene in eeneghen ghebreke van zinen standaerde 
te bringhen of te zendene met zinen volke ghestoffeerd, lo zal 
die hooftmannen of deken verbuerende x roeden inners in de 
stede ende eist dat eenich in ghebreke weze van zynen 
onderzaten , die daer toe vermaend zal werden , die zal ver- 
baeren een roede inners ter versterkynghe van der stede 
de welke verbuerte men innen zal by eerlicker exeeucie 
van der wet , hooftmannen ende dekenen , ende zullen zy 
aldus dezen eersten a vont 14 in Octobre, in deze voorscre- 
ven wapenen gaen naer de ordonna ncie, ende ghelyc als 
men ghaet inde processie die wy doen van den waerde 
heleghen Bloede, den 8 dach in Meye, ware ooc by aldien 
dat die voorscreven ordonnancie verordonneort worde van 
ghanghe, omme beter coleur ende bet ghevormt te ghane 
naer rechter wapenen manière ^ daer omme zo ne zullen 
niet vermindert noch verandert worden de verzaminghen 
van der hauwette , de zekere huere ende tyden , noch ooc 
mode de verbuerte voorsproken op al naer het voorseyde , 
daer ghebrec of belettinghe in gevonden werde, en zal 
men aldus ghaen den voorseyden eersten avond van huut 
der maerct voor den Bytere, duer de Wapenmakers-stratei 




225 



tôt Sînt-Jans-brugge, laacx de Spegelmakers-reye , daer 
de Inghels-straete , duer de Rudder-straete , keerende ia 
de Boogaert-strate, duer de Cromme-Wale, over de Stroo- 
brugghe, voor by den Carmers , daer tProssche, duer de 
Peper-straete , over de oude Muelne-brugghe , daer de 
hooch-straete , duer de Buereh, duer de Breydel-straete , 
op de Maret, den anderen avont 15 in October, weder- 
omme verzamen ter voorseyder plaetse ter ghelycker huere 
ende op ghelycker peyne, gaende alsdan duer de Wulle- 
strate, commende over de groote Eeeliout-brugghe, over 
de VJas-brugghe , duer de Braemberch-straete , duer de 
Witte-Ledertauwers- straete , ten Hoye, voorby den Naza- 
retten, ten Anckerne, duer Ste-Marie-straete, voor tVleeschuus, 
west duer de Steen-straete , duer de Dweers- straete, duer de 
Wulffaert-straete, duer den Oudenzak, over de Lee-brugghe, 

duer sheer Gheerwin-straet , voor de voor Sinte- 

Xristofiels, ter maret, den derden avond al weer ende in 
ghelycker vormen , 1 5 in October , gaende van der maret ten 
Beerkine in, duer de St*Jacobs-straete, duer de Ezel-straete, 
duer 'sheer Bonins-straete , Terbaelie, ter Vlaminc-brugghe , 
voor by den Aughustynen , over de Wynkel-brugghe, duer de 
Lange- Wynkel , duer tGhenthof, lancx de noordzyde van 
de Reye, tote Sint-Jans-brugghe , duer de Zouter-straete, 
over de Buerze , duer de Vlamync-straete , ter Maerct : ende 
zal men binnen dezer middeler tydt sluuten de rekenynghe 
ende staet van der stede, te dien hende dat elc mueghe 
als dan, zonder delayen of cause thebbene van daer te 
blivene, gaen rustelic te zinen huuse in paeyse, met minne 
ende in vreden, omme deze wapenen ende aile tvoorseyde 
tôt elckerlich beschermenesse : zo hebben wy eendrachtelic 
gheslooten, belooft ende ons verbonden in goeder eer- 
baerheyd, trauwen, ende ooc by eede over ons ende onze 
naercommers, over al de ghemeene inzetene van dezer 
stede, sghelycx over onze haghe-poorters ende onderzaten 
aile lemmer te beletten , te weerne , ende daer jeghens te 
vallene ghesaemderhant, deen met den anderen, met live, 



Anitales. — Tome IV. 



17 




226 

met goede, met orachte, mot mueghenthede , ende met al 
dat ons dalmoghenden God verleent heift , ooc cesseerendô 
voor gbelye aïs bdTen Terhaelt es, allen moeyten, tribula- 
cien wien zy ter cause vaa onzen voorgheneomden zakea 
zoude moghen ghebueren, dat die gbesticbt, gbebegent 
ende ter neder gbeworpen zuUen wezen , beloven elcande- 
ren bulpe ende bystandicbede te doene te a lien ifden dat 
bet nood werd zonder eenegbe faulte , malengien of exou- 
sacie daer oppe te doen. Al tweleke onze naercommers ia 
officien , in wetten ende in eede ran dezer voorseyde stede 
tbuerlieder ancommene beloven zullen ran al tôt al, bf eeàé 
dat te bondene ende te doen boudene , van pointe te poiii^ 
ten , ende indien dat wy of esnicb onzer of onzen naercoo^ 
mers dies verzocbt worden ter bulpe van trooste ende 
bystande , ende dan daer of weisende in gbebr eke ^ die zal 
gbehouden werden als meeneedieb ende buuten gbesteh 
zyn tan aile vergaderingben ende gbezelseepe , van allea 
goeden mannen, gbelyc eeneo verwaten menscbe ; dat meer 
es, dat men den zegbele van zinen zestendeele , neeringhe oft 
ambocbt, zal duer drincken met eenen yserin slotele, daer 
in bliyende tallea dagbe ter bescamenesM datter booft yan 
den zegbele voorsproken bangbeade aa deze Ictteren yan 
Terbande beift gbeweist contrarie der waeracbtiobede ende 
daecbdeticker eendracbtiebede. Item dat men van nu voor- 
dan zo wat byden beere ende byder wet ende andere 
gbebeescbte zal wesen^ ander booftoftannen^ dekenen ende 
den gbemeenen buke van der voorseyden stede dat de and- 
woorde , die zy op de begbeerde zaken overbringbea 
zttUen dat die ferme ende van waerde gbeboudea wordea 
zal, zonder aldaer oppe yemende meer te vergaderen of te 
doen versamene, ende dat altyts de meeste meniobie zal 
verwegben der minste menicbte zonder vertreo ende 
zonder delay. Inkeanissen, in Of^rcoodsoepeng vastiobedea 
van al dies voorzeyd es, bebben deze jeg^benwoord^be 
beeren deze ktteren gbedaen zegbeleii^ te vreteae^ wy 
capitein , baîlliu ende scheuteeten ete teel oma teghele » 



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227 

VTf burchmoesters , scepenen, raden, ghecommitteerde , 
hooftmaDned van der poorteiye in ghelycken met onzen 
zegheleD, ooo metten zeghele van verbande van dezer 
Toorseyde siede, sgbelycx met allen den zeghelen van den 
Yoornoomde amboebten ende neeringhen, over ons ende 
over aile onzen ghemeenen onderzaten nu ende naercom- 
mende beboorende ter onderdanicheyt ende obediencie 
in rechte deïer stade end6 bueren eerscepien. Dit was 
gbedaen ende besegbelt met aile den voornoemden ze* 
ghelen hauthanghende int jaer duust Tier bondert 80 ende 
zevene. 



, POINTS ET ARTICLES QUI FONT l'oBJET DES PLAINTES DES NEUF 
MEMBRES DE LA TILLE DE BRUGES. 

Nous résumerons les principaux articles en peu de mots : 

1*. Rendre la liberté aux négociants arrêtés à Gravelines 
par la garnison. 

2*. Rétablir Tordre dans la ville , afin que le commerce ne 
souffre pas plus longtemps des désordres existants. 

3". Concernant les 80 livres de gros à payer à ceux qui 
ont arrêté le fFatergravé. 

4*. Concernant les joyaux et les serviteurs du jeune duc 
Philippe qui ont été retenus. 

8^. Chacun des neuf membres aura copie des privilèges 

contenus au petit llyre noir. 
15**. Ceux qui ont contribué à établir le 4"^ membre de la 
Flandre , seront poursuivis rigoureusement. 
U faudra examiner ce qui a été fait des fortes con- 
tributions levées par le Franc de Bruges, et des 
emprunts levés sur les habitants de la ville. 
Jean Leupen et De Sarge doivent déclarer qui les a 



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228 



autorisé à donner un sauf-conduit maritime , parce 
que beaucoup d'argent a été transporté par mer , et 
qu'il importe de savoir qui en a profité. 

18°. Remettre en liberté les négociants anglais arrêtés à 
l'Ecluse , afin qu'ils ne fassent pas de mauvais rap- 
ports en leur pays. 

19\ Le seigneur de Gruthuse et ses deux fils doivent res- 
ter comme otages à Bruges. 

23°. Tous les bateliers , matelots et pilotes jurés du pays 
devront se réunir à certain jour afin de répondre et 
de prouver pourquoi ils ont conduit un grand nomr 
bre de navires hors des limites de notre juridiction 
sur mer. 

24°. Enquête à faire au sujet de l'emploi des deniers des- 
tinés au curement du Zwyn. 

26o. On veut savoir de suite, et avant de déposer les 
armes , si les deux châteaux de l'Écluse veulent se 
soumettre au prince Philippe et aux trois membres 
de Flandre, sinon on les y obligera par la force. 

27°. Les membres des corporations ne peuvent être pour- 
suivis en justice. 

28°. Il faut que l'on obtienne des nouvelles positives de ce 
que maître Jooris Baert et autres ambassadeurs, 
envoyés en Autriche, ont fait durant cette ambas- 
sade qui a coûté beaucoup d'argent. 

29°. La charte que ceux du Franc ont obtenu frauduleu- 
sement , et par laquelle ils ont forcé les haghepoorters 
(bourgeois de l'extérieur de la ville), à payer d'ex- 
horbitantes contributions, sera déchirée en notre 
présence, sans qu'on puisse tenter de jamais la réta- 
blir. 

30°. Il doit y avoir une alliance offensive et défensive entre 




les trois membres de Flandre et les neuf membres de 

la ville, pour protéger les corporations. 
33"*. Le jeune duc Philippe doit venir à Bruges. 
37°. Les marchands anglais seront libres de venir vendre , 

comme autrefois , par sac , leur laine sur les marchés 

de la ville. 

39°. Les trois membres de la Flandre enverront au roi 
de France , au sujet de la paix , une ambassade , au 
nom du duc Philippe. 

40°. Les keures des corporations , telles qu'elles existaient 
en 1482 , seront maintenues , et on tiendra la main 
à leur exécution. 

42°. Tous les magistrats prêteront serment au prince 
Philippe; le territoire du Franc ne sera plus qua- 
trième membre de Flandre , mais soumis à la ville , 
et marchant sous son étendard. 

44°. Ceux qui ont été la cause que Damme s'est soustrait 
à la juridiction de la ville de Bruges, ont-ils été 
punis? 

47°. Avant de remettre en liberté les officiers allemands 

du roi des Romains , ils devront prêter serment au 

duc Phillippe , et jurer de ne plus porter les armes 

contre lui ni contre le pays. 
49°. Quiconque reprocherait à un autre ce qui s'est passé, 

ou rappellerait émeutier^ sera sévèrement puni. 
51°. L'on mettra tout en œuvre pour conserver l'amitié 

de monseigneur Philippe. 
53°. Damme devra être mis en meilleur état de défense , 

qu'il ne l'est aujourd'hui. 
55°. La foire de Bruges devra durer 18 jours; et l'on 

demandera aux états d'établir des foires semblables 

à Anvers et à Mons, 
56°. Les bourgeois, aubergistes et hôteliers, qui ont entre- 



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230 



tenu les domestiques et les chevaux des seigneurs 

de la suite du roi des Romains , doivent être payés 

de ce qui leur est dû, 
S 7". On fera saisir tous les biens de Pierre Lanchals, de 

maître Barradout, Roeland, Lefevre et de tous 

leurs complices. 
39"*. Les ét^ts auront à examiner les règlements sur la 

monnaie , afin que la même monnaie ait cours dans 

tout le pays. 

6S°. Les fonctions de poinçonneur devront être conférées 
par la ville. 

66''. Le poinçonneur ne pourra dorénavant recevoir plus 
de deux mittes par chaque poids jugé trop léger ou 
trop pesant. 

67°. Les articles de commerce reçus de Fextâ'ieur par 
les négociants étrangers, devront être vendus par 
eux» sans pouvoir être travaillés ou changés de 
nature. 

69^. Avant de faire retirer les bannières et étendards , les 
divers points compris dans le présent acte devront 
être mis à exécution, ou les raisons seront données 
pour lesquelles cela n'a pas eu lieu. 

pi DOLEARGBEV tVHM BSftHEERTEN DIS DE CMWOmmmftia TAN 
NEGHSN LEOEIY YAIT DER STEDE YAK BEUGOVS IlfT GEiriR^I^ OVER- 
BROCQT BEBB^N PER WET. 

Eerst d£^t men vulcommen de zes pointen die den 2S 
dach van Sporkele laetsleden by hemlieden overghegeren 
waeren, ende ghesloten metter wet te wetene. 

P. Aenghaende tghuendt dat de nacien te kennene 
gbegfaeven hebben, ter causen van eenegben cooplieden, 
ende huerlieder goederen ende eoopmanscepen , die ghear- 
resteert zyn binder stede van Grevelynghe^ by den ruters 




251 

daer liggfaende îd garnisoene , omme betalinghe thebbene 
van haerlieder soutien , omme niewers te vyndene van de 
voorseyde cooplieden ende hueren goeden te doene ont- 
slane , want men hemlieden wel schuldieh es xii° L. grooten 
die 7.Y betaelt willen hebben , eer zy de voorseyde coop-' 
Jieden ende hueren goeden ontslaen willen , ende al waerer 
zy dese ryse ontsleghen , zy en zouden nocbtans daer omme 
niet laten , aile andere cooplieden ende hueren goeden te 
arresteerne. 

Yoort ten anderen , aengaende dat de voorseyde van 
^en nacien , begheert hébben , dat de stede gbestelt worde 
in goede ghereghelthede, ten hende dat de coopmanscepe 
loop ende çourps hebben moghe, ende dat de cooplieden 
g^beene cause en hebben, die te scuwene. 

i®. Item aengaende den 50 L. grooten die de ghesellen 
die den watergrave ghevangen hebben , begheren thebbene, 
jdf men die betalen zal van der stede ^oede of niet^ jof 
van âer goede van don watergrave. 

40. ^Yoordt omme .de baghen, juweelen ende dienaers 
tran Pliilippe Monseigneur, of men die hem zal late vol- 
ghen naer zyne begheerte of niet. 

5^. Voovdt wat men doen zal metten ^deaeniers , die nu 
t»y gesohrifte ^esteât zyn vc^^ende der begheerte van 
den valdke. 

6*». Ende of men Silvester Van den iBqrghe, als poorter 
<zeil moghen ontslaen op caucion juratoire. 

7^. Voordt xy begheeren te ziene ende thebbene vastic- 
^it ende bezeghelthede , ghelyc als de 'heeren van Gbendt 
beloofi hebben ^ ende selve ^hebben van de payse van Vranc^- 
'i^]^)ke. 

^S"". Voordt dat elc van de ix leden hebben zal copie , van 
•de ~pointen>ende artiolen van privilège begrepen int zwarte 
^uoidtia , iende van >tghuendt dat van desen gesloten zal 
worden. 

9"*. Voordt, dat de zes ghecommitteetde desbourseren 
euUon ,de zet ihondavt ^ponden i^ropten, t(Ktbehoorend& 



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2o2 

diversclien persoonen die bescadict zyn an Colsaerdt de 
Mey. 

10°. Voordt ten proffite van de créditeurs, te doene 
desbourseren de penninghen van Willem Roelands , Jaii 
Daussa ende andere die daer of de handelyrighe hebben. 

11°. Voordt dat men wederkeere alzulke penningen, 
als die van deser stede ontfanghen hebben tongbelyeke, 
van boeten , het zy by bliverscepe of andersins , van zaken 
daer of partien noch niemend scade of ghehad en heift ten 
hende datter geen procès of en zou zyn , ende dat elc gbe- 
rembourseirt worde , indien men bevyndt , dat se die daghe- 
lyck beth hebben. 

12°. Voort aengaende den haghenpoorters, dat men 
bôzouc doen zal, e.nde visiteren de oude privilegen, ende 
die ghesien, ende ghehoort huere doleance^ ghedaen te 
wordene, zo redene bewyzen zal. 

13°. Voort, dat raen justicie doe, over de ghone die 
hem vervoordert hebben, tvierde let te maeken contrarie 
der eendrachtichde van den lande, ende dat men die 
scaerpelicke executeert in de steden ende plaetsen daer zy 
zyn , ende hier of zelven informacie doen omme te wetene 
wie die zyn, diet ghedaen ofte vervolcht hebben. 

14°. Voort zo begheeren zy recht ende justicie over de 
ghone , die zekere kennissen ghebroken hebben , ghegheven 
ende verleent by mevrauwe Marye, ter lester duechde- 
licker vergaderynghe voor deze, niet ghedaen dien ter 
générale cause, omme de dood van dhertohge Kaerle, 
- verradelicke daer toe ghebrocht, zo wel bleek te Ghent by 
justicien, ende omme groote scattynghe te quiste gegheven, 
ende om vele achterhoudene , onser privilegien , int Vrye 
ende andersins, ghemerct dat zulke inbrekers zo men 
zeicht, boven de voorseyde kennisse ons ghenomen hebben, 
lyf, land, ende stede ende scamelicke ghejaecht uut onser 
welvaert ende dat men hier of informacie neeme , ende 
daer op recht doe. 

16°, Voort zo begheeren wy ghereedscepe van justicien 



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233 

over de ghone die ghemaect hadden rassche ghereedscepe 
omme ons allen te verdervene ende tondweldeghene lyf, 
land ende stede. 

16°. Voort zo begheeren zy rekenynghe ende rasch vul- 
doen van aile den zwaeren-zettynghen ende groote pen- 
Tiynghe ghegheven int Vrye ende smalle steden ende voordt 
van der leenyn'ghe die den poorters ende insetene van 
dezer stede es ghedaen doen, ende waer dese ende aile 
andere pennynghen ghevaren zyn, ende indien men daer 
of iemand in faulten vynt dat die ghehecht zyn ende gbe- 
steld in justicien. 

l?**. Yoorts zo begbeeren zy te wetene van Jan Leupen 
ende de Sarye, wie hemlieden maechtich ghemaect heeft 
te ghevene tsaveconduit van der zee, want men wel weet 
van die van noordwaert datter vele penningen of commen 
zyn, ende waer ende te wiens profiyte de zelve pennigen 
ghedistribueert zyn. 

IS**. Voort zo begheeren zy dat de inghelsche cooplieden 
ghevanghen ter Sluus ontsiegen werden, costeloos ende 
scadeloos, ten hende dat zy te betre rappoort doen mue- 
ghen haeren conync. 

19". Voort zo begheeren zy tontbiedene ende thebben 
binnen dezer stede van Brugghe de edele personnaigen, 
te wetene Mynheer van den Gruithuuse ende beede zyn 
zoonen. 

20". Voort indien ^de conync eeneghe zaken ghedaen 
ofte ghegheven heeft, zichtent dat die van Brugghe ghe- 
appelleert hebben van zynder voochdye dat zal men te 
nieten doen ende casseren. 

21°. Voort dat men also corts alst mueghelic wert, 
vercryghe eenen goeden ghestandeghen ende générale 
pays , ende dat daer inné de vier landen besloten zyn. 

Sâ". Voort ande voorseyde vier landen ende al onse 
wel willende te begheerene , dat zy aile de fugitiven ende 
onse quaetwillende anvoerden ende brynghen daer zy 
behooren, in handen van justicien, ende dat omme hem- 



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234 

liedea meUen aldergereedsten op te zeg^ghen kuerlieder 
mesdaet op de verbuerte van elc onser vriendsoepe ende 
aidât onsen natuerlicken prinche vermach. 

28*. Voort dat aile stiermannen ende bezwooren pyloten 
Tan desen lande commen ten zekeren daghe ende in zeker 
hand omme te Terandwoordene ende te doen blyokene, 
waer omme <iat »y groote menichte van schepen ghevoert 
hobben buter heerlicbeyt ende ^rydomme van onsen Zwene. 

24°, Voort 80 begbeeren zj te wetene vraer omme dat 
de beteiyngbe van den Zwen« acbterblevcn ea, wantmen 
daer toe vele pennynghen ghegheven heift , hoe wel datter 
al noch cteen profiyt of commen es, ende van dien rekeny n- 
^e van den ghonen die d'administratie van don pennyngen 
^èhadt hebben. 

28". Voort 80 begbeeren zy aile de ghone tsy poorlere 
of vreimd« dîe finanoie gbemaect hebben contrarie den 
welvaerne van onzen natuerlicken prinche cndo yem zyneo 
lande, omme fauerlieder singulier proffyt, gheoorrigiert 
theib^ene ten exemple van allen anderen. 

tfei". Voort 80 begbeeren zy te wetene of de ghone die in 
beede de casteelen zyn ter Sluus obedieren witten den 
geoerallen pays, hueren «nde onsen natuerlfken lieere «nde 
den drie^eden slands van Vlaenderen, ende dat zy dat'wetea 
imllen'tersfond, op peyne dat te vervoighen ni0t crsK^te^ eor 
dat zy uter wapene scheeden. 

Voort dat g^ene ambochU^iedea ihem mtH hsAren , 
amboc^ite i^eneerende in wetten g/hestdt en zvAlen ^ordeiL. 

28"*. Voort zo begbeeren zy te v^etene waerachtegiie Aydin- 
ghe van tghuendt dat meester dooris Baert ende «néeve 
ambassaden lîie geweest hebben in Oostlandt, dat Tele goeds 
ghecost heift, ghedaen'hcfbben. 

iSO*». Voort zo begbeeren «y den brief oî toalfvel, alsp 
ment noomft, diedie van^den Vryen (raudeflie veporeg/henlbeb- 
ben, daer by ey de liagfhepooFters 'bedwonghen ende vep- 
oraeht hebben te ghéldene ze£tyngtie'ende>poîntyn^e zeeve 
lafitich viaer bnereB quaden wiHe , 'oonlrame den fpriwltgoa 



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235 



van ons ende dat de zelve lettre gfhecasseirt ende te nieuten 
ghedaea zj tonser presencie , zonder dies raeer te vervoor- 
deren op oiislieden gramschap ende jnstîcîe. 

80*». Voort zo begheeren zy dat de drie leden slands 
ende de wet , metsgaders den neghen leden van der stebe 
van Bruggbe mallicanderen eed doen zulïen ende beloven 
ende gbeven brieven van verbande, besegbelt alsoot be- 
boort, dat zo wanneer eenicb ambocbt of ambocbtsman , of 
poortre, of huere naercommers gbevechseirt , of aengbe- 
sproken worde omme bemlieden yet te raesdoene boren 
den kennisse dat elc daer inné ghebouden zal wesen by 
zynen eede dat te belettene ende te wederstane , met al 
buerleder maobt ende op de vcrbuerlen of onderpanden 
als daer op gbesteld zal werden , gbemerct dat buerlieder 
vergaderyngbe daecbdelic es ende dat zy buere fugitiven 
claerblyckelic vynden in instrumenten ende engienen van 
wapenyngbe jegbens den welvaert van onsen natnerlicken 
heere, landen ende 6(eden ende buere previlegen. 

8 P. Voort zo begbeeren zy dat aile de bagbepoorters 
incommen zullen naer d'houde costume, want zy verstaen 
bebben dat hem dat eenegbe beletten willen, ende hees- 
scben die bcletters gbecorrigiert tbebben naer huer ver- 
diente. 

8S*^. Voort zo begheeren ly te wetene de cause waerom* 
me dat de groote menidite van zaeken gheordonneert ende 
gbema^ct waren, waer zy ghevarcn zyn endo dat dk 
gbevonden werden ende ter maerct gbebrocht ten elcx 
presencie* 

88^. Voort omme te oommene teenen goeden paysivelic^ 
ken ende eendraobtigben a&obeeden van bueren duecbder 
licke vergaderyngbe, zo begbeeren zy tbebbene onsen na- 
tnerlicken princbe den bertoogbe Phelips binnen der stede 
van Bruggbe , omme met hem ende met al zynder wette- 
licker hoocbeyt tbebbene een goede vast ende waerach*' 
tich kMnis of onbegrepen zulke bev^amieese als daer toe 




236 



dient jeghens aile quade opzeggbers ende contrôleurs van 
huerer duechdelicker vergaderynghe die noodzakelic was 
ende ter goeder, waeromme es 20 vooren verclaert es, 
ende dat die gheconformeirt zy alsoot behoort ende al 
omme ghepubliecrt. 

84°. Item dat men van nu voordan gbeen begheerte nocb 
consent doen en zal dan by boofdmannen ende aile den 
dekenen, ende dat men metten zegbele van verbande niet 
meer zegbelen en zal ten zy ter presencie van den 18 zwaer- 
dekens ende niet anders ende emmers niet min. 

Sô**. Voort by also dat eenich ambocbtsman indo wet 
gbestelt worde nimmermeer commen en zal of betrocken 
worden in eeneghe officien van arabocbten, nocb in gbeene 
vergaderynghe van zynen ambochte. 

86°. Voort dat men van nu vooi^dan gbeen poorters en 
zal mueghen veroordeelen metten duergaende waerhede, 
maer dat de poortre zal mueghen commen in justicien , hem 
verandwoordende omme den mesdadeghen te corrigierne y 
heerlicken dynghedaghe , elc naer zyn mesdaet also eenen 
poorter toebehoort, niet te meer binnen den lande dan buten 
den lande. 

87°. Voordt dat niet jeghenstaende der previlege van 
deser stede omme den ghemeenen oorboor van der zelver 
stede dat de vreimde cooplieden de inghelsche wuUe die zy 
coopen, zullen mooghen bringhen of doen brynghen binder 
stede van Brugghe ende die aldaer vercoopen of vermanghe- 
len by gheheelen zaeken, zo zy van ouden tyden gheplo- 
ghen hebben. 

88°. Voort ute dien dat de conync van den Romeynen 
gheneghen, en tçn payse also wel metter croone van Vranc- 
kerycke als met die van Ghend, ende daer omme bescreven 
hadde de staten van den lande binnen der stede van 
Brugghe, zo hy zeicht by zeker zynder andwoorde dat ach- 
tervolghende dies hy aile neerenstichede doen wille in de 
dachvaert nu ter tyt beteekend den staten binnen der 
stede van Mechelen, metsgaders den drie leden slands van 




257 

Vlanderen, dat den voorseyden pays generalic, eendrachte- 
lic geschien, ghebueren, ende onderhoaden mach wesen met 
aile den lande van onsen nataerlicken heere ende prinche 
zynen zone. 

S9°. Voort dat omme ten voorseyde payse te bet te 
gfaerakene de wrelke wy bezworne hebben, volgende de 
conclusie ghenomen met die van Ghendt , een notable am- 
bassade ghesonden worde an den conync van Vranckrycke , 
uter name van onzen natuerlicken prinche, de hertoghe 
Phelips , van den drie leden van den lande , omme confir- 
macie van den zelven payse thebbene zo eer zo li'evere. 

•^0°. Voort dat aile ambachten binder stede van Brugghe , 
hebben ende ghebruacken zallen ende voordan onder- 
houden zuUen zonder gebreken aile zulke previlegien^ 
kueren, statuten, prero^tiven, rechten ende andre vry- 
heden, als zy hadden ende ghebruacken int jaer LXXXII 
laetsleden binden tyde van den payse van Vranckerycke 
ende daer te vooren , ende also v^rel van den previlegien 
die begrepen zyn int zwarte boucxken ende elders, ende 
dat men elc zyne keuren weder geven zal , dièse niet en 
heift. 

•41®* Voort dat aile de previlegien, costamen ende usai- 
gien die men zoude moghen gheuseirt hebben , ter contra- 
rien ende tanderen tyden gheottroyeert te uieuten ende 
van onwraerden zuUen wesen. 

42®. Voort zy begheeren openbaerlicke te ziene vearach- 
tich slot ende besegheldhede van den payse tusschen ons 
ende der croone van Vranckerycke, ende tanscanwene, 
hoe dat toegaende es ende gestateirt ende in wat manieren» 
ende dat alk veetten, officieren ende bailliuwen binden 
lande van Vlaenderen , voordan gestelt zuUen zyn by hue- 
ren hoofde, inde name ende ghebiedt van onsen na- 
taerlicken heere ende prinche, den grave van Vlaende- 
ren , ende daer mede te v^eder roepene de nieuwichede van 
den lande van den Vryen , in zulker wys dat zy niet meer 
let wesen en zallen van den lande', maer habitanten ende 



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238 



onderzaten van der stede van Brugghe, ende dat zy van na 
voordan commen zullen in obéissance ende ten ontbieden 
van der stede van Brugghe, onder hueren standaerden 
daer zy behooren met menichten, ende naer transpoort van 
ouden costumen. 

43"^. Voort dat hemlieden verwondert ware uute epde unt 
wien eerst heift moghen spruten de imbroke van desen 
lande^ ende der croone van Yranckeryoke , ende sg^elycx 
van der croone van Inghelant , daer zy noyt dan goed en 



44°. Voort zo heift in vooriedenen tyden ghebleken dat 
by scalker malicie ons zoade ondergaen ende afgetroc- 
ken gheweist de stede van den Damme, of daerof verleden 
es pongnicie , dat es een point dat zy begheeren te weténe 
ende te verstane, 

45°. Voort dat aile de mndsereeders , bonnettemaekôrs , 
plattynsnyders , lybrerariers gbeseyt boacscrivers ende bouc- 
bynders y ende brauwers ambocbt wesen zoude, eûde 
kueren, ende vrybedea hebben als andre ambochten. 

46°. Voort dat men aile de ghone daer men quade snsh 
picie op heift, of ghevanghene die bescnldich zyn exOiie- 
roere , ende stelle in justicien , ende die onbesculdicfa tyn 
dat men die ontsla. 

47°. Voort dat aile de Duytschen en officieren van den 
roomschen conync, die ghevanghen zyn of niet, eer dat zy 
Tertrecken zullen, eed doen zullen den hertoghe Phelips 
ende nimmermeer opstellinghe doen, nooh wapen draghen 
jeghens hem, noch zinen landen ende goedwillegheué 

48<^. Voort zo begheeren zy te hooren lesen alzUlcke 
brieven of andre provisie ala de stede van B«igghe heift , 
sprekende op de nacie van den Oosterlinghen, omme di^ 
te houdene ende doen hoadene aen de voorsëfde naoîe, 
want zy hemlieden in vele jaeren voorleden lettel duechden 
ghedaen hebben , ende spAerlic in den dieren tyt. 

49°. Voort dat men niemende verwyt doen zal by eeiii« 
^he iigurieuse woorden, ghelyc te zegghâne metdeiBakaf 



wiste. 




239 

and^re gelycke woorden, op den ghonen die dat deda 
scerpelic ghecorrigiert te zyne , ter discrecie van der wet. 

50'' • Yoart dat die de penningeo Tan der leenynghen 
ont£aen kebben^ daer of rekenyoghen doen zullea, eade 
dien zy daer of anderssins daa duechdelic ghedisponeerdt 
hebben dat zy daer of instaen zuUôn, ende niet min die 
gbeleendt hebben zullen betaelt wesen yan der stede. 

^l^, Voort dat de staten van den vier landen vergadert 
werden, also gherynghe aU mueghelic wert omme eenen 
eendrachtighen pays te slutene. 

52^. Voordt dat men ontbiede ende zo >ele doe an Phi- 
lippe Monseîgneor , aLs dat men zyne vriendscepe behoude» 

^â*". Voordt dat men de stede van Damme in beter be- 
waernesse stelle dan die nu es. 

54*. Voordt dat men de poorters ende poorteressen also 
virel de minste als de meeste onderhoude in de rechten, 
previlegien ende vryheden van deser stede, ende also wéi 
op den Steen als elders. 

55°. Voort dat men de Brngghemaerct houden zal ach- 
tiene daghe, ende dat men bidden zal den staten van den 
lande omme ghelyoke maercten te vercryghene tAntwrer- 
pen ende te Berghen. 

56<'. Voort dat men den poorters ende herberghiers 
betale van al tghuendt dat men hemlieden tachteren ende 
sculdich es, van dat zy sconyncx heeren huerlieder paer- 
den ende dienaeren ghevoed ende ghesusteneert hebben. 

57**. Voort zo verzoucken ende begheeren zy dat men in 
arree&te stellen zal aile de goedjnghen van de&en naervol- 
ghende persoonen y te wetene : Mer Pieter Lanchals , mees- 
ter Thybaul^^ Barradout|» Roeland , Lefevre ende aile andere 
die met hemlieden besculdigh zyn » zo waer dat die ghe- 
leghen zyn of bevonden zullen moghen vt^erden ende dat 
men die indaghe teenen zekere daghe , omme ghehoort te 
wesene in jasticie» 

58°. Voort aen^aende der stede van der Sluos omme 
diesv^iUe dat de vremde coopman altyds qualioken ghetrac- 



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240 

teirt wert int lyden ende int passeren of zyne affeeren die 
hj te doene heift bînnen der stede van der Slaus of int 
water ten grooten quesse van hem van deser stede ende 
Tan den ghemeenen lande van Vlaenderen, so begheeren zy 
dat daer op goede scerpe provisie ghedaen zy in zulker wys 
dat de coopman gheen cause en bebben dese stede ende 
tZwrin te latene also hy daghelicx doet also elc v^eten mach, 
ende omme verstanesse tbebben van der voorseyde provisie , 
es waer dat omme toftrecken van cleene ende diverscbe 
pachten die men van sprinchen wegbe plach thebbene op 
den coopman, de stede van Brugghe haer ghelast ende 
verbonden heift in tsestich ponden groten ervelic dièse daer 
vooren betaelt den prinche. Ende dat de stede van Brugghe 
in haeren handen vercreghen heift zeker jaeren gheduerende 
t'baliaige van den watre ter Sluus en tselve officie ghere- 
stringiert ter bewaernesse van den koopman ende tsynder 
lavenesse , by den weiken ghelycke restryncsie ghebreict van 
der baillinaige van den lande van der Sluus , ende voort van 
aile andere exame ende andere extraordinaire zaken die de 
pachters van der thoolne ter Sluus ende andere princhelic- 
ken pachten die noch in wesen zyn daghelicx useren ten 
hende dat de coopman paisivelick ende duechdelic ghetrac- 
teirt mach worden also wel ter Sluus als eldre. 

59°. Voordt dat , als de staten vergadert zyn, dat men zalc 
advys stelle ende ordonnere op tstic van den munte , ten 
hende dat de zelve munte in elc land even ghelyc loop ende 
courps hebben. 

60® • Voort dat men advis neme op den stapele van der 
haringhe ende wynen ten Dame, naer d'houde costume. 

6P. Voort aengacnde den deven ende aile scepen van 
oorloghe op zee dat men die doet rumen ten hende dat de 
coopman cause heift te bet te commene tsinen rechten stape« 
le 9 ende dat hy niet meer en comme binden lande van 
onsen ervachteghen prinche by saveconduite. 

62**. Voort dat zo wie den thol van Brugghe foebehoort 
sculdich es den Vlaemsche stroom vry te houdene van 



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241 

aile roove ofte men zoudene zynen thol neme ende legghen 
tsheeren tafle, ende zclve de zee vry tboudene tsynen coste. 

63°. Voort dat aile manîeren van alleune ende and ère 
coopmanscepe commende van Plomby, of van wat andre 
landen dat zy , dat men die vry zal mueghen brynghen bin^ 
den lande van Vlaenderen , zonder last van eenegher impo* 
«icie, niet jegbenstaende diversche gheboden tandren tyden 
ghedaen ter contrarient die te nieuten wesen zullen , ende 
begheeren dat correclie ghedaen zy van den ghonen die 
daerof beletters gheweist hebben of beletters zouden v^illen 
wesen. 

64®. Voort dat aile cleene zviryngbende ende andere 
tbollen ter Sinus, by middele van appointemente of anders* 
fiins ofghestelt ende te nieuten of ghedaen worden, zo dat 
best moghelic was. 

65®. Voort dat men tofficie van den ykerscepe stelle 
in den handen van deser stede, zoot van ouds ghewreist heeft, 
ende dat de zes ghecommitteerde ter stede goede daerof. 
disponeren zullen , ten profiFyte van der zelver stede. 

66°. Voort dat de ghone die tofficie van den ykerscepe 
bedienen, niet meer hebben en zal dan twee miten van 
elken ponde vreder dat te licht of te zwaer is. 

67*'« Voort dat de cooplieden van wat nacien dat zy 
zyn, voordaen niet gheoorlooft en zal wezen eenich andere 
coopmanscepe binnen der stede van Brugghe te doene 
dan van den goede ende coopmanscepe die zy brynghen 
zullen van over zee ende van over berchs , of die an hem* 
lieden ghesonden ende gheconsineirt zal worden , die te 
moghen vercoopene, noch eenichsins te verminderen, of 
doen veranderne , anders dan naer inhouden van der 
kueren, van der cruudhalle^ meerseniers, hallelaken- 
halle ende lynwaethalle bevonden, trecht van den poor« 
terye van der voorzeyde stede, ende dat de zelve vreimde 
kooplieden niet en znllen moghen coopen eenighe goeden 
ende coopmanscepen die zy brynghen of an hemlieden 
ghesonden . ende gheconsigneirt zullen worden, zy voor- 
Ahhales, — Tome IF. 18 



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242 



seyd es ende ghelyo alleen coperroot, quiczelver ende aile 
andre, zullen vercoopen iti zulken staten als zy die bryn^^ 
ghen of an hemlieden ghesonden werden, ende dat zy 
die niet en zullen mueghen Terwercken of veranderen 
op de boete van vichtich ponden parisis , te yerbueren ran 
elken sticke, also dickent alsment ter eontrarie dade, also 
wel den verwerckere als diet doet verwercken, elc ëO 
ponden parisise van elken sticke, ende hier of zal den 
deken van de oruudhalle tbezone hebben. 

68**. Voort omme dieswille dat de stede van Braggho 
jaerlics zeere ghelast es, ter causen van pachte van den 
tholne, zo hebben zy metsgaders deken ende hooftman- 
nen van den gheselscepe van den makelaers gheadviseert 
dat men zo vele zoude v^illen doen in den ghonen die 
men den pagt van thoolne betaeld jaerliox, dat men ont- 
slege worde van pachte van den zelven thoolne indien 
tmaeghelio zy, ende indien dat niet zyn en mag, dat 
men provisie doe by scerpen ghebode omme den dienaers 
van der zelver thoolen, dat niement van nu voordgn en 
gheoorloove eenich goed weerdich boven den vyf ponden 
grooten, te vertoolne ten zy dat dat ghedaen zy by eenen 
vryen hostelier, makelare ofte zynen bekenden clerc, ten 
hende dat de zelve stede niet ghefraudeirt en werde van 
hueren rechte van de voorzeyde thoolne, ende indien 
dat eenich ghebrec ghevonden worde onder den hostelier, 
makelare, of zynen clerc, dat die ter correotie staen zullen 
als zy van ouden tyden ghestaen hebben. 

69**. Voort in voormen ende beteekehesse van hertelicker 
begheerten omme wederromme gheene nieuwe vergade- 
rynghe te stichtene , zo begheeren zy eendrachtelyk dat eer 
zy standaert of bannieren vellen zullen, dat aile dese poin» 
ten zullen v^esen gheexpedieert onde vuldaen , of dat men 
hemlieden ghetoocht zal hebben by wat middelen of by wat 
reden dat datte also niet sculdich en es te wesene , noch te 
gheschiene. 

TO"". Voort aile zaken voorleden ghepasseirt ende ghe* 




245 

scbiet zynde, daêrof dat de cause es gheweist omme pays, 
minne, eetidraclitichede bitien lands ende metten vier landen 
t'onderhôodene ende thebbene acooordt omme onsen ede- 
leû gbebooren heeren ende natuerlicke prinche grave Phe- 
lips tbebbene Truechdelic hier ende eldre in stede daer toe 
gbeordonneert , nemaer boe wel dat aile zaeken oorspron^ 
ghen ende sticken zeere goed ende duechdelic zyn, ter 
Oondicie nochtans dat in toeeommende tyden by oprysene 
van gbeslachten ende oude nick mochte op eenegben was^ 
«en, lyden of verdriet, duer envye van oader memorye, 
zo es huerlieden begbeerten dat men vynde ende ordonnere 
raed van vertekerthede omme daecdelic te besourgbene 
dken, gaende van elken op elken by verbande van den 
drie leden in obediencien ont natuerllcx heeren der wet 
ekkde den negben leden, ooc wel te verstane de wet, ende 
de negen leden zo vâst verbonden met elcanderen aïs dat 
nemmermeer nôch te gheenen daghe ter causen van desen , 
waer hy hoogbe, waef hy neder, waer by deene, waer 
hy grodt^ yemende pugnicie lette^ indere, of grief daer of 
gbebueren zoude mueghen. 

71®. Yoort dat men ordonnere van der stede weghe 
zekere ambassedears omme te treckene ter daobvaert te 
Mecbelen. 

78*. Voort dat den vreimden cooplieden niet gheorlooft 
en zyn binnen dezer stede van Brngghe, teenerwaersten 
min te vercoopene dan 6 vaten, balen, of kisten zukere ofte 
andere goedere, ten ware dat zy der niet meer en hadden. 

73®. Voordt dat geen scipman, van wat steden of plecken 
by zy , van bnten slands en gbeoorlove an te nemene noch 
te bevrecbtene eenich goed noch ooopmanscepe binnen 
deser stede, ende dat alsoo weg te voeme, hy en zy alvoo^ 
ren poortere tan deser stede, ende bovendieti bevryt int 
ambocht van den sciplieden op tekere correotie ende bœte, 
ende dat de vryhede van den ambochte van den sciplieden 
van deser stede hem bestrecken toter Sinus. 

74"^, Voort dat aile de ghone die naermaels in wetten 



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244 

commen zullen of in eenich offiîïie van deser stede ghelyc 
bailHu , scoutheeten , buerchmcesters , scepenen , raeden 
ende trésoriers, ende aile anderen die eed doen van den 
previlegen van deser stede, tonderhoudene binnen den 
derde daghe, dat zy hueren eed ghedaen zallen hebben, 
elc int zyne besien ende visenteren zal de prevelegen van 
der voorseyder stede, ten bende dat elc van bemlieden 
te bet weten mogbe wat hy bezwooren beeft , ende dat de 
zelve previlegen van pointen te pointen onderbouden 
blyven. 

TS**, Yoort dat aile processen die gbesproten zyn, zo 
waer ende voor wat jugen dat die hangben, ende nocb 
onghedecideert zyn ter causen van der lester zaken die gbe« 
Vfreist hebbene tusschen de aertscb bertoogbe van Oostryck , 
nu roomsch conync, ende den lande van Vlaenderen, der 
payse daer naer volcbt ende, al dat daer ute gbesproten es, 
of die nocb ter zelver cause spruten zouden mogben , bier 
dat bet zy te nieuten v^esen zullen ende van gbeender 
weerden, ende en zullen de persoonen die onlancx in 
gberoupen zyn, gbeene processen mogben annemen te laste 
van der stede, of daerof de zelve stede gbeagreveirt zoude 
mogben worden, ter causen van zaken gbescbiet op buer- 
lieder persoon ende gocden in buerlieder absencie ende 
siebtent bueren banne, maer zullen buere goederen mue- 
gben anevaerden in zulken state aïs zy die vynden. 

76*». Voort begbeeren zy dat men goede gberegbeltbede 
boude aengaende der paste van den broode, want tgbe- 
meente daer by zeere vercranct es. 

77°. Voort dat aile poorters ende poorteressen vry zullen 
wesen van tboolne al Vlaenderen duere , naer tinboudene 
van den zwarten boucxkene. 

78°. Voort aengaende de particulière supplicacie over- 
gbebrocbt van Jer poorterye, bet zal latere mgbesien wor- 
den. 



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245 



L'acte qu'on vient de lire indique les griefs que Ton 
voulait voir cesser , et qui avaient été la cause de Tempri- 
sonnement de Maximilien. Il paraît qu'à la suite il y eut 
une assemblée des députés des trois membres de la Flan- 
dre, devant laquelle ces demandes et quelques autres 
furent examinées. L'acte suivant fait connaître les réponses 
à ces demandes , et servira à compléter les renseignements 
précédents. 

Pour suivre les détails du soulèvement contre Maximi- 
lien, et voir ce que produisirent les prétentions de la 
commune , des corps de métier et des magistrats , il est 
nécessaire de lire le traité de paix entre le roi des Ro- 
mains , les états et les trois membres de la Flandre , conclu 
à Bruges , le 16 Mai 1488 , et qu'on trouve tout au long 
dans le Recueil des traités de paix etc. Amst. , 1700 , 4 vol. 
in-folio, tome I , page 737. Ce traité est extrait des chro- 
niques manuscrites de Jean Molinet, tome II, page 68. 

DIT NAERVOLGHENDE ZTN DE POINTER ENDS ARTIGLEN DIE DE GHEDEPC- 
TEIRDE TAN DEN IfEGHEN LEDEN VAN DER STEDE TAN BRCGGHE , TAN 
DEN ZELYEN LEDEN WEGHE OVERBROCHT HEBBEN DER WET VAN DER 
YOORSEYDER STEDE , OnVE DIE BT DEN LEDEN SLANTS VAN TLAENDEREN 
TOLCOnHEN THEBBENE AL ZULKE POINTEN ENDE ARTICLEN ALS DAER 
OP BTDER VOORSETDER WET ENDl^ DEN GHEDEPUTEERDEN VAN DEN 
NEGHEN LEDEN, VAN ARTICLE T ARTICLE, GBENAEMT ENDE GHEADYISEERT 
ZYN. 

Eerst zo begbeerea zy , dat men justicie doe over de 
gbone die hem verToorderd hebben tvierde let te makene 
contrarie der eendrachtichede van den lande ^ ende dat men 
die scerpelicke executere in de steden en plaetsen daer 
die zyn, ende dat men daer op informacie doe, omme te 
v^etene wie zy zyn diet ghedaen ende vervolgt hebben. 

Appointemente. Elc van den leden informacie doen lal 



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246 

van de besculdcghen , omme jeghen de zelve naer bevînt 
van der informacie te procedeerne aîîio naer rechten ende 
justicie behoornen zal. Aldus gheteekend: Vah der Obtiii. 

Item voord zo begheeren zy recht ende justicie, over de 
ghone die zekere remissen ghebroken hebben gbegbeven 
ende verleent by mevrauwe Marie ter lester duechdelyc- 
ker vergaderynghe voor deze , niet ghedaen dan ter goeder 
causen , omme de dood van hertooghe Kaerle verradelic 
daer toe ghebrocht zoot wel bleec te Gbend by justicien, 
ende om groote scattingbe te quitte gbegbeven ende omme 
vele acbtergbebouden onsen previlegen int Vrye ende 
andersins gbemeret dat zulke inbrekers den sommeghen 
van bemlieden gbenomen bebben, lyf, landt ende «tede 
«nde scameîycke ghejaecbt uut huerer welvaert, ende 
dat men bier op informacie neme ende daer op recbt doe. 

Appointement. Yrienden en magben oft andere die daer 
of weten te beclagben, informeren den procureur generael, 
die es of wesen zal, in de camere van den rade in Ylaen- 
deren, omme by der zelven procureur gbeprocedeert te 
werdene jegbens de besculdegbe, by justicie voor myne 
beeren van den rade , daer de kennesse beboort als naer 
recbte behooren zal , ende indien niemant van de vrienden 
ende magben nocb anderen en quamen omme zulke infor- 
macie te doene zo zullen, de voorseyde drie leden zelve 
de procureur générale last gbeven uut zyner officie hem 
daerof te doene informerene. Aldus gheteekend : Oeteh. 

Voord zo begheeren zy rekenynghe ende rasch vuldoen 
van allen den zwaren zettinghen, ende groote pennynghen 
gbegbeven int Yrye ende smallen steden, ende voord van 
den leenyngbe die den poorters ende insetene van dezer 
stede es ghedaen doQn, ende waer dese, ende aile andere 
pennigben ghenadert »yn, ende indien mm daer af yemende 
in fauten vint, dat die gheheobt zy ende ghestelt in juS' 
ticie. 

Appointements Dat dQ drie Jeden zo veto doen a^nllen» 
(iat de rekenynghe allomme ghehoort a^uUen siyn, daer zy 



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247 



nog Qiet gbehoort en zyn, ende daert ghedaen es gbelic te 
Bragghe, int Vrye of elders de regierers elc int zyne, 
zullen innen ende ghecrighen zooder lanc delay zulke 
somme van penninghen aïs men der Toorseyder stede van 
Bragghe, den lande van den Yryen^ oft andere plecken by 
slute van de Toorseyde rekeningbe tacbter ende scaldioh 
es, ende dat byarreste, plecken ende vanghene van den 
persoonen die de zelve pennyngben gbebouden zyn te be- 
talene zonder dit te declareerne tôt anderstont dat zy de 
zelve penningben beth zullen bebben. Ende als Tan den 
gbonen die de stede den landen gheleent bebben, mensalse 
rembourseeren , zoome eerst zal connen ende moghen* 
Aldus gheteekent: Obtkh, 

Item dat alzo corts alst maegbelic wert te vercrigbene 
eenen goeden gbestadegben ende generalen pais, ende dat 
de vier landen daer in gbesloten zyn. 

Appointement. Dat zy daer omme vergadert zyn te Gbend, 
metten staten van Ylaenderen, yerbeidende de comste 
▼an den staten van allen den landen. Aldus gbeteekent: 
Omit. 

' Item daer ute dien dat de coninc van den Romainen 
gbegbeven es ten paise , alzo wel met de croone van Vranc- 
kericken , als met dien van Gend , ende daer omme bescre- 
▼en hadde de staten van den landen binnen der stede van 
Bruggbe, zo by zeicbt by zekere zynen andwoorde, dat 
acbtervolgende dien by aile neerenstiebede doen vrille in 
de dacbvaert nu ter tyd beteeckent den staten binnen der 
stede van Mechelen, metsgaders den drien leden slands van 
Ylaenderen, dat den pais generalic, eendraobteUc gbesciet, 
gbebueren, ende onderbouden macb wezen, met aile den 
landen van onsen natorelicken beere ende prinefae zynen 
ïone. 

Appoinotement. De drie leden vrilden wel dat de coninc 
bem employeren ende vougben wilde teener goede géné- 
rale paise, also wel van Yranckericke als van aile den 
lande, maer dat hy badt onderbouden ware, dan de paise» 




248 

die ghemaect hebben gheweist, ende yerzekert dat hy noch 
mement den zelve breecken en zoude mogben. Aidas ghe- 
teekent: Obyen. 

Voord dat hemlîeden verwonderd ware uut wién eerst 
heift moghen spruten de imbroke tan den paise van 
desen lande ende de croone van Vranckericke , ende ins- 
ghelicx van den croone van Ingeland, daer zy noyt van 
pais en wisten. 

Appointement. De drie leden hebben vele diligence daer 
inné ghedaen ende bevonden diverschen besculdinghe , 
ende onder anderen mer Pieter Lanchals , die gheexecuteert 
es , zo elc weten mach , ende als van den anderen zallen 
daer inné procederen in tyden ende wilen, aïs men beghee- 
ren zal. Aldus gbeteekent: Oeyen. 

Item dat men ontbiede ende zo vele doe an Mer Philîppus 
van Ravestain, als dat men zyn vriendscepe beboade. 

Appointement. De drie leden hebben vele diligencien 
daer toe ghedaen, ende nog doen zuUen, ende begheeren 
niet anders indien zy zyne vriendscepe verwerven consten. 
Aldus gheteeckent : Oeyen, 

Item dat gheene gheestelicke persoonen ambochten doen 
zullen moghen binnen den lande van Vlaenderen, want 
dat es ten grdoten quetse van den ghemeente insetenen van 
der stede van Brugghe, ende den ghemeenen lande van 
Vlaenderen, want zy zyn ghestelt Gode te dienene, ende 
anders niet te doene, want gheene hertoghe noch prinche 
hem daer ghehelpet en mact, 

Appointement. De drie leden willen daer op communie- 
quieren, met elc anderen ende rypelic letten, mids dat 
eene générale zake es^ ende dat men also wel te Ghendt , 
tYpre ende elders als te Brugghe , van ghelicken doet , eer 
zy daer op sluuten zullen ^ Aldus gheteekent : Oeten* 

Ende voord zo begheeren zy , dat de wet van der stede 
van Brugghe^ sprekende advisere metten anderen tween 
leden, angaende der reparacie van den Zwene ter Sluus, 



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249 



ende dat men dat betere ende daer toe doe zulke dyligencie 
aïs van nooden werdt. 

AppQintement. Dandren twee leden zallen gherne yer- 
staen, zo wanneer de landen yerenst zullen wesen ende 
staen in paise. Aidas gheapprouveert ende gesloten te 
Ghendt by den drye leden slands van Vlaenderen, den 17 
in April A° 88 naer Paesscben^ aidas gheteekent, my présent 
gbeteeckent : Van ser Oeten. 

De pareils actes peuvent seuls expliquer les rouages 
secrets des grandes commotions de la fln du xv* siècle , 
et Ton n'en pourra faire un récit complet et coloré que 
lorsque tous auront été mis au jour. 

Cette lutte entre un souverain habitué aux principes 
politiques de l'Allemagne et un peuple ayant , depuis son 
origine, joui d'une liberté presqu'illimitée , se termina après 
une captivité de quatre mois , qui ne prit fln qu'à des con- 
ditions onéreuses pour l'archiduc. 

On sait qu'après avoir été enfermé pendant une quin- 
zaine de jours dans la maison d'un épicier-droguiste, 
nommé Nieulant, sur la Grand'Place, les corporations 
lui donnèrent pour prison la maison de Jean de Gros , 
près du pont des Baudets. On peut voir à ce sujet l'inté- 
ressante pubhcation de notre collègue le docteur De 
Meyer, Origine des apothicaires de Bruges^ in-4°. 




MOEURS ET USAGES DU XVV SIÈCLE. 



En Septembre 1518 une maladie pestilentielle régnait à 
Bruges. Une ordonnance fut publiée prescrivant des mesU'* 
res pour empêcher le progrès de la contagion. Entr'autre 
il fut défendu de célébrer des nôces ou festins où se ras- 
semblerait un grand nombre de personnes, et ordonné 
de fermer toutes les écoles d'enfants. 

Quelque temps auparavant l'empereur était mort, et 
après une grande procession à ce sujet, on régla, le 1 
Juillet 1519 , les fêtes qui seraient célébrées pour Tavéne- 
ment du nouveau souverain. Sur le Bourg, devant le 
Scepenhuis^ ou hôtel-de-ville , il devait y avoir jeux et esba- 
temens. La ville promettait à ceux qui feraient le mieux , 
douze cannettes de vin , et aux autres , selon leur mérite , 
huit, quatre ou deux cannettes. 




251 

Il parait que les mœurs devaient être bien dere'glées 
à cette époque, car la même ann^e^ diverses ordonnan- 
ces furent publiées , statuant que les jeunes filles au-dessous 
de 25 ans, ne pourraient plus parcourir les rues en 
vendant des fruits. Les considérants du règlement prou- 
vent qu'il n'y a pas d'autre cause à cette mesure, que 
celle que nous y assignons. 

En 1521 Tournai fiit assiégée, et d'une rude manière, 
car Bruges , pour son contingent , ordonna une levée en 
masse de tous les hommes valides de 18 à 50 ans. Gomme 
la peste et la guerre marchaient presque toujours de 
compagnie en ces temps, l'année suivante cette terrible 
maladie vint ravager la ville de Bruges. Elle dut sévir 
longtemps, puisqu'en 1523, non seulement elle n'avait 
pas cessé, mais avait envahi la commune de St-Michel, 
et divers règlements sanitaires furent publiés. Cet état de 
choses amena la disette , et , en 1524 , la eherté des vivres 
fut telle, que les magistrats durent prendre des mesures 
rigoureuses pour y remédier. 

Cependant ces malheurs n'abattirent pas l'énergie. Le 
28 Avril de la même année une levée en masse s'e6fectua 
contre les Français. 

Charles-Quint les avait battus à Pavie. Une publication 
annonça des prières publiques à l'occasion de cette défaite , 
fit connaître que le roi des Français avait été fait prison- 
nier, et que le nombre des morts était de 14,000. Le 
même mois les magistrats publièrent la liste des sei- 
gneurs français qui avaient subi le même sort que le roi. 
En 1525 la paix se conclut entre l'empereur et le roi. 
Des processions et des fêtes eurent lieu à cette occasion, 



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252 



et la tranquillité étant rétablie à l'intérieur et à l'extérieur, 
l'attention se tourna vers les progrès de Phérésie de 
Luther. Une ordonnance curieuse est publiée contre elle 
le 28 Août. 

Des dissensions s'étant élevées entre le pape et l'empe- 
reur , celui-ci fit arrêter le saint Père , et ce ne fut qu'en 
1S27 que la liberté lui fut rendue. Le 18 Janvier une 
procession générale se fit : Om dat onzen helighen vadere 
den paus by ordonnancie van den keysere^ onsen ghe- 
duchten heere, ontsleghen es ende gherestitueert in zyne 
vryheyt en liberteit. 

L'année suivante, une nouvelle maladie pestitentielle 
fit invasion. On la nomma de zweetende zieckte^ et son 
intensité ne diminuant point malgré l'approche de Thiver , 
un règlement sanitaire fut publié le dernier jour de 
Septembre. 

Une foule de circonstances avait contribué à énerver 
l'action de la police, au point qu'en 1S30, il n'y avait 
plus de sûreté dans les rues, même en plein jour. Les 
malfaiteurs étaient si nombreux, que les magistrats prirent 
une ordonnance qui les punissait de la peine de mort: 
Àengezien dat veele groote overdaden, en violencien, zo 
wel by daghe als by nachte ghebueren by opbrekynghe 
van dueren ofte veynsters^ worpinghe met steenen up de 
lieden husen/" uploop te doene up persoonen etc. etc. 

Le 21 Janvier 1530 eut lieu à Bruges l'enterrement de 
la gouvernante des Pays-Bas. 




253 

Le magistrat donna à connaître paru ne ordonnance , 
qu'en vertu de la résolution prise d enterrer ce jour, après- 
, midi, le corps de très vénérée dame Madame la régente 
des Pays-Bas , dans le couvent des Annonciades , hors de 
la porte des Baudets , ledit corps serait accompagné d'une 
procession solennelle, pour laquelle il est strictement 
ordonné aux doyens et aux serments des corps de métier 
de se rendre en habit noir à Thotel-de-ville , avant onze 
heures du matin, afin d'aller en corps et ensemble avec 
le magistrat à Péglise de Notre-Dame , et de-là , en bon 
ordre, avec le cercueil, à travers la rue Sainte-Marie, 
par le côté ouest de la boucherie (aujourd'hui place Simon 
Stevin), à travers la rue des Pierres, la Grand'Place, la 
rue St-Jacques , la rue des Baudets , jusqu'au couvent susdit 
où l'on célébrera un service solennel. Tous ceux qui 
habitent les rues par lesquelles passera le cortège , doivent 
tenir leurs boutiques fermées, et nettoyer devant leurs 
maisons. 

Deux jours auparavant il avait été résolu d'aller au 
devant du cercueil jusqu'à la porte Ste-Croix ; de l'amener 
avec grande pompe et solemnité à travers les rues que les 
habitants doivent nettoyer avec soin. Les chefs-hommes, 
doyens et serments des corps de métier, tous en habit 
noir, avaient reçu l'ordre de se rendre processionnellement 
du Bourg jusqu'à la porte de la ville. 

Si tout à l'heure nous avons vu que les mœurs étaient 
arrivées à un haut degré de dépravation , il parait que le 
faste avait aussi sa part dans cette démoraUsation générale. 
Voici à ce sujet un*^ nance assez curieuse de l'empe- 
reur Charles-Qii' ^^mbre iSSi : 




264 



« Pour remédier au grand desordre et excès qui est 
entre les vassauk et subgetz et autres manans et habi- 
tans de nos pays de par decha , en leurs habillements et 
accoustrements , à leur insupportable dépence et au pré- 
judice du bien de la chose publique, nous avons statué, 
ordonné, défendu et interdit à tous nos vassaulx soient 
ducs, princes, marquis, contes, bannerets, nobles ou 
aultre , mauans et habitans de nos dits pays , de quelque 
estât, qualité ou condition qu'ils soient, aux femmes 
comme aux hommes sans aucune exception, le port et 
usaige de toutes sortes et manières de draps d'or et d'ar- 
gent^ de toille d'or ou d'argent , de brocat d'or ou d'argent, 
tant en robes, manteaulx ou chappes, pourpoints, sayes, 
cottes et cottelettes, en manches ou manchettes, ou en 
bordures grandes ou petites , et ensemble toutes bordure» 
d'or ou d'argent , sur quoy ni en manière que ce porroit 
estre. 

» Que nul de noz vassaubc et subgetz de quelconque estât, 
qualité ou condition, puissent doresnavant porter robbes, 
manteaulx, ne sayes, de velours ou satin cramoisi, fors 
princes, marquis, contes ouïes chevaliers de notre ordre, 
et les seigneurs bannerets d'ancienne noblesse, ou les 
chefs de notre privé conseil et leurs enfants , les chefs 
d ofiBces et principaux oiBciers de nostre hostel , en tenant 
pour eulx et chacun d'eulx, nombre de bons chevaux, 
convenable à leur estât. ^ 

» Que nul de noz vassaulx et subgetz, ne autres manans 
et habitans de nos ditz pays , et aultres que les dessus 
dénommés , puisse ou porra doresnavant porter robes de 
velours noir, ou autres couleurs non cramoisi , s'il ne tient 
trois bons chevaux de selle , dont les deux seront chacun 
de la haulteur de seize paulmes et demye pour le moins. 
Que nul aussi, de quelque estât qu'il soit, fors les dessus 




255 



nommés, puisse ou porra doresnavant porter robes de 
satin ou damas , ne soit qull tienne deux chevaux , l^un 
pour le moins de la baulteur de seize paubnes et demye. 
Et en outre que nul aussi de quelque estât qu'il soit, 
puisse porter saye de velours, de satin ou damaz, ne soit 
qu'il tienne un bon cheval. Qui feroient le contre , et pour 
chacune fois qu'il adviendroit, de la perte et confiscation 
des robes et aultres habillemens, bordures et brodures 
qu'ilz porteroient contre notre présente ordonnance, ès 
pays et lieux ou confiscation a lieu , et outre ce ^ indiffé- 
remment de peine arbitraire, de la valeur des dits habille- 
mens , bordures ou brodures , ès lesquelles pertes , confis- 
cation et peine s'appliqueront la moitié au profit de l'église 
paroissiale ou d'autres églises du lieu ou ce adviendroit, 
et l'autre quart au profit de l'officier qui en fera l'exécution 
(il parait qu'un quart revenait de droit au gouvernement).» 

Les pestes nombreuses qui régnèrent au xt* siècle, 
étaient souvent occasionnées par le défaut de mesures 
sanitaires qu'il faut toujours prendre au milieu d'une 
nombreuse population. Les administrations s'en aperçu- 
rent enfin , et nous voyons de temps à autre qu'elles diri- 
gent leur attention sur ce point. En Octobre 1530, on 
ordonna à Bruges d'enterrer dorénavant les chevaux , les 
chiens morts ainsi que le poisson gâté , non plus derrière 
l'hospice de la Madeleine , oii cela se faisait habituellement, 
mais loin de cette institution, de l'église de St-Bavon et 
des maisons voisines. De plus d'enterrer assez profondé- 
ment pour qu'il ne puisse sortir d'exhalaisons nuisibles, 
et de recouvrir les fosses d'une couche épaisse de sable. 

En 1S32, défense de vendre le vin de Rhin plus de 
huil gros le stoop. 




256 



Kn 1533, défense à qui que ce soit, à Bruges, d'acheter 
de la laine de Flandre, et de la faire peser ailleurs que 
dans het vlaemsche weghuis située dans la rue aux Laines 
{Wulhuistraei). 

On se rappelle qu'à cette époque la manufacture des 
étoffes en laine était déjà en pleine décadence à Bruges. 
Les laines anglaises enchérissaient chaque jour , au point 
que peu d'années après , on dut entièrement y renoncer , 
et on commença à fabriquer des draps avec de la laine 
d'Espagne (1S43). Il paraît que celle de Flandre ne con- 
venait pas pour les étoffes fines. Pour plus amples infor- 
mations sur ce point, nous renverrons le lecteur à une, 
notice publiée précédemment dans les Annales sur la fabri- 
cation des draps à Bruges , depuis le xvi'' siècle jusqu'au 



Octave Delepierre. 




257 

VVVVVVVVVVVVVVV\VVVVVVVVV\,VVV\VV\)VWW\)VV\WV\WWV\V\VV\AV\WV\VV 

PROJET DE DÉFRICHEMENT 

DE LA 

GRANDE BRUYÈRE 

QUI s'étend sur les communes 
JDt IXnVbmooorit ^ ZmmmU et £xt\\Uxvtïii( ^ 

CONNUE SOUS LE NOM DE 

VRY GEWEYD, 



Je n'ai d'autre but dans cet e'erit que d'attirer l'attention 
sur une question d'utilité publique , à laquelle il est temps 
de donner une solution. 

Opportunité du projet. 

• La Flandre est dans la souffrance. La crise terrible 
que subit l'industrie linière par suite de la concurrence 
des toiles faites à la mécanique, réduit à la pauvreté une 
foule de braves gens qui ne demandent que du travail. Le 
terrible fléau du paupérisme commence à nous envahir. 
Le dépôt de mendicité, établi à Bruges pour les deux 
Flandres, ne contenait ordinairement que peu de monde 
pendant l'été, aujourd'hui que nous sommes au beau 
AnirALES. ^ ' Tome IF. 19 



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258 



milieu de la bonne saison, le dépôt est' toujours encombré 
comme -au plus fort de l'hiver , et ce qui ne s'est jamais 
vu en Flandre , des bandes d'hommes sans travail , au milieu 
de Tété , parcourent les campagnes et menacent le repos 
public. 

Des hommes , amis de leur pays , inspirés par des vues 
généreuses , font explorer des pays lointai&s , et cherchent 
jusqnes sur les côtes de l'Amérique , des terres à défricher 
et les moyens d'utiliser les bras et le génie industrieux du 
Belge. Tout en formant des vœux pour le succès de si 
brillants projets , on doit cependant reconnaître qu'il n'est 
pas nécessaire de sortir de la Belgique pour trouver des 
moyens d'occuper utilement bien des bras. 

On trouve encore à l'heure qu'il est, au milieu de la 
province, qui est une des mieux cultivées de l'Europe, et 
au milieu d'une population active et industrieuse, comme 
l'est la laborieuse population de la Flandre, on trouve, 
dis-je, des terres d'une étendue considérable, qui sont 
incultes , sauvages et à peu près telles que les a laissées 
le déluge universel. 

Il faut espérer que ce triste état de choses va enfin cesser. 

La mise en culture de terres communales^ car telle est 
la nature de celle dont je me propose de parler , ne peut 
se faire sans l'intervention et l'autorisation du gouverne- 
ment. Or, de tous les gouvernements étrangers qui ont 
exploité la Belgique, aucun n'a eu ni le loisir, ni la volonfé 
sérieuse de s'occuper de ce genre d'amélioration intérieure. 
Un bienfait pareil ne peut s'attendre que d'un gouvernement 
fondé par le pays , libre et national enfin comme celui sous 
lequel nous avons le bonheur de vivre. Aussi a-t-on ob- 
servé que les défrichements en questicm ont été Tobjet 
constant de la sérieuse sollicitude de l'autorité provincial 
dès qu'elle fut définitivement organisée. 




Dans &on Rapport de 1838 l'état de P administration 
de la Flandre-Occideni(de^ fait au conseil provincial, la 
dépuiation permanente , au § défrichements, donne avec un 
intérêt tout particulier, de longs détails de toutes les 
démarches , de toutes les formalités au moyen desquelles 
on est parvenu à mettre en culture la bruyère connue sous 
k nom de Sysseelsche-veld de la contenance de H. 71-30-43. 
Ce paragraphe finit par exprimer le vœu de voir l'exemple 
de Sysseele suivi à l'égard d'autres vaines pâtures de l'es- 
pèce, telles que le Beverhouts-veldyle Maele^veld et autres. 
î> De grandes étendues de terres vagues , ajoute-t-il, seraient 
)» livrées à la culture et augmenteraient le bien-être des 
w habitants des communes ou elles sont situées. » 

Ce voeu ne resta pas stérile, Eti effets dans le Rapport de 
1839 , la députation permanente annonce avec empresse- 
ment qu^un pas nouveau vient d'être fait dans la mise en 
eultute dôs taines pâtures» C'^st la bruyère de Maele (hèi 
fHaele^vetd) ûe la contenance de 108 hectares, sur laquelle 
les habitants du hameau (ci-devant seigneurie) de Maele 
eterçaieni depuis plusieurs siècles un droit i^térile de 
parcours , qui venait d'étt*e en partie aflei^mé. 

Après des succès pareils ^ il ne faut pas désespérer de 
voir aussi k question résolue enfin en faveur de la bruyère 
qui feit l'objet de cet écrit. Encouragé par le haut intérêts 
qjjeportent à ces travaux les hommes éclairés qui président 
aux destinées de la Province , assuré de toute leur sympa- 
thie, je me suis mis à faire une étude sérieuse de la 
question , et c^est avec une entière confiance que je com- 
munique au public le fruit de mes recherches , trop heureux 
si elles amènent un résultat utile à mes concitoyens. 

Pour raisonner solidement sur ce qui regarde une 
propriété , il faut prendre pour base le titre en vertu du- 
quel on possède. C'est ee que nous allons faire. Voici donc 




Î60 

d*ffbord le titre ou Tacte de concession de la Bruyère, 
. traduit du flamand aussi Gdèlement que possible. 

Texte de l'acte de concession de la bruyère. 

Nous Philippe de Clèves, de la Marck, seigneur de 
Ravestein, ff^innendaele etc. 

Savoir faisons à tous ceux qui verront ou ouïront 
ces présentes lettres, que nous avons reçu l'humble et in- 
stante supplication de nos communs Laeten (1), Ao- 
bitants de cette partie de notre seigneurie et vierschare 



(\y Ce mot Laéten est d*origine tudesque , diaprés Rapsaet. C'est le 
mot Leid des Germains, que les Romains ont rendu par Lidus, Lifus^ 
Leifus, LaituSf Lariuê, et c*est de cette latinisation de Letd que nous est 
▼enu le mot de Laeten, Ceux-ci étaient des colons qui demeuraient sur les 
terres d'autrui. Or dans toute VAlIemagne ces hommes sont encore appelés 
Leiden^ Luyden; en Flandre: Luyden, IrOtffen. En Flandre les justicia- 
bles d*une cour foncière, c*est-à-dire, de basse justice, à raison de leur 
tenure à rente foncière, portent le nom de Laeten de tel ou tel seigneur, 
comme Proostlaeten , Canoninxlaeten, 

Jules César n^avait jamais permis que les peuples germaniques Tins* 
sent s^établir dans les Gaules. Auguste suiTit une politique opposée, 
ainsique ses successeurs, et du temps de Julien l'apostat, il y avait déjà 
un nombre incalculable de Germains établis dans la Belgique, Innumera 
Germanorum muliitudo, comme il écrit dans sa lettre aux Athéniens. 
Probus et Constance Chlore en ont peuplé toute la partie de la Flandre, 
depuis Courtray jusqu^à la mer, et toute la côte maritime jusqu'à Anvers 
et en Zélande. St-£loy y convertit plusieurs Suèves , et d'autres barbares* 

Il existe de ces colonies de Leiti^ Laeten^ encore plusieurs vestiges 
en Flandre, en voici quelques-uns: 

Laeten de Zweveghetn, demeure des Suèves. 

— — Zioevezeele, salle ou tribunal des Suèves. 

— — Torholt^ forêt du dieu Thor. 

— — Odelem, siège du dieu Oden. 

— — Quarl'Ypresj Tpres des Quades. 
^ — ^ Catzandy sables des Cattes. 

— — Winnendaele, vallée des Winnidi. 

— — Scheldewindih^ Winnidi de l'Escaut. 

— — Dendencindik, Winniài de la Dendre. 



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261 

de fFinnendaele qui s'étend dans les paroisses de Rudder- 
voorde et de Zwevezeele, par laquelle ils nous font con- 
naître qu'ils avaient obtenu de feu Adolphe duc de Clèves, 
comte de la Maitck^ seigneur de Winnendaele, au nom rfe 
sa légitime épouse dmhesse de Clèves et Dame héréditaire 
de la prédite maison et paxfs de TFinnendade et de ses 
appendances, certaines lettres de contrat entre lui et les 
prénommés sujets concernant Poccupation de la commune 
bruyère ou pâture, dans les paroisses de Ruddervoorde 
et de Zwevezeele (1)> comme il conste par les lettres en 
due forme quHls en ont, scellées du sceau du prédit feu 
Adolphe duc de Clèves, en date de l'année 1424^ le 28* 
jour d'Avril; 

Nous suppliant très humblement qu'il plût à nous comme 
seigneur du pays et seigneurie de Winnendaele, de leur 
donner nos lettres de confirmation, approbation et consen- 
tement au même contrat, pour plus grande sécurité d'eux 
et de leurs descendants à perpétuité : 

Nous, eu égard à leur humble supplique et désirant 
maintenir le prédit contrat, le leur avons fait renouveler, 
à cause des défectuosités survenues à leurs anciennes lettres, 
de telle sorte que dans peu d'années il ne sera plus possible 
de les comprendre et de les lire, approuvons donc et con- 
firmons les susdites anciennes lettres comme elles se trùur- 
vent ici transcrites de mot à mot, et commencent comme 
suit: 

Nous, Adolphe, duc de Clèves et de la Marck, seigneur 
de fp^tnnendaele, au nom de notre légitime épouse la 
diuihesse de Clèves^ Dame héréditaire de la maison et pays 



. (1) G^est seulement depuis les opérations cadastrales que quelques 
hectare» sont portés comme se trouvant sur la commune de Ltchhrvelde, 



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262 



de WinmndfkBh et de m aji/pendanm, sdvûir faisons à tom 
cem qui verront le» présenter lettres, que, à l'hnmbla 
supplication et à l'instante prière de nos cammuns La^ten 
assis et demeurant dans notre seigneurie de fFinnendaele^ 
dans les paroisses de Ruddervoorde et de Zumezeeh, c^est» 
Mire de toutes ces personnes qui pajfent annuellement la 
redevance à notre prédite Fiersclmre da Winnendaele 
(settinghe ende pointinghe geWen), ^ous, de notre gractn 
spéciale, avons coftsenti , consentons et donnons par ces 
présentes lettres, à nos communs Laeten (q)partena»t à 
la prédite Fierselmere de Winner^daele et d^eurant dans 
tes paroisses de Ruddervoofde et de Zwevezeele, comme 
prédit est^ que ces susdits Laeten , eux et leurs descendants, 
demeurant dans la seigneurie et les paroisses ci-dessus 
nommées, pourront o/coir et qmrir à perpétuité l'eau et le 
commun pâturage pour tous leurs beiStiaux ayant l'âge, 
à l'exception des chevaux entiers, les taureaux, les porcs 
et les oies; en outre que tes mé^nes hà^m pourront faucher 
de f herbe, cueillir de la myrte, couper du jonc, enlever 
de la tourbe, tout cela sans en être empêché ni par nofus^ 
ni par notre receveur de ff^innendaete, ni par nos offidefs 
dms le pays de Winnendatèle, qui veiUeront à ce q^e les 
susdits Laeten ne s'arrogent plus que nous n'amns consenti 
et donné ci-dessus^ C'est-à-dire que ms susdits Laeten 
/outrons à perpétuité comme nous avons cims$nti ci^ssfus, 
dans les places dénommées ci-après, à savoir : (descriptiao 
des tenants et aboutissants.) 

Èt ce moyennant une rente héréditaire de dix-huit livres 
paHsfs monnoie de Flandre par an. 

Laquelle rente sera payée par nos Laeten assis sous ta 
Fierschaere de ff^innendaele dans les paroississ de Rudder- 
voorde et de Zwevezeele et leurs descendants, habitants , et 
payant redevance dans notre prédite Fierschaere de Win- 




263 



nendaele, à nous et à nos successeurs à perpétuité, (tannée 
en année, chaque année une fois,^ et chaque fois au jour 
du nouvel an. 

Moyennant ce, nos Laeten auront droit d'écarter et de 
tenir dehors les dites places et pâtures, tous les autres 
manants non domiciliés (1) dans notre Fierschaere de 
ff^innendaek. 

Et dans le cas que quelques Laeten domiciliés mais 
non payant la redevance dans notre susdite Fierscliaere, 
menassent leurs chevaux, leurs vaches ou quelqu' autre 
bétail dans les mêmes places et pâtures, que ce soient des 
bourgeois (Poorters) ou autres, alors nous consentons et 
députons notre sergeant et nos officiers de notre seigneurie 
dans Ruddervoorde et Zwevezeele, et toiU autre officier 
à nous assermenté, leur donnant toute autorité, pouvoir 
et spécial commandement de porter aide et secours à nos 
susdits Laeten, et voulons qu'en cas de besoin^ notre 
sergeant et totU autre officier à nourS assermenté prennent 
leur recours à notre châtelain et à nos lois de fFinnendaele 
pour avoir telle décision qu'il appartiendra d'auprès les 
coutumes et usages de notre Fierschaere de Winnmdaele 
et la nature de la cause, afin que nous et nos Laetea, nous, 
ayons chacun ce qui nous appartient^ 

Et pour quHl y ait garantie pour nous et nos successeurs^ 
diH recouvrement et payement anni^ de la rente de dix-huit 
livres parisù de la part de nos dits Laetea, // est ordonné 
à notre receveur et notre loi de fFinnendaele^ de commun 
accord avec nos dits Laeten , que la dite somme de dix-huit 
livres pari&is sera enregistrée dans notre livre des^ recettes 



(1) Ces Laeten non habitants sont désignés dans la ckarte par les mots^ 
AflÊ^tenéé Loetetkf et ceux qnî réti^eDt, par les mots: Op*iitende Laeten^ 




264 



de Winnendaele et qu'il y aura des chefs-hommes comme 
sera déclaré ci-après, donnant assignation et hypothèque 
sur des biens leur appartenant et situés dans notre Vier- 
schaere de Winnendaele, comme il est clairement déclaré 
et mentionné dans la charte scellée du sceau de notre éche- 
vin de Winnendaele y laquelle charte a retenu devers soi 
notre receveur de Winnendaele, (Suivent ici les noms dé 
ces chefs-hommes au nombre de neuf, qui ont chacun con- 
stitue' une rente hypothéque'e ou hoofdmanschap de qua- 
rante escalins parisis ou une livre parisis par an.) 

Et pour garantir de toute perte et dommage les dits neuf 
chefs-hommes engagés chacun pour 40 escalins parisis par 
an y il est convenu entre notre receveur de notre loi de Win- 
nendaele et nos communs Laeten appartenants à notre Fier- 
schaere et résidants dans les paroisses de Ruddervoorde et 
de Zwevezeeky d'un commun accord, que nous avons cor- 
roboré de notre consentement, que celui qui sera notre 
échevin dans la paroisse de Ruddervoorde et de Zwevezeele, 
nommera et choisira chaque année trois personnes, dont 
deux seront chefs-hommes sous notre Fierschaere de Win- 
nendaele en tant qu'elle s'étend dans les paroisses de Rud- 
dervoot^de et de Zwevezeele, lesquels après avoir fait leur 
serment entre ses mains, feront la répartition de ces 18 livres 
parisis entre les communs Laeten de notre prédite seigneurie 
et paroisses, ayant profit d'eau et de pâturage avec leurs 
bestiaux dans les prédites places et pâtures. Lesquels répar- 
titeurs auront égard dans la répartition au nombre de bétes 
et àu profit que chacun aura dans la dite bruyère. 

Il est aussi convenu que les répartiteurs ne répartiront 
outre les 18 livres parisis, que 18 escalins parisis , chaque 
année, de sorte que chacun des trois répartiteurs aura pour 
sa besogne de répartition et de recette six escalins parisis. 
Cette répartition aura lieu une fois l'an, à la Saint-Jean d'été. 




265 



Et dans le cas que quelqu'un fit défaut de payer sa quote- 
part dans la répartition, alors les répartiteurs, un mois 
après que la répartition aura été proclamée et publiée là om 
il appartient, poursuivront le débiteur par voie de saisie, 
devant la loi de notre Fierschaere de Winnendaele; et de 
cette manière, les répartiteurs recueilleront la dite somme 
de dix-huit livres paresis et la remettront entre les mains 
des neuf chefs-hommes, à chacun 40 escalins paresis, pour 
en faire payement à notre receveur de TFinnendaele, à 
notre requête et au jour dit ci-dessus. Les dits répartiteurs 
seront changés et renouvelés d'année en année, et ceci sera 
fait par notre prédit échevin, qui exercera près de notre 
Fierschaere de TFinnendmle pour le coin de Ruddervoorde, 

Et dans le cas que quelques Laeten se permettassent de 
prendre chez eux des bestiaux qui ne seraient pas les leurs 
et les envoyassent paître dans la dite pâture, notre receveur 
fera saisir et calanger ces bestiaux devant la Fierschaere 
de TFinnendaele. 

Nous autorisons encore nos communs Laeten et leurs suc- 
cesseurs, demeurant sous notre dite Fierschaere dans les 
paroisses de Ruddervoorde et de Zwevezeele, à ce qu'eux 
ou chacun d'eux puisse écarter et opérer la saisie de tous 
les bestiaux appartenant à des Laeten ou Poorters non 
domiciliés qui seraient trouvés dans les dits pâturages, 
si ce n'est dans le cas que notre receveur de Winnendaele, 
d'accord avec la majorité des neuf chefs-hommes, eut ac- 
cordé à quelques Laeten (1) non domiciliés de jouir du 
commun pâturage pour une année, moyennant certaine 
rétribution, laquelle rétribution cédera au profit des Laeten 



(1) Ces afsittende laeten, ainsi admis à la joaissanoe de la bruyère 
au moyen d^un accord, furent nommés les accordants* 




266 



ayant dotnidle, e( en diminutim des dix-huit livres parisis 
par an. 

Et comme par la suite il pourrait survenir quelque ofr- 
scurdssement et matière de contestation entre nos communs 
Laeten sur ce qui dit est, nous voulons nous en reserver 
la connaissance f pour décider comme de droit. 

Et parce que toutes ces clwses se sont faites à ^instante 
prière et humble supplicatwu de tios communs Laeten, 
ainsi avons noms, assurés de leur commun accord, fait 
sceller ces lettres de notre sceau pendant. Jinsi fait l'an 
Notre Seigneur 1424, le ^S*" jour d'JvrU. 

Et afin que k contrat et appointement comme ci-dessus 
soit tenu stable et valable pour nous et nos descendants, 
au temps à venir, ainsi avons nous, Philippe de .Clèves, 
seigneur de Baveetein, Winnendaele etc. , fait sceBer de 
notre sceau et signé de notre main ces présentes lettres'de 
renouvellement, par forme de confirmation et ffappro- 
bation, le douzième jour de Septembre de fan 1514. 

Signé Philips, et scellé du sceau en cire rouge, 

KoUqoi kiit«rif|Qei tor cette ooecoaioii. Son oiigkie féoëtle. 

Les prîiice$ et les seigneurs, selon Rapsaet, dont les 
terres étaient abandonnées ou déserter par les guerres 
privées et les émigrations desxu'' et xin'' siècles, invi- 
taient des colons, cette classe d*boinnies libres qui 
n'étaient nî des nobles, ni des ingénus, ni des seifs, 
et qu'on trouve désignés dans nos chartes sous les noms 
d!hospites^ d'hêtes, de X<9/t> Lœten, à v^Eur s'établir sur 
leurs terres et les y engageaient par les offres les plus 
avantageuses. Maïs 3 ne suffisait pas de leur donner des 
terres ou d'établir des fermes; il fallait encore pourvoir 
ces colons et chaque ferme de pâturages pour leur bé- 




267 

tail, de bois ou de tourbe pour leur chauffage et de 
tous les articles imiispensables pour la vie et l'exploit» 
tatioD. Mais qui ne sent pa^ Timpossibilité d'annexer à 
chaque ferme en particulier un pâturage ou un bois? Le 
seul bon sens indique donc que le seigneur n'avmt d'autre 
parti à prendre que de choisir un fond propre au pâti^ 
rage ou un bois, et de l'attribuer à l'usage ooramun 
d'un certain n(Hnbre de fermes- contigues. C'est ^ien là 
évidemment l'origine des communaux qu^on trouve repan-» 
dus çà et là sur la surface de la Belgique. L'arrondisse- 
ment seul de Bruges en comprend pour H. 840'*99*9d G. 

La dame héréditaire du pays de Winnen^hele qui 
porta ces domaines dans k maison de Clèves par son 
mariage avec Adolphe duc de Clèves , et qui est la véri- 
table donatrice, était la fille d'un de nos souverains. 
C'était Marie, fille du duc de Bourgogne , Jean-sans-Peur. 
Lors âe son mariaga, qui se fit en 1406 , son mari Adol- 
phe, comme aes anoétres , ne portait que le titre de 
comte f mais il fut bientôt élevé à la dignité de duc par 
l'empereur Sigtsmond. C'e^i de cette alliance avec la 
maison de Bourgogne , que date l'élévation de la maison 
de Clèves. Cette maison brilla d'un grand éclat à la cour de 
nos ducs de Bourgogne, et deux de ses princes, père 
et fils, occupent une plac^ assez marquante dans l'histoire 
de nos troubles sous Maximilien. Cette maison s'éteigwt 
en 1609, par la mort du due Jean-Guillaume qui ne laissa 
pas d'enfants. 

Le fief de Winnendaele passa alors de la naaison de 
Clèves dans la maison électorale palatine de Bavière, qui le 
possédait encore au moment de la réunion de la Belgique 
à la France. 

Par suite du ivmiê de Lunévillé, du 9 Février 1801, 
qui st^uk des m^mmtés en faveur d«s princes âlle- 



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268 



mands dépossédés , d'autres possessions furent accordées à 
la Bavière , par lé recez de la députation de l'empire d'Alle- 
magne, du 28 Février 1803, en -compensation du mar- 
quisat de Bei^op-Zoom, des seigneuries de Ravestein, 
Megen, Winnendaele etc. qu'elle cédait à la France. Le 
domaine de Winnendaele devint donc définitivement do- 
maine de l'Etat. C'est aussi au domaine de l'Etat que se 
payait la rente annuelle de 18 livres parisîs, stipulée dans 
l'acte de concession , jusqu'au jour de son remboursement , 
7 Mai 1842. 

Après cette courte digression historique, passons aux 
deux principales déductions qu'on peut tirer du texte 
même de la concession. Ces déductions sont: 



Le titre écrit semble limiter les droits "des habitants 
à de simples droits d'usage; aujourd'hui cependant ils 
ne sont plus simples usagers, ils sont propriétaires. La 
législation républi<^aine qui a fait main basse sur toute 
concession, faite à titre de féodalité ou à perpétuité, 
ainiài que les faits de possession qui se sont accomplis 
depuis, ont modifié le titre primitif en ce sens, qu'au 
droit de jouissance , ils ont réuni le droit de propriété,- 
en un mot, il y a eu interversion de titre. 

Les Art. 1 et 2 de la loi du 18—29 Décembre 1790, 
publiée en Belgique, par arrêté du directoire exécutif 
du 7 Pluviôse an V , attribuent à ces concessions perpé- 
tuelles l'effet de transmettre la propriété (Sirby, Juris- 
prudence de la cour de cassation , tome xiii, I* partie, 
page 382 ), en déclarant rachetables les rentes perpé- 
tuelles dùes à raison de ces concessions. 

Aussi Tadministration de l'enregistrement et des do^ 



Ire Déduction tirée de Pacte de concession. 




269 



maines ne fit-elle aucune difiBculté de recevoir le rem- 
boursement de la rente here'ditaire et perpe'tuelle affectée 
à la bruyère par le titre de concession. 

Voici la teneur de la demande de pouvoir rembourser , 
adressée à monsieur le directeur de l'enregistrement et 
des domaines à Bruges. 

« Les soussignés Pierre Van Steelant, Pierre Van Acker, 
w François Callebert , Pierre Sabbe , Jean Verhoye , Fran- 
» çois Verhoye, domiciliés a Ruddervoorde , Augustin 
« De Busschere, Emmanuel Sap, Jean Van Haelemeersch , 
» domiciliés à Zwevezeele , chefs-hommes administrateurs 
» de la bruyère nommée Vry Geweyd, et en cette qualité 
î> débiteurs envers l'administration des domaines d'une 
w rente foncière perpétuelle de Fr. 16-32 (18 livres 
î> parisis), provenant de la ci-devant seigneurie de Win- 
î> nendaele, échéant ânûuellemeût le pi*eiîjier Janvier, 
» hypothéquée sur la propriété nommée bruyère oxx Vry 
n geweyd. 

n Demandent en conformité de l'arrêté royal du 8 
)» Août 181 S, à pouvoir rembourser la dite rente à 
» raison de vingt fois son montant constitué. Ils s'obligent 
)) en outre à parfaire les intérêts , jusqu'au jour du rem- 
« boursement. 

Fait à Ruddervoorde, le 20 Avril 1842. 

Et le 7 Mai suivant le remboursement se fit. 

Voici la teneur de la quittance :, 

» Reçu de Pierre Van Steelant, François Verhoye, Pierre 
Van Acker, Pierre Sabbe, François Callebert, Jean Ver- 
hoye , demeurant à Ruddervoorde, Jean Van Haelemersch, 
Emmanuel Sap et Augustin De Busschere, demeurant 
à Zwevezeele, chefs-hommes administrateurs delà bruyère 




270 

nommée Vry geîoeyd, et en cette qualité débiteurs envers 
l'administration de Tenregistrement et des domaines de 
la rente ci-après : 

1** La somme de trois cent vingt-six francs qua- 
rante centimes en remboursement du capital , 
au denier vingt, d'une rente foncière et perpé- 
tuelle de seize francs , trente-deux centimes , 
dûe à la susdite administration et provenant 
de la ci-devant seigneurie de Winnendaele , 
échéant annuellement le 22 Septembre (cette 
date est erronée), hypothéquée sur la sus- 
dite propriété 526-40 

2* Dix francs vingt centimes pour intérêts échus 
depuis le 22 Septembre dernier jusqu'au- 
jourd'hui 

536-60 

« Le dit remboursement est autorisé par lettre du direc** 
leur de l'enregistrement et des domaines, en date du 4t 
Mai 1842. 151.^ 

« Thourout, le 7 Mai 1800 quarante-deux. 

» Le receveur de l'enregistrement et des domaines , 
n Signé: De Ro. >» 

Quant aux faits de possession qui se sont accomplis 
depuis ^interversion de titre opérée par les lois révolu- 
tionnaires, ils sont tels qu'ils suIBsent pour former un 
titre à eux seuls aux yeux de la loi. Depuis la suppression 
de la féodalité, la jouissance des ' habitants a absorbé la 
totalité des produits de la bruyère , ils ont fait des plan- 
tations, ils ont passé des baux pour la concession de 
la chasse, de la pèche, ils ont soutenu des procès, 



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271 



en un mot , ils ont recueilli tous les avantages , en 
même temps quils ont porté toutes les charges, comme 
contributions, entretien des chemins et rigoles. Or, lâ pos- 
session animo domini à titre de propriétaire » ne c^Nilsiste 
à Tégard des biens communaux que dans la jouissance 
commime et illimitée ; d*où il suit que lorsque ces actes 
de jouissance sont exercés d'une manière illimitée , ceux-ci 
caractérisent une véritable possession civile* Il n'en faut 
pas davantage pour pouvoir prescrire. « Pour pouvoir 
prescrire, dit le code, Art. 2229, il faut une possession 
continue et non interrompue, paisible, publique, non 
équivoque et à titre de propriétaire. >» 



La bruyère est un bien communal^ appartenant en 
toute propriété à une section de la commune de Rud- 
dervoorde, et à une section de la commune dé Zweve- 
zeelej c'est-à-dire, aux habitants de cette partie de la 
seigneurie de Winnendaele qui s'étendait sur ces deux 
communes. 

Qu'est-ce qu'un bien communal? L'Art. I de la loi 
du 10 Juin 1795, répond: « Les biens communaux sont 
ceux sur la propriété ou le produit desquels, tous les 
habitants d'une ou plusieurs communes, ou d'une section 
de commune, ont un droit commun. » Ce droit commun 
ne peut donc appartenir qu'à ceux qui ont la qualité 
d'habitant, et appartient à eux seuls. 

Cette qualité de bien communal ne peut être contestée 
à notre bruyère. Elle fut reconnue par un arrêt solennel 
de la cour de cassation, dont voici le narré et le texte, 
td qu'il se trouve dans Dalloz, Jurisprudence du xix*" 
siècle, Voc** communes, l*** section , l'* espèce. 



2« Déduction iitét ûà l!acte de COncMsioil. 




272 



Arrêt de la cour de cassation dans le procès De Groeser. 

» Les habitants d'une commune ne sont pas recevables 
à réclamer ut singuli un droit qui leur appartient ut 
univers! ; s'ils forment une commune ou même une section 
de commune, ils ne peuvent procéder en justice que par 
le ministère de leurs représentants légaux, autorisés 
valablement par l'autorité administrative. (L. iO Juin 
1793^ sect. I, art. 1 et 2; 1. 29 vend, an S. ) 

» La nullité des jugements rendus même en faveur de 
ces habitants, nullité prise du défaut de qualité des habi^ 
tants, soit de la commune, soit de la section de commune, 
peut être proposée, pour la première fois, en cassation $ 
et d'office par le ministère public. 

(De Groeser contre la commune de RudderTOorde , etc.) 

» Le 25 vend* an 9 , Louis Maertens et Marc Saelens , 
agissant tant pour eux-mêmes qu'au nom et comme fondés 
de pouvoir des autres habitants^ et commun peuple du ci- 
devant pays de Winnendaele, font assigner le sieur De 
Croeser devant le juge de paix, pour voir dire que mal 
à propos il les a troublés dans leur possession annale de 
faire paitre leurs bestiaux dans la bruyère HetVrygeweyd, 
d'y prendre de l'eau , d'y couper de Fherbe , d'y extraire 
de la tourbe , d'y rouir du lin , et qu'ils seront maintenus 
dans cette possession avec dommages-intérêts et dépens. 
— Le S frim. jugement qui adjuge ces conclusions. — 
Le sieur De Groeser n'avait pas opposé le défaut de qua- 
lité des demandeurs devant le premier juge ; il Toppose sur 
l'appel. — Les intimés répondent que le droit dans lequel 
ils demandent à être maintenus est, à la vérité, commun 
à tous les habitants \ mais qu'il est aussi et par cela même 



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275 

commun à chacun d'eux, et qu'ils plaident non pas ut 
universt, mais ut singuli. Cette réponse est accueillie par 
le trib. civ. de Bruges, qui, le 7 Nivôse an X, confirme 
le jugement du juge de paix. 
» Pourvoi en cassation de la part du sieur De Croeser. 

>» LA COUR, — sur les concl. de M. Lecoutour, subst. ; 
— Vu les art. i et 2^ sect. 1'** de la loi du 10 Juin 1793 , 
ainsi conçus : 

» Article premier. Les biens communaux sont ceux sur 
î» la proprie'té ou le produit desquels tous les habitants 
» d'une ou plusieurs communes ou d'une section de com- 
« munes, ont un droit commun. 

)> Article deux. Une commune est une socie'té de citoyens 
» unis par des rélations locales , soit qu'elle forme une 

municipalité particulière, soit qu'elle hs^^ partie d'une 
î) autre municipalité. 

» Vu pareillement la loi du "vingt-neuf vendémiaire , an 
cinq, portant: 

» Article premier. Le droit de suivre les actions qui 
1) intéressent uniquement les communes, est confié aux 
» agents ou à leur défaut à leurs adjoints. 

» Article deux. Dans les communes au-dessus de cinq 
» mille âmes , le droit de suivre les actions qui les intéres- 
» sent est attribué à l'ofificier municipal , qui sera choisi à 
)> cet effet par l'administration municipale. 

» Article trois. Les agents ou leurs adjoints, les officiers 
« municipaux , ne pourront suivre aucune action devant les 
« autorités constituées, sans y être préalablement auionsés 
» par l'administration centrale du département , après avoir 
» pris l'avis de l'administration municipale. » 
Akitalbs. — Tome IF. 20 



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274 

» Attendu qu'en droit, il résulte de Tart. 2 de la loi 
du 10 Juin 1793, que les habitants du canton appdéle 
pays de Winnendaele , peuvent former une commune, 
encore bien que ce pays soit situé dans le ressort de deux 
municipalités distinctes et séparées; Attendu qu'en £ait 
tant par sentence du conseil de Gand, du 17 Juillet 1706, 
et la transaction du 14 Juillet 1711, produite par les 
défendeurs eux-mêmes , dans lesqudles les citoyens de ce 
pays sont qualifiés de manans communs, de communs ha- 
bitants du coin de Winnendaele, que par les autres pièces 
du procès dans lesquelles Louis Maertens et Marc Saelens 
se disent agir au nom du commun peuple^ il est établi 
non-seulement que la réunion de ces habitants forme effec- 
tivement une commune , mais encore que c'est à titre de 
droit communal et au nom de la communauté entière, 
qu'il a été formé action en complainte et réintégrande 
contre le sieur De Croeser ; — Attendu enfin que cette 
action qui, d'après les dispositions de la loi du 29 vend, 
an 8 , ne pouvait être intentée et poursuivie que par un 
agent public, et avec l'autorisation préalable de l'autorité 
administrative supérieure, l'a été, sans aucune aut<nrisation, 
par deux des habitants, (ne paraissant revêtus d'aucun 
caractère public), comme fondés de pouvoir des autres 
habitants et commun peuple du pays de Winnendaele, ce 
qui est une contravention manifeste à cette loi du 29 
vend, an 5 ; — Casse. » 

>» Du 29 Frim. an XII. — C. cass. f sect. civ. — M. Lasau- 
dade, pr. d'âge. — M. Rupérou, rapp. — MM. Gdcbârd 
et Chabroud , av. » 

Ce procès , qui dura sept ans et coûta près de dix mille 
francs à la seule partie demanderesse, finit par une 
transaction approuvée par décret impérial du 10 Février 
1811. 



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278 

Vôid le texte de eette pièce: 

H TRANSACTION conclue sur procès entre Moii^f 
V^noen^Joseph De Croeser, rentier demeurant à Bruges, 
d'une p^rt. 

» Et Messieurs Joseph Verhoye, en sa qualité de maire de 
ta commune de Ruddervoorde, et Pierre-Joseph Le Clercq, 
maire de la commune de Zwevezeele , représentant respee* 
tivement la communauté des habitans qui d^neurent sur 
la portion des dîtes communes, on sous Tanden rég^ê 
»*étendait la juridiction de la ci-devant seigneurie de Win^ 
nendaele , et les Ayant droit qui se trouvent dans la dite 
étendue. 

» Par contrat de vente sous seing prité, conclu à Bruges 
le premier Vendémiaire an neuf ^ ou vingt-trois Septembre 
nril huit cent, enregistré audit lien le seize Germinal an 
X , qui a reçu cent soixante francs pour double droit et 
subvention, Monsieur Louis-François De Carnin avait 
cédé à Monsieur Vincent De Croeser une masse dé cent 
quarante-sept mesures, une ligne, ancienne mesure, for- 
mant soixante cinq hectares , dix-sept ares , cinquante cinq 
centiares nouvelle nïesure -, consistant en bruyère et étangs 
sis* dans les communes de Ruddervoorde et Zwevesede. 

» Muni de ce titre, Monsieur De Croeser^avaît commencé 
à bâtir une habitation sur la bruyère , à en cultiver une 
partie, en desséchant phisieurs étangs ou viviers. 

» Les habitans de Zwévezeele et de Ruddervoorde ici 
représentés par l^urs nmires respectifs, qui avaient joui 
plus de trois siècles, de Tusage de ces bniyères et 
étanga, notamment en y envoyant paitre leurs bestiaux, 
coupant des tourbes et des joncs, rouissant leur lin et 
en tirant d^autrés profits , s'en sont vus privé tout-à-coup 
par te fait de Monsieur De Croeser. 



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276 

n De là est née Faction possessoire que les dits habitants 
ont intentée contre Monsieur de Croeser devant le juge- 
de-paix du canton de Pitthem , tendante à être maintenus 
dans leur libre jouissance et paisible possession; et en 
effet le juge de paix, par son jugement du cinq Frimaire 
an neuf, enregistré à Thielt le treize du dit mois par Le 
Fevre qui a reçu un franc un décime , les dits habitants 
furent maintenus dans leur possession. 

» Sur rappel de Monsieur De Croeser , le tribunal civil du 
premier arrondissement de la Lys séant à Bruges, par son 
arrêt du sept Nivose an X, enregistré à Bruges le vingt- 
trois Pluviôse suivant, par Filon, qui à reçu les droits , 
faisant droit par nouveau jugement, maintint et garda 
également les intimés dans leurs possession. 

)> Monsieur De Croeser se pourvut en cassation, et la 
cour de cassation, par arrêt du vingt-neuf Frimaire an 
XII, cassa le jugement du tribunal civil de Bruges pour 
le motif que l'action aurait dû être poursuivie par un 
agent public, au lieu de Têtre par les habitants eux-mêmes 
nominativement, et non sans l'autorisation préalable de 
l'autorité administrative. 

» Cet arrêt, enregistré à Paris le dix-neuf Pluviôse an 
XII , au droit de vingt-cinq francs vingt-cinq centimes , 
renvoya les parties devant le tribunal civil de Furnes. 

» Le tribunal de Furnes, par son jugement du vingt- 
sept Juin mil huit cent sept, enregistré le sept Août 
•suivant, au droit de dix-neuf francs quatre-vingt centimes, 
annuUa aussi le jugement du juge-de-paix de Pitthem 
ci-dessus mentionné, déclara les habitants sans qualité pour 
agir en leur nom en maintenue de leur possession et les 
condamna à des dommages-intérêts et aux dépens. 

» Les contendants, après environ sept années de procé- 
dure , se virent réculés au point d'où ils étaient partis , 



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277 ^ 

et désirant mettre une fin à leurs différends pour éviter 
d'autres frais , et sous Pagréation de l'autorité supérieure , 
ont conclu la transaction suivante, savoir: 

» Art. i. Monsieur De Croeser aura et retiendra en 
toute propriété, pour lui, ses hoirs et successeurs, à perpé- 
tuité, la quantité de vingt-huit mesures de terre, formant 
douze hectares trente-huit ares , soixante-trois centiares , 
à prendre dans l'étang , nommé le Werf-Fyver, bornée 
à l'ouest par les prairies dites Schraege Meerschen, au 
nord par la propriété de Monsieur Van Lichtervelde et 
par le pâturage de la communauté des habitants qui sont 
parties en cette , à l'est et au sud par le même pâturage ; 
la communauté susdite renonce par conséquent à tout 
droit sur la dite propriété cédée. 

» Art. 2. Pour arriver à sa dite propriété, Monsieur 
De Croeser aura droit de passer avec chevaux et chariots 
et autrement, par l'allée ou dreve qui a son débouché 
dans le chemin public de Roulers, vis-à-vis le cabaret 
sous l'enseigne du Petit Fan. 

» Art. 3. Il sera tenu d'établir à ses frais et sur sa 
propriété cî-dessus déterminée, des clôtures ou fossés d'une 
solidité et d'une étendue suffisante pour prévenir l'incur- 
sion des bestiaux que la communauté des habitants 
pourra laisser pâturer à Pentour de la dite propriété; 
de sorte que s'il arrivait que quelqu'animal franchissait 
les dites clôtures ou fossés et causait des dommages à 
Monsieur De Croeser ou ses succeseurs, la communauté 
des habitants ni aucun d'eux ne pourra en être responsable, 
ni être inquiétée par qui que ce soit de ce chef. 

)> Art. 4. Il paiera les contributions et autres charges 
afférentes à la dite propriété, à <îommencer dès le premier 
Janvier mil huit cent neuf. 

» Art. 5. Les obstacles mi3 à la perception des deniers 



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278 



provenus de la vente des fruits peadant par racines sur 
le terreiu contentieux sont levés , et Monsieur De Croeser 
pourra les exiger de Monsieur Gustis, acheteur ou s'en 
arranger avec lui comme il le trouvera convenir. 

)> Art. 6. Monsieur De Croeser se contentant de la 
propriété ci-dessus individuée à Tartide 1 , cède et aban- 
donne à la communauté des habitants susnommés tous les 
autres droits qu'il a acquis par le contrat de vente du 
premier Vendémiaire an IX, ci-dessus mentionné, se 
devestissant du surplus de la propriété qui fait Tobjet du 
dit contrat pour en investir la dite communauté qui en 
jouira en toute propriété avec promesse de garantie en cas 
d'éviction, à quel effet il a remis à Monsieur Le Maire 
de Ruddervoorde le dit contrat d'achat et autres titres y 
rélatife. 

« Art. 7. Il est convenu que Monsieur De Croeser ni 
ses successeurs ne pourront jamais bâtir ou laisser bâtir 
sur la propriété cédée par l'article premier , si ce n'est 
une petite maisonnette pour le logeipent d'un surveillant. 

)» Art. 8. Dans aucun cas, ni le propriétaire du terrein 
cédé a l'article 1 ci- dessus, ni ses successeurs op ayant 
cause, ni leur surveillant, ni leurs locataires n'auront 
droit à participer aux avantages de la communauté des 
habitants de Zwevezeele et de Ruddervoorde, de la-* 
quelle communauté ils sont exclus à perpétuité. 

Art. 9. Au moyen de la présente transaction, toutes 
les contestations existantes entre parties vieoneitf à cesser, 
tous procès sont éteints et anéantis à jamais , et Us frais 
resteront respectivement compensés. 

» Art. 10. La présente a été faite en quadruple, à 
Ruddervoorde ce onze Novembre rail huit cent huit. »» 



(Suivent les sigoatures.) 




279 

Puisque nous venons d'établir que la brayère appar- 
tient non à toute une commune , mais à deux sections de 
commune , il importe de bien (fe'terminer la position ad- 
ministrative d'une section de commune. Posons donc 
quelques principes. 

Une section de commune peut, \o posséder. 

4° Une section de commune peut avoir des biens com- 
munaux proprement dits , qui lui soient propres , qui ne 
soient pas la proprie'té de la commune entière. La défi- 
nition d'un bien communal , donnée plus haut par la loi 
du 10 Juin 1793, le prouve suffisamment. Cette loi qui 
règle le partage des biens communaux , part de ce prin- 
cipe, lorsqu'elle dit à l'art. 2: les habitants seuls de la 
section qui jouissait du bien communal, auront droit au 
partage. 

2o Administrer. 

2** L'autorité communale n'est investie par la loi que 
de l'administration des biens qui appartiennent à la com- 
mune entière. Les communaux appartenant à une section 
de commune doivent avoir une administration séparée. 

te Les communaux , dit Rapsaet, Jnalyse de f origine et 
» des progrès des Belges. Edit. 1839 , tome 4, page 522 , ne 
)» sont pas des biens de la commune , ce ne sont que des 
» biens de canton ou de section d'une commune ou village. 
î> Aussi les voit-on communément régis par un maître ou 
« syndic particulier élu par les habitants de la section , avec 
» un conseil pris dans le sein du canton , qui en règlent 

et en repartissent les impositions , qu'un collecteur par* 
>» ti(^ier perçoit et qui n'en est comptable qu'à l'assemblée 
« des membres de la section, sans que la municipalité 
» du village ait droit de s'immiscer dans cette adminis* 
^ tration. » 



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280 

Effectivement c'est ainsi que la chose se passe relative- 
ment à notre bruyère. L'acte de donation a institué le 
corps des chefs-hommes ( hoofd-mannen) ^ au nombre de 
neuf. C'est-là le conseil. Le rôle de cotisation est arrêté 
par ce conseil. Actuellement un demi franc par tête de 
bétail et un demi franc par ménage de ceux qui n'ont pas 
de bétail , mais n'en jouissent pas moins de la bruyère , 
en y coupant de la tourbe à discrétion , telle est la coti- 
sation qui suffit à couvrir les frais de cette administration , 
dont la dépense principale consiste dans le payement dé 
la contribution foncière. Le recouvrement du rôle de 
cotisation s'adjuge au rabais à celui des chefs-hommes 
qui se contente du moindre salaire. Cette année la mise à 
prix était de 40 francs , et le rôle fut définitivement adjugé 
au chef-homme Jean Chris tiaens pour 28 francs de salaire. 
C'est ce qui s'appele: de rolle pachten. Ceci se fait chaque 
année dans l'assemblée générale des ayant-droit, à la 
Saint-Jean d'été , époque fixée par l'acte pour la reddition 
du compte. . ^ 

Ce corps administratif se trouve vis-à-vis de l'autorité 
communale, à peu de choses près, dans une position 
pareille à celle des bureaux de bienfaisance et des conseils 
de fabrique. ' 

En effet , le décret du 9 Brumaire , an XIII , dit à 
l'art. 4 : Les communautés d'habitants pourront délibérer 
par l'organe des conseils communaux, un nouveau mode 
de jouissance. Les sections de commune, ou leurs repré- 
sentants, les chefs-hommes, peuvent donc délibérer, 
mais leur délibération doit passer par F organe du conseil 
communal. Et ce qui est décisif sur ce point , c'est qu'un 
arrêté du 24 Germinal, an XI, a voulu que, dans le 
cas qu'un procès s'imtame entre deux sections d'une 
même commune, l'acnon soit suivie par un syndic ou 



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281 

agent à élire, et stipule tout particulièrement que ce 
choix ne peut tomber ni sur le maire , ni sur l'adjoint de 
la commune. Dans ce cas, la section de commune ne 
peut plaider sans le ministère de l'agent préposé à l'ad- 
ministration de ses biens (Dalloz, Jurisprudence du 
xix* siècle^ Voc° Communes, 1" section, 3® espèce). 
Donc il faut que la section ait une administration à elle , 
si elle a des biens. 

s» Elle peut aliéner. 

Une commune, une section de commune peovent 
aliéner. Ce principe est incontestable; mais aucune aliénation 
ne peut plus avoir lieu sans le consentement de la section 
intéressée, sans le consentement du conseil delà commune 
dont elle fait partie , sans l'avis de la députation provinciale , 
et sans l'autorisation du roi (Art. 76 de la loi commu- 
nale). 

Ayant, par tout ce qui précède, dessiné nettement 
la position des deux sections des communes de Rudder- 
voorde 'et de Zwevez^ele ; ayant prouvé qu'elles possèdent , 
quelles administrent et qu'elles peuvent aliéner, il 
importe de passer à l'examen de plusieurs autres ques- 
tions , non moins importantes que celles que nous avons 
déjà traitées. Mais nous devons d'abord donner, comme 
base à ces nouvelles questions , une idée de l'état actuel 
de la bruyère, afin qu'on puisse juger ensuite s'il est 
à désirer que cet état actuel soit modifié. 

Etat actael de la bruyère. Son insalubrité. 

Nous ne pouvons mieux faire que de laisser parler la 
commission médicale de la province, qui a été chargée 
d'une enquête sur les lieux, relativement à une fièvre 



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282 

endémique qui y règne , et qui est connue dans le pays 
sous le nom de F'eldsHor, Voici son 

RAPPORT ADRESSÉ A M. LE GOUTERITEOR DE LA FLANDRE- OCCIDENTALE, 
SUR l'état SAlfITAIBB DE LA POPULATION d'uNE BRUYÈRE, SITUÉE 
ENTRE LES COMMUNES DE ZWETEZEELE , DE LICHTERVELDE ET DE 
BUDDERVOORDE , PAR LA COMMISSION MÉDICALE DE LA PROVINCE (!)• 



L'expérience a depuis longtemps démontré la pernicieuse 
influence qu'exerce sur l'état sanitaire de ses habitants une 
terre inculte et couverte d'eaux stagnantes; depuis longtemps 
elle a prouvé aussi qu'en rendant cette terre à la culture , 
non seulement on ouvre une source d'abondance et l'on con- 
vertit la misère en richesse, mais qu'on détruit à jamais 
cette cause d'insalubrité. 

Sans sortir de notre pays , les Grandes Moëres près de 
Fumes , rendues à la culture par les frères Herwyn , il y a 
près de 50 ans , en sont une preuve , que chaque jour vient 
rendre plus évidente. D'après M' De Keuwer, médecin à 
Furnes(2) et d'après la notoriété publique, ce pays autrefois 
un foyer éta*nel de maladies , depuis le convertissement de 
ces marais en terre cultivée , ne le cède plus en rien sous 
le rapport de la salubrité, à aucune autre contrée de la Bel- 
gique et a cessé complètement de mériter la mauvaise 
réputation qui lui était échue. 

On ne peut donc assez applaudir à la communication faite 
par M' le D^ Pattyn, de Zwevezeele, à la société Médico- 



(1) Commissaires: MM. De Mbter et Db Làbate, Rapporteur. 

(3) Jnnaks de la Société Médico-Chirurgicale de Bruges, Tome 1, 



Graviora qusB ex cœli , terrœque insalabritate 
oriuntar mala per nostram diligentiam leviora 
fieri possunt. Yarro, de Re rustica, Lib. XII* 




285 



Chirurgicale de Bruges, sur i*état sanitaire des habitants 
d'une bruyère enclavée entre sa commune et celle de Rud- 
dervoorde, communication sur laquelle M' le Gouverneur de 
la Flandre-Occidentale demande des éclaircissements à la 
Commission médicale de la Province. 

Les membres de la Commission , chargés de vérifier les 
renseignements fournis par M' le D' Pattyn, doivent d'abord 
déclarer qu'il leur a été impossible de recueillir les données 
précises que M' le Gouverneur leur demande sur le nombre 
d'individus atteints annuellement par la fièvre intermittente 
endémique en ces lieux , et d'établir le rapport de ce nom- 
bre avec celui de la population. Un grand nombre de ces 
malades ne réclament pas des secours médicaux; ils laissent 
traîner leur mal , ou ils y opposent des remèdes vulgaires 
et leur maladie reste ignorée. D'autre part, il n'est pas fa- 
cile de se mettre en relation avec la population qui est très- 
appréhensive de laisser scruter son intérieur par des étran- 
gers , qu'ils soupçonnent de suite de nourrir l'intention de 
vouloir attenter à leurs privilèges. Un autre obstacle pour 
arriver au rapport demandé , est le peu d'accord qui règne 
entre les médecins de la localité sur l'existence ou le carac- 
tère de la maladie endémique. M' De Pla, chirurgien à 
Ruddervoorde , a déclaré n'avoir rencontré que fort rare- 
ment la fièvre intermittente, à tel point qu'il a à peine 
eu l'occasion d'administrer le sulfate de quinine. Et cepen- 
dant la plus forte portion de la population de la Bruyère 
se trouvant dans la commune de Ruddervoorde , est soumise 
à ses soins et ne peut être appréciée par M' le D' Pattyn. 

Néanmoins s'il a été impossible de déterminer le nombre 
annuel de malades atteints par la fièvre endémique de la 
Bruyère , les membres de la Commission ont pu s'assurer 
que cette fièvre y règne , qu'elle atteint généralement , après 
quelqnes semaines de séjour, les personnes qui, venues 




284 



d'un autre endroit de la commune ou de communes envi- 
ronnantes , se fixent sur les terres riveraines de la Bruyère , 
nous disons sur. les terres riveraines , car sur la Bruyère 
elle-même aucune habitation ne peut être construite, la 
mainde l'homme ne pouvant toucher à cette terre que l'on 
dirait maudite. Dans toutes les maisonnettes que l'un de 
nous a parcourues avec M' le docteur Pattyn, l'existence 
de cette fièvre a été avouée par les habitants , qui la dési- 
gnent sous le nom de eldstier. Chez quelques-uns cette 
maladie existait encore actuellement, tels que l'épouse 
Louis Van Den Berghe, l'épouse Emmanuel Walgraeve 
chez qui nous avons reconnu une pneumonie , compliquée 
de la fièvre endémique: Ferdinand Rouvier était convales« 
cent d'une fièvre intermittente qui avait duré plusieurs mois; 
des enfants d'Emmanuel Van Doorne, l'un était mort il 
y a huit jours , l'autre était en danger. Toutes ces habita- 
tions étaient à quelques pas de distance l'une de l'autre. 
Indépendamment de cette fièvre à forme intermittente , il 
existe en outre, et ici les praticiens susdits sont parfaitement 
d'accord, il existe, disons-nous, un état particulier de 
l'économie animale, dû également à l'influence de la Bruyère, 
et qui se manifeste dans toute l'habitude extérieure , mais 
particulièrement par des gonflements glandulaires , surtout 
du mésentère , des déviations du système osseux etc. Les 
enfants portent cette empreinte encore plus que les adultes. 
Nous en avons vus dont le système osseux était si vicieuse- 
ment développé , que les organes contenus dans le thorax 
pouvaient à peine remplir leurs fonctions: ainsi la circulation 
et la respiration offraient une telle gène, qu'au moindre 
mouvement la suffocation paraissait imminente. 

Maintenant que nous avons constaté le mal, il ne sera 
pas difficile de répondre à M' le Gouverneur, quelles 
en sont les causées ainsi que les moyens d'y porter remède. 




385 



Les causes sont Tétat inculte de la Bruyère qui se 
couvre conséquemment d*eaux stagnantes. Trente mares 
environ d'eau sans issue sont disse'mînées sur une surface 
de 900 mesures et sont autant de foyers d'où s'exhalent 
les émanations morbifiques. Les mêmes causes ont été 
constatées dans tous les temps et dans tous les lieux. Qu'on 
lise X Histoire des marais et des maladies causées par les 
émanations des eaux stagnantes, par le docteur Monfal- 
con, et Ton sera frappé de Tuniformité des résultats 
emmenés par les mêmes circonstances (sauf les modifica- 
tions apportées par les climats), en Europe, en Amérique 
et partout où l'esprit observateur a porté ses investigations 
sur le même objet. 

La nature de la cause emporte l'indication du remède. 
Partout en effet , où l'on a rendu ces terres à la culture , 
et où par des procédés que l'art indique , on a donné issue 
aux eaux stagnantes , ou même lorsqu'étant dans l'impossi- 
bilité de les évacuer, on leur a donné la profondeur néces- 
saire, partout aussi la maladie a disparu. 

Si cependant par des motifs de droit, qu'il serait à 
désirer que la législature fit disparaître, l'on fut dans 
l'impossibilité de porter le remède si loin, il resterait 
toujours au pouvoir de l'administration de prendre les 
deux mesures suivantes, qui remédieraient au moins en 
partie au mal, et qui adoptées pour cause de salubrité 
publique, pourraient être exécutées en dépit de tous les 
obstacles : 

1"* Fournir un écoulement aux eaux stagnantes; 

2"* Interdire aux communes de laisser bâtir de nouvelles 
habitations sur les terres riveraines, ayant droit de pâ-^ 
turage. 

Fait à Bruges, le 13 Octobre 1841. 



De Lahaye. 




286 



Il n'y a rien à ajouter à ce rapport. L'insalubrité est 
constatée. La cause du mal et le remède sont indiqués. 
Les causes sont: l*état inculte de la bruyère, qui se 
couvre conséquemment d'eaucc stagnantes. Trente mares 
d'eau sans issue sont disséminées sur une surface de 900 
mesures, et sont autant de foyers d'oii s'exhalent les 
émanations morbifiques. La nature de la cause emporte 
l'indication du remède: rendre ces terres à la culture, 
donner un écoulement aux eaux stagnantes. 

Voilà quant au sol. Quant aux habitations, il faut 
remarquer , ainsi que le dit le rapport , que sur la bruyère 
elle-même aucune habitation ne peut être construite, 
la main de l'homme ne pouvant toucher à cette terre que 
l'on dirait maudite. Cependant en moins de trente ans 
le nombre des habitations s'est doublé^ en 1810, on ne 
trouva que 120 feux, aujourd'hui ily en a 243. Voici à 
quoi tient cette augmentation. D'après la charte, la dona- 
tion n'est pas faite indistinctement à tous et à chacun des 
habitants de la seigneurie dans les paroisses de Rudder- 
voorde et de Zwevezeele, mais uniquement à ceux de 
ces habitants qui payent la redevance annuelle à notre 
Vierschaere de Winnendaele [Die met onzer voornoemder 
J^ierschaere van Winnendaele elcx jaers settinghe ende 
pointinghe ghelden). Cette redevance était une charge 
personnelle payée au seigneur à simple titre de protec- 
tion , pour droit i'héte^ et comme cette redevance ne se 
payait pas par les prolétaires, les indigents, ceux-cr 
furent donc exclus et privés de la jouissance , aussi long- 
temps que dura l'ancien régime. Aujourd'hui que cette 
redevance féodale est abolie et qu'il n'y a rien qu'on 
puisse mettre légalement à la charge de ces habitants 
pour la remplacer , la jouissance est accordée à quiconque 
réussit à se faire un gite sur l'ancienne terre de la sei- 




287 



gneurie. Malheureusement on ne réussit à cela que trop 
bien. Moyennant quelques rerges de terre prises en em- 
phytéose, en mendiant ci et là quelques pièces de bois 
et quelques briques , on se fait une cabane au bout de 
quelques semaines , et Ton s'installe modestement comme 
co-propriétaire du Getoeyd. C'est-là véritablement un 
abus ] cette augmentation de population pauvre va direc- 
tement contre l'intention de ta cbarte, et n'est pas 
même sans quelque danger pour la sécurité publique. C'est 
principalement dans ces cabanes que l'on rencontre le 
F' eldstier. 



Mais l'excès du mal en sera Iç remède. Le nombre 
de ceux qui jouissent de la bruyère s'^étant tellement 
accru surtout en population pauvre, la jouissance com- 
mence à se réduire à bien peu de chose pour chacun 
d*eux. A l'heure qu'il est, la bruyère est véritablement 
écorchée par les Turfkappers. Il y a, comme j'ai dit 
plus haut, 243 feux d^ayant-droit. Plus de la moitié n'a 
d^autre chaufTage que la tourbe de la bruyère. Ne prenons 
cependant pour terme moyen de la consommation de 
chaque ménage que quatre charretées de tourbe par an et 
nous trouverons que les 900 mesures dont un bon tiers 
est occupé par des mares d'eau et des viviers, et ne 
produit par conséquent pas de tourbe, doivent en foumif 
par an 972 charretées. Ce qui est impossible, de sorte 
que le Geweyd ne suffit plus aux besoins de chauffage de 
la population. If en est de même du pâturage. La mai* 
grcur des vaches qui fréquentent la bruyère est devenue 
proverbiale. Les parties de bon pâturage y sont trop 
elairsémées, pour pouvoir nourrir convenablement les 
288 têtes de bétail qui doivent en vivre. 



Son peu de produit. 



% 




^ 288 

Pour achever de prouver la stérilité actuelle de la 
bruyère, ayons recours au cadastre. 

La contenance totale du Vry Geweyd sur les trois 
communes est de H. 338-53-60 centiares, et le revenu 
imposable ne monte qu'à la somme de Fr. 2949-28. 
C'est donc encore moins de Fr. 9 par hectare. Il y a dans 
la bruyère des terres médiocres, il est vrai, mais il y 
en a aussi de première qualité. Si les unes comme les 
autres étaient livrées à la culture, ce revenu pourrait 
être triplé. La seule commune de Ruddervoorde subit 
tous les ans une perte négative de plusieurs milliers de 
francs à raison de ce défaut de culture ; c'est-à-dire , que 
la nature donnerait un produit net de trente, quarante 
mille francs par an de plus , s'il était permis à industrie 
de l'homme de venir à son aide. 

Cette description de l'état actuel de la bruyère est si 
vraie et en même temps si triste , que tout homme impar- 
tial doit avouer qu'une modification radicale ne peut se 
faire trop tôt. 

Lorsque le but qui a présidé à la formation d'une 
association n'existe plus, cette association tend par sa 
nature à se dissoudre. C'est le cas de l'association du 
pTry Geweyd. 

Pour le démontrer, remontons à I^origine, à la cause 
qui donna naissance à la communauté susdite. Comment 
ces deux sections de commune se formèrent-elles? Elles 
se formèrent du moment que le seigneur de Winnendaele 
eut donné cette vaste bruyère en jouissance commune à 
tous ceux qui étaient établis , ou qui viendraient s'établir 
dans cette partie de sa seigneurie. C'est donc cette com- 
munauté d'intérêts, qui donna naissance à la formation 
de la section. Cet intérêt commun en est le lien et la 
base. Plus cet intérêt faiblit, plus rassociation est près 



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S89 



de se rompre; or, on vient de voir comme cet intérêt 
s affaiblit de jour en jour. 

D'ailleurs le but de la donation est déjà outre-passé 
depuis longtemps^ de telle manière qu'aujourd'hui elle 
mène plutôt à un but opposé. Dans quel but le seigneur 
fit-il ce don? Dans le but d'attirer non des prolétaires 
et une population utile et laborieuse sur cette partie 
abandonnée et déserte de sa seigneurie. Or, ce but est 
rempli à tel point, que la bruyère a cessé d'être un moyen , 
et commence plutôt à devenir un obstacle réel à toute 
augmentation utile de population; à moins qu'on ne 
veuille prendre pour telle les cent vingt maisonnettes et 
cabanes construites depuis une trentaine d'années. 



Arracher donc cette terre inculte et sauvage à son 
insalubrité, convertir la bruyère en terres fertiles, tel 
est le vœu , le cri général , même de ceux qui l'exploitent 
actuellement. 

Mais quel est le moyen le plus propre pour obtenir 
ce grand résultat, le défrichement du Geweyd? Le dé- 
frichement par les sectionnaires eux-mêmes est morale- 
ment impossible, cela se prouve aisément. Le défriche- 
ment serait partiel ou total. S'il est partiel, on réduira le 
pacage, on lui enlèvera les meilleures parties pour les 
cultiver. Or, le pacage est déjà trop restreint, et les 
ayant-droit ne consentiront jamais à ce qu'on le res- 
treigne davantage. Ou bien le défrichement sera total, 
s'étendra sur toute la bruyère. Or, cette opération sur- 
passe les forces de l'association; car ces vastes terrains 
exigeraient, pour leur culture, la construction de plu- 
sieurs fermes, l'emploi d'un grand personnel etc. toutes 
choses qui demandent un ensemble de vues et d'organi* 



Nécessité de son défrichement. 



Arsales. — Tome IV. 



21 




sation dont cette assôcîàtiofi n'est pas suWeptible. Le défri- 
chement doit donc être le fait de Findustrie privéé , et plâk'coil- 
séquent , il n*y a d'autre moyen (Jtie à.t diViséi* là bruyèfè en 
lots et de la vendre. Âinsise dissoudrait tihe assdctâtioù, 
dont l'existence ne rëpoild plus àu but qui Fà ctéèô èl 
chaque ayant-droit s*eii iràit aVèe liïié pàH dû j^rodutt tte 
là vente , en cômpénsatioâ de la jouissante qUil doit pei^re. 

Nécessité de la Téndrek 

Lia véhté doniî lie h bruyère, tel èst FUniquè toôyèù 
de Jpàrvènir à sèn d^Hchement. Heureustgttient oU nè 
regarde plus un bien commUnal conime inàliéttâblëv cOttnùë 
frappé d'urte sorte de substitution eh faveur des habitants 
futurs. Admettre ce principe, ce serait rendre toute 
amélioration impossible , ce serait paralyser tout progrès, 
ët empéchèi^ â tout jamais , eoteime danis lé cks prési^t , 
lë dévelopi^emeht de la richesse agricole. 

J'^Ânéts vèlontiers ivëc Henrïeoi^ de Pens^y , îksèîenè 
communaux, édition de Paris , 1833, page il7, qtké là 
vënïé, pWir êlrè lifcite, doit avoir ûfte jùstè èausë; et 
tet àuleùr ènlènd par juste cause, celle ifÀ ptokïe jgféné- 
tèklàehi à tèus lès babitànts, et qui est de ttalurë à 
pbrlJèr ^on inÔUënce sur les géUè^tloas futures. ï)iBitts 
le vas i^ui nous occupe, hs habitants ^dttiels ttè VeUleM;' 
pas jouir aux dépèns éès habitants ià Veteft* , sans èont- 
pehsalion poUr eux. jD'Sabord lës habitants futurs ^étoiA 
prîvés de peu de chose , *ar li jouîs^ancè actueHè-, vU lè 
grand ïMrtnbr^ dës participants, est d^à ^i pdi ëtosé- 
queiite qm éhiacun est disposé à y i^endncër taèyëSaiSftft 
iihè indemnité. Ce facile abandon ne sè fenèdntt*eif«it j^Sî, 
M la jouissaïice étaît tf ès-avantageusë , ou plus ^ ^^iià 
nécessaire à leUr ïéitplôitation. 

Pour la perte d'une jouissance qui a «essë tfétre irtile 



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291 



du moment qu^elk est devenue nuisible , le$ générations 
à ?enir trouveront une compensation {dus que spffisante 
dans Tassainissement de la contrée, dans Taugmentation 
du bien-^tre général, produit par la mise ea culture de 
eette vaste étendue ée terrain, et dans des stipulations 
particulières cpie l'autorité royale ajoutera peut-être à 
fautorisation de vendre. 

Ce parcget de ven^ peut se rattacher à la canaliiatioQ d'an grfiud 



Pour le complet assmnissement de la contrée, la cul- 
ture du Fry Geweyd seule «e suffit pas, il faut donner 
«B écoulement aux «aux stagnantes. Or, im rmsseau fa'ès- 
notable alimenté par d'autres ruisseaux <p» amènent 
beaucoup d'eau des communes voisines, traverse toute 
la bruyère, reçoit ensuite la Rînk-beke, rmsseau sem- 
MaWe à une rivière , <iuî prend sa source dans les Rink- 
puttm à Eeghem-Capcïle , et ils vont ensemble se perdre 
dans 'le canal de Gand , à Moerbrugge , après avdr tra- 
versé les communes de Wardamme et Oostcamp^ JH y ^ 
>d€w Siècles, ces «;ouraQts-d'^ pétaient 4éjà l'ojbjet d'we 
étude spéciale. Ces veines, ces artères Ibrmées far la' 
la ^£rfur^, sont en effet de puissants moyens 4e féç^Wité» 
lorsqu'elles soait bien dir^es , mais elles deviennent des 
moyens de ruine et de dévastation , lorsqu'elles sont i^baçi- 
données à elles-tnémes^ Il ^ surprenant <|ue eette ^vérité 
soit si peu mise en pratique Aa^ un jpays ^piinemment agri- 
cole comme le nôtre. Le système des irrigations est encore 
en son enfance en Belgique. Les eaux sont laissées â 
elles-mêmes chez nous, au lieu ^e llndu^ne devrait s'en 
en^parer et les faire servir à féconder, à jour et point 
Aommé, >nAs f^airies let nos pâtiu*£^es. Celui qui a vu 
Vacqua bermmta en »Lt)iribaFdîc reste émerveit^ des pre- 




292 



diges en ce genre dont l'industrie de l'homme est capable. 

A l'époque dont je parle, il y eut comme aujourd'hui , 
un grand mouvement vers les améliorations matérielles, 
c'est alors que se firent tous nos grands canaux ; on jeta 
donc les yeux sur cet important courant-d'eau, on 
voulut même le rendre navigable, pour pouvoir cultiver 
d'autant mieux les vastes landes et bruyères qu'il traverse 
ou qui l'avoisinent. Comme on voit, le but était de déve- 
lopper par ce moyen la richesse agricole du pays; but 
excellent, mais qu'on n'a pû atteindre, parce qu'on se 
trompa dans le choix des moyens. On voulut approfondir, 
élargir, aligner le ruisseau, en un mot, on voulut le 
canaliser, au moyen de capitaux empruntés^ et on ne donna 
d'autres garanties de remboursement de ces capitaux et des 
intérêts, que le revenu éventuel des péages à parcevoir 
sur ce nouveau canal en vertu d'un octroi royal, dont 
nous donnons ci-après le texte, traduit du flamand. Comme 
on le pense bien, toutes les bourses restèrent fermées, 
et le projet avorta. 

Texte de V Octroi royal dé l'an 1653, qui accorde la canalisation du grand 
ruisseau, qui traverse les communes de Rudderyoorde , Wardamme 
et Oostcamp (1). Voyez la carte ci-contre. 

Philippe par la grâce de Dieu roi de Castille, de Léon,- 
d'Arragon, etc. etc. etc. à tous ceux qui ces présentes 
verront. 

Savoir faisons que nous avons reçu l'humble supplique 
de ceux dont les propriétés sont situées près et aux en- 



(1) Je dois la découverte et la communication de cette charte à mon 
infatigable collègue du Comité Directeur de la Société d'Émulation, 
M.Tabbé Van de Putte, à qui j'en témoigne ici publiquement ma recon« 
naissance. Elle fut trouvée dans les archives de Tancienne abbaye des 
Dunes ; qui possédait de grandes propriétés dans ces communes. 




293 

virons du ruisseau, venant du pont dit f^eldekensdam- 
brugge (paroisse de huddervoorde ) , passant par la paroisse 
de Wardamme^ se jetant dans le petit canal de Gruyt- 
huyse, paroisse d*Oostcamp, et de là dans la Zuyd-lieye 
ou grand canal entre nos villes de Bruges et de Gand , 
dans l'appendance du pays du Franc; 

Contenant que , pour l'avantage commun du pays et des 
paroisses situéei» près et aux environs du même ruisseau ; 

En considération de la difficulté des chemins dans la 
saison d'hiver pour transporter à Bruges et autres villes et 
pays d'alentour le bois et autres produits du sol de ces 
quartiers ; aussi afin de pouvoir , au moyen du transport 
plus facile de l'engrais , mettre en culture quelques terres 
vagues et bruyères, situées à proximité; 

Us ont conçu le projet d'élargir, d'approfondir et de 
rendre navigable le même ruisseau l'étendue d'environ 
mille neuf cent verges. 

Qu'à cet efiet ils ont fait faire l'évaluation de la dépense 
du dit travail par un ingénieur assermenté , qu'ils en ont fait 
dresser carte figurative , et que la dépense a été évaluée 
à 49,000 florins ^ 

Qu*ensuite ont été convoquées les paroisses et juri- 
dictions intéressées devant les bourgmestres et échevins 
du dît pays du Franc, pour délibérer s'il était bon et 
utile de donner suite au dit projet^ et en cas d'affirma- 
tive, d*aviser aux moyens les plus propres à le mettre 
à exécution ; 

Qu'ils ont décidé, à la majorité des voix, que le dit 
projet était tout-à-fait dans Hntérêt des propriétaires* et 
des paroisses circon voisines. 

Que, puisque le pays était déjà assez chargé, il était 
bon, pour faire face à la dépense, de demander notre 
octroi afin d'imposer un péage sur les marchandises qui 



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294 

passeront en bateau par le dit canal, d'après le tarif qui 
suit: 



Cent fagots L. 0-1-0 

Charretée d'arbres, bols scié, lattes, cercles, 

écorces, charbons 0-1-8 

Bateau chargé de tourbes de bruyère 0-3-0 

Bilandre d'engrais 0-6-0 

Moindre bateau ou cogge 0^3-0 

Chaux par kruysse 0-0*4 

Dalles bleues ou blanches le cent. ...... 0-0-8 

Briques rouges ou blanches le n^ille O^^O-^ 

Tuiles le cent 0-0-2 

Meules par pièce 0-2-^ 

Seigle, froment, avoine, sarrasin ou autre grain 

par hoed 0-0-4 

Tonneau de carpes ou autre poisson 0-1-0 

Veau, porc, œouton ou agneau par tête, . • • 0*0-2 

Pièce de vin • 0*0-6 

Tonneau de bierre • • O-O-S 

Sac de fruits • • . • 0*0-2 

Pièce de toile \ , 0*0-2 



Les autrfô tnarehandises , d'après ee qui préoèdo. 
Le tout conformément à l'acte prédit de canvocation 
et résolution. 

Or comme les pétitionnaires ne peuvent faire appro- 
fondir et élargir le dit ruisseau , ni imposer le pâige sur. 
les/ marchandises ^ns notre octroi spécial, ils nous eut 
supplié humblement afin qu'il nous plaise de leur accorder 
à cette fÎR des lettres patentes et de consentir , ( vû <iue le 
seigneur d'Oosioamp a defmis longtemps rendu navigable 
line partie du ^it ruisseau sur une étendue de près ^e 



1 

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395 

trois çmt verges , et qu'il ^'y a pas (^>^tre moyen de 
l'indemniseF,) a ce qi^'il lui soit 2|CGordé un pé^ge de cinq 
sols par chaque bilandre chargé^ et de çiinq gros par 
cha(|ue moindre bateau chargé qui pa^^f^r^ repassera 
par la ditç partie d]u canal, 

jSi estril que Nous , considérant t^iit C6 qui est dit ci- 
dessus , sur l'avis qos chers et amés bourgmestres et 
échevins de notre pays du Franc , et inclinant à l'humble 
^uppliçgtÎQp et ^^sjir des requérants , leur tmns oficordé 
et octT&yé, le^r aecgrçfçn^ et fictroyam par l^s pré- 
sept^s, d^ Mtr§ grâce spépiale, qujlfii pofirront appror 
fondir ^t élargir je prédit ruiss^ôu sur une étendue d^ 
ipille §t nmf pô»t verger, l^ver è (sette jîn p^r fprme 4.Ô 
rente Içis (^epiers pécessaires, §t à cet ^ffet jipus pon- 
§e^top, poi^r le termp de doijiz^ m^, h péage sur le$ 
j[)ateau:|^ ^t l^s in^cliandises , f^pnae il est ^fm&é ci- 
dessus, et ^ ce q^e le revenu de pes piépge^ spit dpppfl 
#P feyP9tb§îu§ 4^ rentes prédites,- è h réserve cepep- 
d^nt» à QpnditÎQn que liss suppliants soiept tenus de 
j^rémt/^r §flnéç le çopapte djii rjBvenu des dits 

fi^ge$ à§YJà^^ bourgmestre ist échevins dii pays du 
Fmc, m^l gf^fife les présentes lettres devront êtr^î 
mPSi^^9 ^ phaquie ^miée, ^rès les charges s'il 
m ffà&ie, m jrembaursjera avee rexoédftfltt du dit menu, 
ffm-k-fm les i;ipt«!^x empruntés ^ et de {dus à cpniditiQ^ 
4a p^yar à notre profit ui^ reeonnaissjan/ce de six iee&ts. 
Amm, imfm. 

A m mmes ordonnons à nos amés et fâuuix chefs- 
présidents iejt gens de notre grand conseil et conseil prive,^ 
ppésidant et gens de notre conseil m Flandre , et à tous 
nos o(fieîer$ et juges à qui il appartiendra , qu'ils laisse- 
i^Ut dit^ suppliants jouir p^aisibLemi^t et pleinement 
<le fs nstrp ffémd mifQÎ et giice, pour le temps, aux 



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296 

conditions et de la manière* comme dit est, sans leur 
faire , ni souffrir qu'on leur fasse aucun empêchement à 
ce contraire. Car ainsi nous plait-il. 

Donné dans notre ville de Bruxelles, le onzième jour 
du mois de Juillet de Tan de notre Seigneur mil six 
cent quarante et trois, et de nos règnes le trente troi-- 

s^^'»^- * C. Ho. \\ 

Durant un laps de deux siècles , Texpérience n'a cessé de 
faire voir combien la première idée dte nos ancêtres était 
sage, combien il est dans l'intérêt de tous de tirer parti, 
et un parti immense , de cette voie que la nature nous a 
faite. Mais il ne convient pas d*en faire un canal de navi- 
gation , il faut se borner à en faire un canal d'écoulement 
qui puisse être en même temps un canal d'irrigation pour 
les prairies qui se trouvent sur son passage, et qu'il serait 
alors facile de multiplier à peu de frais et avec certitude 
de succès. Si en outre il peut se prêter à la petite naviga- 
tion, pendant quelques mois de l'hiver, et servir ainsi 
au transport des engrais, ce sera un service important 
de plus. Tel est le genre de bienfait dont on pourrait 
doter ces localités , en même temps qu'on autorise la vente 
du Geweyd. Les moyens d'exécution ne manqueraient pas , 
comme sous le gouvernement espagnol. Car on aurait sotis 
la main des ressources suffisantes en prélevant d'abord une 
somme sur le produit de la bruyère, qui se vendrait d'au- 
tant plus cher , que l'écoulement de ses eaux serait assuré. 
Ensuite un emprunt couvert par des centimes additionnels 
sur les communes intéressées , et calculés d'après le degré 
d'avantages que chaque commune devrait en retirer , une 
rétribution spéciale et par hectare sur les terrains qui 
jouiraient de l'irrigation, un subside de la proyince, et 
un subside de l'état seraient autant de moyens et de 



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297 



garanties pour mener à bonne fin cette œuvre si éHiinem- 
ment avantageuse et patriotique. 

Les propriétaires non habitants n*ont aucun droit au partage du prix 
de la vente. 

Je viens à la dernière question , qui est la plus délicate 
de toutes, parce qu'elle touche à l'intérêt personnel. 
Comment se fera le partage du prix de la vente et entre qui? 
Je réponds nettement que d'après la charte elle-même 
et d'après des lois existantes , ce partage doit se faire par 
parties égales, entre les chefs de famille ayant domicile dans 
la localité privilégiée. Je vais prouver chacune de ces asser- 
tions. La charte donne à tous, sans distinction, la jouis- 
sance commune. Tous y obtiennent un égal droit; tous 
sont propriétaires au même titre , tous doivent donc avoir 
un égal droit aux bénéfices de la vente. Quant aux lois exis- 
tantes, elles sont très-explicites. Un avis du conseil-d'état 
du 20 Juillet 1807 , établit que le partage de biens com- 
munaux dont deux communes sont propriétaires par in- 
divis , doit être fait en raison du nombre de feux par chaque 
commune. Un avis subséquent du conseil d'état, du 26 
Avril 1808, confirme la décision première, il dit que ce 
mode de partage' est le seul équitable et veut qu'il soit 
appliqué au partage de tous biens quelconques dont les 
communes veulent faire cesser l'indivis , soit par vente , soit 
p^r partage en nature. 

La jurisprudence des tribunaux a été constamment cour 
forme à ces principes. 

Les propriétaires étrangers, qui possèdent des fermes 
situées dans le territoire privilégié, sont donc exclus; et 
même en vertu d'une autre disposition encore , prise direc- 
tement contre eux, dans la loi du 10 Juin 1795, sur le 
partage des biens coinmunaux. L'art. II de la 2" section 



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298 



de cette loi, dont la publication partielle a été faite en 
Belgique , par Tarrété du 6 Floréal an X , dit en toutes 
lettres: les propriétaires non habitants n'auront aucun 
droit au partage. 

Cette dernière disposition est la seule qui rencontre de 
Topposition; et si cette ide'e si philanthropique de défri- 
chement doit rencontrer des ad?er$aires , ce sera quelque 
intérêt personnel qui à tort se croira lésé, qui seul les lui 
suscitera. Cependant , comme nous ne youlons pa6 mémfi 
avoir l'air de méconnaître aucun intérêt Légal et fondé, et 
encore moins le froisser, voulant être juste avant tout, 
nous allons discuter contradietoirement la question des 
propriétaires forains, nous allons exposer aussi impartia- 
lement que possible, toutes les objections contre la loi 
qui les exclut, et tâcher de leur faire voir clairement que 
leurs objections ne sont pas fondées. 



Voici le langage quils tiennent : u J'ai acheté ma pra^ 
priiétë â tm prô âevé , à cause de la jouissance de la 
bruyère. Vous me faites donc un tort en nfenlevant cejtti^ 
jouissance, sans indemnité. ?» 

Et foa r^nd c «c On 06 vous enlève pfts h iom^^Jm $ 
car vous ne Tarez jtmms eue. Donc on m vou5 bà% pa^ 
tort. Si vous étiez venu mettre des bestiaux dam lu bruyère, 
on les aurait saisis. Ce n'est qu'à Vh^M^ant qu^^ppdrti^t 
ee droit. Au nnoment que vous aviez acquis ei^te propriété 
bâtie, personne ne vous a garanti la icontiiiudtioi^ g4 h 
perpétuité de r^xistepce de la bruyère. Vous étea dans la 
position de cddl qui a fait ^acquisition d*une auberge 
sur une route fréquentée. Certes, cette position de l'att- 
bcpge a ajouté k sa valeur. Mais un temps vient qu^iie 
route nouvelle se fait dans une autre direction , you/s ^ealèv^ 





299 

tout le passage , et fait ainsi un tort plus ou moins grand 
à votre auberge. Où est votre droit à l'indemnité? » 

Objection. 

« La loi , il est vrai , exige le domicile. Mais mon loca- 
taire n'a qu'un domicile précaire, dépendant de ma vo- 
lonté. La maison qu'il occupe, il Poccupe pour moi et 
à ma place 5 il n'est autre chose que mon représentant. 
Participer au prix de vente de la bruyère est jouir d'un 
avantage qui dérive de ma propriété: or, un avantage 
pareil ne peut appartenir qu'au propriétaire. » 

Réponse, te Participer au prix de vente de la bruyère est 
jouir non d'un avantage qui dérive de la propriété, mais 
d'un avantage q\ii dérive de la qualité d*habitant. Il est 
vrai cependant )^ue votre locataire n'aurait pas, sans 
vous, la qualité d'habitant, si vous ne lui aviez pas loué 
votre propriété. C'est ce que sentent très bien ces mêmes 
locataires, qui ne voulant pas, pour un avantage mo- 
mentané , se mettre mal avec leurs propriétaires , se sont 
dès à présent entendus avec eux, et leur ont cédé la 
moitié du bénéfice résultimt de la vente , à condition que 
l'ancien bail soit modifié lors de la cessation de la jouis- 
sance de la bruyère. Cet arrangement est fort raisonnable 
et également dans l'intérêt des deux parties. M^s qu'on 
n'oublie pas qu'aux yeux de la loi , «'est le domicik seul 
qui donne droit direct et positif. Q^iant aux drmts résul- 
tant indirectement de voire propriété , la loi ne s'en mêle 
pas , c'est là une affabe esntre vous , et votre fermier. » 

Se ObjectioD. 

« Pour pouvoir vendre , il faut posséder animo domim; 
or, un locataire ne possède pas animo dominij donc il 
ne peut pas vendre. )» 



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300 

Réponse. « Je commence par distinguer : Non , un loca- 
taire ne possède pas animo domini la propriété qu'il tient 
en bail de vous , mais il possède , comme co-propriétaire , la 
bruyère. Et je réponds par un raisonnement plus solide, 
que voici: un locataire, quoique locataire , possède anmo . 
domini et comme membre de Passociation-propriétaire , la 
propriété pour la possession de laquelle Tincolat seul suffit ; 
or, la bruyère en question est une propriété pour la pos- 
session de laquelle Tincolat seul suffit; donc le locataire 
la possède animo domini, donc il peut la vendre. » 

4« Objection. 

« Ce projet de vente est une véritable surprise. Ad- 
mettons que la loi nous exclue , nous propriétaires , non 
habitants. Dans ce cas, donnez-nous un délai de cinq, 
de huit ans , jusqu'à ce que les baux actuels soient expi- . 
rés. Alors par des conventions nouvelles avec nos loca- 
taires, nous dérogerons à la loi qui nous exclut, et 
nous verrons arriver le jour de la vente avec plaisir. » 

Réponse. « Donnez-nous un délai de vingt, de trente 
ans, crieront ^d'autres propriétaires animés contre leurs 
emphytéotes, afin que les baux emphytéotiques expirés, 
puissent donner lieu à d'autres stipulations: et ainsi on 
n'en fimVait jamais, si on devait se prêter à tous ces \ 
moyens dilatoires. Ce projet de vente n'est pas une sur- 
prise, et le propriétaire à tout le temps de se mettre en 
mesure avec son locataire. Enfin il faut convenir que 
jamais l'exécution d'une chose d'utilité publique ne s'est 
faite sans présenter quelques inconvénients, et qu'il 
faudrait renoncer à toute amélioration quelconque, si Ton 
voulait qu'elle fût du goût de tout le monde. » 



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501 



Etat actuel du projet. 



Le 14} Juin i842, eut lieu une assemblée générale de 
tous les ayant^droit de Ruddervoorde, et dans Faprès- 
dînée une autre assemblée générale de tous les ayant- 
droit de Zwevezeele. Je fus présent à ces deux assemblées, 
et dans chacune les ayant-droit sont convenus , par acte 
devant notaire , dés stipulations suivantes : 1° Le partage 
du produit de la vente se fera par portions égales entre 
les {hefs de famille ayant domicile. L'expédition de 
l'acte avec les conditions de vente sera transmis au conseil 
des communes respectives de Ruddervoorde et de Zwe- 
vezeele, pour valoir comme demande formelle de l'auto- 
risation de vendre. 3** Les neuf chefs-hommes sont auto- 
risés à stipuler et signer les conditions de la vente et à 
signer les minutes des actes notariés , lors des adjudications 
provisoires et définitives , de telle sorte , qu'en cas d'absence 
ou de maladie, la signature d'un seul vaudra comme la 
signature de tous. 4" Le notaire de Ruddervoorde, 
de concert avec les chefs-hommes est autorisé, en cas 
d'autorisation de vendre , de faire faire toutes les opé- 
rations qui doivent précéder la vente; comme les tracés 
des chemins et communications, la formation des lots, 
de la carte figurative avec des copies litographiées etc. 
8*» Le notaire de Ruddervoorde est chargé de la vente, 
avec le concours du notaire de Zwevezeele , pour la partie 
située dans cette dernière commune. 6** La présente con- 
vention n'est valable que pour un an, de sorte que si 
l'autorisation royale n'est pas obtenue avant le 15 Juin 
1843, la convention est nulle et comme non-avenue. 

Comme il s^agit de la vente d un bien communal , une 
décision , pour être valable , ne demande que l'assentiment 
de la majorité. Telle est la loi de .pareille assemblée 




502 



délibérante, parce que c'est l'être moral, la section de 
commune, qui possède, et non l'individu. La loi du 10 
Juin 1793 cxijjeait beaucoup moins. Si le tiers des voix, 
dit-elle , sect. S , art. 9 , vote pour le partage, le partage 
sera décidé, et Part. 10 ajoute : après cette détermination, 
la délibération qui portera le partage ne pourra plus être 
révoquée. Mais cette partie de la loi n'a jamais été publiée 
en Belgique. 

Dans rassemblée des ayant-droit de Ruddervoorde , qui 
sont au nombre de 177, il n'y eut que 16 opposants, 
et 17 absents par vieillesse , maladie etc. et parmi les 144 
adoptants, 4 sont partis isans signer la minute. Dans 
l'assemblée des ayant-droit de Zwevezeele, qui sont au 
nombre de 66 , il n'y eut que 7 opposants , et 8 absents, 
et parmi les SI adhérents, S se sont retirés sans 
signer. 

Vmlà où en sont les choses. Tout est fait de la part 
des habitants. Le reste dépend de l'autorité supérieure , 
et son zèle pour le bonheur de la patrie est trop éclairé, 
trop bien entwidu , pour que nous n'ayons droit de croire 
qu'elle mettra tout en œuvre pour mener a bonne fin un 
projet dans lequel ont échoué tous les gouvernements 
étrangers qui ont pesé sur la Belgique depuis trois cents 
ans. 



Bruges, 42 JuiHet 1«42. 




303 



ARGKITIS 

iPe la pcomtt n it Ut Uiiit iku^ta^ 



Dans le rapport annud fait au oonsek provinoial au 
mois de JuiUët de la présente aunée, il se trouve un 
examen concis de l'état des archives de la province et de 
la ville de Bruges, qui permet de juger de l'ensemble 
des pièces que ces d^ôts renferment. Gomme ce rapport 
n'est tiré qu'à un petit nombre d'exemplaires et que 
par conséquent beaucoup de personnes sont dans FimpoS- 
sibilité de se le procurer, nous avons pensé être $gr^le 
aux lecteurs des *Ânnaîes des Société d'émulation « en 
insérant ici cet examen: 

L'ëiicMvfei^ô podÈTsat Wisè ^(AMtë b co)ftfe<ftfen été ViiÊr 
vm^àî^ d^ ^archiv^à j^tiuddeiB^ Le aète «èi^ti 4e 
M. OistàVè Detepiert^ p^riôel à k Péputatton de vmis 
soumettre actuellement le troisième volume «OfO^anàt le 
•làdmiôailha 4è docttiâettts extrémen^ tetâressamts. Ce 
VOlmnè tërÉainè la série •éèfs èbai^ , %lèHie$ > ^dinMfs «t 
àiilrès pièces 4e la mèiitè iiatum 

CePdté partie qtïi Ambrasse la pâ*iod^ da xi"" au x?ih' 
siècle, offre un haut intérêt bis«<»49aet déjà piusieurs 
édmu&iè Mg^ %t èlî^èr% m eut ]^lé ^t» i^m. 



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304 



Le quatrième volume ne sera pas moins important. Les 
matières qu'il pre'sentera seront relatives aux comptes du 
Franc de Bruges. L'on sait qu'ils remontent à 1398. Ils 
sont classés et inventoriés , mais ils doivent encore subir 
l'analyse. Des détails concis sur tout ce qui concerne le 
commerce , les travaux publics , les subsides, les guerres 
qui ont désolé les Flandres , etc. , en seront extraits et 
publiés ; ils feront apprécier toute la valeur de ces docu- 
ments financiers. 

On W dit avec raison , les comptes rédigés par nos 
ancêtres fournissent une quantité de renseignements utiles 
que l'on chercherait vainement dans d'autres documents 
officiels ; aussi , sont-ils les monuments les plus certains et 
les plus complets de notre histoire. 

La députation a porté au budget de 1843^ lequel vous 
sera soumis, les fonds nécessaires pour l'impression du 
4" volume. 

Nous passerons successivement en revue chacune des 
parties du dépôt. 

La première section comprend les chartes: ces pièces 
sont conservées dans 68 cartons, l'inventaire analytique 
en est maintenant terminé. 

La seconde renferme la collection des cartulaires au 
nombre de 52. Ils sont inventoriés et quelques-uns ont 
déjà été analysés. Dans son précédent rapport, là Dépu- 
tation a mentionné les volumes les plus importants de 
cette section. ♦ 

Parmi les cârtulaires , l'Archiviste a cru devoir ranger 
quatre gros volumes in-folio , contenant un grand nombre 
de documents de toute espèce , dont plusieurs sont des ori- 
ginaux. Ces volumes présentent des pièces très curieuses ; 
nous en citerons quelques-unes : 

« (Observations sur la libre navigation et le commerce 




305 

» entre les provinces de Flandre et de Zélande. » Cette 
pièce est du xvi' siècle. 

« Privilèges accordés à Bruges par S. M. I. pour rap- 
» peler le commerce dans les murs de cette ville et empê- 
» cher son entière ruine. » 

Ce document ne porte point de date , mais récriture et 
le style appartiennent au commencement du xvi*" siècle. 
Il est dit qu'à Bruges seulement, Ton pourra vendre en 
gros , toute espèce de drap d'Angleterre , nonobstant que 
lesdits draps soient bannis du pays de Flandre. 

En voici un passage littéral: 

ic Les marchands ne payent aux deux halles de Bruges , 
» que le bois et les chandelles qu'ils bruslent et pour 
» la garde de chacun drap , que deux gros , et pour les 
)) officiers qui portent lesdits draps aux dites halles et 
« ceux qui les mesurent, demy-gros. » 

u Réponse des magistrats de Bruges aux demandes des 
» marchands Anglais, concernant l'établissement et la 
« résidence dans cette ville, d'une compagnie pour la 
î> vente de drap et autres marchandises. 13 Novembre 
1526. 

«c Réclamation aux archiducs Albert et Isabelle , de la 
» part des marchands Écossais qui entretenaient des rela- 
î> tions de commerce avec les Flandres , contre les édits 
}) prohibitifs de feu S. M. concernant l'importation et 
« la vente de leurs marchandises. » 

Cette requête donne des détails intéressants sur le cos- 
tume de Pépoque. L'on y voit que le drap nécessaire 
pour le vêtement d'un Écossais, ne coûtait que trois à 
quatre florins. 

«Copie des lettres patentes du roi Philippe II, par 
« lesquelles l'Échevinage de la ville de l'Écluse est cédé 
» aux Brugeois pour une somme d'argent. >» 
Akitalïs. — Tome IF. 22 



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S06 

<( Délimitation par expert du territoire de la ville de 
3) Bruges. » (xvi* siècle. ) 

il Ordonnance des magistrats de la même ville , au sujet 
« de la peste. » 1603. 

« Lettres patentes de Marguerite , duchesse de Parme, 
» par lesquelles elle annonce aux magistrats de Bruges , 
î> que le duc d'Albe est désigné par le roi , pour prendre 
5» le gouvernement des Pays-Bas. » 

« Hanse ou traité de commerce conclu entre le Franc 
« de Bruges {Brugsche Frye)^ et le Veurne-Ambacht , 
M le 18 Août 1S4S. » 

« Bulle donnée par le pape Clément , à la demande de 
« Charles-Quint, pour arrêter les excès commis par des 
3) clercs et des personnes ecclésiastiques , et par laquelle 
3> ce souverain pontife annulle le droit de refuge dans les 
» églises. » 

Les nombreusës pièces concernant les procédures por- 
tées devant les différentes juridictions, constituent une 
troisième section répartie en cinq subdivisions: 

1^ Les causes soumises à la prévôté et aux chanoines 
de la cathédrale de St-Donat, en flamand «Z>e Heer- 
0) iyckhede van den Proosschm en den Caneunickschen 
» van Sinte Donaes. » 

2^ Celles de la juridiction des magistrats de la châ- 
tellenie de Courtrai. 
5** Item d'Ypres. 

4* Les procès soutenus par les magistrats du Franc 
pour le maintien de leurs privilèges. 

Un grand nombre de pièces de procédure, de con- 
testations, de décisions, etc., tant entre partiouliers 
qu'entre Tadministration du Franc et le souterain. 



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307 



La quatrième section contient ({uatre subdivisiohs à 
savoir: /. 

l"* Des extraits de privilèges , octrois^ ordonnancés et 
règlements concernant les bourgmestre et échevinâ du 
Franc, ainsi que de plusieurs localite's de leur ressort. 

3^ Les pièces relatives à la comptabilité et aux finances 
du Ftauic. V. . . . 

S"* Les documents relatifs aux prestations militaires, 
logement des gens de guerre , livraison de fourrage et de 
chevaux, etc. 

4** Les archives concernant les travaux publics^ tant sur 
le territoire du Franc que sur cehii de la chàtelleniejdTpres. 

Cette dernière subdivision est fort intéressante. Nous 
citeront ici entre autres : 

«Plusieurs pièces se rapportant à l'engablçment du 
)> port d'Ostende , en conséquence des travaux efifeçtués au 
)^ Polder de Zandvoorde , ainsi qu'aux moyenSi à employer 
» pour approfondir le port. » 1712 et années suivantes. 

«< Concession accordée aux magistrats de Tournai et à 
» ceux de Courtrai , de construire une route pavée entre 
î» ces deux villes et autorisation de percevoir à cet effet , 
)> ime taxe sur les chariots , chevaux et bétes à cornes , 
)) qui feraient usage de ce pavé. » 1784. 

u Correspondance des magistrats du Franc, ceux de 
» Bruges et ceux de Courtrai , au sujet de la construction 
î» de la chaussée de Bruges à cette dernière ville. « 17S0. 

«Acceptation par. les magistrats de Bruges^ des con- 
» ditions soumises pour la plantation le long de cette 
« houvéllé route. » 1752. 

« Dossiers relatifs à la construction du Sas de Slykens, 

sur le canai de Bruges à Ostende, à Breedene. » 

Parmi ces documents se trouvent les plans figuratifs 
des travioix. 1733. 




308 



« Pièces relatives à la construction de la route de 
» Courtrai à Audenaerde. » 1767. 

u Correspondance des magistrats de Bruges avec ceux 

d'Ostende, au sujet de la délimitation de leur territoire 
» respectif. » 1778. 

« Clauses et conditions de l'adjudication des travaux de 
» dévasement et d'approfondissement du canal d'Isabelle, 
» près du Hazegras, avec le plan de ce canal. » 1785. 

(c Conditions de l'adjudication des travaux pour la recon- 
» struction des écluses de Plasschendaele , Zandvoorde, 
5> Nieuwendamme et Hazegras. » 1784. 

« Pièces concernant k construction de la route pavée 
)) de Westcappelle au Hazegras. « 

Ce paquet contient une liste des propriétaires dont les 
terrains étaient traversés par la nouvelle route. 178S. 

« Compte des travaux effectués pour la construction au 

Hazegras d'un lazaret pour les marins venant de pays 
5) où sévissait le fléau de la peste. » 1785. 

Dans la cinquième section sont classés tous les docu- 
ments qui concernent Pévêché et le séminaire de Bruges. 

Ces pièces n'ont pas encore pu être analysées. 

La sixième section renferme la série des comptes du 
Franc de Bruges, dont le plus ancien est de 1398. II 
est vivement à regretter que cette collection si importante 
présente quelques lacunes. 

Nous avons mentionné plus haut que le 4* volume de 
l'inventaire analytique sera consacré à des extraits de ces 
comptes. Pour mettre à même de juger combien ce tra- 
vail sera intéressant , nous continuerons à citer quelques- 
unes des notes qu'ils renferment. 

« Résolution des magistrats du Franc prescrivant la 
construction et l'équipement de bâtiments de mer, afin 




S09 



» de chasser les pirates qui infestaient les côtes de Flan- 
» dre. » 1398. 

t( Réunion des bourgmestre et échevins du Franc au 
î> sujet de la monnaie. » 1399. 

« Résolution des mêmes magistrats d^envoyer une dépu- 
« tationau comte de Flandre, à Paris, pour l'informer 
î» de la malheureuse guerre des Zélandais avec les Fla- 
» mands et pour inviter le comte à séjourner en Flandre. « 

* Délibération des magistrats du Franc au sujet des 
» propositions fates par les Gantois , d*entamer des négo- 
» ciations avec les ambassadeurs Anglais à Calais, sans 
» en donner connaissance à la comtesse de Flandre , et de 
» conclure un traité de paix avec le comte de Hollande , à 
î» rinsu des magistrats de la ville de Bruges. » 1400. 

« Dispositions prises par les magistrats pour la défense 
î> des côtes menacées par la flotte anglaise. » 1408. 

« Trois députés du Franc sont envoyés à Ypres , pour 
>» s'y concerter avec les autres membres de la Flandre , au 
« sujet d'une demande de 20,000 hommes, faite par le 
î» comte de Flandre, à l'efifet dé s'opposer à l'invasion 
» des Anglais dont la flotte s'était emparée de PÉcluse. » 



« Résolution d'envoyer à Gand , trois députés , à Pefifet 
» de s'entendre avec les autres membres de la Flandre 
» pour réclamer du comte , la prohibition de l'entrée des 
» draps et autres étofles de laine. 1406. 

«( Réunion des magistrats pour aller féliciter en corps 
« la comtesse de Flandre , qui arrivait à Bruges , pour 
» assister à la procession du Saint-Sang. » .1407. 

«( Délibération sur la demande du comte tendant à avoir 
» auprès de lui, à Paris, un certain nombre de gens 
1) d'armes pour sa défense. » 1407. 

« Résolution par laquelle les magistrats du Franc et 



1405. 




510 



'» les autres membres de Flandre envoyent des députés 
» à Gravelines , pour réclamer aux Anglais , des indem- 
)> nités en faveur des marchands Flamands qui ont éprouvé 
« des pertes, et pour solliciter la prolongation de la trêve 
î> conclue entre la Flandre et TAngleterre. » 1411, 

«Les bourgmestre et échevins du Franc envoyent au 
î> comte de Flandre, à Paris, une somme de dix mille 
5> couronnes pour la concession de plusieurs privilèges. « 



ce Envoi d une députation à Gand , pour s'entendre avec 
3) les autres membres de Flandre, concernant la demande 
n du comte de Charolais , d'obtenir mille hommes armés 
)> de piques, cinq cents archers et deux cents hommes 
î) d'armes, destinés à la défense du pays. 1412. 

«Sept députés du Franc sont envoyés à Gand, pour 
3> y jurer conjointement avec les députés et autres mem^ 
« bres de Flandre, les articles dû traité de paix conclu 
3> entre le comte de Flandre et le roi de France. » 
1415, 

Les notes qui précèdent peuvent donner une idée de 
l'importance de ces comptes , surtout si l'on considère que 
la plupart de ces faits sont peu connus et qu'ils jettent un 
nouveau jour sur plusieurs points de notre histoire. 

La septième section contient tous les dossiers et toutes 
les pièces provenant des corporations supprimées et des 
anciens corps de métiers. 

L'analyse de ces documents n'a pas encore eu lieu. 

La huitième section embrasse la collection des états de 
biens meubles et immeubles délaissés par les parents d'or-^ 
phelins. Ces états sont de la plus grande importance pour 
les particuliers. Beaucoup de personnes viennent fréquem^ 
ment y puiser des indications. 

Le classement de ces pièces, commencé sous le pré^ 



1411, 




311 



décesseur de Tarcbiviste, est actuellement terminé. 

Epfin , Ton a réunis dans une neuvième section » sous le 
titre de Miscellanées , les acte3 de diverse nature qui 
ne peuvent être convenablement rangés dans aucune des 
catégories qui précèdent. 

Le classement matériel des anciennes archives peut être 
considéré comme achevé; la tâche de l'archiviste sera 
encore longue et laborieuse \ il lui reste deux choses im- 
portantes à faire ; l'analyse d'un grand nombre de pièces 
et la confection régulière et complète des inventaires. 



Vous nignorez pas les événements dont cette ancienne 
cité a été le théâtre au moyen-âge; vous savez qu'elle 
fût l'entrepôt général du commerce entre le Nord et le 
Midi de l'Europe et vous pouvez ainsi vous faire une idée 
de l'importance et de la richesse de son dépôt d^archives. 
Cependant elles né remontent pas au-delà de 1280 f 
époque à laquelle un incendie réduisit eh cendres la tour 
de la Halle ainsi que les documents qui y étaient renfermés. 

Nous donnerons ici quelques détails sur ce dépôt. 

Vingt volumes écrits sur parchemin , parfaitement con- 
servés et désignés sous les noms de Roodk , TFitte, Grœne, 
Brvyne, Rude, Ghelum et Ztvarte Boeken, contiennent 
les copies authentiques de tous lès privilèges, chartes, 
contrats et autres pièces concernant la ville de Bruges 
et le Franc. Le plus ancien de ces actes date de 1088; 
le document le plus récent est de 1733. 

La série des comptes municipaux renferme 42S volumes 
in-folio, reliés en cuir et la plupart écrits sur parchemin. 
EUe embrasse la période de 1284 à 1789. Les lacunes 
qu'elle offrait encore , disparaissent successivement. 



ARCHITES COMMUNALES. 




312 



La collection complète des procès-verbaux des délibé- 
rations des députés des Flandres qui ont siégé à Gand 
et à Bruges, de 1608 à 17S2, est soigneusement con- 
servée. 

Les publications et ordonnances municipales sur toutes 
les matières du ressort de l'administration se trouvent 
transcrites dans 28 volumes in-folio. Cette collection rare, 
connue sous le nom de Halk-Geboden, est pleine de détails 
les plus curieux sur les mœurs et les coutumes du temps. 
Elle commence en 1490 et finit en 179S. 

Une série d'actes non moins importante est celle des 
sentences criminelles prononcées par les bourgmestre et 
échevins de Bruges , au sujet de toutes sortes de méfaits , 
depuis 1490 jusqu'à 1674. Quoiqu'incomplète , cette par- 
tie est inappréciable pour l'histoire de l'ancienne pénalité 
des Flandres. 

Plusieurs autres volumes renferment les comptes des 
recettes et dépenses effectuées à l'occasion des expéditions 
(Te guerre, entre autres pour celle de Mons en Puelle 
(1304) et celle de Guillaume de Juliers (1302). Ces 
comptes fournissent des renseignements sur le prix que 
coûtaient à cette époque, les objets de consommation 
ordinaire. 

Le grand nombre de chartes n'a pas encore permis 
de les classer définitivement; l'on a dû se borner à en 
opérer un triage préliminaire. La plus ancienne pièce 
originale découverte jusqu'à présent, date de 1282. C'est 
le règlement arrêté parle comte Gui de Dampierre, de 
commun accord avec le chevalier de Ghistelles, concer- 
nant le pesage dans la ville de Bruges. 

Parmi les documents originaux inventoriés jusqu'ici. 
Ton remarque la charte de 1296 , par laquelle Phâippe- 
le-Bel, roi de France, s'interposant dans la querelle du 




313 



comte Gui avec les Brugeois, reconnaît à la commune, 
malgré Topposition du comte , tous les privilèges dont les 
litres avaient été anéantis par Tincendie du Befifroi. 

L'acte par lequel Philippe, comte de Thiette et de 
Laurette , fils du comte Gui et qui administrait la Flandre 
pendant la captivité de son père , supprime l'ancien sceau 
de la ville de Bruges et octroie un nouveau. Cette pièce 
est de 1305. 

La charte de pardon accordé aux Brugeois et aux 
métiers révoltés, de s'être réunis en armes et d'avoir 
planté leurs bannières sur la Grand'Place; cette pièce 
porte la signature de la duchesse Marie de Bourgogne et 
est datée de 1477. 

Nous mentionnerons encore ici la charte de Charles II j 
roi d'Angleterre. Ce monarque pour récompenser les 
habitants de Bruges de l'hospitalité et du bon accueil 
qu'il en a reçus pendant son séjour en cette ville, leur 
accorde le droit de pécher aux filets dans les mers et 
sur les côtes d'Angleterre. Ce document est signé de la 
main du roi et porte la date de 1666. Le grand sceau 
d'Angleterre qui y est attaché, est renfermé * dans une 
boîte en argent. 

La collection des keuren, ou s^nciens règlements des 
corporations des métiers , promet de se compléter j ces 
statuts sont très intéressants par la naïveté et quelquefois 
par la bizarrerie de leurs dispositions. 

L'année dernière , l'autorité locale avait exprimé l'espoir 
de pouvoir proposer au conseil, l'allocation d'un crédit 
extraordinaire pour couvrir les frais d'impression de l'in- 
ventaire analytique de ses archives. 

Le grand nombre des pièces qui sont encore à classer 
et surtout le désir de présenter au public un travail com- 




314 

plet et méthodique, a engagé le collège échevinal à ajour- 
ner sa proposition. 

Nous formons des vœux pour que, dans tous les cas, 
la publication ne se fasse pas longtemps attendre. 



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315 



Le christianisme , dès son origine , a toujours porté ses 
fidèles à rendre aux morts l'honneur qui leur est dû; 
Fancienne liturgie est là pour l'attester; et, s'il ne restait 
que les catacombes, vrais musées de monuments élevés à 
la mémoire des premiers chrétiens , nous pourrions encore 
louer les prosélytes du christianisme d'avoir fait servir les 
arts à orner ces tombeaux soustraits à la persécution des 
tyrans. 

La religion fut prêchée assez tôt dans nos contrées, 
maïs elle fut longtemps sans voir ériger des temples. Ceux 
qu'on bâtit dans la suite ne furent que des simulacres des 
vastes basiliques que les croisés érigèrent lors de leur 
retour de Terre sainte; aussi, jusqu'âlors on s'était con- 
tenté d'enterrer les fidèles dans les cimetières qui se trou- 
vaient-autour des églises. La construction des grandes 
églises fut en même temps Fépoque de l'érection des mo- 
numents funèbres , des pierres séptdcrales , des ornemeiits 
de toute espèce , inventés pour perpétuer le souvenir de 
ceux qui avaient été chers à leur famille. D'ailleurs le^ 
pavés des églises s'harmonisaient parfaitement avte le r^ste 



lONUifiivTS mUm 



DU IiA riiAHDRB-OCCIDBHTALa. 




316 



de ces e'difices; des portraits de rois, de chevaliers, 
d'évêques sculptés dans le marbre ou gravés sur le cuivre , 
des mosaïques quelquefois rehaussées de mastics coloriés , 
toutes ces choses disposées symétriquement formaient un 
ensemble qui rehaussaient la majesté du lieu saint , et qui 
lui étaient cette monotonie qu'on se plait à redonner de 
nos jours. Ces voûtes sublimes rappelaient* la majesté de 
Celui qui repose dans les temples , en même temps que les 
tombeaux, les écus blasonnés, les inscriptions disaient 
au spectateur qu'au-delà de la tombe il est une vie et un 
monde dont le présent n^est que l'ombre. 

Il ne reste cependant que peu de monuments funèbres 
anciens, l'homme en a détruit un bon nombre, les siècles 
et les éléments ont fait le reste. Où sont les tombeaux 
de ce que notre Flandre a eu de plus grand? de nos 
comtes, par exemple? Il en reste tout au plus un sou- 
venir par un dessin qu'on en a conservé. Baudouin- 
le-Chauve et sa femme Estrude, Arnould-le-Grand , 
Arnould-le-Jeune , Baudouin IV , dit à-la-barbe , Isabelle 
sœur de Charles-Quint et reine de Danemarck avaient 
leurs sépultures à St-Pierre à Gand; il n'en reste plus 
le moindre vestige. Il ne reste rien non plus du tombeau 
de Louis de Nevers qu'on voyait autrefois à St-Donat à 
Bruges , ni de celui^ de JWarguerite d'Alsace morte en 
1194. Le dessin de ce dernier monument a été publié 
dans les Annales, T. I, p. 193, où il est aussi parlé d'au- 
tres anciens tombeaux qui ont disparu à Bruges , de celui 
de la princesse Gunilde , de Jacques de Bourbon , de Phi- 
lippe comte de Lodi etc. La fureur des iconoclastes du 
XVI' siècle avait laissé quelques tombeaux entiers, les 
Français sont venus les niveler il y a SO ans. L'abbaye 
d'Ëeckhoute à Bruges possédait l'antique tombeau d'un 
bon ermite, nommé Everelmus, mort en 1060, il a 




S17 



disparu avec l'abbaye (1). Le tombeau de Hugon, prévôt 
de St-Martin à Ypres , a disparu on ne sait comment ; il 
datait du commencement du xin® siècle (2). La conser- 
vation de la pierre sépulcrale du roi Sigis, tué à la bataille 
de Courtrai (3) , n'est due qu'au hasard et au génie conser- 
vateur de feu M. Goethals-Vercruysse. Qui sait si nous 
n'aurions même perdu les plus beaux et les plus riches 
mausolées, ceux de Charles-le-Téméraîre et de Marie de 
Bourgogne, sans la générosité de l'empereur Napoléon? 
Je n'en finirais pas si je faisais l'énuméré de toutes ces 
pertes irréparables^ passons aux monuments qui nous 
restent encore, • 

Lors de la destruction de Saint-Donat à Bruges , on a 
été assez heureux de conserver les tombeaux de quelques 
évéques , qu'on voit aujourd'hui placés dans le chœur de 
Saint-Sauveur et parmi lesquels on distingue celui de Tévê- 
que Van Susteren. L'ancienne cathédrale dTpres a aussi 
conservé les tombeaux de ses évéques et celui , en pierre 
de Basècles, de Louise de Laye, veuve de Guillaume 
Hugonet, vicomte d'Ypres et chancelier de Bourgogne, 
décapité à Gand, en 1477. D'autres tombes élevées ont été 
conservées en bon état : il s'en trouve trois à la Potterie à 
Bruges , entr'autres celle de Nicolas Despars. Celle de la 
famille Adornes se trouve à la chapelle de Jérusalem , et 
Not^-e-Dame, outre les belles tombes dont nous avons parlé 
plus haut, a conservé le mausolée de Haveskerke; l'on 
voit dans l'église paroissiale de Dixmude , le tombeau de la 
famille Sacquespée , dans celle de Wervick celui de Hector 



(1) Beaucourt, Description de l'église de Notre-Dame, p. 299. 

(2) Sanderus, Fland, illust,, t. i, p. 357, et Mémoire de M, Lambin. 
(5) Le dessin de cette pierre se trouve dans le 1' yolumê du Jaerheek 

van Kortrykf et dans le Recueil d'antiquités de De Bast. 




318 

de Mâiadeo, iQaià toaâ oes monuments ne sont pa& très* 
anciens, pas plus que les cabinets d'armes qu'on a intro-» 
duits comme monuments funèbres lors de la renaissance 
des arts au xti* et xvii" siècles. 

Les pierres sqpulcraleS des forestiers de Flandre, con^ 
servées à Harlebeke, ne sont pas très-anciennes, elles 
dateM tout au plus du xv* siècle. 

Le développement que prirent les chambres de rhé^ 
torique au xiy"" siècle , se fit sentir sur les inscriptions 
sépulcrales qui furent écrites en vers flamands. Il s'en 
trouTait plusieurs à Notre-Dame à Bruges (1), et Ton voyait, 
il y a quelques années, sur une pierre dans Téglise de 
Dixmude, ces vers: 

Pieter, Ântheanis en Golaert 
Sjn aile drie te Gode waert. 

Les inscriptions du xiii^ et xiv'' siècles ont encore 
souvent cela de propre, qu'elles furent écrites en rimes 
latines du plus mauvais goût. 

Le XIV* siècle vit aussi introduire la coutume d*incruster 
les pierres sépulcrales de lames de cuivre sur lesquelles 
0n gravait des inscriptions et des figures. Il ne reste que 
peu de ces portes de monuments. J'en ai, trouvé un à 
l'hôpital à Bruges , érigé à la mémoire de deux frères de 
cette institution; il ne date que de 1537. 

L'église de Saint-Saateur en a conservé . cinq^ dont 
Je plus ancien date de i439. Tous sont dans un état 
parfait de conservation , mais celui qui l'emporte sur les 
autres sous le rapport de l'art, est sans contredit, le 
monument de Jacques Schelewaert, docteur à l'université 



(1) Beauooart, Dncr^pt. de VéglUe dé Notre-Dame, P. 262, et 
543. 



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519 



de Paris. Nous en doimops ici le dessin. Le docteur est 
ppcupé à donner sa leçon assis dans un grand fauteuil 
ou scribane, à son côté se trouve l'appariteur tenant sa 
verge et les élèves écrivent les explications données par le 
professeur. A voir les armpiries qui se trouvent sur les 
bords du monun^ent, Schelewaert devait être noble du 
côté paternel et maternel. Ce personnage était originaire 
de Dixmude , comme nous Tavons dit dans notre histoire 
de cette ville à Tannée 14S0. De docteur de la Sorbonne, 
il devint professeur de théologie à l'université de Louvain 
en 1472 (1). Il paraît quil fut ensuite nommé curé à 
Bruges, et que ce furent ses élèves qui firent les frais 
de ce monun^ent , sur lequel on lit : SepiUtura honorandi 
magistri nostri magistri Jacobi Schelewaerts parisiensis 
sacre théologie doctoris m hujus ecclesie curati, qui obîit 
xiii die mensis Junii anno Domini millesimo quadringenr 
tesimo octuagesimo tercio. Jnima ejus requiescat in pace. 

Le plus ancien monument sépulcral en cuivre que j'aie 
pu découvrir date du xit** siècle , et se trouve à St-Jacques i 
à Bruges. Malheureusement il est mutilé et l'on en a 
soudé les différents morceaux pour graver sur le revers 
l'épitaphe d^un consul de la nation Espagnole, mort au 
xvii° siècle. La gravure de ces fragments est admirable 
de beauté , 'plusieurs saints placés dans des niches gothi- 
ques forment un cadre autour de la personne qui gît au 
milieu, et qui, diaprés les restes de l'inscription, est 
Gilles Van Namain. Le millésime seul indique le xiv** siè- 
cle, les autres chiffres manquent. Toutefois, les lettres 
gothiques ayant déjà fait place aux onciales , nous pouvons 



(1) Talère-André dit dans ses Facti academici: Jacobua Scholeioaert , 
Doct, Theol, Parùiensiê, canonicua D, Pétri, aucceêait inprahendd et 
lectione ordinaria Hmricof de Zoemeren. 




520 



affirmer que le monument a appartenu à la dernière 
moitié du xiy" siècle. L'église de St- Jacques renferme 
encore quelques autres monuments en cuivre et Ton est 
à la veille d'en replacer cinq , qui jusqu'à présent avaient été 
conservés dans un magasin. C'est à feu M. Scourion que 
cette église doit cette conservation. Lors de la con- 
quête des Français , ces monuments avaient déjà été ven- 
dus pour vieux cuivre , lorsque le savant secrétaire trouva 
un moyen de faire résilier l'acte de vente, et les lames de 
cuivre furent conservées. 

Une idée frappe lorsqu'on considère que beaucoup dè 
ces monuments sont gravés longtemps avant l'invention 
de l'art typographique. Ce dessin si correct, ce burin 
vigoureux , ce relief donné aux caractères , tout nous fait 
dire, comment rimprimerie n'a-t-elle pas été inventée 
beaucoup plus tôt! 

Si nous avons à regretter la perte de beaucoup de 
monuments funèbres, nous avons du moins la consola- 
tion d'en avoir conservé quelques inscriptions. Corneille 
Gaillaert, qui écrivit avant les ravages des iconoclastes, 
en a conservé plusieurs dans un ouvrage MS. aujourd'hui 
là propriété de M. le vicomte De Croeser; un siècle plus 
tard , Nicolas De Schietere , en copia plusieurs pour ses 
généalogies, et le peintre Le Doulx a copié au siècle 
passé tout ce que Bruges renfermait de monuments funè- 
bres. Cet ouvrage se conserve à la bibliothèque publique 
de Bruges. Pareil ouvrage a été composé pour Ypres; 
il a pour titre : Recueil manuscrit des monuments sépul- 
craux d'Fpres. Si les originaux nous manquent, il nous 
en reste du moins des souvenirs. 



L'àbbé F. Van de Putte. 




521 

\A,VV>\V\,VVWft)VVVVVVVVVVV\V\\ftiVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\VVV\W/VVVNV\VtV\. 



ANALYSES CRITIQUES. 



Rapport à M, le ministre de l'intérieur sur différentes séries de documents 
concernant Vhistoire de la Belgique, qui sont conservées dans les archi- 
ves de Pancienne chambre des chartes de Flandre, à Lille, Par M, 
Gachard, archiviste général du royaume, 1 vol. ii^B* de 484 psgti. 

Lk Gouvernement a chargé à diverses reprises Tarebiviste 
général du royaume d'aller rechercher à l'étranger les dooa* 
ments qui manquent dans nos dépôts d'archives et qui 
cependant intéressent à un haut dégré l'histoire da pays» 
C'est ainsi que M. Gachard s'est rendu successivement à 
Paris, à Dijon et plus d'une fois à Lille, pour y inspecter 
les archives qui concernent la Belgique et qu'il a fait cou* 
naître par un rapport, détaillé le succès de ses recherches» 
Il y a quelques mois ^ nous vîmes paraître le rapport sur 
les dernières fouilles faites à Lille , ouvrage dont noua avons 
à rendre compte parce qu'il renferme des documents d'un 
haut intérêt pour notre Flandre» Nous connaissions déjà les 
archives les plu» anciennes de Lille, embrassant les années 
746 à 1S07 , par les Mmumenta anckns de M* le comte de 
St^Genoiê^ Depuis cette époque nous n'avions rien do suivi 
SQr cette masse de chartes et de documents qui presque tous 
ont rapport à notre Flandre. Publier les volumineux cartu- 
laires et inventaires était impossible, inutile même pour 
notre pays; il fallut donc faire choix dans cette foute de 
vieux parchemins. C'est ce qu'a fait notre archiviste général. 




23 




322 



Il divise les documents intéressants pour Thistoire de la 
Belgique qui sont conservés aux archives de Lille en deux 
classes principales. 

La première se compose des chartes, traités, lettres- 
patentes et missives ; instructions diplomatiques, mémoires. 

Les comptes forment la seconde partie. 

Nos archives locales renferment beaucoup d'originaux 
dont les copies existent dans les cartulaires de Lille. M. 
Gachard a jugé à propos, pour éviter double emploi, de 
ne rien dire dans son Rapport sur les documents que nous 
possédons parmi nous ; il a donc commencé son travail par 
le dépouillement des actes qui concernent les relations 
politiques et commerciales de la Flandre avec l'Angleterre 
dans les xiii", xiv°, xv® et xvi® siècles. Toutes ces pièces 
n'existent pas dans nos archives et ont la plus grande valeur 
historique. L'annexe ^ jointe au rapport est une copie de 
l'inventaire de ces pièces, fait par M. Le Glay, à la demande 
de la commission des records de Londres. 

Tous les rapports de M. Gachard nous font voir qu'il a 
une affection particulière pour l'étude des quatre derniers 
siècles de notre histoire, nous avons même entendu des 
personnes instruites lui faire un reproche de négliger les 
documents très-anciens pour les plus modernes; — dans son 
dernier ouvrage, il s'est attaché de nouveau à rechercher 
les pièces du règne de Charles-Quint et de ses successeurs , 
et il donne une longue série de missives qui appartiennent 
à cette époque. 

Nous ne voulons faire aucun reproche à l'auteur d'affec- 
tionner plus particulièrement une époque que l'autre, 
nous savons d^ailleurs que chacun, en fait d'histoire, pré- 
fère l'étude particulière du règne d'un souverain, d'une 
révolution, d'un grand fait quelconque, et que c'est par 
l'approfondissement de ces faits particuliers que nous devons 
parvenir à débrouiller la vérité de notre histoire. La série 
de lettres qui ont rapport à l'élection de Charles-Quint 
comme empereur, jetera une nouvelle lumière sur un fait 




S23 



qui a eu les pins grandes conséquences pour l'Europe 
entière, et dès^Iors nous devons savoir gré à M. Gachard 
de nous avoir fait connaître cette volumineuse correspon- 
dance dont M. M6ne nous avait donné des fragments dans 
son Anzeiger fUr hunde der teuUchen vorseit, volumes de 
1885 et de 1888. 

Les troubles du xvi* siècle n^ont pas été négligés dans les 
recherches faites par M. Gachard, qui a été assez heureux 
de découvrir plusieurs documents qui avaient jusques à 
présent échappé aux investigations de nos écrivains. Deux 
volumes intitulés Troubles des Pays-Bas ont été compulsés 
et trouvés renfermer des pièces qui n'ont pas encore vu le 
jour. Nous voudrions voir reproduire dans l'inventaire des 
archives de la Flandre- Occidentale , que publie notre collè- 
gue, M. Delepierre, la série assez considérable de docu- 
ments, qui , au dire de M. Gachard , provient originairement 
des archives du Franc de Bruges. Toutes ces pièces ayant 
rapport à la Flandre , feraient un ensemble complet avec ce 
que notre laborieux archiviste de la Flandre-Occidentaîe 
a déjà publié dans ses différents volumes d'inventaires. 

Les archives de Lille, malgré le gaspillage auquel* elles 
furent exposées durant la tourmente révolutionnaire, con- 
servèrent cependant encore bon nombre de comptes qui 
ont été explorés par notre archiviste général pour compléter 
ceux que nous avons à Bruxelles. Inutile de répéter ici 
quelle utilité l'histoire a tiré de l'exploration des anciens 
comptes, personne aujourd'hui ne conteste les avantages 
qu'a produits cette exploration. 

Les archives de Lille présentent malheureusement beaucoup 
de lacunes dans les comptes qu'elles conservent. Pour mieux 
faire ressortir ce que ces comptes contiennent d'intéressant 
pour la Flandre , nous donnons les titres des différentes divi- 
sions adoptées dans le rapport qui nous occupe : 

1. Comptes de l'hôtel des souverains et des princes et 



de leur famille. 




S24 



IL Comptes de la recette g^énérale des finances. 
Ilf . Comptes de la trésorerie des guerres. 
IV. Comptes de la recette générale des confiscations 

pour cause des troubles du xvi* siècle. 
V. Comptes de la recette générale de Flandre* 
YI. Idem du Hainaut. 
VU. Idem de Tournai et du Tournaisis. 
yill. Comptes du souverain bailliage de Flandre. 

IX. Comptes du grand bailliage du Hainaut. 

X. Comptes du grand bailliage des bois du Hainaut. 

XI. Comptes des aides et subsides de Flandre. 

XII. Idem du Hainaut. 

Tel est le résumé du rapport de M. Gàchard, dont Futilité 
est incontestable et sera d*un grand secours à ceux qui 
s'occupent d'histoire nationale. Nous attendons avec impa« 
tience les rapports des explorations faites à D^on et à Paris, 
elles compléteront des notions très incomplètes jusqu'ici, 
et que nous n'aurions jamais reçues si le gouvernement 
n'avait pas eu l'heureuse idée de députer sur les lieux un 
homme du talent et de l'activité de notre archiviste général. 



FlandriaekB StaatS'-und^IleoMgêschiehi» bis tum Jahr 1806| von L, A, 
Wamkônig. 5 Bandes. !« 4hih. Tubingen, Fum 1843, in-8o, de 408 
pages, plus P. VIII d^introduotioD et 99 d^appendioes. 

M. Warnkônig, dont nous avons considéré le départ 
comme une vraie perte faite par les sciences et les lettres 
en Belgique, vient de terminer son curieux et savant 
ouvrage sur la Flandre, qu'il avait commencé à publier eu 
allemand il y a près de dix ans. Tout ce que le pays ren- 
ferme de savants, s'adonnant à l'histoire nationale, attendait 
avec impatience la fin de ce travail , que , sans exagération , 
l'on peut considérer comme l'ouvrage le plus parfait et le 
mieux traité sur ce que nos provinces renferment de docu- 
ments anciens, d'institutions du moyen-âge etc. Il serait 




trop 2oQg d'entrer dans des déUib «or éonies les paKies de 

l'ouvrage du savant professeur de Fribourg, nous nous 
contenterons de parler du dernier volume. 

Le titre indique que l'antéut traitera du droit ancien de 
la Flandre et c'est cette dernière partie qui y est spéciale- 
ment consacrée. Elle est divisée én quatre parties: V Le 
droit privé. S** Le droit criminel flamand aux xn*" et xni' 
siècles. Les procédures et 4® Avoueries des églises et 
des monafitèrei. Ces qualités pntîefi tcmt tmitéet en «la- 
quante paragraphes, d'une manière si claire et si exacte 
qu'il serait diflBcile d'y renootitfer des lacunes. 

L'auteur a su tirer parti de l'histoire des avoueries en 
Belgique , par M* J. De Saint-Génois , et il a complété ce 
que cet écrivain avait laissé à désirer dans ce mémoire 
couronné en 1884, par l'académie de Bruxelles. Tout 
l'ouvrage est terminé par un appendice composé de chartes 
qui auraient dû être jointes au Yolume précédent, lequel 
renferme le Codex diplonu^icuM da yolume dont nous nous 
occupons. 

Il ne nous reste qu'un désir à exprimer : que M. Gheldolf 
continue la publication française de Potitrage de M. Warn- 
kônig. L'histoire de la Flandre dont nous avons deux 
volumes est loin d'être aussi complète que l'édition alle- 
mande, mais elle renferme aussi des renseignements que 
M. Wamkdnig ti'a pas connus > et nous eroyotis que Féfitidti 
française au fieu d'être ntie traduetioti , «st uti abrégé qu'on 
doit joindre colûloe tomplément & Péditi(m tfe Tubiagûft. 



F. V. 




326 

. PROGRiHlE 

DES 

QmiONS PROPOSÉES POUR LE CONCOURS 

DE 4845, 

for V^ciâimit Kogale bes Scimtfi et 0elle0-'irettr(0 

DE BRUXELLES. 



CLASSE DES LETTRES. 

PREMIÈRE QUESTIOIT. 

Quelles ont été jusqu^à la fin du règne de Charles -Quint , les 
relations politiques, commerciales et littéraires des Belges avec 
les peuples habitant les bords de la Mer Baltique? 

DBUXiiHB QUESTION. 

La famille des Berthout a joué, dans nos annales , un rôle 
important» On demande quels ont été l'origine de cette maison, 
les progrès de sa puissance et rinfiuence qu'elle a exercée sur 
les affaires du pays. 

L'académie recommande aax concarrents de ne pas né- 
gliger les sources inédites, telles que chartes, diplômes et 
chroniques. 



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527 



TROISIÈME Qvtsnour* 

Quel était Vétat des écoles et autres établissements d'instruc- 
tion publique en Belgique, depuis Charlemagne jusqu'à Vavé- 
nement de Marie- Thérèse? Quels étaient les matières qu'on y 
enseignait, les méthodes qu'on y suivait, les livres élémentaires 
qu^on y employait, et quels professeurs s'y distinguèrent le 
plus aux différentes époques? 

QUATRIÈME QUESTION. 

Faire F histoire de Vétat militaire en Belgique, sur les trois 
périodes bourguignone, espagnole et autrichienne jusqu'en lldA, 
en donnant des détails sur les diverses parties de l'administra- 
tion de l'armée en temps de guerre, et en teràps de paix. 

L'académie désire que le mémoire soit précédé, par forme 
d'introduction, d'un exposé succinct de l'état militaire en 
Belgique dans les temps antérieurs, jusqu'à la maison de 
Bourgogne. 

CINQUIÈME QUESTION. 

Quels sont les changements que l'établissement des abbayes et 
des autres institutions religieuses au VIJ^ siècle, ainsi que 
Vinvasion des Normands au IX^, ont introduit dans Vétat 
social de la Belgique? 

SIXIÈME QUESTIO^r. 

// existe un grand nombre de documents écrits dans les 
dialectes de l'Allemagne et appartenants aux /^//% VIII^, /X% 
et XI^ siècles^ ils sont indiqués par la préface de /'Althoch- 
deubtscer Sprachschatz de Graff'; mais on ne connaît guère 
d'écrits rédigés dans la langue teutonique usitée en Belgique 
antérieurement au XI P siècle. On demande : V Quelle est la 
cause de cette absence de manuscrits belgico-germaniques? 
2° Quelle a été la langue écrite des Belges-Germains avant le 
XII^ siècle? 8° Peut^on admettre que les Niederdeutsche Psal- 
men aus der Karolinger-Zeit , publiés par Von der Hagen, 



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338 

le Heliand récemment mis au jour par SchmeUer, et quelques 
autres ouvrages, appartiennent à la hngue écrite dont on 
faisait usage en Belgique? 



CLASSE DES SCIENCES. 



PREHIÈRE QUVSTIOff. 

Un mMm&irB d^smahfse alg^^rique dont le sujet est hissé au 
chois des concurrents^ 

IHSVXliHE QUESTION. 

Faire la description des coquiUes fossiles du terrain crétacé 
de Belgique et donner l'indication précise des localités et des 
systèmes de roches dans lesquels elles se trouvent. 

TROISIÈME QUESTION. 

Faire la description des coquilles et des polypiers fossiles 

des terrains tertiaires de Belqique, et donner Pindication 

précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels 
ils se trouvent. 

Dans les réponses aux deux questions qui précèdent, la 
synonymie des espèces déjà connues devra être soigneuse- 
meot établie , et la description des nouvelles espèces accom- 
pagnée de figures. 

QVATRIÈIB QUESTION. 

Faire eonnaitre par des expériences appliquées à un asses 
grand nombre de corps , les lois que suii h dégagement de la 
chaleur dans les eombinaisoHC chimiques. 



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529 



CINQQIÈHB QUESTION» 



Quelle est la etruciure de Varilk? Exposer son histoire 
littéraire j donner son anatomie, son organographie, sa genèse 
et ses fonctions dans les différentes familles oà il existe. 



Le gonflement et Tafifaissement alternatifs du cerveau 
et de la moêlle ëpinière, isochrones avec Tinspiration et 
l'expiration, ne sont pas encore suffisamment expliqués. 
L^acadëmie demande: 

\^ Quelle est la cause immédiate de ce phénomène? 

Quelle est, en général, Vinfluenoe de la respiration sur 
la circulation veineuse? 



On demande un examen approfondi de Vétat de nos con- 
naissances sur Vélectricité de l'air et des moyens employés 
jusqu'à ce jour, pour apprécier les phénomènes électriques qui 
se passent dans l'atmosphère. 



Exposer et discuter les moyens les plus convenables pour 
établir, dans les lieux habités^ une ventilation appropriée à 
leur destination et à la température qui doit y être maintenue. 

L'auteur devra donner la description et les dessins très- 
détailles du système en faveur duquel il se prononcera. 

Le prix de chacune de ces questions sera une médaille 
d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doiveilt 
être écrits lisiblement en latin, français ou flamand, et 
seront adressés , francs de port, avant le Février 18W, 
à M. Queteletf secrétaire perpétuel. 



SIXIÈIB QUESTION. 



SEPTIÈME QUESTION. 



HUITIÈSE QUESTION. 




530 



PRIX EXTRAORDINAIRE 



De 8,000 francs accordé par le Gouvernements 

L'époque d'Albert et d'Isabelle est extrêmement remarqua- 
ble dans l'histoire de la Belgique. Pour la première fois, 
le pays, ramené à l'unité, eut une administration nationale. 
Pendant cette période, il produisit une foule d'hommes 
remarquables et exerça au dehors une puissante influence. 
L'académie demande une Histoire du règne de ces princes. 

On sent que ce n'est pas un simple mémoire qu'elle 
attend^ mais un livre qui unisse au mérite du fonds celui 
de la forme, et où le sujet suit traité dans toute sa plénitude, 
c'est-à-dire sous les dîfiérents rapports de la politique 
intérieure et extérieure , de l'administration, du commerce, 
de l'état social, de la culture des sciences, des lettres et 
des arts. Pour la complète intelligence des faits, l'ouvrage 
devra présenter, comme introduction, le tableau de la 
situation de nos provinces à l'avènement des archiducs. 

Le travail des concurrents devra être remis également 
avant le 1" Février 1848. 



L'académie propose dès-à-présent , pour le concours de 
1844, les questions suivantes: 



Les anciens Pays-Bas Autrichiens ont produit des juris- 
consultes distingués qui ont publié des traités sur l'ancien 
droit belgîque, mais qui sont, pour la plupart, peu connus 
ou négligés. Ces traités , précieux pour l'histoire de l'an- 
cienne législation nationale , contiennent çncore des notions 



CLASSE DES LETTRES. 



PREHlfeaS QVESTIOV. 




531 

intéressantes sur notre ancien droit politique ; et , sons ce 
double rapport, le jurisconsulte et le publiciste y trouyeront 
des documents utiles à l'histoire nationale. 

L'académie demande donc qu^on lui présente une analyse 
raisonnée et substantielle, par ordre chronologique et de 
matières, de ce que ces divers ouvrages renferment de plus 
remarquable pour V ancien droit civil et politique de la Belgique. 

DEUXIÈME QUESTION. 

On demande de rechercher d'une manière approfondie 
l'origine et la destination des édifices appelés basiliques dans 
l'antiquité grecque et romaine, et de faire voir comment la 
basilique païenne a été transformée en église chrétienne. 



CLASSE DES SCIENCES. 



PREMIÈRE QUESTION. 

Exposer et discuter les diverses explications donnéeê jusquN^ 
ce jour sur les explosions des machines à vapeur. 

DEUXIÈME QUESTION, 

Décrire toutes les espèces ou variétés de houilles exploitées 
en Belgique; faire connaître leur composition chimique, leure 
caractères extérieurs ^ la manière dont elles se comportent au 
feu^ en vases clos et au contact de l'air, les usages économiques 
auxquels elles sont le plus propres, et les localités où on les 
exploite. 

TROISIÈME QUESTION. 

Exposer et apprécier les travaux des géomètres qui ont h 



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352 

plus contribué aux progrès de h mécanique céleste , depuis 
h mort de Laplace. 

QUATRliinS QUESTION. 

Donner l'histoire mUurelk et Vemhryologie de V Orvet ( Anguis 
fragilis), ainsi que son anatomie^ en la comparant avec celle 
dtun lénard d'Europe. 

^ CINQUIÈME QUESTION. 

Éclaircir par des observations nouvelles le phénomène de 
la circulation dans les insectes y en recherchant si on peut la 
reeonnaitrerdans les larves des différents ordres de ces animauof. 



L'aoadëmie exige la plus grande exactitude dans les 
citations ; à cet effet , les auteurs auront soin d'indiquer les 
éditions et les pages des ouvrages qu'ils citeront. 

Les auteurs ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages, 
mais seulement une devise , qu'ils répéteront dans un billet 
cacheté; renfermant leur nom et leur adresse. On n'admet- 
tra que des planches manuscrites. Ceux qui se feront 
connaître > de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux 
dont les mémoires seront remis après le terme prescrit, 
seront absolument exclus du concours» 

L'académie croit devoir rappeler aux concurrents que 
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement , ils 
sont déposés dans les archives, comme étant devenus sa 
propriété , sauf aux intéressés à en faire tirer des copies à 
leurs frais , s'ils le trouvent convenable , en s'adressant à 
cet effet au secrétaire perpétuel. 

Fait à Bruxelles, dans" la séance du 10 Mai 1842. 

Pour l'Académie : 
Le Secrétaire perpétuel, 

A. QUETELET. 



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33S 

WV\VVV\V\V\\I\ V\WV\V\WV\WV\V\WWWV\WVV>AV\V\V\V\VA wvvvwwv 



FÊTE 



DË M TOISON D'OR, 



Cflebm à Évu^tB, en Î478. 



L'ordre la Toison d'or, créé à Bruges, en 1429, 
par Philippe, surnommé le Bon, à cause de son attache- 
ment pour sa mère , n'avait encore tenu que douze chapi- 
tres , lorsque Charles-le-Hardi , chef et souverain de l'ordre 
fut tué devant Nancy, le 5 Janvier 1477. Sa fille unique 
Marie de Bourgogne , héritière de tous ses états , épousa 
le 19 Août de la même année, Tarchiduc Maximilien, fils 
de l'empereur Frédéric. 

Depuis que la galanterie , selon André Tavin , la religion 
selon Jules Chifflet, ou la politique d'après Pierre de 
St-Jidien, eurent déterminé le duc Philippe à nommer 
trente chevaliers , gentilshommes de nom et d'armes et sans 
Annales, — Tome IT, 24 



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534 



reproche, ainsi que le porte Tarticle 1*' des statuts de 
Tordre, publie's à Lille le 27 Novembre 1431 , depuis cette 
époque , disons-nous , jusqu'au treizième chapitre , un grand 
nombre de chevaliers étaient déjà morts j en outre la fin 
malheureuse de Charles-le-Téméraire laissait Tordre sans 
chef, et Ton craignait qu'il ne déchut de son premier éclat. 

Lors donc que Maximilien fut arrivé en Flandre pour 
s'unir à Marie de Bourgogne , plusieurs chevaliers repré- 
sentèrent à Tarchiduc combien il importait qu'il prit des 
mesures pour relever cet ordre illustre. Le prince se rendit 
à ces instances et fit notifier au chancelier, le 7 Avril 
1478, qu'il se ferait armer chevalier dans une séance 
solennelle en Téglise de St^Sauveur à Bruges , et qu'en- 
suite il tiendrait un chapitre général, afin de revoir les 
statuts et de nommer aux places vacantes. 

La déclaration de Tarchiduc fut notifiée aux chevaliers 
absents, et Ton s'occupa activement des cérémonies à 
observer durant cette grande fête , sous l'inspection 
d'Olivier de la Marche. L'ordre, selon son institution, 
avait quatre grands-olBciers. Le chancelier à qui est confié 
la garde du sceau et contre-sceau, qui vérifie les actes 
et dépêches, fait Touverture des chapitres, et traite avec 
le souverain des affaires de Tordre. 

2° Le trésorier qui a soin des habillements, colliers, 
livres de statuts , chartes , joyaux et tous autres ornements 
d église appartenant au dit ordre. 

Le greffier qui expédie les dépêches dont il tient 
registre ) il prend aussi note des fautes commises par les 
chevaliers repris en chapitre ; des corrections qu'onleur impo- 
sait et des promesses ou belles actions dont ils s'honoraient. 

4** Le roi d'armes appelé Toison, d'or, dont les fonctions 
sont d'aller en députation pour les affaires de Tordre , de 
signifier le jour et le lieu des chapitres à tenir , et de ranger 




335 



les armoiries au chœur des églises où la cérémonie a lieu. 

Suivant les statuts, c'était le 1®' Mai que la féte devait 
avoir lieu; mais comme les Français avaient attaqué le 
Hainaut , Maximilien obtint qu'elle fut célébrée le dernier 
Avril, afin d'aller plus tôt résister aux progrès des ennemis. 

En conséquence, le dernier jour d'Avril, les chevaliers, 
avec leur grand collier de l'ordre , et les quatre grands olB- 
ciers , tous habillés de leurs robes , manteaux et chaperons 
à bourlette de velours cramoisi , doublé de taffetas blanc , 
et orné d'une bordure représentant les emblèmes du collier, 
en broderie d'or (1) , se rendh'ent auprès de l'archiduc , en 
son palais (2). Admis dans la grande salle de cérémonie , ils s'y 
mirent en ordre et prirent leur rang , devant le souverain , 
les plus anciens étant les plus rapprochés de lui, et 
précédés par le chancelier , le trésorier , le greffier , le roi 
d'armes. Alors tous ensemble sortirent, montèrent à cheval 
et se dirigèrent par la rue Nordzandet par la rue Traver- 
sière, vers l'église de St-Sauveur. 



(1) Sous Philippe-le-Bon la coiffure et le manteau étaient d^écar- 
l8te, chargé d^hermine, et bordé de fusils, de cailloux, d^étincelles et 
de la devise de Tordre: jiufre n'auray. Gharies-le-Téméraire changea 
ces couleurs; modifia le costume, de la manière que nous venons de 
Tindiquer, et adopta pour devise : Je Vay empriê. 

(2) Une vue de ce vâste palais se trouve dans SanderuS; Flandria 
illuatrata, l'hôtel des monnaies y était attenant. Cet emplacement, 
occupée aujourd'hui par des maisons particulières , dont une partie contient 
des restes de Tancien palais, s'appelle encore hef Princenhof, Ce fut là que 
se célébrèrent les ndces de Gharles-le-Hardi et de Marguerite dTorck en 
1468, quihus nulla hominum œteu splendidtore» vidif, autsumpfuoaiores, dit 
Sanderus. C'est aussi en ce lieu, qu'en 1478, naquit Philippe surnommé le 
Beau, fils de Maximilien et de Marie de Bourgogne. Philippe-le-Bon avait 
fait construire pour lui ce nouveau palais, abandonnant l'ancien palais des 
comtes de Flandre sur le Bourg, qu'il céda aux magistrats de cette juris- 
diction. 




336 

Le cortège s'avança du palais ver^ l'église dans l'ordre 
suivant : Premièrement marchaient les quatre officiers de la 
Toison, suivis par des gardes, la cotte d'armes au dos. Deux 
hérauts menaient par la bride une blanche haquenée drapée 
de velours noir et portant un coussin de même couleur, sur 
lequel reposait le collier du feu duc Charles. Puis venaient 
les chevaliers de l'ordre , deux à deux , et l'archiduc , autour 
duquel étaient placés les archers et les hallebardîers de la 
garde à pied. Des maîtres-d'hôtel, des hérauts, des gen- 
tilshommes , des officiers de la cour , des sergents d'armes 
du souverain , avec leurs masses en argent , et des trompet- 
tes , fermaient la marche. 

Arrivée devant le portail de Féglise , dont les portes étaient 
ouvertes à deux battans, la procession s'arrêta un instant, et 
le prélat qui devait faire le service , suivi des chapelains, des 
diâcres et des chantres , chantant des antiennes à l'honneur 
de la Vierge et de l'apôtre St-André , patrons de la Bour- 
gogne , et sous la protection desquels était placé l'ordre de 
la Toison d'or, s'avança audevant de l'archiduc , lui présenta 
l'eau bénite , lui donna à baiser la sainte Croix , et puis 
retourna dans le chœur où entrèrent après lui les cheva- 
liers , les officiers et Maximilien qui alla prendre place sur 
une estrade tendu de velours vert , recouverte d'ua dais , et 
ornée d'un écu aux armes du prince et de son ^ouse. De 
bonne heure les galeries supérieures de Téglise avaient été 
envahies par une foule de dames et de sdgneurs , venus de 
toutes les parties du pays , pour assister à cette fête. 

Dans les stalles en bois sculpté , se placèrent les cheva- 
liers de l'ordre, au nombre desquels se trouvaient Ëngelbert 
de Nassau, Louis seigneur de Gruthuyse, Jean Gros, 
messire de Lannoy et messire de Ravestein. Chacun avait 
^ armoiries attachées à la boiserie de ^a stalle où il prenait 
séance. En vertu des règles héraldiques observées par 



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S37 



l'ordre, on n'admettait point de supports ou tenans pour 
Tecu : les heaumes des simples chevaliers étaient d'or damas- 
quiné et ouverts, avec des grilles; ceux des souverains 
étaient tout d'or , la visière entièrement ouverte et sans 
grilles. On remarquait à plusieurs places des armoiries 
exposées sur velours noir, sans casque ni cimier , avec le 
seul collier autour de Técu, passé au nœud au-dessus. 
C'étaient celles des chevaliers morts et qu'on allait rempla- 
cer. 

Bientôt une musique grave et douce annonça le commen- 
cement de la cérémonie. 

L'évéque de Tournay, Ferry de Clugny , prélat officiant, 
adressa à Maximilien, au nom de Pordre, un discours 
latin où il flt un pompeux éloge de cette noble chevalerie , 
du duc Philippe son fondateur , du duc Charles qui lui avait 
^ucéédé et des rois , princes et grands capitaines qui s'étaient 
fait gloire de porter le collier. Il termina en remontrant au 
prince que c'était son droit et son devoir de maintenir et 
de relever cette institution. 

Le président du grand conseil , Jean De la Bouverie avait 
été chargé de répondre de la part du souverain, que pour 
l'honneur de Dieu , la protection de la foi cathoUque et 
l'illustration de la chevalereuse noblesse, il avait résolu 
d'augmenter les privilèges et prérogatives de la Toison d'or , 
et il déclara que le prince, n'ayant pas. encore reçu l'ordre 
de chevalerie, était prêta le recevoir de l'un ou de l'autre 
chèvalier. 

Monsieur de Ravestein , comme étant le plus noble , fit 
cette cérémonie aux acclamations des spectateurs. Puis 
l'archiduc se leva, et la main étendue sur un crucifixr posé 
sur un missel ouvert , prononça le serment qui suit : « Moi 
» Maximilien, par la grâce de Dieu , archiduc* d'Autriùhe , 
» duc de Bourgogne, comte de Flandre hic. chef et sou- 



24. 




538 

î> Terain de la Toison d'or, je promets sur ma parole de 
» prince, et je jure sur les saints Évangiles et sur la 
w croix sainte, de maintenir les privilèges et d'observer 
» inviolablement les statuts et ordonnances du dit ordre , 
î» selon leur forme et teneur. » 

Après ces mots , ayant baisé respectueusement la croix , 
il se tourna vers Monsieur De Lannoy qui s'approchait de 
lui avec le collier dont il revêtit l'archiduc en disant : 
« Mon seigneur , l'ordre de la Toison d'or vous reçoit au 

nombre de ses membres comme chef et souverain , en 
3> signe de quoi, il vous présente ce collier. Que Dieu 
» veuille que vous le portiez longtemps, pour la plus 

grande prospérité de Tordre , et pour la défense de la 
3> sainte Eglise, afin d'augmenter vos mérites et votre 
» bonne renommée, au nom du Père, et du Fils et du 
3> St-Esprit. î> — K Amen, répondit le prince , puisse Dieu 
m^accorder cette grâce! » et il se rassit sur son trône. 

Alors Toison d'or, portant un grand collier appelé 
Potence f différent de ceux des chevaliers en ce qu'il était 
garni des armoiries émaillées des membres de Tordre, et 
séparées par des fusils et cailloux également émaillés. 
Toison d'or, disons-nous, prit le missel et la croix, les 
porta vers Tarchiduc et les tint devant lui. Monsieur 
De Lannoy quitta le premier les stalles , où il était allé 
reprendre. sa place, vint se mettre à genoux devant le 
prince , et la main sur le missel fit le serment accoutumé : 
« Moi Jean De Lannoy je^ promets et je jure sur les saints 
» Evangiles et sur la Croix sainte , respect et honneur au 
i> sérénissime prince Maximilien , archiduc d'Autriche , duc 
n de Bourgogne, chef et souverain de la Toison d'or. Je 
3) lui jure obéissance en tout ce qui concerne les statuts 
3> et les ordonnances du dit ordre , ainsi que je l'ai solen- 
» nellement juré et promis, lors de ma réception. >» 



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SS9 

L'archiduc releva De Lannoy, parla main et le baisa 
sur la bouche , en signe d'amour fraternel envers les che- 
valiers. 

Les mêmes formalités furent successivement accoipplies 
par Adolphe de Clèves , seigneur de Ravestein , Louis De 
Gruthuyse, comte de Winchester, messire Philippe de 
Croy, comte de Chimay, messire Engelbert, comte de 
Nassau, seigneur de Bredâ, Ferry de Clugny , évéque 
de Tournay, chancelier, Jean Gros, tre'sorier, Martin 
Steenberg, greffier, et Gilles Gobert, dit Toison d'or, 
roi d'armes. 

Toutefois à l'égard de ces quatre officiers de la Toison 
d'or , le chef ne les baisa point sur la bouche , comme il 
avait fait pour les autres chevaliers, mais il embrassa 
l'évéque, par respect pour sa dignité épiscopale , et donna 
la main aux trois autres, en signe de bienveillance et 
d'afiFection. 

Lorsque chacun eut été reprendre sa place , la musique 
se fit entendre de nouveau et le chancelier célébra la 
grand'messe. Après que l'Évangile fut chantée, précédé 
du roi d'armes, il porta le livre saint à baiser au chef 
et souverain, pendant que les enfants de chœur fesaient 
filmer autour de lui, l'encens dans des vases d'argent émaillé. 

Au moment de l'offertoire. Toison d'or s'avança vers 
le trône , fit trois saints et dit à haute voix : a Très haut , 
3> très excellent et très puissant prince , chef du très noble 
3» ordre de la Toison d'or, venez à l'offrande! « Maximilien 
se leva et aussitôt tous les chevaliers qufttèrent leurs stalles 
et formèrent la haye, depuis l'estrade jusqu'à l'autel; 
M. De Lannoy, comme le plus ancien chevalier, précéda 
Parchiduc, portant pour lui le denier de l'offrande, c'est- 
à-dire, une pièce d'or, selon l'usage établi. Après que le 
chef eut regagné sa place, le roi d'armes appela les autres 



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540 

chevaliers , qui remplirent la même cérémonie , deux à deux. 
L'offertoire achevé, le chancelier fit un discours dont le 
sujet fut Moge de saint André , patron de Tordre , et il finit 
par exhorter les chevaliers à la vertu , leur représentant 
la dignité de leur état et les devoirs qui y étaient attachés. 
Après la messe , Maximilien arma chevalier le président 
de son grand conseil , Jean de la Bouverie , qui n'étant pas 
encore au nombre des frères de la Toison d'or , s'était tenu 
en dehors des stalles , durant la solennité que nous venons 
de décrire. 

Les chevaliers reconduisirent ensuite en cortège le sou- 
verain jusqu'à son hôtel , dans le même ordre qu'ils étaient 
venus, seulement ils traversèrent cette fois la rue des 
Pierres et la Grand'Place , où le carillon du Beffroi fesait 
retentir Tair de ses sbqs joyeux, tandis que toutes les 
cloches des nombreuses églises , chapelles et couvents de 
la ville, sonnaient à pleine volée. 

On sait que selon les statuts de la Toison d'or , lors de 
la tenue d'un chapitre, les fêtes duraient trois jours. Le 
premier, les chevaliers entendaient la grând'messe dans 
le costume décrit plus haut ; le second était destiné aux 
obsèques des chevaliers mortâ , et alors le coiStume était 
de velours noir, à la réserve de la frange; le troisième jour 
ils allaient en habits de soie blanc , au service chanté en 
l'honneur de notre Dame. 

Maximilien termina la solennité de la première journée 
par un splendide banquet, où l'on vit réunies toutes les 
singularités que les auteurs contemporains nous ont si* 
gnalés dans les repas de cette époque. Les nefs, ou plats 
en forme dé vaisseaux , chargés de viande ; les pâtés èn 
châteaux, tous peints d'or et dazur, à grandes bannières, 
les pélicans et les cygnes du gosier desquels jaillissait 
l'hypocras et le vin de Rhin; les licornes, les léopards et 



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SECOND JOUR. 



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341 



les chameaux chargés de dragées , d'oranges et de sucre- 
ries que de petils amours allaient enlever de dessus leurs 
dos , pour les servir sur les tables , ou les distribuer aux 
assistants , enfin tout le luxe que pouvait déployer un prince 
dont le beau-père avait possédé soixante mille marcs de 
vaisselles d'or et d'argent. 

Le lendemain devait avoir lieu la tenue du chapitre qui 
était le treizième depuis la fondation; mais auparavant 
tous les chevaliers devaient assister au service destrépassés , 
et l'archiduc avait déclaré qu'il porterait à l'offrande le 
cierge pour le feu duc souverain , son beau-père , avec des 
cérémonies dont on convint. 

Du palais à l'église le cortège observa le même ordre que 
la veille , seulement les chevaliers portaient des chaperons 
et des robes de deuil de velours noir, tombant jusqu'à 
terre, mais sans traîner, et sans queue, et leur collier 
par dessus. 

C'était une large chaîne d'or figurant des fusils ou cailloux 
en forme d'un B , d'oii jaillissaient des flammes , et au mi- 
lieu du collier pendait un petit mouton en or , couvert 
d'une épaisse toison. Durant la marche les trompettes , 
garnies de noir, ne sonnèrent point. 

Arrivés à l'église , les chevaliers allaient occuper chacun 
la stalle au dessus de laquelle étaient appendues ses armoi- 
ries. A TofiFrande, le roi d^armes appela d abord par leurs 
noms les chevaliers trépassés , et après un court intervalle , 
prenant un cierge en cire, orné de l'écusson de celui 
qu'il venait de nommer, il dit d'un air triste: // est 
mort! puis il renversa et éteignit le flambeau, le remit 
à un héraut qui le plaça sur un candélabre ou harche de 
quarante pieds de large, en forme de tronc d'arbre, et 
dont les branches en cuivre doré, portaient autant de 
cierges qu'il y avait de membres dans Tordre. 




342 



Le roi d*armes appela alors les chevaliers vivants , en 
commençant par le chef, et leur présenta un cierge au 
blason de leurs armes que tous allèrent offrir , le souverain 
seul , et les chevaliers deux à deux , et qui fut ensuite remis 
ardent, sur la harche. Cette cérémonie terminée, le greffier 
déroula un parchemin , lut les noms , prénoms et titres de 
ceux dont on déplorait la perte , raconta en peu de mots 
leurs hauts faits et leurs vertueux actes , exhorta la com- 
pagnie à prier pour leur salut. Alors le prélat officiant se 
mit à genoux , ainsi que tous les chevaliers , et ils récitèrent 
le psaume De profundis. 

Le cortège quitta ensuite l'église , et retourna au palais 
de Tarchiduc qui ce jour là encore donna un banquet aux 
chevaliers, officiers et seigneurs de sa maison. 

Dans l'après-midi se fit l'ouverture du chapitre, où 
chacun ayant fait serment de tenir les délibérations secrètes, 
le chancelier se leva et dit : <i Chevaliers et frères ! Vous 
î> savez qu'entr'autres choses qui nous sont imposées , nous 
» sommes tenus de faire une information des vies et mœurs , 
î> afin que les membres de notre ordre auguste soient plus 
'> pénétrés de leurs devoirs. Pour cet examen qui doit com- 
» mencer , selon nos statuts , par le roi d'armes et autres 
» officiers pour continuer par le dernier chevalier reçu , et 
« remonter jusqu'au souverain, je vous somme de déclarer 
» ouvertement tout ce que vous savez ou avez ouï dire à 
» personne digne de foi , sur ce que votre frère et compa- 
» gnon a fait, dit ou commis qui soit contre l'honneur, la 
» renommée , ou le devoir de chevalerie , notamment contre 
î) les statuts et ordonnances , et nous délibérerons sur la 
î) correction que chacun d'eux aura respectivement méritée. 
» Je prescris donc à Toison d'or de sortir du conseil et 
« d'attendre qu'on le rappelle. )> 




343 



Tour à tour les chevaliers présents se soumirent à cette 
formalité ; mais on ne trouva de repréhensible qu'Engelbert 
de Nassau, auquel il fut reproché d'être fort dissolu dans ses 
mœurs . Quant à l'examen de la conduite des chevaliers absents , 
le souverain résolut de le remettre au prochain chapitre. 

On procéda alors à l'élection des nouveaux chevaliers. Le 
chancelier prit encore la parole : « Messeigneurs, pour 
)» faire justement et saintement l'élection des douze nouveaux 
» frères et compagnons que nous devons élire , en rempla- 
» cément d'autant de chevaliers décédés , vous devez jurer 
» de ne choisir ni par amour , ni pour en tirer avantage ; 
» mais de nommer des gentilshommes de nom et d'armes , 
» sans reproche. » 

Aussitôt le chevalier de la première stalle se leva et vint 
prêter le serment requis. Lorsqu'il eut repris sa place, un 
autre lui succéda, jusqu'à ce que tous eussent également 
juré. Après, chacun d'eux, dans le même ordre, mit dans un 
bassin d'or, posé sur une tablette devant le siège du souve- 
rain, un billet roulé, contenant le nom de celui qu'il voulait 
élire. L'archiduc en sa qualité de chef, mit deux billets. 
Cela fait, le chancelier prit tous les billets , les lut à haute 
voix, tandisque le greffier les enrégistrait , et les votes étant 
recueillis, Maximilien, selon l'usage, déclara que les élus 
étaient : 

Frédéric d'Autriche , empereur des Romains ; 

Bertremi de Lichtenstein ; 

Philippe de Bourgogne , seigneur de Bèvres ; 

Josse de Lalain, seigneur de Montigny -, 

Pierre de Luxembourg, comte de St-Pol; 

Le seigneur de Château-Guyon ; 

Jacques de Luxembourg, seigneur de Tiennes; 




S44 



Wolffart de Borssele, comte de Grand-Pre', seigneur de la 
Vère; 

Guillaume , s eigneur d'Egmont j 
Jacques de Sayoie, comte de Romont; 
Mathias , roi de Hongrie ; 
Albert , duc de Saxe. 

Avant que rassemblée se séparât, les chevaliers et les 
quatre officiers supplièrent Tarchiduc de confirmer les 
privilèges et exemptions de l'ordre, et des lettres patentes 
furent rédigées contenant entre autres: 

«( Comme puis n'a guères nous , à qui seul et à nul autre, 
pour raison et à cause de notre très chère et très aimée 
compagne la duchesse , competoit et appartenoit de relever 
le dit ordre de la Toison d'or et d'en être chef et souve- 
rain , pour et au lieu de feu notre très cher seigneur et 
beau-père le duc Charles, ayons, en suivant les statuts 
et ordonnances du dit ordre, par avis et délibération de 
nos très féaux, les chevaliers, frères et compagnons du 
dit ordre , relevé iceluy , et emprins la dignité de chef et 
souverain .... Savoir faisons que nous, désirant non 
pas seulement entretenir et maintenir en bon état le dit 
ordre de la Toison d'or, mais aussi le amplîer, honorer 
et décorer de tout notre pouvoir, et à nos dits frères, 
les chevaliers et compagnons d'iceluy , démontrer honneur, 
toute faveur et amour, avons pour nous, nos hoirs et 
successeurs, chefs et souverains du dit ordre, ratifié, 
agréé, approuvé et confirmé, tous les dits droits, préro- 
gatives , libertés , franchises et exemptions a eux accordés 
par nos prédécesseurs et spécialement par le duc Charies, 
au chapitre tenu en notre viUe de Valenciennes au mœs 
de mai, l'an 1473, et avons, outre les dites franchises, 
de nouvel octroyé et concédé de non payer en toutes 




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345 



nos villes et seigneuries, aucun droit d'assise, gabelles, 
cueillettes ou maltotes , à cau^e de leurs vivres , breuvages 
et autres choses quelconques qu'ils auront et prendront 
pour la dépense et vivre d'eux et leurs hôtels et familles. 
Aussi affranchi et exempté , quant à leurs personnes èt 
biens , présens et à venir , à eux appartenants , de tous 
droits de tonlieux, péages, passages, et autres exactions 
quelconques , par tous nos dits pays et seigneuries , tant 
par mer, eau douce et par terre, où que ce soit. Et sem- 
blablement de toutes tailles, aides, impositions , subventions, 
et autres charges et contributions , quelles qu'elles soient. >» 
Plusieurs autres privilèges furent encore ajoutés par 
l'archiduc, afin de donner plus d'éclat à cette espèce de 
rénovation de l'ordre. 

Comme il voulait se mettre de suite en campagne pour 
s'opposer aux entreprises des ennemis , il termina le cha- 
pitre , exprimant l'intention que le lendemain on continua 
la fête et qu'on fit céleT)rer la messe de notre Dame. Il leva 
donc la séance et part[t le même jour pour Gand , accom- 
pagné du comte de Chimay. 

Le lendemain les chevaliers qui n'avaient pas accompagné 
Maximilien, ainsi que ceux qui venaient de recevoir le 
collier et qui se trouvaient alors à Bruges, c'est-à-dire 
Bertremi de Lichtenstein , Josse de Lalain, Pierre de 
Luxembourg et Jacques de Savoie , allèrent dans le même 
ordre que les jours précédents assister aux vêpres et 
complies, célébrés en l'honneur de notre Dame, et à la 
suite desquels on chanta , avec accompagnement de musi- 
que , l'hymne Jnviolata. Au lieu de l'habillement de velours 
rouge , les chevaliers portaient en cette occasion , comme 
nous l'avons dit, de longues robes de damas blanc. 

Ainsi se termina la vingt-unième fête de la Toison d'or , 
une des dernières oii se déployèrent toute la pompe et la 




25 



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546 



magnificence qui accompagnaient ordinairement ces solem^ 
"nités. 

Après le chapitre général tenu à Gand dans l'église de 
St-Bavon, en 1559, il n'en fut plus convoqué. En 1577, 
l'ordre ayant perdu la plupart de ses membres , Philippe II 
obtint de Grégoire XIII la permission de les remplacer 
sans tenir chapitre. 

Il y eut par la suite de grandes contestations pour 
savoir à qui revenait la dignité de chef et souverain de la 
Toison d'or, ou aux rois d'Espagne, ou aux princes de 
la maison d'Autriche. 

Depuis le traité d'Aix-la-Chapelle, en 1748, les deux 
puissances ont chacun de son côté, conféré le collier. 

Napoléon , croyant terminer cette contestation, avait créé 
l'ordre des trois Toisons, mais ce projet n'eut pas de 
suite (1). * 



(1) Parmi les vingt-cinq ou trente ouvrages imprimés, qui concernent la 
Toison d*or et que cite M. le Baron de Reiffenberg dans son histoire de 
cet ordre, nous avons puisé nos renseignemens dans trois seulement, 
contenant^ à notre avis, tout ce que l'on peut désirer connaître sur cette 
matière. !<> La Toison d*or ou recueil des statuts et ordonnances du noble 
ordre de la Toison d*or, leurs confirmations, changemens, additions^ céré- 
monies etc. etc. Cologne 1689, 1 vol. 80. 2° Juriaprudentia heroica de 
ChrUtyn, un vol. fol. avec fîg. et.3o L*histoire de l'ordre de la Toison 
d'or depuis son origine, jusqu^à la cessation des chapitres généraux. 1 vol. 
in-4o, par le Baron de Reiffenberg. 



0. 




347 

^^v\^^v\v^vvvvv^vvv^A(v\^v^\AiVvv\vvvv\\vv\^vtvtv\\^^^v*vvlV^,v^v\^^vv 



RÉMINISCENCES 



AD SCJtT 



Bl LA msiQUS m FLAKDRI. 



Leè Hindous et les Grecs donnaient à la musique une 
ôrigiiie divitie ; c'eàt sans doute pour cela que l'on a <;ru 
que cet art ne pouvait prospérer que sous des climats 
favorisés du cieL 

La musique des Grecs , après avoir longftemps attiré 
Fâttentiôn des sâvâûts modernes, a cédé le pas, sous le 
rapport de Fancienneté, â celle de l'Asie, et la société asia- 
tique de Calcutta a publié un nombre assez considérable 
de mémoires sur cette matière. 

II nW pas nécessaire toutefois de remonter aux Grecs et 
atdc Hindous , pour donner des renseignemens sinon nou- 
teanx du moins trèsi peu connus sur la musique et les 
liiusicienà. 

Une contrée qui sous ce rapport a été peu explorée , c'est 
là Belgique 9 et particulièrement la Flandre, dont l'histoire 
musicale remonte très haut et n'est pas aussi dénuée d'in- 
térêt qu'on veut bien le croire. Nous espérons en peu de 
mots donner la preuve de ce que nous avançons. 




348 



Les jpoëtes chansonniers se multiplièrent en Europe 
pendant le xiV et le xiii'' siècle. L'Allemagne eut des maî- 
tres chanteurs qui furent recherchés dans toutes les cours. 
L'Italie fut moins riche en Trovatori, mais il y en eut en 
abondance dans les Pays-Bas. Le Comte de Bcthune, 
Henri III, duc de Brabant, Gauthier de Soignies (près 
Bruxelles) , Adam de la Halle et beaucoup d'autres Belges 
acquirent une brillante réputation pour la composition 
de leurs chansons ; tous ont été à la fois poètes et mu- 
siciens. Du xi* au XIII' siècle, la cour des comtes de 
Flandre était une de celles où les plaisirs de l'esprit étaient 
le plus recherchés, et les chanteurs qu'on nommait alors 
Jongleurs , y abondaient. Entr'autres un cantor quidam 
secularis, compose une chanson , can^?*fena, en 1071. La 
vie de St-Aybert nous apprend qu'il y avait aussi un assez 
grand nombre de chanteurs dans le Hainaut et le territoire 
de Tournay. Ce fut même une de ces chansons qui causa 
sa conversion (I). 

Les ménestrels et trouvères chantaient sur des airs de 
leur composition , les romans du moyen-âge dont plusieurs 
appartiennent à la Flandre; c'est de là que leur est venu 
la dénomination de chansons de gestes. 

M' Fétis, dans sa biographie des musiciens, a fait con- 
naître un manuel de chant du monastère de Ter Haeghen, 
en Flandre, qui est du quatorzième siècle , et par conséquent 
un des plus anciens que l'on connaisse. Avant cela il n*y 
avait que Adam de le Halle et Jehannot Lescurel, en Eu- 
rope , qui eussent composé la mélodie et l'harmonie d*uii 
morceau dé musique. 

En 430S le siège de la papauté avait été transporté de 



(1) Voir à ce sujet rintroduotion de M' le Baron de Reiffenberg, à la 
chronique de Philippe Houtkes. 




349 



Rome à Avignon. Cet événement exerça quelque influence 
sur les progrès de la musique, à cause des nombreux 
musiciens qu'entretenait la chapelle pontificale. 

Par une singularité assez remarquable , ce ne fut pas 
le midi de l'Europe qui produisit les musiciens célèbres 
du XIV* siècle, la plupart virent le jour dans la Gaule 
Belgique ou Flandre française et dans les Pays-Bas. 

Les archives de la chapelle sixtine fournissent des ren- 
seignements qui ne laissent aucun doute à cet égard. 
C'est là qu'on voit que Guillaume Dufay de Chimay fut 
tellement célèbre comme musicien à la fin de ce siècle, 
qu'il devint chef d'école et perfectionna quelques parties 
de la notation; il exerça une grande influence sur le système 
de l'art. Plusieurs musiciens célèbres appartiennent à 
l'époque de Dufay, dont les ouvrages de musique renfer- 
ment plusieurs nouveautés , entr'autres le Canon, ou la 
répétition d'une seule phrase à une partie, pendant que 
les autres faisaient un contrepoint ordinaire. 

Vers le milieu du xv' siècle , la Belgique présentait le 
spectacle d'une prospérité qu'on ne trouvait pas dans 
les autres parties de TEurope. Gand, Bruges, Anvers 
étaient de grandes et populeuses cités , la poésie , la pein- 
ture et la musique y étaient en honneur. Alors s'élevèrent 
dans le pays des multitudes d'artistes qui portèrent en 
France, en Allemagne, en Italie, des talents de tous 
genres, et qui firent la gloire de leur patrie. Parmi eux 
se distinguèrent les musiciens. C'était un Belge qui, en 
1461, était maitre de chapelle de Charles Vil, et ce 
Belge, nommé Jean Ockeghem, fut le maitre des plus 
célèbres musiciens de l'époque suivante. Un autre Belge , 
Jean Tinctor , fondait peu de temps après , une école de 
musique à Naples, devenait maitre de chapelle du roi 
Ferdinand d'Arragon et méritait d'être considéré comme 




550 



le premier théoricien de son temps ; eqfin d'autres musi- 
ciens nés dans la Belgique, occupaient des postes honorables 
à Rome, à Milan et ailleurs (1), 

Les éloges qui ont été donnés è Ockeghem par ses 
contemporains et par ses élèves, l'ont fait considérer comme 
un chef d'école , et comme un de ces hommes rares qui 
dans l'ordre d'idées où ils sont placés , impriment à leur 
époque un mouvement de progrès. 

Dans Içs archives de la chapelle pontiQcale à Rome on 
a conservé des messes de Jean Tinctor , qui prouvent qu'il 
doit être compté aussi parmi les hommes les plus remarqua- 
bles de cette époque; ç'çst surtout comme e'oHvain sur Tart 
musical qu'il s'est distingué. Son livre intitulé: ProportioncUe 
musices est le plus ancien ouvrage oii l'on trouve la théo- 
rie de çes proportions de la notation musicale, qui s'étaient 
introduites dans l'art vers la fin du xiy* §iècle, et qui 
étaient encore , au temps de Tinctor , une source d'incer- 
titudes pour les musiciens les plus instruits. C'est à 
ce maitre de chapelle du roi de Naples que nous devons 
le premier dictionnaire de musique qui ait été fait. Il le 
publia vers 1460, sous le titre de Definitorium terminorum 
mmicœ (2). 

De l'école d'Ockeghem sortirent des harmonistes cé- 
lèbres; à leur tête se place Josquin de Prex, qui, pareil 



(1) Voir le XII»» vol. de la revue musicale, e* pour ce qui suit, Iq 
dictionnaire de M. Fétis. 

(2) Rappelons ici en passant que vers la même époque eut Hqu an 
concert des plus remarquables dont il soit fait mention dans les annales 
de la musique. Il fut exécuté au banqtwt des vœux en 1454, par ordre du 
çomte de Flandre Philippe-le-Bon. Vingt-huit musiciens, renfermés daB9 
un pâté colossal, y jouaient de divers instruments^ Ce pâté était placé ^Vtr 
Tune des trois tailles que renfermait la salle du banquet* Olivier de la 
Iffarohe, livre premier, chap. 39^ décrit longuement lei autres singularités 
qu'on y vit. 




351 



aux plus grands hommes que nous offre Thistoire , eut 
l'honneur de donner son nom à son époque ; cette période 
dans rhistoire de la musique, s'étend depuis 1480 jusqu'à 
ou à peu près. 

Doué d'une tournure d'esprit vive et originale , il donna 
â ses chants un caractère piquant et gai qui était inconnu 
avant lui, et ce n'est que depuis la publication de ses 
ouvrages , que le style de la chanson fut distingué de celui 
de la musique d'église. 

Les ducs de Bourgogne protégèrent surtout la musique. 
A commencer de Philippe-le-Hardi, ils eurent tous une 
musique réglée (1). 

Olivier de la Marche nous apprend que Charles-le-Témé- 
raire savait » l'art de la musique si perfectement , qu'il 
mettoit sus chansons et motets et savoit l'art à fond. » 

Maximilien emporta dans son pays les traditions belges, 
et y attira plusieurs des artistes de cette nation ; l'Allemagne 
ainsi nous est redevable de sa première école de musique. 

Vers 1502 Octave Petrucci est le premier qui ait trouvé 
en ItaUe le moyen d'imprimer la musique en caractères 
mobiles. Il établit une pareille imprimerie à Venise, et 
chose remarquable, la plupart des pièces contenues dans des 
recueils de motets publiés par le même Petrucci, appartien- 
nent à des compositeurs Belges ou Français, ce qui confirme 
l'opinion de quelques savants , concernant la supériorité que 
les musiciens de ces deux nations avaient prise ^ dans le 
quinzième siècle , sur ceux de l'Italie. 

En 1S27, un Flamand nommé Adrien Willaert, fut 
nommé maître-de^chapelle de St-Marc à Venise , et y fonda 
une école de musique d'où sont sortis de grands artistes et 
de savants professeurs, Willaert a joui d'une juste célé- 



(1) Lettre fur la musique, par M. le baron de Eeiffenber^;. 




352 



brité , et les Italiens se passionnèrent pour sa musique au 
point de lui donner le titre de divin. D'après le témoignage 
de son élève Zarlino, il fut l'inventeur de la musique à un 
grand nombre de voix, divisées en plusieurs chœurs. A la 
même époque, c'est-à-dire de 1525 à 1560, plusieurs 
autres artistes Belges de renom , brillèrent dans la compo- 
sition musicale , tels que Cyprien de Rore , André Pever- 
nage , Jacques de Wert etc. 

Au seizième siècle , à cette brillante époque de rénovation 
où l'Europe intellectuelle enfanta des prodiges , la musique 
fut cultivée avec ardeur. Un nom belge, Roland de 
Lattre, chef de l'école Allemande et Flamande, rivalisa 
avec tant de gloire qu'il balança l'immense réputation du 
plus célèbre compositeur Italien, Pierluigi de Palestrina. 
Palestrina était le chef de l'école Italienne , et régnait sur 
le Midi comme lui sur le Nord. Roland de Lattre ne se 
borna pas à exciter le goût de la musique par le talent 
et ^originalité de ses conceptions , il recula encore les limi- 
tes de l'art: ce fut lui qui introduisit dans les compositions 
les premiers passages chromatiques et qui réduisit le fatras 
de 80 différents signes de mesures et de cadences , à deux 
seulement, la mesure paire et la mesure impaire, en se 
servant pour fixer le mouvement des mots allegro, adagio etc. 
encore usités aujourd'hui. Le nombre de ses compositions 
monte à plus de deux mille. 

Fils d'un faux monnayeur , condamné et exécuté comme 
tel , De Lattre , dont le nom a été changé par les Italiens 
en celui de jOrlando di Lasso , était loin de faire présager 
ses hautes destinées , à ceux qui virent Pétat de honte et 
d'abjection oii s'écoulèrent ses premières années. En 1570 , 
à la diète de l'empire, Maximilien II honore de lettres 
de noblesse, le pape Grégoire XIII fait chevalier de 
St'Pierre, et le roi de France décore de l'ordre de 




353 



Malthe, ce phénix musdcal de l'époque, comme on appelait 
alors Roland de Lattre. 

Lorsque Charles IX, écrasé sous le poids du remords que 
lui causait le massacre de la saint Barthélémi , implorait en 
vain les bienfaits du sommeil pour suspendre les douleurs 
de sa lente agonie, ce fut à la musique qu'il demanda un 
remède aux tortures de Tâme , il invoqua l'homme de génie, 
Roland de Lattre fut appelé auprès du roi moribond. 

Après sa mort, Philippe de Mons resta, dit M. Fétis, 
le dernier réprésentant de cette rayonnante pléiade d'artistes 
que la Belgique avait vu naître et qui tenait le sceptre de la 
musique en Europe depuis le xiii'' siècle. Il expire en 
Avec lui Gnit Thistoire de la musique au moyen-âge, et com- 
mence l'âge-moderne qui amena bien des tranformations 
et créa la musique dramatique. Là encore nous rencontrons 
des noms Belges illustres ; mais cette matière fera l'objet 
d'un article suivant. Nous rappelerons seulement un fait 
bien curieux. On sait l'enthousiasme produit par la Mar- 
seillaise qui mêla pendant quarante ans, sur tous les champs 
de bataille, son refrain au bruit des canons. Rouget Delisle, 
jeune officier d'artillerie , en composa les paroles qui suffi- 
rent pour l'immortaliser. Mais que seraient ces paroles 
sans l'air entraînant qui en fait le plus grand mérite? Eh 
bien! l'hymne révolutionnaire de la France revient aussi 
à la Belgique, car c'est Gossec, né à Vernier, dans le 
Hainaut, et par conséquent compatriote de Grétry, qui 
imprima à Thymne du peuple les accords énergiques et la 
sublime vigueur qui mettent la Marseillaise à la tète des airs 
nationaux de l'Europe (1). 

On peut dire sans exagération qu'aucune nation peut- 



(1) Introduction da dictionnaire de musique de M. Fëtif. 




554 



être, eu égard à sa population n'a fourni autant de célébrités 
musicales que la Belgique. 

A Tappui de la passion qu'on eut toujours en Flandre 
pour la musique, nous citerons un passage remarquable 
des Tomi X de l'historien Meyer : Fascanda, dit-il , insuper 
genitrix est Flan4ria Imdatissimorum cantorum. Siquidem 
vocum nobilitate quacumvis Christimi orbis gente certare 
potest. TestessuntJlexander nuperPhilippiprineipiscantor, 
Petrus Ficanus cantor maximi Prindpis Caroli, Jdrianus 
fyiUardus Rossilaria oriundus, cantor régis Ungariœ, Tho- 
mas Martini cum fratribus Petro ac Jeanne, patria Armen^ 
terius, monachiAS nunc {ut mdio) Cartusiensis in Amhianis. 
Fulgfus in factUandis patrio sermone rithmice cantOenis, 
mirum se prœstat artificem, licet non injuria quidam ah 
Erasmo taxentur, qui lasciviam illis intermiscere soient. 
Inter hydraulas vero, dictos mlgo organistas, cekberrimam 
obtinet famam Brugis ad Firginis Jacobus Cmcus^aboculO' 
rum lobe cognomen sortitus. 

Après le dictionnaire de M. Fétis, où nous avons puisé 
ces renseignements sur le goût musical de la Flandre, 
il n'est pas d^ouvrage à notre avis qui renferme autant 
de choses intéressantes et neuves sur la musique et les 
musiciens de notre pays, qu'un mémoire de M. Kiesewet- 
ter, couronné par l'institut des Pays-Bas , et une longue 
lettre de M. le Bar(m de Reiffenberg^ à M. Fétis, 
imprimée au tome II des récits de Marsilius Brunok ou 
le Dimanche. 




355 

VVV\VVVVVWV\VVV»VV\fVVV\\VVV\VVV\V\AJVVVV\VVVVWVVVV\JVVVWWWV\\.V\.\ 



ÉRECTION 



D DRE 



mnim d'arghërs a €oiigkemer£. 



Notre collègue M* Van m Putte nous ayant communi- 
qué une charte, curieuse par son ancienneté et par ses 
détails , relative à l'institution d'une confrérie d'archers , 
nous nous empressons de la publier, d^autant plus que ces 
sociétés ont joué quelquefois en Belgique un rôle qui ne 
fut pas sans importance dans Thistoire. 

Avant rétablissement des armées permanentes , les con- 
fréries d'archers formaient en Flandre la milice nationale 
et urbaine, et livraient leur contingent pour les expédi-^ 
tions lointaines. 

Elles suivirent les comtes en Palestine. 

M' De Bast,danssa notice sur les chefs-^i'œuvre des 
frères Van Eyck, nous apprend qu'elles étaient d'abord 
toutes réunies sous le patronage de St-Georges,» mais au 
commencement du xy^ siècle elles se subdivisèrent. L'arc 
prit pour patron St-Sébastien et Fescrime St-Midbel, 

Le nom de gilden qu'on leur donna en Flandre, est 
tiré du saxon, et signifie confrérie : en latin fratemitas, 




356 



sodalium, contubernium, curia, collegium (voir Ducang«). . 
Quoique ce mot gilda ou gildum ait eu dififérentes signifi- 
cations , quant à la nature de l'association , on le trouve 
déjà dans le roman du Rou avec son acception actuelle : 



Il paraît que l'institution des sociétés d'archers en Flan- 
dre est intimement liée à rétablissement des communes. 
Après qu'on eut établi en corps les villes et les villages , 
on créa des compagnies bourgeoises qui s'exerçaient au 
maniement des armes. Elles en firent même un espèce 
d'amusement, des prix furent proposés pour couronner 
l'adresse. A Bruges la confrérie des arbalétriers ou de 
St-Georges , existait dès le xiii® siècle , car M' VanPraet, 
conservateur de la bibliothèque de Paris , nous dit , dans 
les Annales de cette société , qu'il publia en flamand , que 
tout au commencement du xiy"" siècle, une dame de Bruges 
octroya à cette gilde l'usage de la chapelle de St-Pierre pour 
y célébrer le service divin. 

La confrérie de l'arc, sous le patronage de St-Sébastien, 
remonte au xiy" siècle. En 1396 elle avait déjà une chapelle 
privée dans le couvent des frères-mineurs, où tous les 
dimanches et jours de fête se célébrait la messe. 

A travers les vicissitudes des siècles, le but des confréries 
a changé. Ce ne sont plus aujourd'hui que des sociétés 
privées oii les habitants des villes , des villages et des 
hameaux cherchent un délassement à leurs occupations 
dans un exercice d'adresse. Elles contribuent souvent en 
Belgique à l'ornement des fêtes publiques. Le costume et 
l'attirail pittoresques qu'elles ont conservés rappellent 
à l'esprit leur destination première. Les bannières 
déployées , les canons traînés par des enfants maures , les 



Chevaliers et borjois, et archieri et geldon. 




557 



tambours , ]m fifres et les insignes des chefs sont autant 
de vestiges de Tancien ordre des choses, qui me'ritent d'être 
conservés par la tradition et qui donnent un caractère tout 
spécial aux confréries d^archers de la Flandre. 



Philippe etc à tous ceulx qui ces présentes lettres 
verront salut. Savoir faisons nous avoir reçu humble 
supplication de nos biens amez les manans et habitans 
de notre ville ou villaige de Kokelare en notre terroir 
du Franc, de notre conté de Flandres, contenant que 
comme en notre dicte ville de Kokelare ait grand nombre 
de jeunes compaignons , eulx esbatans et exercitans jour- 
nelement du jeu de larcq à main lesquels ont grant désir 
et- volonté de ordonner entre eux et mectre sus en icelle 
notre ville de Cokelareà lonneur de Monseigneur Sainct Se- 
bastien une confrarie darchers dung doyen et de soixante 
compaignons ou audessoubz , tout dune parrure ou livrée 
pour le bien, seurté et deffense de nostre dicte ville et 
aussy de nostre pays de Flandres et mesmement pour 
nostre service toutes et quantefois qu^il nous plaira les 
mander et requérir. Mais iceulx susnommés noseraient 
ces choses bonnement faire ou entreprendre, sans en avoir 
licence , octroy et consentement de nous , dont très hum- 
blement ils nous ont fait supplier. Pourquoi nous ces choses 
dessus dictes considérées mesmement quil est apparent 
que ce sera là bien servir et le proufiBt de nostre dicte ville 
de Cokelare et mesmement de nostre pays de Flandres. Eu 
sur ce ladvis de nos Président et anciens autres de nos- 
tre Chambre de nostre conseil en icellui nostre pays de 
Flandres, auxdiets suppliants avons octroyé, accordé et 




358 

consenti, octroyons, accordons et consefllonâ eti leui* 
donnant congié et licence de grâsce especial p^t ^ 
présentes que en nostre vîUé de Cokelare ils puiSâMt 0t 
pourront ériger en lonnetit de Saint Sebastien une coû- 
frarie darchers dung doyen et de soixante compaignons 
ou dessoubs , tous dune parure lesquels pourront à leurs 
despens faire faire et porter sur leurs robes manteaux ou 
chapprons licitement et sans aucun dangier ne repre- 
hensîon nostre livrée et devise du fusil ou autre que pour 
le temps là donnerons avec deu^ flesches croisées à la 
fachon de la croix Monseigneur Saint Andrien et avec 
ce paisibles leurs armures loisibles pour la seurté et deffense 
de leurs princes. Pareillement comme les portent et peii^ 
vent porter par octroy et cofisentetnent de nous les aultres 
archers de semblables cônfraries en nostre dict pays de 
Flandres et ce tant que nous plaira et jusques aultrè rappel 
pourveu et moyennant toutesfois que les dicts cottipài-^ 
gnons archers de la dicte confrarie et chaseun deute 
seront tenus et astrains de nous servir doresnavant tou- 
tes et quântefois quil nous plaira les mander et requérir 
en nos voyages et ailleurs ou les vouldront ènîploiier, 
aussy comme les dicts aultres archiersi dé telleâ et sem- 
blables cônfraries en icellui ndstre pays de Flandres et 
que soub2 umbre de nostre dicte Uvréé ou port darmes 
et de leur confrarie désuiâdicte iU ne meffacênt eh aulcnne 
manière quelconque. 

Si donnons en mandement à nostre maistre dostél^ à 
nois souverain Bailly dé Flandres^ Bailly de Bruges ét 
à tons nos aultres justiciers et officiers dé hoàtf e pityê et 
conté dé Flandres, ou^ leurs lieutenants à châseun detik 
en droit soy et si comme â lui appartient, qué dé cé^te 
nostre présente grâce, ôctroy et consentement et de totit 
ce contenu et effeet de ces prescrites ils facéùt, éedttènt 



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559 



et laissent et chascun en son droit, lesdicts suppliants 
plainement et paisiblement joyer et user, sans leur y 
félon donner, ne souffrir faire ou donner quelque des- 
tourbier ou empeschement , au contraire jusques à nostre 
rappel comme dit est, car ainsy nous plaist il, non obstant 
quelconques deffenses faictes ou a ce sur le fait du port 
darmes ou autres a ce contraires. En tesmoing de ce etc. 



(Estnit d*an litre d'octrois du zt^ siècle. 
Cette pièce est sans date, mais il est clair 
qû*ell6 étûane de Philippe*le-Bon. ) 




360 



NOTES BIOGRAPHIQUES 



SUE 



Là plupart des auteurs qui se sont occupés de l'histoire 
de la Flandre, ont parlé de cette curieuse chronique 
manuscrite , dont nous avons traduit les passages les plus 
importants (1) , et que la commission royale d'histoire se 
propose depuis longtemps de publier en entier. Peut-être 
que certains détails ont arrêté jusqu'à présent Texécution 
de ce projet. Quoiqu'il en soit, cette chronique est impor- 
tante pour notre pays, et cependant on a à peine parlé 
de son auteur: Arnould Goethals, mérite bien néan- 
moins de figurer à côté de tant d'autres chroniqueurs qui 
ont leur place dans les biographies. Voici quelques notes 
qui pourront servir à celui qui s'occupera plus tard de cet 
auteur. 

Arnould Goethals est probablement né à Ypres vers 



(1) Dans an Tolame in S*» , imprimé à Brugei, chez Tandecasteele- 
Werbronok, contenant def mélangea hiitoriquet et littérairea. 




361 

1428, car un de ses frères fut conseiller de la châtellenie 
de cette ville, et il fallait y être né, pour remplir ces 
fonctions. 

Il était (ils d'Hugonin et de Catherine Pourstraete , et 
appartenait par son père à la maison des Goethals de Gand, 
célèbre par le rang qu'elle n'a cessé d'occuper dans l'état. 

Arnould eut quatre frères, Baudouin Goethals, cha- 
pelain et conseiller des ducs de Bourgogne, qui assista à 
la négociation de la paix dite de St-Lièvin ; Goethals Rym , 
l'un des écuyers de Charles-le-Téméraire , chargé par ce 
prince de plusieurs missions importantes, et qui alla 
recevoir la duchesse dTorck , à son arrivée en Flandre , 
lorsqu'elle vint épouser le fils de Philippe-le-Bon; enfin Paul 
Goethals et Henri Goethals Van den Heede , l'un conseiller 
à la châtellenie d'Ypres , l'autre membre du conseil souve- 
rain de Flandre. 

Arnould montra dès sa jeunesse de grandes dispositions 
pour l'étude], et un esprit pénétrant. Son goût pour les scien- 
ces historiques et archéologiques le porta naturellement 
à chercher dans la solitude du cloître , le recueillemept , la 
tranquiUité et l'isolement , qui sont les conditions indispen- 
sables pour de pareils travaux. Après avoir reçu les ordres, 
il entra à l'abbaye de St-André lèz-Bruges vers l'an J485. 
Il est à penser qu'il ne commença à écrire sa chronique 
que fort tard, ou qu'il s'en occupa jusqu'èn sa vieillesse, 
car les derniers événements qui y sont rapportés sont de 
1S04, par conséquent antérieurs seulement d'une dizaine 
d'années à l'époque de sa mort. Entièrement absorbé , à 
ce qu'il parait , par ses exercices de piété et ses occupations 
littéraires , il s'effaça de la scène , et ses contemporains le 
perdirent de vue. Toutefois 1 étendue de son savoir et de 
son esprit fut appréciée par le petit cercle d'hommes 
instruits qui l'entourait , comme le prouve l'inscription que 
AifWALBs. — Tome IV. 26 



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362 



Ton mit sur sa tombe. Enfln en 4515, dans la 90*"' 
année de son âge , il passa de cette vie à l'immortalité , et 
fut enterré dans Téglise de son abbaye , où on lisait ce qui 
suit sur une pierre sépulcrale bleue: 



Vemrabilis Jrnoldus Goethah ex familiâ hujus nominis 
in urbe Gandensi cekberrima, abbatiœ Sti-Jndreœ, prope 
Brugas,monachus, vir sani judicii, vastœque eruditionis , 
quemque eximia pietas, ac rara modestîa, non minus quant 
antiqua sua nobilitas, illustrem redflidêre. 

Cujus abbatiœ postquam scripsisset chronicon, obdormivit 
in Domino, felici œtate nonagînta annorum, vigesimo sci- 
licet Junii, anno reparatœ salutis MCXF. 

Deum pro animœ illius beatitudine exora. 



HIC JAGET 




365 



v\ w w v\ ww wMvw wv\wwwv\ w « www ww ww w ww wwwwww 



corrsiDÉRÉs sous le rapport de leur importance historique. 



L'ÉTUDE des antiquités germaniques a produit en Alle- 
magne des résultats inconnus en Belgique , surtout depuis 
que Grimm a ouvert une voie nouvelle dans cette carrière. 
— Aujourd'hui que nous sommes entraînés avec le reste 
de l'Europe par une tendance générale vers les sciences 
historiques, le moment parait opportun pour se livrer à 
de nouvelles recherches sur les antiquités de notre pays. 
Un jeune savant allemand, M. le docteur Wolf, qui s'est 
voué exclusivement à ce genre de travail , a jeté ses regards 
sur la Belgique et voyant combien la moisson y est abon- 
dante , il est venu s'établir en Flandre et apprendre notre 
langue, pour y importer le goût de sa science et pour y 
rassembler les vestiges épars de la mythologie et des 
mœurs des anciens peuples septentrionaux. Nous ne pou- 
vons qu'applaudir à ses efforts. Les documents qu'il aura 
amassés , confrontés avec ceux qui ont été recueillis parmi 
les Allemands , qui sont avec nous les enfants d'une seule 
mère-patrie , jeteront infailliblement un nouveau jour sur 
tout ce qui concerne notre antique et commune origine. 



LI8 CONTES ET TRADITIO]!(S 



POPULAIRES , 




364 



Ce n e§t pas seulement sur les débris de quelques anciens 
monuments, ni seulement dans nos livres et dans nos archi- 
ves que M. Wolf poursuit ses investigations; il découvre, 
dans la mémoire du peuple flamand , une source précieuse , 
à laquelle personne n'a puisé comme lui. Figurez -vous 
quelques enfants groupés autour de leur bonne ou de leur 
grand'maman et écoutant quelque vieux conte de fées ; ou 
bien, assistez, si vous le pouvez, sans être aperçu, à 
quelque réunion d'hommes ou de femmes de la classe 
ouvrière rangés le soir sous le tablier de Tâtre , afin d'en- 
tendie leurs récits superstitieux: l'objet de ces entretiens 
si frivole en apparence et qui ne paraît destiné à inspirer 
de l'intérêt que comme tableau des mœurs de notre 
époque , peut offrir un champ fécond pour l'étude des plus 
hautes antiquités/ Croirait-on que beaucoup de ces his- 
toires absurdes accréditées parmi le peuple , ont traversé 
plusieurs siècles et sont répétées de bouche en bouche pour 
arriver jusqu'à nous , modifiées en partie et variées d'après 
les localités , mais pleines de restes curieux de la religion 
de nos ancêtres, de leur esprit et de leurs usages? C'est là 
que le docteur Wolf va faire connaissance avec les ancien- 
nes divinités du nord , et s'initier dans les mystères des 
Druides et des Bardes. Combien d'années, combien de 
révolutions ont passé sur notre pays depuis l'introduction 
du christianisme; combien de terribles secousses ont 
ébranlé l'ancien sol Germanique , et néanmoins les trâces 
de notre origine n'y sont effacés nulle part. Tant un peuple 
conserve longtemps ses croyances , son caractère , ses pré- 
jugés et sa langue , qui ne consiste pas uniquement dans la 
tournure grammaticale de ses mots et de ses phrases, mais 
aussi dans ses vieux dictons , ses sentences , ses proverbes , 
tous si intimement liés à sa pensée. Si les traditions popu- 
laires dont nous venons de parler n'étaient que des contes 




365 

isolés, il serait difficile d'y ajouter une grande importance, 
répandues au contraire par tous les pays qui ont été 
occupés par les guerriers du nord , le même génie poétique 
et religieux a visiblement présidé à leur invention et leurs 
ressemblances de caractère, comme autant de traits de' 
famille, sont des preuves irrécusables de leur descendance 
commune. Ce qui est plus remarquable encore, c'est que par 
toute TAUemagne , la Suède , la Norwège , le Danemark , la 
Belgique, une grande partie de la France etc. on rencontre 
les mêmes histoires, avec quelques variantes que le temps 
a dû nécessairement leur faire subir. Ces contes récités 
partout par nos pères, étaient probablement pour la 
mythologie germanique , ce que les légendes apocryphes des 
Saints sont devenus plus tard pour la religion catholique , 
dans ce sens au moins , qu'elles ont également parcouru 
tous les pays qui professaient la même religion. 

Je tâcherai de faire voir par un exemple comment un 
conte populaire insigniflant en apparence peut être digne 
d'attention. Celui que nous allons citer est le premier qui 
nous est tombé sous la main , depuis que j'ai eu l'avantage 
de connaître M. Wolf. u Des personnes crédules rapportent 
tt qu'à Furnes , il arrivait autrefois , toutes les nuits un 
^char ou charriot sans chevaux. Ce char mystérieux 
» sortait de Tancienne rue Rouge , s'arrêtait quelque temps 
» à la Grand'Place , puis disparaissait avant le jour. 
» Dans cette même rue on entendait parfois , pendant la 
» nuit, près la ferme dite Duivekot, le hennissement d'un 
5» cheval, et quand on avait l'imprudence de tourner la 
)> tête pour regarder, on voyait derrière soi un animal, qui 
)» ressemblait à un cheval, sortir de la ferme et poursuivre 
» le passant en se tenant sur le train de derrière et prêt à 
» fondre sur lui. Un homme de grande taille , tout rouge 
et sans tête essayait alors de barrer le passage , tandis 



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366 



)> que dans la rue voisine , appellée rue des Sorcières , on 
» apercevait des femmes échevelées danser en rond et 
» jeter des cris et des hurlements effroyables. » Cette 
histoire n'a certainement pas pris sa source dans le chris- 
tianisme, elle paraît plutôt appartenir à des idées reli- 
gieuses que nous avons répudiées et dont quelques parties 
éparpillées sont restées enracinées parmi le peuple. Ce 
conte remonterait ainsi à l'antiquité la plus reculée. 
L'existence d'un temple idolâtre à Furnes , l'ancien nom 
de la rue Rouge, la situation de cette rue à l'orient sont 
autant de circonstances que Ton pourrait invoquer à 
Tappui de cette opinion. 

Je demande pardon au lecteur d'entrer ici dans quelques 
détails qui lui sont connus et dont la répétition pourrait 
être fastidieuse. Je dois le faire pour expliquer le sens que 
l'on peut attribuer à cette singulière histoire. Quand les 
peuples du nord avaient envahi le pays où nous vivons et 
introduit leurs dieux dans la Germanie , fFustan, JVodan 
ou ff^oden devint l'objet d'un culte religieux. C'est le 
même dieu qu^invoquaient les Suédois sous le nom 
à'Othinn, Odin. Il est probable même que la différence 
de nom ne résulte que d une différence de langage ou de 
dialecte. Celui de Woden s'est conservé dans le quatrième^ 
jour de la semaine qui lui fût dédié et que nous appelions 
Woensdag (contraction de Wodensdag). Les Allemands 
nomment ce jour, par la même raison, ^oenstag; les 
Anglais, Wednesday ) les Westphaliens , fFodentag; 
les Danois, ff^onsdagj les Norwégiens, Fodenstag, et 
les Suédois Odensdag. Les Français disent Mercredi, 
traduit du latin Dies Mercurii, parce que le dieu 
TFoderi des Germains et des Belges était confondu par les 
Romains avec leur dieu Mercure, Woden fut honoré dans 
la constellation de la grande Ourse. Rien de plus naturel 




567 



en effet que de choisir la plus brillante constellation du 
nord pour en doter l'objet de la plus grande dévotion des 
enfants de la Zone-Glaciale. Comme dieu des combats, 
Woden pouvait y être repre'senté sur son char de guerre , 
formé des sept étoiles que le peuple nomme TFoenswagen, 
Hellewagen , en flamand et en français le charriât. Cepen- 
dant M. Wolf fait dériver le nom de Hellewagen de celui 
de Hellia, déesse des enfers chez les anciens peuples 
Germains, à qui, d'après les croyances de ce temps, le 
cAarnof servait à conduire les âmes à leur dernière demeure. 
L'ours , habitant des pays froids , animal robuste et cou- 
rageux, fut Tattribut du même dieu, et le surnom de Bruno 
qu'on a donné à Woden, (ainsi que M. Wolf le fait obser- 
ver dans un mémoire, publié par l'académie royale de 
Bruxelles , ) est sans doute en rapport avec celui de Bruin 
den beir, (en vieux français: Bruns li ors,) par lequel est 
désigné l'ours dans le morceau le plus populaire et le plus 
remarquable de l'ancienne poésie nationale (1). 

On lit dans une histoire inédite de Furnes, qu'Hein- 
drjckx nous a laissé en manuscrit, que l'emplacement 
actuel de la vieille église de Ste-Walburge , près de la 
GrandTlace de cette ville était anciennement occupé par 
un temple payen, que nous croyons avoir été dédié à 
Woden. Quand le christianisme est venu dissiper les 
ténèbres de l'idolâtrie, le temple primitif a été converti en 
église catholique. Une partie des anciens murs en pierres 
fossiles (bergsteen) , a été incorporée dans les construc- 
tions subséquentes (2). La rue Rouge est situé à Test de 



(1) Reinaert de f^os. Les titres qu^ont nos provinces à reclamer cette 
production , paraissent devenus incontestables. Voir l'édition publiée par 
M. milems, en 1856. 

(2) Les ï'umois montrent encore l'endroit où Ton sacrifiait les victimes 




368 



cet endroit. Or, puisque le mouvement diurne du firma- 
ment fait marcher pour nos yeux les étoiles d'Orient en 
Occident , il en re'sulte que la grande ourse ou le charriot 
qui est figuré dans le ciel sans attelage et tourné vers le 
cimétière de Ste-Walburge , paraît effectivement sortir le 
soir de la rue Rouge , s'avance vers la GrandTlace et finit 
par disparaître. Le char mystérieux est dans le ciel au lieu 
de rouler sur la terre , ainsi que la crédulité populaire le 
dépeint. 

Je me souviendrai toujours d'une vieille chanson que 
ma respectable grand'mère m'apprit à chanter quand 
j'étais bien jeune. Elle est de nature à confirmer l'explica- 
tion qui précède. La voici textuellement avec la traduction 
française : 

Bruno hoeft een' hoeti ghemaecki Bruno a fait une voiture à quatre 
Op vierwielen, zonder peêrden , roues, sans chevdux, qui va toute 
Bruno heeft een' koets ghemcusckt seule à Bruxelles. 
Die aUeen naer Bruaael gaet. 

Il est certain que l'auteur de ce couplet n'a pas pro- 
phétisé les railway, ni les mécanismes d'une époque si 
éloignée de la sienne. Bruno, comme je l'ai dit plus haiit, 
est le surnom de Woden ; son char sans chevaux est déjà 
reconnu par le lecteur , et les quatre roues de la voiture , 
correspondent parfaitement au nombre des étoiles qui 
composent le carré de la grande ourse ou du charriot. 

Un puits appellé Helleput, se trouve à l'occident de 
l'église principale de Termonde, qui est très ancienne. Le 
charriot en se cachant derrière l'horison tous les matins , 
vu de la grande église, semble ainsi se plonger dans la 



dans le temple dont le savant auteur de cet article vient de parler. On 
nous a encore mtntré cet endroit lors d^un voyage que nous fîmes récem- 
ment à Furnes. F. V. D. P. 




569 



profondeur du puits. Si M. Wolf voulait examiner là 
situation des différents endroits qui ont pris leur nom de 
heUe, ou desquels on raconte des histoires qui se trouvent 
en 'rapport avec le charriât^ hellewagen, relativement aux 
cimétières , aux églises ou aux chapelles voisines , il pourrait 
résoudre la question si la direction de la rue Rouge et 
du Helleput n'est pas le résultat d^un usage ou d'une règle 
générale. 

Le nom de rue Rouge (Roode straet), et la couleur du 
fantôme sans téte qu'on prétend y avoir apparu est-elle 
due au hasard? Je suis porté à croire le contraire. Quoique 
le culte de Woden, fort simple dans le principe et qui 
n'avait pour temple que l'intérieur des forêts, n'ait pas 
donné lieu d'abord à des sacriûces humains , il n'est cepen- 
dant malheureusement que trop certain ([ue nos pères ont 
emprunté à des voisins féroces et admis dans leur aveugle 
dévotion cet usage horrible. D'accord sur ce point avec 
César, Strabon et Diodore, le sévère et consciencieux 
Tacite nous en offre un témoignage irrécusable, Deorum 
mnximè Mercurium (c'est-à-dire Wodan), colunt, cui 
certis diebus, humants quoque hostiis litare fas habent. 
Ces victimes étaient choisies la plupart parmi les malfai- 
teurs ou parmi les prisonniers de guerre. A ces derniers 
on coupait parfois aussi la téte pour la suspendre aux 
arbres des forêts. Le plus grand bonheur dont ils espé- 
raient jouir après cette vie terrestre dans fFdhalla, le 
paradis de Woden, consistait à boire de la vieille bierre 
dans le crâne de leurs ennemis. La rue Rouge aurait-elle 
été humectée et aurait-elle tiré son nom du sang des 
malheureux cruellement égorgés? aurait-elle été signalée 
par le passage des prisonniers que l'on conduisait à 
la place du temple pour y être immolés au dieu des 
vainqueurs? Le grand homme rouge serait-il l'ombre 




370 



de quelque illustre i^ictime qui vient crier vengeance? 
Rendons grâce aux apôtres de la foi en Belgique qui ont 
planté Tétendard de la croix sur les ruines du paganisme ! 
Mais éloignons ces idées désolantes. La rue Rouge a peut- 
être été le théâtre de quelque sanglante victoire ou défaite. 
Peut-être , est-elle appellée ainsi au figuré du charriot de 
Woden et du sang dont le dieu des combats doit néces- 
sairement marquer sa course triomphante. La couleur 
rouge n'est pas étrangère non plus au charriot de Hellia, 
que Ton appelle quelquefois dans les contes populaires: 
de Bloedkaros. L'homme rouge pourrait être pris pour 
un ennemi puissant et vaincu , ou même pour un guer- 
rier germain, qui attend le char d'Hellia, afin d'être 
conduit au ciel de Woden, car c'est-là qifHellia trans- 
portait ceux qui expiraient les armes à la main; les autres 
étaient destinés à passer au séjour de la funèbre déesse. Le 
hennissement du cheval , ce noble compagnon de guerre, 
qui se faisait entendre dans la rue Rouge , est encore en 
harmonie avec l'image des batailles. Enfin les femmes 
échevélées de la rue des Sorcières sont les mères et les 
épouses des guerriers qui excitent par leurs cris , le cou- 
rage et la fureur des combattants. 

On peut conclure de ce qui précède, que le temple 
payen qui existait anciennement à Furnes, était dédié à 
^odan; que des chemins, parmi lesquels on peut comp- 
ter la rue Rouge, conduisaient à ce temple; qu'il était 
entouré par des habitans qui ont continué sans interrup- 
tion d'occuper son voisinage, en assez grand nombre 
pour transmettre par la voie de la tradition le conte phis 
ou moins tronqué que je viens de réciter. 

Il serait sans doute trop absolu de prétendre qu'il 
faut ajouter une foi pleine et entière à toutes ces con- 
jectures , et ce n'est pas dans ce but que je les ai proposées; 




371 



j'ai seulement voulu montrer une des pierres dont sera 
formé Fe'difice que M. Woif est sur le point d*élever, 
et dont Tassemblage ne pourra pas manquer d^étre utile 
à la science. Deux volumes ont déjà été publiés par lui 
en Allemagne; un recueil sans commentaire intitulé 
Grootmoederken^ est en ce moment sous presse , en atten- 
dant qu'un écrit plus sérieux , sous le titre de fFodana, 
vienne nous (donner le mot de quelques-unes de ces 
savantes énigmes. 



H. V. D. V. 




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CONTENUES 



DANS LE QUATRIÈME VOLUME. 




Pages- 

Chrooique de Bixmudei avec lithographie • ® 

Additions à la saccession des châtelains de Dixmude ^ ^ ^ 

Pièces justificatives F. Van db Pottk. lâO' 

Notice sur les tombes décou? ertes en 1841 , dans Téglise cathédrale 

de St-Sauveur à Bruges, avec une lithographie . 0. Delepierbe. 129 
L'imitetion de Jésus-Christ composée à Bruges, par un doyen de 

St-Donat, avec une lithographie L'abbb C. Carton. 137 

Biographie de M. Pycke F. Van db Pctte. 161 

Revue d'ouvrages d'histoire publiés sur notre province, ou dans 

notre province ^67. 

Berman,chef chérusque, libérateur de la Germanie. 0. Delbpiebre. 180 

Histoire du couvent de St-Sixte • . . . L'abbé F. Van de Puttb. 185 

L'architecte Louis Van Boghem Le même. 201 

Analeotes brugeois. — Poids publics de la ville 209 

Le banquet des savants 215 

Marie de Bourgogne et Maximilien 



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374 

Paint! et articles qui font Tobjet des plaintes des neuf membres de 
la ville et qui ont été la cause de Temprisonnement de Maximi- 

lien 227 

Réponses à ces points et articles 245 

Mœurs et usages du xyi« siècle Ogtatb DsLEPUiaaB. 250 

Projet de défrichement de la grande bruyère qui s'étend sur les 
communes de Ruddervoorde , Zwevezeele et Lichtervelde, con- 
nue sous le nom de f^ry Goweyd, avec une carte. 0. Andhibs. 257 

Archives de la province et de la ville de Bruges. Ogtavb Delbpib&bb. 503 

Monuments funèbres de la Flandre-Occidentale. 

L'abbé F. Van bb Pdtte. 315 

Analyses critiques d'ouvrages historiques qui concernent la Flan- 
dre F.V. 321 

Programme des questions proposées pour le concours de 1843, par 

Tacadémie des sciences et belles-lettres de Bruxelles .... 326 

Fdte de la Toison d'or, célébrée à Bruges, en 1478. Avec quatre 

lithographies. . • : Octavb Delbpibbb. 333 

Réminiscences au sujet de la musique en Flandre D. 347 

Érection d*une confrérie d*archers à Goucke laere 355 

Notes biographiques sur Arnould Goethals, auteur de la chronique 

de St-André 0. 300 

Les «ontes et traditions populaires , considéré:} sous le rapport de 

leur importance historique H. Y. D. V« 303 



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